Carnet d’entraînement : Forces de frappe

23/02 - 16:43 | Il y a 7 ans
Carnet d’entraînement : Forces de frappe

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Vendredi 23 février 2018 - Le Haillan : Pour contrer le froid glaçant et réveiller le compartiment offensif peu en vue à Marseille, les Girondins ont travaillé sans temps mort face aux buts. Les milieux et défenseurs supervisés par Fernando et Mauricio Taricco et les attaquants coachés par Gustavo Poyet ont évolué séparément. 

Le terrain principal des professionnels garde encore les stigmates du huis-clos de la veille. Les bâches vertes censées cacher la vision du terrain n’ont pas été repliées et le terrain adjacent ouvert au regard du public, sans le moindre grillage pour masquer la vision du jeu, est déjà prêt à être foulé par les joueurs. Deux filets de tennis-ballon sont tendus au niveau du milieu de terrain, proches des deux mains-courantes. Au centre, quelques plots délimitent un espace de jeu et des ballons sont éparpillés ça et là. Mauricio Taricco, entraîneur adjoint de Gustavo Poyet, est le premier à pénétrer sur le terrain, équipé d’un sac de ballons. Emmitouflé dans son survêtement, bonnet sur la tête, l’ancien défenseur de Tottenham est rapidement suivi par Paulo Fernandes. À l’instar de son compère sud-américain, le technicien chargé des gardiens est isolé de l’extérieur, visage recouvert par un cache-col et tête protégée par un bonnet, et seuls ses gants de gardien de but enfilés au dernier moment permettent de le distinguer. L’effectif girondin vient de faire son apparition sur le terrain. Les joueurs se saisissent de ballons. Certains se font des passes en hauteur sans toucher le sol. Les jeunes Youssouf et Tchouaméni manquent à l’appel tout comme Lewczuk et Cafu. « Si t’as pas envie tu le dis » chambre Jaroslav Plasil devant une passe mal réceptionnée par Paul Baysse qui jongle avec le joueur tchèque et Gaëtan Laborde.

« Est-ce qu’il y a des garçons gentils ? » Fernando posté à quelques mètres du groupe sollicite l’aide de ses joueurs pour mettre en place une cage au niveau du milieu de terrain. Sans se faire prier un groupe se détache et accompagne Fernando Menegazzo, certainement partant à l’idée de pouvoir se réchauffer en tirant les buts disposés contre la main-courante, à l’extérieur du terrain. Malgré le froid rigoureux, et en raison des vacances, le terrain d’entraînement est cerné de spectateurs. Une vingtaine d’enfants, arrivés en bus, fait son apparition, promesse d’une séance animée. « Il est où Malcom ? » Une petite fille, dans les bras de son papa, s’enquiert de la présence du joueur brésilien, ravie de pouvoir observer le joueur girondin. Presque toute l’équipe s’est mise à l’oeuvre et porte la deuxième cage, formant une nuée bleue marine qui fait avancer le but vers le fond du terrain pour former un espace de jeu. Après avoir préparé les bases de la séance, les joueurs se regroupent au niveau du centre du terrain, près de la main-courante opposée aux spectateurs et attendent les consignes d’Eric Bedouet pour débuter l’échauffement. Otavio, bras ballants vers l’avant, torse légèrement penché, semble subir le froid hivernal français qu’il découvre enfin véritablement. L’échauffement débute par des courses simples. Puis les aller-retour se corsent avec des pas croisés puis des pas chassés auxquels succèdent ensuite des mouvements de coups de pied en l’air côté gauche et côté droit. 

Malgré une population de supporters assez conséquente, l’ambiance est calme, comme anesthésiée par le froid. Seuls les enfants arrivés en bus troublent la quiétude du moment en scandant des « Malcom, Malcom. » L’échauffement se termine, les joueurs se dégourdissent les jambes. Kamano pousse De Préville et chahute gaiement avec son coéquipier. Les joueurs se mettent rapidement en place pour un toro géant. Malcom, sourire malicieux pendu aux lèvres, tend une chasuble jaune à Laborde pour l’accompagner au milieu. Comme à l’accoutumée, trois joueurs sont positionnés au centre du jeu et doivent intercepter le ballon pour être remplacés. Alors que le jeu a débuté, Gustavo Poyet se déplace activement, récupère quelques ballons près de l’entrée du terrain et les regroupe aux abords de la surface de réparation. Le technicien uruguayen des Girondins se rapproche de son groupe et observe, bras croisés. Un ballon en cloche arrive en direction de l’entraîneur bordelais. L’oeil furtif, l’ancien milieu offensif de Chelsea recule d’un pas, et rictus de joie au bord des lèvres, amortit le ballon qui lui colle au pied. Un contrôle que n’aurait pas renié Zinédine Zidane. Les gardiens, eux, travaillent sur le but près de l’entée du terrain et se préparent sérieusement sous un froid qui tétanise facilement les mains. Franck Chaumin adresse une première frappe au sol, côté droit en regardant les cages, et Paulo Fernandes enchaîne par une passe à deux mains avec rebond qui se doit d’être bloquée.

L’ambiance très studieuse des gardiens Costil, Prior, Poussin et Michel tranche avec les cris et l’animation du toro. Des « olé » retentissent suite à une talonnade réussie de Pellenard. Deux temps de jeu plus tard, Pablo tente à son tour un geste entre la talonnade et la roulette mais le ballon sort du toro sous les taquineries de ses coéquipiers. Les « Pablo, Pablo » sortent des bouches d’un ton moqueur mais bienveillant. Une tête de De Préville permet à Malcom de récupérer le ballon mais la passe du joueur brésilien après rebond est mal dosée et lui offre une place au milieu du toro. Après s’être tenu la tête entre les mains, le milieu offensif bordelais récupère la chasuble d’un Lerager rieur. Gustavo Poyet met un terme à l’exercice et, rapidement, un groupe principal part s’isoler sur un terrain réduit à l’opposé. Un petit contingent formé de Laborde, Vada, Malcom, De Préville et Braithwaite prend place face aux buts gardés par Poussin et Michel. Les milieux et défenseurs sont accompagnés pas Gustavo Poyet au fond du terrain. Benoît Costil et Jérôme Prior gardent chacun une cage. Gustavo Poyet et Mauricio Taricco montrent l’exercice. Le départ, devant le but, se fait à base de deux passes entre deux joueurs. L’un d’eux allonge sur l’aile opposée. Gustavo Poyet choisit le côté droit et trouve Gajic qui centre. L’entraîneur bordelais plonge au premier poteau. Mauricio Taricco prend le deuxième poteau et place une reprise de volée qui s’écrase sur la barre avant de lever les bras au ciel, amusé. « Ça va vite » insiste Gustavo Poyet. Sur chaque aile deux joueurs sont positionnés, un droitier et un gaucher car les attaques se déroulent sur les deux cages successivement, et le circuit s’inverse à chaque mouvement. À droite en regardant le jeu, Poundjé et Gajic s’occupent d’un côté tandis que Sabaly et Contento sont sur l’autre.

Gustavo Poyet est déjà parti travailler auprès des attaquants. L’entraîneur bordelais, à côté d’un tas de ballon, et à un mètre des joueurs qui passent à tour de rôle, enchaîne les passes à la main. Les attaquants frappent de volée et font feu de tout bois. L’exercice évolue et les frappes doivent être réalisées après un contrôle sans toucher le sol. Malcom rate le cadre de sa première frappe du gauche, place un tir au dessus, puis se rattrape d’une volée du pied droit qui trouve la lucarne opposée. Une rumeur jaillit du public et le milieu offensif bordelais saute et exulte, comme un enfant ravi d’avoir enfin marqué. Nicolas De Préville qui opte pour le contrôle intérieur du pied avant de frapper, contrairement aux amortis de poitrine de Malcom, n’a pas de réussite. Martin Braithwaite ne trouve pas non plus le cadre, mais place une frappe sèche et horizontale sortie par une détente de Corentin Michel. Gustavo Poyet a décidé de changer de côté et alimente depuis la gauche. Gaëtan Poussin, visage rougi par le froid, trépigne et attend les salves de ses coéquipiers. Du côté des défenseurs et milieux de terrain, les attaques ne sont plus les mêmes. En rang, chaque joueur passe le ballon à Fernando, positionné dans l’axe gauche du terrain, qui remet en une touche avant de frapper au but. Baysse manque le cadre, Otavio place une frappe trop sur Costil, mais Sabaly, légèrement excentré côté gauche, peut enrouler du droit et marquer à mi-hauteur ne laissant aucune chance à l’ancien gardien rennais.

Bruits léger et bruits sourds à intervalles réguliers se succèdent. Gustavo Poyet passe désormais le ballon au sol, du pied, et les joueurs enchaînent par des frappes. « Va, ouais » encourage l’entraîneur girondin. De Préville enroule un ballon qui termine sa course dans le filet après un rebond. « Bien placé ! Va ! » Le coach bordelais enchaîne, encourage, remet les ballons inlassablement. Vada place une frappe qui prend des allures de drop au rugby. Le jeune joueur argentin, sourire d’auto-dérision accroché au visage, se prend la tête entre les mains. Les ballons roulent de toutes parts au sol, Gustavo Poyet et Eric Bedouet les regroupent, et l’exercice se poursuit avec l’angle de passe du côté gauche. De Préville enroule son ballon du pied gauche et trouve la première lucarne. Vada touche la barre. Malcom jette un coup d’oeil de lynx, effectue quelques petits pas instantanément et trouve le petit filet opposé, à l’intérieur. Gustavo Poyet a changé d’endroit pour distribuer les ballons. Placé au niveau de la ligne de sortie de but, à gauche des gardiens, l’entraîneur envoie des passes à mi-hauteur. Facile, fluide dans le geste, l’ancien coach de Brighton n’a rien perdu de sa qualité technique. De Préville marque d’une frappe sèche qui rentre côté opposé et réédite le même geste payant deux tours plus loin. « Bien joué Nico » apprécie Franck Chaumin l’entraîneur des gardiens.

Les joueurs qui frappaient jusqu’à présent au niveau de l’arc de cercle, se reculent petit à petit. « Contrôle » demande Gustavo Poyet après sa passe. Malcom s’exécute mais le geste technique est trop long et permet au joueur Brésilien de se présenter dans la surface et de marquer. Les autres attaquants protestent. « Non c’est bien » rétorque Gustavo Poyet. Présent depuis un petit moment, le président Stéphane Martin, accompagné, observe l’entraînement très attentivement, un peu en retrait. Du côté des milieux et défenseurs, les joueurs ont le choix de s’appuyer sur Fernando d’un côté, ou sur Mauricio Taricco de l’autre pour frapper au but et Théo Pellenard, après un une-deux avec Fernando marque d’une frappe lobée. L’exercice se termine et très rapidement, trois équipes de tennis-ballon se forment. Poundjé, Gajic, Contento et Sabaly se prennent par les épaules, formant un petit cercle. L’équipe des latéraux, armée de chasubles jaunes, semble soudée et s’apprête à affronter l’équipe des centraux représentée par Pellenard, Baysse, Pablo et Koundé. Plus proche des spectateurs Meïté, Otavio et Mauricio Taricco défient Sankharé, Plasil et Kamano. 

Un « oui » sincère retentit du côté des attaquants. Braithwaite vient de marquer d’une tête en finesse, lobant le gardien. Nicolas De Préville applaudit avec franchise. Du côté du tennis-ballon, Mauricio Taricco marque le point d’une tête piquée en force. Malgré une tentative de défense, Kamano ne peut que toucher le ballon du bout du pied. « Bien défendu » applaudit Mauricio Taricco avec le sourire, accompagné dans son geste par Otavio et Meïté. Au fond du terrain, un homme avec un bonnet bleu marine s’avance le ballon et frappe. Lukas Lerager enchaîne les tirs simples avec Jérôme Prior dans les cages comme partenaire. L’équipe de Mauricio Taricco marque un nouveau point et se congratule. Valentin Vada, assis sur un pack de bouteilles d’eau, regarde ses partenaires de l’attaque frapper au but librement. Gustavo Poyet discute avec Fernando et Eric Bedouet. Le rythme s’est ralenti, et la séance s’étire vers sa fin. Le public s’est lui aussi écrémé, le froid saisissant ayant fait son oeuvre.

Presque d’un seul coup, les attaquants quittent le terrain. Les enfants ayant flairé le bon coup se resserrent près de l’entrée et encerclent les joueurs pour des photos et des autographes. Malcom, De Préville et consorts acceptent sans problème de se prêter au jeu avant que l’un des agents de sécurité ne vienne tranquillement mettre fin au ballet expliquant probablement que les joueurs viendraient signer après la douche. « Arrête You » plaisante Souhalio Meïté, avec une pointe d’ironie dans la voix. Sankharé proteste et change de camps pour montrer très sérieusement une marque sur le terrain de ses adversaires. Après une dernier point, le tennis-ballon se termine. Sankharé prend Mauricio Taricco dans ses bras. « Allez les garçons, les buts » rappelle Fernando. Avec la plus grande des précautions, les joueurs qui ont ramené l’une des deux cages la font basculer de l’autre côté de la main-courante. « Oh ouais » crient les défenseurs. Paul Baysse est allongé, pieds dans le filet. Après avoir poussé un juron de dépit, le défenseur attaque le dernier point avec son équipe avant de clore la séance. Gustavo Poyet tape dans la main de Pablo, les jaunes de l’équipe des latéraux semblent ravis et se congratulent. Consciencieusement, les défenseurs de chargent de ramener la cage restante. Gaëtan Poussin quitte le terrain portant un sac de ballon comme un sac à dos. Poundjé range les ballons restants. Chaque joueur fait sa part du travail pour laisser le terrain vierge de matériel. Gustavo Poyet qui vient à peine de quitter le terrain, répond favorablement aux sollicitations d’un enfant sur fauteuil roulant et prend la pose, avec un sourire franc et chaleureux. Fernando l’imite quelques instants plus tard. Malgré le froid, Paul Baysse et les autres défenseurs partagent photos et autographes. Entre convivialité et proximité avec les supporters, les Girondins ont fini leur semaine d’entraînement devant leur public. Avant de vivre de nouveau cachés derrière les bâches vertes samedi pour préparer un match face à Nice déterminant pour la suite de la saison.  

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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