Lorient, le vent contraire

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Dotés d’un beau potentiel tant dans le jeu qu’au niveau des hommes, Lorient évolue à une surprenante 16eme place. À deux journées de la fin, les Merlus auront pour ambition de trouver une position plus alléchante.

La forme de Lorient depuis le match aller

Solides vainqueurs de Bordeaux le 4 octobre (3-2), les Lorientais ont eu la faiblesse tout d’abord d’accumuler quelques matchs nuls sur des rencontres à leur portée à partir du mois d’octobre et jusqu’au mois de décembre. Rennes, pas forcément en forme à cette époque, était venu prendre 1 point le 24 octobre au Stade du Moustoir (1-1), et Guingamp (2-2), puis le Gazélec (1-1), avaient freiné les Merlus sur leurs terrains respectifs. Alors que Lorient était intraitable sur sa pelouse et très fragile à l’extérieur lors des saisons précédentes, la nouvelle régularité lorientaise avec moins d’écarts entre les prestations à domicile et à l’extérieur n’a pas porté ses fruits, la faute à une impossibilité de remporter les matchs face aux adversaires directs. Si une victoire en décembre à Toulouse (2-3), et un nul à domicile face à Nantes pour clore la phase aller (0-0), situés tous deux entre une défaite à Lille (3-0), avaient placé les Lorientais en 8eme place, l’irrégularité des joueurs de Sylvain Ripoll a fait mal lors de la phase retour. Sans jamais être largués au cours des mois de janvier, février et mars, les Lorientais ont baigné dans des eaux moins attirantes que celles occupées en première partie de saison. Entre des victoires importantes comme face à Reims 2-0 en janvier ou face à Guingamp (4-3) en février, Lorient a poursuivi ses matchs nuls handicapants en partageant notamment les points à domicile face à Montpellier au mois de février (1-1). Jamais en vrai danger, les Merlus se sont exposés aux affres d’une très mauvaise série qui est intervenue au mois d’avril. Déjà sèchement battus fin mars à Angers (5-1), les joueurs bretons se sont effondrés en concédant trois défaites, en laissant deux points à Toulouse sur leurs terres morbihannaises (1-1), et en ne remportant qu’un seul match sur le terrain de Caen (1-2). Assez pour tomber à la 16eme place dans un championnat très resserré, et se retrouver à une position peu en adéquation avec le potentiel de l’équipe.

Le point sur l’effectif

Ligne par ligne, Lorient possède les joueurs pour poser des problèmes à la majorité des équipes de L1, sauf peut-être en défense. Avec un Benjamin Lecomte fiable et efficace, le poste de gardien de but est bien couvert mais les lignes arrières souffrent de l’absence d’un vrai patron. Wesley Lautoa, longtemps écarté des terrains, n’a pu jouer ce rôle tandis que, Zargo Touré, arrivé du Havre en L2 mais titularisé à 29 reprises, a fait le travail en inscrivant notamment 4 buts, mais devra accumuler les saisons en L1 pour faire grandir son potentiel. Lindsay Rose, arrivé de Lyon, n’a disputé que 10 rencontres et n’a pas eu le temps de devenir l’homme fort d’une défense souvent perméable. Sur les ailes, Lamine Gassama et Raphaël Guerreiro sont, chacun dans leur couloir, indispensables. Au milieu, les profils des titulaires en puissance Romain Philippoteaux,Yann Jouffre, Walid Mesloub ou encore Maxime Barthelmé respirent la complicité technique. Avec 16 passes décisives à eux quatre, ces joueurs sont les dépositaires du jeu offensif lorientais, Mesloub et Jouffre étant les premiers avec 5 passes chacun. Bien équipés offensivement au milieu, Lorient pêche par l’absence d’alternatives à Didier N’Dong à la récupération. Avec ses 32 matchs, N’Dong est le poumon de l’équipe lorientaise, mais le club dépend beaucoup de ce seul joueur pour couvrir les défenseurs. À l’inverse, sur le papier du FCL, figure aussi une brochette d’attaquants très adaptée au système à deux pointes prôné par le club. Benjamin Moukandjo et Majeed Waris sont les figures de proue de cet édifice. Avec respectivement 12 et 11 buts, leur saison est réussie. Derrière, Benjamin Jeannot et ses 7 buts en 27 matchs (soit 6 matchs de plus que Waris) et Jimmy Cabot arrivé au mercato hivernal (4 buts), sont des armes sérieuses pour une équipe, qui, bien que classée 16eme, possède des éléments offensifs dignes d’une formation de première partie de classement en L1.

3 questions à... Thomas Lavaud (Journaliste sportif à France Bleu Breizh Izel - Commentateur des matchs du FC Lorient).

WebGirondins : Lorient est officiellement maintenu avant son déplacement à Bordeaux. Mais avec une actuelle 16eme place, le FCL n'a-t-il pas fait le service minimum cette saison ?

Thomas Lavaud : Le service minimum, non. Depuis le début de mars, Lorient est dans le temps faible que chaque équipe rencontre au moins une fois par saison. Il n’y en avait pas vraiment eu jusque-là. La défense est fragile, c’est la 17e de Ligue 1. Les blessures s’accumulent en ce moment. Contre Lille, Lorient a du faire sans ses trois premiers défenseurs centraux. Bellugou est descendu d’un cran, et a évolué aux côtés de Lautoa, qu’on pensait ne plus revoir cette saison après une opération des adducteurs en début d’année. A gauche également, Ripoll a préféré Paye à Guerreiro directement impliqué sur le second but à Saint-Etienne. Mais le principal souci du moment est offensif, l’expression collective est trop insuffisante. Le jeu dynamique du milieu est plus poussif. Il y a moins de rythme, moins de jeu en première intention. Donc, on trouve un peu moins souvent les latéraux. Les ballons n’arrivent plus assez aux attaquants. Ça s’est particulièrement vu contre Lille, samedi dernier. Et quand les ballons arrivent, il y a un problème de finition… À Saint-Etienne où Lorient peut largement ramener le nul, conte le PSG en coupe de France où Moukandjo manque une occasion en or peu avant l’ouverture du score. Ça fait trois matchs que Lorient n’a plus marqué de but, en comptant la coupe de France. C’était du jamais vu cette saison. C’est un peu le monde à l’envers : Lorient ne s’est jamais fait peur et il est 16e à deux journées de la fin. La saison dernière, il était mieux classé après la 36e journée, alors qu’il était en grosses difficultés à cinq matchs du terme. Tout ça me faire dire aussi que cette place est à relativiser, elle ne correspond pas non plus au potentiel réel de cette équipe, et en Ligue 1, on sait très bien que le 8eme ne vaut guère mieux que le 16eme. Et fin novembre, quand Lorient était poussé par les buts de Moukandjo, qu’on prenait plaisir à voir cette équipe, comme à l’aller contre Bordeaux par exemple, on se demandait si les Merlus pouvaient aller s’installer dans la première moitié de classement… Comme au moins une fois cette saison. Mais ce fut trop juste dans l’ensemble.

WebGirondins : Le club a beaucoup d'attaquants qui marquent, de bons passeurs, mais une défense qui semble irrégulière. Ce secteur est-il le vrai point faible du club ? Ou posez-vous un autre diagnostique ?

Thomas Lavaud : L’irrégularité frappe toute l’équipe. On a très souvent fait le constat que Lorient était passé au travers, cette saison, à l’extérieur. Partiellement comme à Montpellier. Ou complètement, comme à Reims, Lille, Angers, Nantes. Ca fait au moins un déplacement sur quatre ratés dans les grandes largeurs. Ça fait beaucoup. Pour moi, le baromètre, c’est le milieu. Quand le milieu va à Lorient, toute l’équipe va. N’Dong n’apporte peut-être pas autant que ce qu’on aimerait. Sur les ailes, Philippoteaux, Jouffre et Barthelmé peinent à se montrer décisif dans cette seconde partie de saison. Cabot, recruté cet hiver, est plus souvent remplaçant. Mais il a montré de très belles choses après son entrée contre Lille, donc pourquoi pas le revoir à Bordeaux. En attaque, bien sûr, Moukandjo marchait sur l’eau durant la première moitié de saison en marquant du droit, du gauche, de la tête pendant que Waris peinait ou était blessé ou suspendu. Et puis, Moukandjo s’est éteint et Waris a enfin démontré ses qualités. Finalement, le buteur le plus régulier, c’est Jeannot mais il a autant marqué en championnat qu’en coupe. Et puis, en défense, on a commencé avec une charnière Lautoa-Koné. Le premier a été très souvent blessé, le second est parti mais son départ a été bien comblé par l’arrivée de Touré qui s’est adapté sans problème à la Ligue 1. Mais qui, malheureusement, est forfait pour la fin de saison.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce prochain Bordeaux-Lorient ?

Thomas Lavaud : Lorient n’a jamais réussi à Bordeaux. Ni à Chaban-Delmas, ni au Matmut Atlantique. L’élimination en quart de finale de Coupe de la Ligue me laisse des regrets car, avec un peu plus d’efficacité en première période, je pense qu’il y avait moyen de passer. L’objectif, en ce 90eme anniversaire, était aussi d’aller au stade de France, ce que le FCL n’a pas réussi. Est-ce que ça changera samedi ? Lorient va essayer de jouer. Car cette 16eme place n’est pas satisfaisante, et car une bonne partie du salaire des joueurs est indexé sur le classement final. Mesloub et Waris seront forfaits pour ce match, c’est une mauvaise nouvelle. Mais Lorient étant capable de tout, on n’est à l’abri de rien. Pas même d’un match sympa à suivre malgré la méforme lorientaise, et une équipe bordelaise qui n’est pas la plus emballante. Souvenons-nous aussi que Lorient réussit très bien contre les équipes de seconde moitié de classement. Je disais plus tôt que le 8eme ne valait guère mieux que le 16eme: Lorient a pris 38 de ses 43 points contre les clubs classés en-dessous de la 7eme place.

Par Florian RODRIGUEZ