Interview – Rolland Courbis : “Gérard Lopez est toujours l’homme de la situation”

05/10 - 12:55 | Il y a 8 mois
Passé par les Girondins à deux reprises dans les années 90, l’entraîneur de 70 ans suit toujours avec attention le club bordelais et revient sur sa situation délicate.
Interview – Rolland Courbis : “Gérard Lopez est toujours l’homme de la situation”

© Iconsport

Avec deux passages sur le banc des Girondins en 1992-1994 puis en en 1996-1997, mais aussi avec sa casquette de consultant sur RMC, Rolland Courbis reste un témoin privilégié pour évoquer les Marine et Blanc. Pour WebGirondins, il revient sur son actualité mouvementée et sur son rapport atypique avec ce club.


WebGirondins : Comment expliquez-vous la trajectoire de Bordeaux qui a subi un gros déclassement ces dernières années dans le football français ?

Rolland Courbis : Le problème c’est qu’avec Saint-Étienne et Bordeaux, on peut le voir aussi avec Lyon qui est contaminé, c’est facile de critiquer et de désigner des coupables : “qui a fait quoi ?” “Qui est à l’origine du début de la descente ?” Il y a des coïncidences, et pour moi, Bordeaux a commencé à chuter quand M6 a vendu. On avait pourtant des gens compétents comme Nicolas De Tavernost, mais on se rend compte que c’est très difficile de bien vendre et de trouver la bonne personne. On l’a vu avec les Américains : ces nouveaux actionnaires pensent qu’ils achètent un magasin de chaussures, et que le seul but c’est de choisir la bonne pointure ! Un club ne fonctionne pas comme ça.


Quels sont les moyens à court et moyen-terme pour relever la tête ? Quelle est la clé pour Gérard Lopez ?

Pour réussir, il faut peut-être un bon trousseau de clés (rires) ! Gérard Lopez est un homme d’affaires, mais il connaît le football et sait quels sont les rouages d’un club, j’aurais tendance à lui faire confiance, c’est l’homme de la situation.


“Maja, Bakwa et Mwanga n’ont pas encore été remplacés”


Faut-il alors passer par un habituel renvoi d’entraîneur ? David Guion peut-il encore trouver des leviers pour sauver sa place ?

C’est l’éternel problème, le choc psychologique en changeant d’entraîneur, je n’y crois pas, le choc footballistique c’est ce qu’il faut. Et le problème à Bordeaux, c’est qu’on a eu trois départs importants avec Maja, Bakwa et Mwanga l’été dernier. Ont-ils été bien remplacés ? Pour le moment, il semblerait que ce ne soit pas le cas. Après, avec la victoire à trois points que je combats depuis des années, ça va toujours très vite. Une bonne série de trois, quatre succès et vous repassez dans le bon wagon. Mais je suis d’accord pour dire qu’il y a urgence, et que Bordeaux doit impérativement enchaîner pour ne pas être largué.


Au-delà du terrain, quelles valeurs sont essentielles à retrouver aux Girondins pour repartir de l’avant ?

Valeurs, vertus, identité … je pense surtout qu’il faut avant tout être compétent, quand j’entends que l’on compare un club de football à une entreprise ça me dérange toujours. En face de vous, vous avez des joueurs de football, ça ne se gère pas comme des salariés, il faut déjà avoir compris ça.

Vous êtes beaucoup plus identifié à Marseille qu’à Bordeaux. Pourtant vous avez entraîné à deux reprises les Girondins : quelle est votre relation avec ce club ?

J’ai beaucoup de clubs de cœur, et celui-ci en fait partie ! J’ai croisé la route des Girondins quand j’avais 15 ans et que j’étais monté à Paris depuis Marseille pour suivre la finale de la Coupe de France dans le vieux stade de Colombes (défaite 2-0 de Bordeaux, NDLR.) Mais quand je suis arrivé à Bordeaux, il y avait le scapulaire en rouge et je suis attaché à l’identité des clubs. Pour moi les Girondins c’est un scapulaire blanc sur maillot bleu marine ! J’ai convaincu les dirigeants de l’époque de vite le remettre.


“J’ai été bien accueilli à Bordeaux alors que j’avais une mauvaise réputation”


Les Girondins gardent donc une place à part dans votre cœur ?

Bien sûr ! Je suis ça avec beaucoup d’attention et beaucoup d’affection, j’ai eu une période difficile dans ma carrière et dans ma vie, j’ai été bien accueilli à Bordeaux alors que j’avais une mauvaise réputation. D’ailleurs, je vais prochainement faire une série documentaire sur mon parcours et les Girondins en représenteront une partie très importante.

Vous avez eu la chance d’entraîner un certain Zinédine Zidane...

Ah ça ! J’ai eu de la chance et le plaisir de le voir débarquer en même temps que moi en 1992. Zidane, ça reste gravé, c’est un énorme souvenir. Quand on me demande sur mes 31 années de carrière quel joueur m’a le plus impressionné même si au global il y a eu une belle liste, évidemment Zizou sort en premier !

Propos recueillis par Adrien Mathieu