Carnet d’entraînement : Jouer au contact

23/11 - 17:27 | Il y a 7 ans
Carnet d’entraînement : Jouer au contact

© Iconsport

Mardi 23 novembre 2017 - Le Haillan : À deux jours d’un déplacement rugueux à Caen, les Girondins ont multiplié les oppositions mettant en valeur le jeu de tête. Sans pour autant délaisser l’idée d’intensité dans le jeu.

La quiétude qui règne sur le centre professionnel des Girondins. Les feuilles caramélisées par l’automne sur les arbres alentours. Un petit vent frais. Tout renvoie à une routine de novembre pour le FCGB. Tout sauf le terrain d’entraînement. Garnie de matériel à l’accoutumée, l’aire de jeu est aujourd’hui dépouillée. Seules deux cages distantes d’une dizaine de mètres l’une de l’autre, côté vestiaires, et quelques plots pour délimiter le terrain, sont là pour rappeler qu’une séance d’entraînement va se dérouler. Eric Blahic et Kévin Plantet sont les premiers à faire leur apparition sur la pelouse, bouclant leurs vestes de survêtements pour se prémunir du vent léger mais persistant. Rapidement, Franck Chaumin leur emboîte le pas avec ses gardiens, et les joueurs de champ munis de chasubles jaunes, bleues, roses et blanches ne tardent pas à pénétrer sur la pelouse. Des petits groupes se forment et jonglent le long des vestiaires. Les gardiens n’hésitent pas à jouer de la tête entre eux. Les ballons claquent et quelques rires légers jaillissent. « Allez, on y est » tranche Eric Blahic pour donner le signal de départ à ses joueurs. À l’opposé des spectateurs, le long du grillage, Kévin Plantet dirige le groupe. Les joueurs effectuent un échauffement traditionnel pour mettre en route leurs corps. Les chasubles mélangées donnent un festival de couleurs qui interpelle l’oeil. Assez librement, les pas chassés succèdent aux talons-fesses et toute la panoplie de l’échauffement est utilisée.

Pendant que Jocelyn Gourvennec fait son apparition et rejoint ses joueurs, les gardiens se déhanchent entre des piquets, sautillent sur place, et marquent un arrêt avant de bloquer une frappe de volée transmise par un coéquipier. L’exercice évolue et les gardiens plongent après leurs derniers petits sauts pour capter un ballon frappé sur le côté. Les joueurs de champ reviennent le long des vestiaires et constituent trois groupes amenés à faire des toros avec deux éléments au milieu. « Mettez du rythme » tonne le préparateur physique Kévin Plantet. Les joueurs dotés de différentes chasubles sont mélangés. « Dynamisez les départs » demande Eric Blahic. Les gardiens ont pris possession du terrain. Costil, sur un côté, passe un ballon à la main pour Poussin qui le capte de l’autre côté en s’exprimant et frappe instantanément de volée pour Mandanda dans les cages. Les joueurs inversent ensuite les rôles. Après quelques temps de toro, les joueurs, dos à l’immense bâche bleue qui recouvre le grillage opposé aux spectateurs, rééditent une partie de l’échauffement sur quelques mètres. Les montées de genoux, les courses en marche arrière et en latéral, toute la panoplie de l’échauffement est de nouveau de sortie. Pour conclure cet épisode d’échauffement, chaque joueur prend un partenaire par le bras et entame une course. Au sein de cette course, les deux joueurs doivent se frotter à l’épaule et se repousser. Les duos changent régulièrement. L’exercice évolue avec des petites courses et un saut sans ballon face à un partenaire avec l’objectif de bouger son coéquipier et de partir en sprint après l’opposition.

Le groupe repart sur les toros. Le jeu est en une touche de balle. « Mettez du rythme. Les déplacements sur les pointes. Ça joue, il faut que le ballon aille vite. » Eric Blahic tente de dynamiser ses joueurs. « Cachez vos passes » insiste l’entraîneur adjoint des Girondins de Bordeaux. Le bras droit de Jocelyn Gourvennec continue d’essayer de faire monter la pression en demandant un pressing plus important aux hommes du milieu avec un « allez sur Younousse, allez-y », avec un timbre de voix plus important. Un cri de satisfaction collectif surgit. Les joueurs rentrent pleinement dans l’exercice. Jocelyn Gourvennec siffle, et les perdants entament une série de pompes. Alors que les gardiens viennent de prendre place - Prior, Mandanda, Costil et Poussin vont se relayer - leurs coéquipiers les rejoignent rapidement sur le terrain. La nature de l’opposition est connue des joueurs pour avoir été déjà effectué lors de plusieurs entraînements. Sur le terrain, le jeu se pratique exclusivement de la tête, à l’exception des frappes au but qui peuvent se jouer de volée. Quatre jokers du côté de chaque but - deux derrière au niveau des poteaux, et un sur chaque aile, hors terrain - peuvent être sollicités et jouer au pied et en l’air. Chaque match dure quatre minutes. Les bleus de Lerager, Contento, Sankharé et des jeunes Cissokho (défenseur) et Taha (attaquant) affrontent les blancs de Toulalan, Jovanovic, Vada, Cafu, Mendy et Dumai, jeune milieu de terrain de l’équipe réserve. Les roses et les jaunes sont les jokers. L’opposition commence par une volée sèche de Toulalan, plein axe, après une remise en cloche de Carrique placé derrière les buts, mais la frappe passe légèrement au dessus. « Allez, allez » stimule Jocelyn Gourvennec. « Laisse » hurle Over Mandanda, rapidement félicité par Franck Chaumin, l’entraîneur des gardiens

Le jeu est serré et la première opposition se termine par un match nul sans but. Malcom, Koundé Tchouaméni, Plasil, Gajic et De Préville en jaune, affrontent Pellenard, Otavio, Carrique, Poundjé, Kamano et Pereira en rose. En fonction du nombre, les joueurs tournent dans certaines équipes et observent le jeu à tour de rôle. Le match débute. De Préville place une volée en cloche suite à un dégagement de la tête de son adversaire Thomas Carrique. Tchouaméni, pour les jaunes, prend le ballon de l’extérieur du pied gauche depuis le côté gauche, mais sa frappe passe à côté. Les roses obtiennent une occasion de la part de Carrique qui marque d’une demi-volée. « Non » décrète Jocelyn Gourvennec qui refuse le but qui n’a pas été marqué de volée. Le jeu prend du volume lorsque Kamano marque près des cages pour les violets. De Préville lui rend la pareille d’une reprise horizontale en ciseau, depuis le milieu du terrain, qui fuse dans le petit filet. Les quelques spectateurs présents ne peuvent s’empêcher d’applaudir cette volée monumentale. Alors que les mouvements s’accélèrent, Otavio tape le ballon de la main et provoque la colère bon enfant de ses adversaires qui réclament un pénalty qu’ils n’obtiendront pas. On tourne encore et les blancs affrontent les violets. Un ballon tombe au sol. Comme la règle l’indique, Toulalan ramasse le ballon à la main pour le jouer de la tête, mais Prior l’en empêche. Le capitaine girondin parvient tout de même à jouer de la tête en retrait pour Mendy qui marque dans le but mal protégé par la sortie du gardien. 

Mendy est encore dans le coup. Légèrement décalé à gauche, l’ancien guingampais effectue une tête en retrait pour Cafu dont le coup de boule est trop léger pour inquiéter Prior. Eric Blahic se satisfait de la remise de Mendy. L’opposition baisse en intensité, à l’image d’un long temps de latence entre deux matchs. Jocelyn Gourvennec en profite pour faire un point sur le classement, écouté avec attention par ses joueurs en place sur le terrain. C’est reparti et Tchouaméni marque d’une tête plongeante suite à un centre de Dumai bien dosé venu de la droite en regardant les vestiaires girondins, près de l’espace presse. Les joueurs communiquent assez peu, et les gardiens sont ceux qui se font le plus entendre au milieu de cette ambiance loin d’être électrique. Malcom tente de réveiller l’opposition avec un ciseau de côté près du but, mais le ballon finit dans les jambes de Mandanda. Les bleus prennent l’ascendant en marquant par Sankharé de volée suite à une remise de la tête de Cissokho. Des cris de joie et d’euphorie viennent remuer l’ambiance générale suite à un but en talonnade de Tchouaméni qui rapproche les jaunes. « Dernière situation » ordonne Jocelyn Gourvennec à ses hommes pour mettre un peu de pression sur ces derniers. Le coach girondin siffle. Deux matchs sont encore à disputer.

Le jeu redémarre rapidement. Kamano sert Pellenard de la tête, mais la reprise du gauche du latéral bordelais est écrasée et part se promener hors du cadre. Le jeune défenseur bordelais baisse immédiatement la tête. « Théo ! » Eric Blahic serre les dents. « Replace-toi Théo » demande rapidement l’entraîneur adjoint bordelais. « Cache ta relance Over » exige Jocelyn Gourvennec en voyant Mandanda effectuer une relance trop téléphonée. Sur l’action suivante, l’entraîneur bordelais rappelle une règle à Lucas Dumai : « Ne mets pas les mains Lucas. À l’intérieur on peut mais pas sur les côtés. » Le jeune milieu bordelais fait un signe de la main à son entraîneur en guise d’excuse. Chez les roses, Otavio donne un ballon de la tête à Kamano sur la même ligne, et ce dernier tente un ciseau retourné qui ne trouve pas le cadre. Pellenard rattrape le coup pour son équipe quelques instants plus tard en marquant d’une volée chaloupée du gauche.

Jocelyn Gourvennec énumère les scores, et le dernier match, celui des jaunes face aux blancs, est décisif pour la victoire finale. Signe du regain d’enthousiasme, Malcom bouscule Mendy dans le dos. Les joueurs râlent. Ils réclament un pénalty. Certains protestent contre cette éventuelle décision. Jocelyn Gourvennec tranche et donne un pénalty. Les tractations sont longues concernant son mode de réalisation. L’entraîneur bordelais demande à Gaëtan Poussin de faire 11 pas depuis son but pour trouver l’endroit où devra se placer le tireur. Les blancs, à l’image de Cafu, protestent estimant que le gardien va trop loin. Finalement, Lerager placé derrière la ligne de but lance le ballon à la main pour Vada qui tape une tête plongeante captée facilement par Poussin. Le jeune argentin, au sol, frappe la terre. Malcom tente un ciseau semblable à celui réalisé face à Mandanda et réussit à mettre plus d’effet, mais Costil se couche et sort le ballon du pied. Le jeu gagne en volume dans cette dernière opposition. Les blancs rétorquent avec Toulalan qui centre de la tête pour Cafu qui cogne le ballon puissamment mais sans cadrer. Plasil et Vada, chacun pour leur équipe respective, frappent au dessus. « Dernière minute, les jaunes ils peuvent se permettre le match nul » fait remarquer Jocelyn Gourvennec pour pousser les blancs à arracher la victoire. Malcom enfonce le clou pour les jaunes en marquant d’une tête à contre-pied. 

L’entraîneur bordelais siffle la fin des hostilités. Les jaunes de Plasil et Malcom se prennent dans les bras et exultent au milieu du terrain. « Les bleus, merci pour le terrain » rappelle Jocelyn Gourvennec à l’équipe qui vient de terminer en dernière position et qui doit remettre les cages amovibles en place. L’entraîneur bordelais marche en direction des vestiaires et interpelle Malcom, de façon complice, évoquant une discussion préalable. « J’ai marqué hein » rétorque fièrement le milieu offensif brésilien en montrant le côté gauche du but, de façon presque enfantine. Alors que quelques joueurs sont encore en lisière de pelouse, près des vestiaires, tapotant le ballon, Jocelyn Gourvennec et Eric Blahic discutent en retrait. Peut-être de la séance qui vient de se dérouler sous leurs yeux, avec un vainqueur et un vaincu. De quoi réveiller l’instinct de compétition d’une équipe qui se doit de gagner de nouveau pour sortir de l’ornière. Peut-être samedi face à Caen dans une opposition de novembre qui ne s’annonce pas comme une partie de plaisir.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

#Malcom #dePrévilleNicolas