Bordeaux et Nantes, la bataille de la pire saison

07/05 - 17:19 | Il y a 3 ans
Les Girondins de Bordeaux et le Football Club de Nantes, qui s’affrontent ce samedi, n’ont pas comme seul point commun de se trouver dans des villes bordant le littoral Atlantique, ils sont aussi tous les deux les grands favoris pour le titre très peu convoité de « club ayant connu la saison la plus infernale ».
Bordeaux et Nantes, la bataille de la pire saison

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Lors des prochains trophées UNFP, si cette récompense existait, nul doute que ces deux clubs seraient nommés, probablement aux côtés de Dijon, relégué de longue date, et d’Angers, aux problèmes extrasportifs et judiciaires nombreux s’ajoutant au départ à la fin de saison de leur entraineur emblématique Moulin. Mais malgré leurs difficultés, Dijon et Angers ne pourraient absolument pas se vanter d’avoir vécu une saison plus infamante que Bordeaux ou Nantes. Quant à savoir qui de ces deux-là a vécu le pire, il faudra attendre la toute fin de saison pour le savoir.

Bordeaux part toutefois comme favori tant le club a fait parler de lui lors de ses dernières semaines avec, comme amère cerise sur le gâteau, le départ en précipitation de l’actionnaire américain King Street, laissant l’institution en grand péril financier et face à une possible banqueroute, comme d’autres clubs historiques comme Strasbourg ou Bastia l’ont subi. Auparavant, les supporters demandaient de longue date le départ du président Longuépée, incapable de relancer Bordeaux qui végète depuis des années dans le ventre mou de la Ligue 1. Les manifestations et les banderoles au Haillan étaient devenues une habitude tant la colère des fans était grande, et même le maire de Bordeaux nouvellement élu s’était immiscé dans les affaires girondines peu après son élection. 

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Si le club a rempli les colonnes des faits divers, il a rarement eu les honneurs des pages sportives tant ses résultats furent indigents, malgré l’espoir suscité par l’arrivée de Jean-Louis Gasset et d’Hatem Ben Arfa en début de saison. Bordeaux livrait une saison classique, jamais en course pour l’Europe mais jamais inquiet dans la lutte pour le maintien, jusqu’à la 22ème journée et une défaite à Lyon qui fut le début d’une terrible série de 14 matchs constituée de 12 défaites pour 1 seul nul et 1 seule victoire, face à la lanterne rouge dijonnaise, ainsi que d’une piteuse élimination dès leur premier match de Coupe de France face aux Toulousains, pensionnaires de Ligue 2. Heureusement pour Bordeaux, cette série s’est interrompue dimanche dernier avec cette victoire 1 à 0 face à Rennes. Maintenant, il va falloir confirmer lors de ce déplacement si important à Nantes.

Avec 39 points, Bordeaux compte 5 points de plus que Nantes, barragiste avec 34 points, mais une victoire nantaise les ramènerait à 2 petits points et relancerait tout dans l’optique du maintien. A l’inverse, une victoire bordelaise scellerait le maintien du club en Ligue 1, ce qui ne serait qu’un moindre mal. Cet affrontement vital pour les deux clubs est en tout cas assez indécis, même si les bookmakers voient plutôt Nantes favori puisque la victoire des Canaris est cotée à 1,87 sur Joabet contre 3,90 pour un succès bordelais.

Pourtant, Nantes aussi aura vécu une saison cauchemardesque. Là-aussi, les supporters demandent depuis très longtemps, depuis bien plus longtemps que ceux de Bordeaux en vérité, le départ de leur président Waldemar Kita. Car, comme d’habitude, celui-ci a fait valser les entraineurs cette saison, avec encore pas moins de 3 coachs différents. C’est Christian Gourcuff qui a commencé la saison mais, malgré toute son expérience et le respect des fans et des joueurs à son égard, il n’a pu résister à l’impatience de Kita qui l’a viré en décembre pour le remplacer par le choix le plus improbable de ces dix dernières années, le retour sur un banc de Raymond Domenech.

Raillé et conspué dès son premier entraînement, l’homme toujours le plus détesté de France par les fans de football ne restera que 7 petits matchs à la tête du FC Nantes, sans la moindre victoire au compteur, soit un échec majeur pour Kita qui perdra définitivement le soutien de tout le monde après ce fiasco. Domenech retourné à ses occupations, c’est Antoine Kombouaré, le spécialiste des missions maintiens ratés (Guingamp ou Toulouse peuvent en témoigner) qui arrive pour sauver ce qui peut encore l’être et avec une motivation toute relative. Après 4 victoires en 11 matchs toutefois, l’espoir n’est pas encore mort pour Nantes qui peut espérer se sauver avant la fin de saison ou aux barrages s’il le faut.

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Ainsi, si Bordeaux semble mériter ouvertement la palme de « la pire saison », Nantes, en cas de relégation, lui soufflerait ce titre honorifique tant la haine envers Kita, le ridicule du passage de Domenech et la honte d’une descente en Ligue 2 seraient grandes. Cependant, si Nantes parvenait à sauver sa peau, alors Bordeaux pourra tranquillement être assuré d’être le club de Ligue 1 ayant vécu la saison la plus infernale, en espérant que ce ne soit pas la dernière des Girondins avant liquidation. Quant à savoir lequel de ces deux clubs a connu le changement de blason le plus humiliant, c’est encore une autre histoire.