Mission Impossible

25/11 - 21:52 | Il y a 9 ans

© Iconsport

(À lire -dans la mesure du possible bien entendu- en fredonnant la musique de la série) Votre mission, si toutefois vous l’acceptez est de gagner à Anfield Road afin de tenter une dernière manœuvre contre Les Russes et obtenir une qualification inespérée. Si vous prenez une fessée ou quelques humiliations  que ce soit, le club nierait avoir eu connaissance de vous agissements. Nous sommes en mode sous-marin. Notre axe défensif est décimé, Khazri est suspendu et nos adversaires sous en pleine confiance après avoir étrillé City 4-1. Au vu du scenario de l’épisode de cette semaine, on voit mal comment l’agent Jim Phelps va bien pouvoir réussir l’improbable. Voilà, une mission qui parait vraiment impossible pour une fois. Pourtant, comptez sur nous pour vous dénicher quelques raisons d’espérer mais, à contrario de quoi alimenter aussi votre pessimisme chronique (vous pouvez arrêter de chanter)... 

Liverpool, plus qu’une ville un club

Nous imaginons les cris d’orfraie des supporters des Toffees devant ce titre en rien provocateur. Il  n’est pas question, ici, de critiquer les blues, ni leur histoire, ni leur légitimité. Mais il faut reconnaitre que pour leur plus grand malheur, leur rival historique (presque génétique même) possède une réputation qui dépasse, et de très loin, les bords de la Mersey. Comment résumer le Liverpool FC en quelques mots… Un club historique ? Une institution ? Un stade mythique ? Des drames ? Des exploits et des larmes ? Une ambiance démentielle ? Le peuple rouge ? Les reds c’est un peu tout ça et bien plus encore.

Le match va commencer, les joueurs sont dans le couloir. Quarante-cinq mille voix s’élèvent, Anfield vibre. “You’ll Never Walk Alone” retentit comme un rappel aux locaux ne pas tricher, de se battre et de ne jamais abandonner.  Pour galvaniser une équipe, on a vu pire, n’est-ce pas ? Les Londoniens de Pink Floyd utiliseront même ces chœurs vibrants pour deux chansons qui sonnent comme un héritage de la passion de l’époque, de l’émotion de tout un stade. La vitrine du musée du club est bien remplie, jugez un peu : 5 Ligue des Champions, 3 Coupe UEFA, 18 titres nationaux et 7 Cup pour ne parler que des lignes les plus prestigieuses. Les Reds ont assis leur légende grâce à ces lignes. Sans aucun doute, un des plus beaux palmarès à travers le monde. Mais Liverpool est également marqué par deux drames qui dépassent le simple cadre du football et qui, aujourd’hui encore, sont encore des blessures béantes pour les supporters. Dans les années 80, le football anglais était gangréné par le mouvement hooligan, et particulièrement Liverpool. Les stades étaient vétustes, les conditions de sécurités n’étaient alors qu’un vague concept que les drames du Heysel ou de Hillsborough vont transformer en une impérieuse nécessité de réformer. Et vite.  En 1985, lors de la finale de la Coupe des Champions, un mouvement de foule et de panique entrainera la mort de trente-six spectateurs  et des centaines de blessés au Heysel. Les clubs Anglais sont exclus de toute compétition continentale. Quatre ans plus tard, le 15 Avril 1989, Liverpool se déplace à Sheffield pour affronter Forrest en demi-finale de la Cup. Autant dire que le stade est plein, trop, beaucoup trop pour une ambiance électrique. Même cause qu’au Heysel, mais un bilan encore plus terrible, 96 spectateurs  trouveront la mort pour un simple match de football. La fête qui se transforme en horreur et qui, en quelques sortes, sonnera le glas du hooliganisme. Enfin, pas tout à fait, mais c’est un vaste débat que nous nous épargnerons. Ces deux drames sont aussi dans l’ADN du club. Les supporters vont se recueillir sur les monuments, presque comme un pèlerinage. Liverpool FC, vous l’aurez compris, c’est plus qu’un club. Mais, revenons à notre match et à nos considérations actuelles, les Reds d’aujourd’hui, que valent-ils ? 

L’après Gerrard

Une légende est partie de Liverpool. Steven Gerrard, fidèle parmi les fidèles, a tout connu à Anfield Road. Il rentre, véritablement  dans la légende le 25 Mai 2005 à Istanbul. Liverpool remporte une cinquième ligue des Champions, vingt un ans après son dernier succès. Et quelle victoire. Après un parcours épique pour parvenir en finale, Liverpool rate complètement sa première mi-temps. Mené 3-0, absent dans le jeu et dans les duels, les Reds vont réussir à revenir et remporter un match qui semblait définitivement perdu. La légende s’écrivait. Gerrard est né ici, sur les bords de la Mersey, enfin plus exactement à quelques kilomètres, c’est un enfant du pays. Avec plus de 700 matchs sous le maillot de Liverpool et plus de  100 sélections sous le maillot Anglais, il symbolise à lui seul le club. Son départ, en juin dernier, est donc un évènement pour le club et un sacré changement. 

Gerrard aura presque tout réussi, il a fait de Liverpool une équipe de coupe. Mais il ne sera jamais parvenu à gagner la Premier League. Les scousers courent après depuis 1990. En 2014, l’histoire semblait écrite, Liverpool devait renaitre et remporter un titre qui lui semblait promis depuis des mois. Et pourtant, une nouvelle fois le titre leur échappe. La déception n’est pas sans conséquence. La saison dernière, Liverpool ne parvient pas à imposer son jeu. Le recrutement est décevant.  Les adieux de Gerrard restent comme le seul palpitant de l’année. 

Très actif sur le marché des transferts, Liverpool a, par moment, manqué quelques peu de lucidité. Après quelques transferts internationaux improbables, la direction désire orienter le mercato sur des joueurs britanniques plutôt jeunes. En 2011, le club s’offre, à prix d’or,  les services de l’Ecossais Charlie Adam de Blackpool et Stewart Downing recruté à Villa. Deux joueurs qui ne marqueront pas particulièrement l’histoire des Reds. Le même été, Jordan Henderson signe en provenance de Sunderland pour la coquette somme de 28 Millions d’Euros. Quatre ans plus tard, le milieu droit s’est imposé si brillamment  qu’il reprend le brassard après le départ de l’icône du club.

Le recrutement de Super Mario Balotelli avait suscité quelques espoirs. Mais les frasques du « pas si jeune italien » ont fatigué les supporters, peu habitué à ce genre de spectacle. Sportivement parlant, c’était encore moins réjouissant avec un bilan famélique et des prestations largement insuffisantes. L’italien possédait un contrat solide, pas facile dans cette situation de trouver un acquéreur potentiel.  Quand le Milan AC se montre légèrement intéressé, Liverpool n’hésite pas à solder son attaquant quitte à le prêter. Le club de la Mersey perd également Sterling qui quitte le navire pour s’installer à City. Le chèque est conséquent, la colère des fans l’est tout autant. Après une saison maussade, le recrutement laisse augurer une saison compliquée. Pourtant Liverpool fait des efforts financiers conséquents. 118 millions d’euros sont déboursés dont près de la moitié pour le seul Benteke et 40 Millions pour Firmino, milieu offensif brésilien recruté à Hoffenheim. Mais les chèques ne sont en aucun cas une garantie de réussite. Brandon Rodgers ne parvient pas à trouver un équilibre. Liverpool ne gagne pas, la gestion est pointée du doigt. En quatre mois, toute compétition confondue, les Reds ne remportent que quatre matchs. La colère monte à Anfield Road. Rodgers est démis de ses fonctions. Jurgen Klopp est nommé le 8 octobre. Depuis tout a changé. 

Le Klopp du Condamné ? 

L’arrivée du technicien allemand donne un nouvel allant à Liverpool et  de nouveaux espoirs aux supporters. Pourtant les résultats ne furent pas immédiats. Nommé en octobre, Jürgen Klopp peine à trouver la formule et à relancer une équipe en proie au doute. Dans un premier temps, l’équipe retrouve une certaine assise défensive et enchaine trois nuls consécutivement. Dans un second temps, le jeu commence à se mettre en place. Les Reds gagnent à Stamford Bridge contre Chelsea et récidivent le weekend dernier à l’Etihad Stadium en étrillant un City qui ne s’y attendait pas du tout. Entre temps, Liverpool s’est bien incliné à domicile contre Crystal Palace. C’est un accident de parcours comme il en existe d’autres. Mais, nous pouvons le garder à l’esprit car c’est le seul élément qui peut nous donner un peu d’espoir. Ca fait léger … 

Les joueurs sont unanimes, Simon Mignolet (gardien de but international, belge) soulignait dans la presse locale l’impact positif de l’Allemand et de son énergie. Klopp travaille la tactique, la technique mais surtout la dynamique et la cohésion. Après la victoire contre City il déclarait « Nous jouons avec envie, la bonne nouvelle c’est que nous pouvons être encore meilleur ». Meilleur ? Après avoir étrillé City  à l’extérieur ? Ne jamais se satisfaire du résultat brut, c’est la philosophie de Klopp. La priorité est donnée au collectif. Mais pour être efficace, il doit être servi par des individualités talentueuses. Et il n’en manque pas assurément. Premier sur la liste ? Benteke, l’international Belge vient juste d’arriver contre un chèque de 50 millions d’Euros. Pour le moment, l’attaquant tarde à convaincre. Paul Lambert, ancienne figure des Reds, reste résolument optimiste « Il fera sortir le meilleur de Coutinho, il court, il court, il est utile ». Malgré sa propension à courir et à enchainer les kilomètres, Benteke se retrouve de plus en plus souvent sur le banc. Il rentre lors du dernier quart d’heure comme un joker de luxe. S’il a perdu sa place petit à petit c’est à cause de l’émergence de l’autre gros coup du marché des transferts Firmino. Le petit brésilien s’entend à merveille avec Coutinho. Les deux joueurs parlent le même langage sur le terrain, ils se trouvent les yeux fermés. Ce n’est pas le pauvre Mangala qui dira le contraire … Et vous voulez une bonne nouvelle ? Coutinho est indisponible pour le match. En cherchant bien, on a réussi à trouver un élément favorable …

Klopp s’est également particulièrement penché sur le cas d’Adam Lallana, petit ailier explosif à qui on reprochait souvent d’être brouillon, de se perdre dans les dribbles. A son arrivée chez les scousers, Klopp fixe le tableau « Je le connais de Southampton, il peut encore donner 20 ou 30 % de plus ». Au final, le jeune Anglais semble retrouver ses moyens et demeurera, à n’en pas douter, un des dangers principaux pour la défense girondine. Relancé en championnat, Liverpool aborde ce match en pleine confiance avec comme objectif de se qualifier directement pour les 1/16ème de la ligue Europa et de s’éviter, ainsi, un dernier déplacement qui pourrait s’avérer dangereux.

Et si c’était vrai

Comment ne pas rendre hommage à l’immense Marc Levy (il mesure presque 2 mètres parait-il selon la légende urbaine) pour illustrer l’idée générale de ce chapitre. Il parait impossible, inconcevable même, dans la logique des choses de se qualifier. Tout est contre nous. L’axe défensif est décimé, Khazri est suspendu et pour couronner le tout Liverpool semble être dans de bonnes dispositions. Alors autant croire à la bonne étoile, à la magie du foot ou à un tas de trucs ésotériques, les chances restent à peu près égales. Les joueurs vont fouler cette pelouse magique et seront porté par une lumière qui apportera une victoire retentissante. Plus sérieusement, la situation pour se qualifier est assez claire à comprendre. Il suffit tout simplement de battre Liverpool et de confirmer contre le Rubin Kazan dans quinze jours. Même si la probabilité est quasi nulle, Il reste une possibilité, une chance. Mais les performances loin de Bordeaux ne plaident pas en faveur d’un exploit. La dernière victoire à l’extérieur toute compétition confondue remonte au 6 aout contre Larnaca qui honnêtement ne méritait pas de perdre ce soir-là. Par contre, le match contre Rennes laisse, bien que légère, une note d’espoir. L’équipe n’a pas lâché. Mené deux fois au score, les girondins sont revenus à chaque fois. Mais les sorties de Pallois, Sané et de Touré sur blessure ternissent considérablement le tableau malgré le retour d’un Cédric Carrasso décisif, comme souvent, stoppant un pénalty généreux offert aux Rennais dans les dernières minutes du match. 

Le groupe convoqué pour le déplacement à Liverpool :

Carrasso, Prior - Contento, Gajic, Guilbert, Poundjé, Sané, Yambéré - Chantôme, Ounas, Plasil, Poko, Saivet, Traoré - Crivelli, Diabaté, Jussiê, Maurice-Belay, Rolan.

Blessés :Pallois, Touré, Pablo et Sertic

SuspenduKhazri

A la lecture du groupe annoncé, le premier motif de satisfaction est de constater la présence de Lamine Sané. Il ne reste plus que deux défenseurs axiaux dans le groupe. Croisons les doigts (mais pas trop fort) pour que ni le Sénégalais, ni Yambéré ne se blessent. Ce manque de choix dans l’axe pose une autre question, bien plus complexe et inquiétante. Comment jouer sans milieu défensif devant la défense ? Le replacement de Yambéré en sentinelle a rééquilibré l’équipe et sécurisé une défense qui s’oublie encore trop souvent. Personne dans le groupe ne semble avoir le profil pour jouer à ce poste. L’option probablement privilégiée consiste à aligner trois relayeurs (à piocher dans Saivet, Traoré, Chantôme, Plasil et Poko) et de les associer à deux ailiers assez rapides pour jouer les contres. C’est le défi de Sagnol, trouver une tactique et des hommes pour réussir l’improbable exploit. Autre retour, Rolan rentré tardivement de Montevideo est également de la partie. Avec la blessure de Khazri, l’uruguayen a une opportunité en or à saisir. S’il veut impressionner les scouts anglais, c’est ce soir ou jamais. 

Depuis les évènements à Ajaccio, l’état d’esprit semble avoir changé. Clement Chantome en convient : « "C’est vrai que quelque chose a changé. Il y a eu une grosse discussion après le match face au Gazélec Ajaccio où nous avions vraiment touché le fond. Depuis nous remontons la pente. Il y a beaucoup de mieux dans l’état d’esprit ce qui est la base du football. C’est un sport collectif, il faut jouer ensemble. Aujourd’hui ça va beaucoup mieux, nous faisons de belles choses. Il faut être plus régulier car nous avons encore des absences qui nous coûtent chères. Même pour les supporters cela est plus intéressant car nous faisons de plus beaux matches et nous jouons plus librement". Mais peut-on envisager réellement un résultat à Liverpool ? Rolan semble y croire " Ils sont en forme actuellement avec le changement d’entraîneur. Tous les joueurs de Liverpool veulent se montrer. Il faut rentrer dans le match avec notre état d’esprit actuel. L’objectif est la victoire. Si, nous sommes bien, rien ne peut nous arriver". Voilà qui semble bien optimiste.

Rendez-vous sur Bein ce jeudi à 21h05 pour suivre les aventures de notre Club en terre mythique. C’est un match de prestige à l’affiche, et si on rajoutait de la folie et du panache. Et si, c’était vrai.

LeCartel15

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