La saison corsée de Bastia

01/12 - 07:00 | Il y a 9 ans

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Bien partis en début de saison, les Bastiais, 17emes, ont perdu pied depuis la 4eme journée et peinent à sortir de l’ornière avec un effectif qui a perdu ses meilleurs joueurs.

La saison

Avec une 17eme place et un seul point d’avance sur le 18eme lillois, Bastia ressent un fort coup de chaud avant d’attaquer un mois de décembre crucial. Ce dernier galop avant la trêve a un impact certain pour toutes les équipes puisque la reprise offre d’abord la Coupe de France dans des conditions souvent difficiles. De quoi prendre un coup au moral si la période de décembre n’a pas été bien négociée. Pour l’instant, le Sporting Club de Bastia subit une saison qu’il ne parvient pas à maîtriser malgré une entame presque parfaite. Vainqueurs des Rennais puis des Guingampais à domicile (2-1 et 3-0), accrocheurs à Lorient (1-1), les Bastiais avaient pris un départ intéressant en cultivant leur force historique à domicile et en négociant bien leur premier déplacement, ce qui représente leur pêché mignon. Mais derrière, ce fut le déluge. Sept défaites et deux succès ont meublé une phase très compliquée d’après-début de saison. La victoire à domicile face à l’équipe du moment, Caen (1-0), et le match nul à Lille (1-1) dans un match qu’ils auraient certainement perdu par le passé, avaient redonné de l’espoir. Un espoir douché par la défaite dans le derby à domicile face au Gazélec, dans un match où il était mal venu pour le Sporting de laisser des points à son voisin devenu un concurrent pour le maintien. Le match nul à Nantes lors de la dernière journée (0-0) a le mérite de ne pas relancer Bastia dans une dynamique infernale de défaites avant de recevoir Bordeaux, l’autre grand malade du moment. Pour les Bastiais qui avaient réalisé un exercice 2014-2015 à la hauteur après l’arrivée aux manettes de Ghislain Printant (12emes et finalistes de la Coupe de la Ligue), il est essentiel de tout reprendre à zéro et de retrouver un profil d’équipe exclusivement vouée au maintien… Pour la période à venir au moins.

L’effectif

La gestion du marché d’été du Sporting Club de Bastia n’a pas été à la hauteur. Limités par leur trésorerie, les dirigeants ont du prendre des décisions et essayer de remplacer les cadres partis, ce qui n’était pas une mince affaire. Guillaume Gillet, retourné à Anderlecht, avait crevé l’écran au milieu de terrain. Ryad Boudebouz, lui, était un vrai atout technique et offensif avant de partir à Montpellier. Tandis que Giovanni Sio, prêté par le FC Bâle, s’était imposé comme le leader d’attaque de l’équipe bastiaise à partir de janvier, date de son prêt. Bastia a tenté de remplacer Boudebouz par Alex Ngando, jeune joueur technique formé à Rennes et aguerri en L2. Avec seulement quatre matchs au compteur, le résultat n’est pas au rendez-vous. Toujours au milieu de terrain, Mehdi Mostefa dans un registre plus défensif, a pris la place de Gillet. Le poste de gardien qui était gardé par Alphonse Areola a été aussi impacté puisque Jesper Hansen venu d’Evian ne s’est pas imposé laissant sa place au très fidèle Jean-Louis Leca. Mais c’est surtout en attaque que le bât blesse puisque l’attaquant le plus prolifique est Brandao. Avec 2 buts, l’ancien marseillais partage le même ratio que Floyd Ayité, milieu offensif, mais surtout que Julian Palmieri et Sébastien Squillaci tous deux défenseurs. Malgré la présence de fidèles combattants comme Yannick Cahuzac ou François Modesto, Bastia manque de leaders… Des leaders techniques capables d’épauler différemment les historiques du Sporting. Gaël Danic, meilleur buteur et passeur du club (34 ans, 3 buts et 3 passes décisives) était l’une de ces recrues d’envergure du mercato bastiais de janvier 2015. Pour se ressaisir, l’équipe dirigeante du Sporting devra rééditer au moins un coup similaire en janvier 2016.

3 questions à... Jean-Paul Cappuri (Journaliste sportif chez Corse Matin)

WebGirondins : Bastia entame le dernier mois de la phase aller en étant dans le dur. Comment expliquez-vous ces difficultés après une saison passée plutôt réussie ?

Jean-Paul Cappuri : La saison passée avait, elle même, très mal débuté avant le remplacement de Claude Makelele par Ghislain Printant et le coup de fouet inhérent, comme souvent, à un tel changement. Mais l'embellie était surtout venue après la trêve hivernale, avec le recrutement de Giovanni Sio et Gaël Danic, qui avaient contribué à un meilleur équilibre de l'équipe. La victoire surprise face au PSG, dès la reprise, puis les qualifications successives en Coupe de la Ligue avaient ensuite permis au groupe de capitaliser de la confiance. Pour en venir aux difficultés actuelles du SC Bastia, elles tiennent en premier lieu à un recrutement estival très décevant en ce sens que les joueurs clés partis (Sio, Gillet, Boudebouz, Diakité) ont été remplacés par des éléments de niveau très largement inférieur. S'ajoute à cela, la perte de crédit de l'équipe dirigeante auprès du public, qui a donné lieu à des tensions pas du tout dissipées aujourd'hui.

WebGirondins : Où se situent selon vous les lacunes de l'effectif bastiais ? Une campagne de recrutement est-elle dans les clous pour le prochain mercato ?

Jean-Paul Cappuri : Le gros problème de l'équipe bastiaise est d'ordre offensif. Brandao n'est plus du tout en capacité à être un vrai fer de lance. Déjà peu adroit de ses pieds, il tirait sa seule force de son jeu de tête censé faire de lui un pivot. Avec l'âge, il n'a plus assez de qualités athlétiques pour rivaliser dans le domaine aérien avec de jeunes et solides défenseurs. En pointe, la solution Ayité n'est pas idéale en ce sens qu'il est plus utile sur un côté alors que Raspentino n'a pas le potentiel pour être un titulaire à part entière mais plutôt un complément. Bastia doit donc absolument se renforcer dans ce secteur mais sa situation financière autorise peu d'espoir de trouver un élément qui soit l'homme providentiel. Sauf à dénicher un prêt.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce prochain Bastia-Bordeaux ?

Jean-Paul Cappuri : Certes éculée l'image du « match de l’angoisse » s'impose toutefois d'elle même. Le nul ramené de Nantes n'a pas franchement rassuré Bastia quant à sa capacité à retrouver de l'allant. Comme l'équipe de Printant évoluera encore à domicile samedi (contre Monaco) il lui faudra coûte que coûte remporter au moins l'un de ces deux matches. La tendance actuelle voudrait que Bordeaux soit plus « prenable » que l'équipe de la Principauté. D'autant que Wahbi Khazri, son leader offensif, fera défaut. En contrepartie, Yannick Cahuzac, l'âme de cette équipe bastiaise, manquera aussi ce match. En tout état de cause, l'équipe qui saura le mieux résister à la pression liée à sa méforme et à sa position au classement, aura les meilleures chances de l'emporter.

Par Florian RODRIGUEZ

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