Carnet d’entraînement : Se sortir de la pression 

14/11 - 16:22 | Il y a 7 ans
Carnet d’entraînement : Se sortir de la pression 

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Mardi 14 novembre 2017 - Le Haillan : Sous le commandement de Jocelyn Gourvennec revenu après son absence médiale de la semaine passée, les Girondins ont commencé leur semaine d’entraînement par du travail dans les petits espaces, avec la nécessité de déjouer rapidement les contraintes adverses.

Le staff technique des Girondins est réuni sur la pelouse du complexe professionnel du Haillan, un peu excentré, et observe ses joueurs déjà vêtus de chasubles bleues ciel et blanches enchaîner les tours de terrain. Absent la semaine dernière pour raisons médicales, Jocelyn Gourvennec en pantalon et parka bleue marine retrouve son fidèle adjoint Eric Blahic qui avait assuré l’intérim la semaine dernière et Franck Chaumin l’entraîneur des gardiens. Kévin Plantet, préparateur physique de l’équipe, effectue le footing préparatoire avec les joueurs. Si le soleil prend une place prépondérante dans un ciel bleu sans nuage, la température est devenue rigoureuse, et l’échauffement est primordial. À chaque passage en fond de terrain, en parallèle du centre de vie de l’équipe professionnelle, les joueurs effectuent des mouvements commandés par Kévin Plantet avant de repartir en course classique. Les ouvertures et fermetures de bras et de jambes inaugurent la série, puis c’est au tour de petits gestes d’appuis en position latérale et en marche arrière, à deux reprises. Les tissus des pantalons d’entraînement frottent et les joueurs soufflent à mesure que leurs tours de terrain s’enchaînent. 

Les joueurs se rapprochent de leurs entraîneurs. Une série de mannequins et plots, dans le sens de la longueur et en décalage, sont disposés à l’opposé du public. Le circuit a déjà été pratiqué à l’entraînement et les joueurs ne peinent pas à se positionner à divers endroits après un rapide briefing d’Eric Blahic. Deux joueurs pratiquent un une-deux entre des piquets avant que le dernier joueur ne trouve un partenaire qui décroche en venant dans sa direction. Ce dernier se retourne, joue un nouveau une-deux avec un partenaire dans son dos avant de servir un troisième élément lancé dans le couloir près du grillage. Une passe verticale et courte est adressée à un joueur positionné au niveau d’un plot. Le joueur hérite du ballon, joue sur sa droite en une-deux, trouve un joueur qui décroche de l’axe. Ce dernier remet à l’intérieur pour son partenaire qui termine par une longue passe au joueur situé au point de départ. Le travail incite au décrochage et au jeu en une touche de balle en progressant verticalement tout en changeant l’axe du jeu par des décalages et une dernière balle longue apportant de la variété. 

Jocelyn Gourvennec, mains dans le dos, observe attentivement les gestes techniques de ses joueurs. Eric Blahic, au bord du grillage, au plus près de l’atelier, tourne sans cesse la tête pour observer les différents temps du jeu. « Les gars, cette passe doit aller plus vite » explique l’entraîneur adjoint du FCGB en montrant de la main le moment où le joueur axial décale sur le côté. Déstabilisation, justesse et vitesse sont recherchées même si le début manque de percussion dans les attaques de balles. « N’allez pas tasser vos passes » insiste un Eric Blahic électrisé malgré le froid. « Cafu, plus vite, plus vite, il y a trop de ballons à deux à l’heure, oh ! » L’entraîneur adjoint augmente la cadence des paroles, conseillant les joueurs sur chaque action avec quelques signes d’agacement sur les gestes réalisés sans panache. Alexandre Mendy ne dose pas sa passe pour le joueur de couloir et oblige Otavio a placer une accélération courte pour empêcher le ballon de fuir, ce qui ne laisse pas insensible un Eric Blahic aux aguets reprenant son attaquant avec un « mieux que ça Alex. » Au fond du terrain, en silence, les gardiens travaillent des slaloms entre piquets avant de capter le ballon à deux mains et de le rendre à Franck Chaumin. Sur l’atelier préparatoire, Eric Blahic enfonce le clou : « Soyez encore plus attentifs, plus concentrés. Allez plus vite dans les échanges, plus vite, plus vite. » Chacun prend une nouvelle place une fois son travail de passe effectué et se positionne sur toutes les étapes du circuit, travaillant sur plusieurs attitudes. Au fur et à mesure que l’atelier avance, la fluidité commence à se remarquer, même si Eric Blahic attend plus de vérité : « Trouvez-moi des passes qui aillent vite. » L’atelier commence à vivre pleinement. Dès qu’un ballon arrive au niveau du une-deux de fin avant d’allonger la passe, un autre ballon est en transit au milieu avant d’être décalé sur l’aile, signe que les transmissions s’accélèrent. « On y est presque » se satisfait Eric Blahic avant de siffler et de demander aux joueurs d’aller boire après avoir enlevé les mannequins de la zone.

Après s’être très rapidement désaltérés près des vestiaires, les joueurs se positionnent au niveau d’une aire de jeu d’une quinzaine de mètres de long délimitée par des mannequins. Les côtés sont cernés par des coupelles aussi présentes derrières les mannequins. Les joueurs en chasubles bleues vont affronter les chasubles blanches. Dans les zones derrière les mannequins, Prior d’un côté et Mandanda de l’autre sont des jokers en chasubles jaunes. À leurs côtés, un joueur en chasuble bleue et un joueur en chasuble blanche. Deux autres jokers en jaune - Aurélien Tchouaméni et Younousse Sankharé - sont au coeur du jeu. Les blancs sont composés de Toulalan, Youssouf, De Préville, Pereira, Pellenard, Otavio, Cafu et Plasil. Chez les bleus, on retrouve Vada, Carrique, Malcom, Contento, Poundjé, Mendy et deux joueurs de la Nationale 3 : le défenseur Till Cissokho, joueur de grand gabarit et Ervin Taha, attaquant aux allures de Diego Rolan. Jocelyn Gourvennec, face aux spectateurs, pied sur le ballon, écoute Eric Blahic donner se consignes aux joueurs. L’objectif est de se dégager des zones difficiles en sortant rapidement le ballon, soit en sautant le bloc par une passe plus longue mais dosée, soit en repassant par les points d’appuis arrières que sont le gardien joker ou le joueur de sa propre équipe. Au coeur du jeu, quatre touches de balle sont autorisées au maximum avant de devoir ressortir avec les joueurs d’appui.

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Le jeu démarre et apporte rapidement de la vie dans les transitions par sa configuration en espaces réduits. Le jeune défenseur Thomas Carrique se fait remuer sur un premier duel, ce qui n’a pas échappé à Eric Blahic qui le reprend à la volée : « Thomas, tu n’es pas prêt. » La cadence augmente rapidement du côté d’Eric Blahic : « Il faut que vos passes aillent vite. » « Un, deux, trois, quatre » énumère Over Mandanda pour guider ses coéquipiers lorsque le ballon se joue au centre. Thomas Carrique qui est rentré dans le rythme tente de subtiliser le ballon à Zeydou Youssouf côté spectateurs, mais le milieu de terrain se sert de son physique pour protéger le ballon avant de se faire reprendre par Poundjé venu en renfort malgré un « costaud Zey » d’Eric Blahic. Alexandre Mendy, en position de relanceur interroge le coach adjoint : « Eric, j’ai le droit de trouver à l’intérieur avant de jouer avec Over ? » « Bien sûr » lui répond son entraîneur. Sur le ballon suivant, Mendy gêné par le pressing de son alter-ego dans la zone de retrait joue sur un point d’appui à l’intérieur avant de faire une passe latérale à Mandanda qui remet le ballon dans la zone d’affrontement, mais à l’opposé, débarrassant les bleus de la pression adverse momentanément. Le jeu est vif. « Ota, Ota » crie Jérôme Prior. Otavio trouve le gardien girondin d’une talonnade. Toujours chez les blancs, Toulalan gratte un ballon aux bleus avant d’aérer le jeu. Sur une phase de possession des bleus, Thomas C arrique perd le ballon rapidement. Eric Blahic exigeant, un peu en colère mais paternaliste reprend son jeune joueur : « Thomas, oh, c’est quoi ça ? T’as tout le temps, tu as le droit à deux touches de balle mon pépère. » 

Jocelyn Gourvennec, se fait discret, mais distille des conseils furtifs aux joueurs passant dans sa zone. Une pause est ordonnée le temps de changer les jokers et les joueurs en retrait. Avant de reprendre le jeu, Eric Blahic demande à ses joueurs de ne pas se laisser enfermer par le pressing adverse et de chercher à sortir des petits espaces en changeant le jeu ou d’éviter ces situations en allant rapidement vers l’avant. Le ballon est de nouveau en route. « Ouvrez le jeu par le haut » crie l’entraîneur adjoint bordelais. Au milieu, les jokers sont désormais Pereira et Plasil. Jocelyn Gourvennec siffle, arrête le jeu et s’adresse à ses joueurs : « Les gars, si la relation n’est pas possible entre le gardien et le joueur à ses côtés on trouve un troisième joueur. » Le coach bordelais met l’accent sur des situations où l’adversaire au pressing gêne la transmission entre les deux partenaires, à l’image de la remise intérieur de Mendy quelques temps plus tôt. Ça rejoue. « Super, super » se satisfait Jocelyn Gourvennec en voyant le ballon circuler devant lui. Prior décale sur Cafu qui se sort du marquage du joueur bleu et trouve une passe intérieur qui ravit Eric Blahic : « Super Jé, super Cafu. » Le jeu commence à prendre forme avec des sorties de balles plus claires et plus fluides. Mandanda effectue une passe lobée pour Toulalan décalé côté gauche, près d’Eric Blahic et des spectateurs. Le capitaine girondin remet en une touche pour Youssouf en orientant sa gestuelle vers l’avant et le jeune girondin joue en retrait avec son point d’appui qui repart de l’autre côté après un passage avec le gardien, permettant à l’équipe blanche de conserver la possession en se dégageant aisément de la pression. « Voilà, là on s’en sort » se réjouit Eric Blahic.

Prior tente une passe forte vers l’avant afin de changer le jeu verticalement mais trouve Mandanda hors des limites ce qui arrête le jeu et le fait repartir pour l’équipe qui ne possédait pas le ballon. Le gardien girondin se prend la tête dans les mains et s’invective légèrement avant d’être rassuré par les coachs, l’idée d’aller vite à l’opposé étant prônée dans cet entraînement. Les ballons sont giflés sans cesse et le jeu n’est jamais arrêté avant qu’une pause soit ordonnée. Les joueurs crachent, se mouchent, essayent de libérer leurs voies respiratoires autant qu’ils le peuvent avec le froid qui congestionne le nez et la gorge pendant l’effort. « Conservez encore l’idée de jouer vers le haut. Trouvez-moi ce joueur dans le dos de l’équipe adverse et après on fait le jeu de passe » demande Eric Blahic. Jocelyn Gourvennec prend lui aussi la parole : « Allez maintenez la qualité. Dernière séquence. Et continuez de compter. » Le jeu reprend mais l’entraîneur girondin siffle rapidement, adoptant un ton un peu plus offensif : « Depuis le début, il n’y a qu’un seul joueur qui compte c’est Over. Comptez aussi au milieu, parlez-vous. Donnez-vous des repères communs. » Toulalan et Vada ont endossé les chasubles jaunes. En retrait, côté gauche, Youssouf presse Malcom. Le milieu brésilien reçoit une béquille dans le fessier, boîte quelques instants et grimace, mais les deux joueurs se tapent dans la main et se recentrent sur le jeu, eux qui sont les points d’appuis de leurs équipes respectives. Plasil serre les dents, baisse la tête et se tient le bras avant de revenir lui aussi au jeu. C’est accroché. 

« Deux minutes de qualité » indique Jocelyn Gourvennec. Eric Blahic pousse une colère après un geste technique de Youssouf : « Zey, t’as pas fini ? Oh ! Tu fais 25 semelles et on perd le ballon. » Le technicien breton se rapproche de Youssouf en ramassant un ballon et demande de la simplicité à son joueur. Le ballon tapote à plusieurs reprises, un groupe de joueurs se dispute le gain de la balle. « Sortez-vous de là » s’exaspère Eric Blahic. « Il y a de la place ici » remarque Jocelyn Gourvennec en observant son côté totalement libre. Mandanda et Malcom s’échangent des passes sous la pression de Youssouf avant de perdre le ballon. « Over, joue plus haut » conseille Eric Blahic à son gardien. Par le jeu des changements, Carrique est devenu adversaire de Cissokho et tacle énergiquement dans les pieds de son partenaire de l’équipe réserve pour récupérer le ballon. L’intensité est aussi dans les passes à l’image de De Préville qui claque une passe en retrait pour Mandanda qui peut repartir de l’autre côté rapidement grâce à la qualité de l’offrande de son partenaire. Jocelyn Gourvennec donne trois coups de sifflet et lâche un « bien joué les gars. » Tout le monde s’empare d’un objet pour débarrasser le terrain, y compris le capitaine Toulalan. Avec son plot sous le bras, l’ancien joueur monégasque se dirige vers le vestiaire mais se fait arrêter par son entraîneur pour une discussion. Pendant que Poussin qui a travaillé en individuel avec Franck Chaumin à l’opposé du groupe regagne les vestiaires avec le sac de ballons sur le dos, Jocelyn Gourvennec et Jérémy Toulalan se sont rapprochés du complexe des professionnels et sont toujours engagés dans une longue discussion. Alors que tout le monde est rentré aux vestiaires, l’entraîneur bordelais et son homme de confiance échangent peut-être sur le contenu d’une séance de qualité qui pourrait aider les Girondins à se sortir de la pression marseillaise dimanche.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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