Benoît Costil, plus qu’un gardien

26/05 - 07:00 | Il y a 7 ans

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Icône à Rennes, gardien régulier de l’Équipe de France depuis l’Euro, Benoît Costil ressemble à une belle rencontre sportive pour les Girondins. Derrière le nom, se cache un joueur doté d’une riche palette technique et un homme que tous décrivent comme humain et fidèle. Portrait du nouveau rempart girondin.

 

Six saisons d’une longue aventure rennaise ont pris fin avec la signature de Benoît Costil aux Girondins. Fêté avec beaucoup d’émotion lors du dernier match de la saison rennaise face à Monaco, le gardien de l’Équipe de France a conclu son parcours en repartant libre, comme il était arrivé au club après trois saisons à Sedan. Libre et fidèle, comme l’explique Christophe Revel entraîneur des gardiens du Stade Rennais, d’abord coéquipier à Vannes en 2009-2010 puis entraîneur de Costil depuis son retour en terres bretonnes en 2011 : « Qu’il s’agisse d’un an passé à Vannes, de trois ans à Sedan ou de six saisons à Rennes, il s’est toujours investi, ce n’est pas un mercenaire. Il a besoin de s’investir et de sentir qu’il appartient à un projet. Plus il aura ce sentiment meilleur il sera. » Le football ballon au pied ou dans les gants et la personnalité de l’homme sont indissociables, à fortiori au moment de parler de Benoît Costil. Avec un timbre posé et doux, une pointe de tendresse et une dose de fierté, Christophe Revel aborde la fin de l’aventure entre ces deux hommes qu’une riche histoire unit : « Entre Vannes et Rennes on a passé sept belles années ensemble. On a bien travaillé, pris beaucoup de plaisir. Il a réussi a être performant de manière régulière avec une progression constante. Aujourd’hui on se quitte sans regret, c’est le bon moment, on se sépare alors qu’il est au top en étant numéro 2 ou numéro 3 français et indiscutable en L1 depuis 6 ans. On se sépare en haut de sa progression et de ses performances, à lui de maintenir le niveau actuel. S’il peut encore progresser et je pense qu’il peut le faire car il est dans le bon âge, il rapportera des points à Bordeaux. »

 

« Un homme qui marche à la confiance »

 

À point, prêt à entamer un épanouissement travaillé à Rennes, Benoît Costil arrive en Gironde dans un environnement propice après des mois qui auraient pu le faire douter. Il manque de peu un départ à l’été 2016 direction Besiktas à un an de la fin de son contrat. La direction rennaise tergiverse longtemps avant de lui proposer une prolongation de contrat. Il sort pourtant d’un Euro qui lui a permis de progresser de façon déterminante en affrontant à l’entraînement des joueurs de grand calibre. Et les discussions avec Jocelyn Gourvennec débutent très tôt et se montrent rapidement déterminantes dans le souhait du joueur de venir à Bordeaux. Benjamin Idrac, journaliste pour Ouest France à Rennes est persuadé que le coach girondin a le profil idéal : « Pour moi c’était une rencontre évidente. Quand on voit la dynamique bordelaise, il y a une vraie évolution sportive pour Benoît. Il va retrouver un coach qui a les mêmes caractéristiques que Christian Gourcuff dans le jeu et il va pouvoir s’épanouir sportivement. » Christian Gourcuff, une rencontre sportive qui a marqué le nouveau portier girondin après un épisode moins réussi avec Rolland Courbis comme l’explique Benjamin Idrac : « Avec Rolland Courbis ça n’a pas collé. Il lui demandait d’être plus agressif dans son jeu, mais ce n’est pas dans sa nature. Lui c’est un joueur, tu lui lances un ballon dans la piscine, il va jouer avec, c’est un véritable dauphin. Et demander à un dauphin de devenir un requin, ce n’était pas la bonne idée. Pas avec lui. Inversement, ça a bien collé avec Christian Gourcuff, le courant est passé. C’est quelqu’un qui marche à la confiance, il faudra voir qui s’occupera de lui au quotidien au poste d’entraîneur des gardiens. En tout cas, si il est arrivé à Bordeaux, c’est que la présence de Jocelyn Gourvennec a beaucoup compté.»

 

« Il commencera la saison affûté »

 

Joueur, épanoui lorsqu’il doit toucher le ballon et participer au jeu, Benoît Costil est aussi un acharné de travail. « Il a fallu que je le freine sur les séances de musculation à un moment donné explique Christophe Revel. S’il n’a pas sa quantité d’effort physique dans la semaine ça ne va pas. J’ai dû parfois lui interdire de toucher les poids de musculation. Il y a eu des périodes où nous avions deux jours de repos et il allait faire un petit footing de 30 minutes parce qu’il sentait qu’il en avait besoin pour se sentir en forme. Je peux vous dire qu’il va arriver affuté à Bordeaux. Le connaissant, je ne suis pas sûr qu’il prenne ses trois semaines de vacances règlementaires. Quand il va rentrer il va faire 2 kg de moins qu’aujourd’hui. Il est toujours revenu en forme en début de saison. À la reprise, c’était le joueur qui était en tête lors du travail de course. » Benjamin Idrac abonde dans ce sens : « Il est parfaitement capable de venir un dimanche à l’entraînement même s’il n’y a pas de séance pour faire un décrassage, faire du cross-fit, un peu de badminton… »

 

« Bon au pied, décisif dans les arrêts et un professionnel exemplaire »

 

Gourmand de jeu au pied le désormais ex-Rennais est le gardien ayant arrêté le plus de pénaltys en L1 depuis 2011. Benjamin Idrac se montre confiant quant à la suite de l’aventure : « Je pense qu’il arrive à Bordeaux au sommet de sa carrière sportive. Il n’a jamais été aussi fort. Il sort de sa meilleure saison rennaise. Il a été bonifié par l’Euro 2016. Pendant deux mois il s’est entraîné avec des attaquants de très haut niveau. Derrière il a connu Christian Gourcuff qui cadre parfaitement avec son style de jeu. Avec une défense haute et une demande d’anticipation sur les ballons en profondeur et une utilisation régulière de son jeu au pied. Cette saison il a d’ailleurs donné une passe décisive à Gnagnon contre Nantes., Il est bon au pied, décisif dans les arrêts et exemplaire au niveau du professionnalisme à l’entraînement. Il a aussi franchi un cap dans le leadership. » 

 

« Un footballeur franc entier et fidèle »

 

Un leadership axé sur le respect des valeurs du club, la fidélité aux couleurs. Des éléments qui permettent de parler de la personnalité atypique d’un joueur capable d’aller régulièrement échanger autour d’une bière dans le local des supporters rennais avec Romain Danzé après un match. Christophe Revel éclaire sur la relation du joueur avec ses supporters « Dès qu’il y a une séance d’autographes organisée, c’est toujours lui qui part en dernier. Il ne le fait pas pour être politiquement correct, il aime juste le contact avec les gens, accorder du temps aux enfants. Tant qu’il y a du respect, c’est quelqu’un qui ne dira jamais non pour échanger avec les fans. Par contre, c’est toujours le dernier à quitter le centre d’entraînement et les supporters doivent attendre longtemps avant de le voir. Il reste pour faire des abdos, du gainage, il aime bien rester et ne pas partir vite, flâner un peu, il est dans son élément. » Benjamin Idrac qui l’a longtemps côtoyé insiste : « Il a besoin de se sentir en confiance. C’est un des derniers footballeurs avec qui tu peux discuter facilement, qui est accessible. C’est quelqu’un de franc et d’entier. Il ne parle jamais pour ne rien dire, et en revanche il peut être assez rancunier quand il a une mauvaise expérience avec un journaliste par exemple. Mais il est très fidèle dans le rapport humain. » Christophe Revel, termine l’hommage : « Vous découvrirez l’homme, il est très attachant, très bien éduqué avec des parents qui ont eu une grande responsabilité dans son évolution. Il fait l’unanimité sur le terrain et en dehors. Les supporters rennais ont dit que peu de joueurs avaient eu droit à un départ aussi chargé d’émotions. »

 

Scandé par ses partenaires un soir de match nul à Marseille

 

L’arrivée de Costil aux Girondins est le fruit d’un long cheminement, et de circonstances. Gérard Lopez aurait voulu en faire son gardien numéro un s’il avait racheté l’Olympique de Marseille au lieu de Lille. La Fiorentina a longtemps été sur les rangs et aurait pu l’engager l’été dernier. Rennes, qui a longtemps tergiversé avant de proposer une prolongation à son joueur s’est réveillé trop tard. Et finalement, Bordeaux et Gourvennec ont remporté la mise. Pour une rencontre qui pourrait créer de belles lumières « Je ne suis pas sûr qu’à Marseille il aurait eu un contexte favorable à son expression. C’est un bon choix pour lui et pour les Girondins. C’est un gardien qui a de grandes chances d’aller à la prochaine Coupe du Monde s’il continue sur sa lancée et qui a aussi les pieds sur terre parce qu’il a dû repasser par des petits clubs après Caen pour revenir vers le haut niveau. Ce sont des expériences qui l’ont marqué. » Joueur technique et international régulier, l’homme abordable est aussi un personnage de vestiaire, « adopté en une semaine à son arrivée à Rennes selon Romain Danzé » dixit Benjamin Idrac. À l’image de ce soir de 0-0 à Marseille, quelques temps après son arrivée, où le groupe rennais scande son nom dans le vestiaire et en fait son futur taulier. Le mot de la fin revient à son complice de 7 ans, Christophe Revel : « Il est très respectueux de ce qu’a fait Carrasso à Bordeaux. Ce sont deux hommes qui s’investissent dans les projets. Aujourd’hui, avec un staff de qualité et un bon environnement, je crois qu’il a de quoi prendre sereinement la succession de Carrasso dans les buts bordelais. » Dès la fin du mois de juin, Benoît Costil et ses supporters auront 4 ans devant eux pour s’apprivoiser… Et écrire leur histoire commune.

Par Florian RODRIGUEZ

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