Exclu - Éric Carrière « Sagnol n'a pas sorti les bons mots au bon moment »

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Aujourd'hui âgé de 41 ans, Eric Carrière fait partie des consultants français possédant les analyses les plus pertinentes en matière de football. En exclusivité pour WebGirondins, l'ancien milieu de terrain évoque l'actualité bordelaise.

Commençons par la polémique de la semaine, à savoir les propos de Willy Sagnol au sujet des joueurs africains. Quel est votre regard dessus ?

C'est un sujet sensible. Le débat consiste à situer les qualités techniques intrinsèques d'un joueur, qu'il soit Suédois ou Gabonais. Il faut éviter de mettre l'accent sur la couleur de peau ou l'origine ethnique, même si selon les cultures, certaines qualités ressortent forcément. Les sportifs maghrébins sont souvent réputés pour leur endurance par exemple.

Considérez-vous que l'entraîneur bordelais ait fait preuve de maladresse dans sa communication ?

Nous vivons dans une société peu indulgente, où il faut qu'il y ait du buzz en permanence. Effectivement, il a fait preuve de maladresse, même si ses propos ont été un peu sortis de leur contexte. Dans le milieu du football, on sait très bien qu'il n'est pas raciste. A l'avenir, il sera probablement un peu moins naturel en conférence de presse. Je pense qu'il pèsera plus ses mots. C'est quelqu'un d'intelligent : il n'a juste pas sorti les bons mots au bon moment.

Sur le plan sportif, le voyez-vous réussir à moyen ou long terme chez les Girondins ?

Oui, je l'ai dit il y a quelques semaines dans un autre média. Willy connaît très bien le football, possède de solides principes de jeu ainsi qu'une réelle envie de bien faire. Au tout début de la saison, j'avais commenté la rencontre Bordeaux – Monaco (victoire 4-1 des Girondins lors de la 2e journée). Après une première mi-temps médiocre, les Girondins avaient montré un tout autre visage au retour du vestiaire. Je pense que le discours de Sagnol lors de la pause a eu une incidence sur ce revirement.

Que pensez-vous des débuts de Willy Sagnol avec les Girondins de Bordeaux ?

Son équipe a bénéficié de plusieurs décisions arbitrales très favorables en début de saison. D'ailleurs, j'estime qu'il aurait dû éviter de critiquer l'arbitrage après le carton rouge reçu par Poko au Parc des Princes. Quoi qu'il en soit, Sagnol est un manager dans l'âme, avec de vraies règles de vie et de la discipline. Son passage au Bayern Munich lui a inculqué cela et il est très intransigeant là-dessus.

Estimez-vous que les Girondins puissent rester dans le Top 5 de la Ligue 1 de façon pérenne ?

Au mois d'octobre, les Girondins ont connu un passage à vide. Finalement, cela ne s'est pas trop vu puisqu'il sont encore quatrièmes au classement. A l'heure actuelle, trois équipes se dégagent : Marseille, Lyon et Paris. Le PSG, même en ronronnant, demeure au-dessus des autres. N'oublions pas Monaco, qui devrait revenir dans la course pour les places européennes. Sinon, effectivement, je pense que Bordeaux peut se mêler à la lutte pour celles-ci.

« Plus le temps passe, moins j'ai envie d'entraîner »

Samedi, à 17h, Bordeaux se déplacera à Lens à l'occasion de la 13e journée de Ligue 1. Comment envisagez-vous cette rencontre ?

Je dois dire que je suis agréablement surpris par les Lensois. Les Sang et Or possèdent de jeunes joueurs très intéressants. Ils sont assez athlétiques, mais peinent à marquer des buts. De son côté, Bordeaux est un peu en perte de vitesse dans le jeu par rapport au début de la saison. Mais les Girondins possèdent plus de joueurs en capacité de marquer que côté lensois. Je m'attends à une rencontre plutôt serrée.

En tant que consultant, comment préparez vous vos matches ?

Le temps de préparation avant une rencontre est assez important. Je suis assez matheux, je voulais d'ailleurs être professeur de maths en étant plus jeune. J'aime donc faire parler les chiffres. Par exemple, je sais que le nombre de tirs cadrés du RC Lens est faible cette saison. J'adore le foot, je regarde beaucoup de matches, même si je sais aussi « couper ».

L'été dernier, Zinédine Zidane a été annoncé avec insistance à Bordeaux. Y avez-vous vraiment cru ?

Oui, surtout qu'il a joué dans ce club au cours de sa carrière. Il a eu un réel contact avec les dirigeants girondins, c'était donc une possibilité.

Avez-vous déjà été contacté par pour intégrer un staff et devenir entraîneur ?

Au mois de juin dernier, Noël Le Graët m'avait contacté au sujet de l'équipe de France Espoirs. Plus le temps passe, moins j'ai envie d'entraîner. Le métier de consultant me plaît beaucoup. A côté, j'ai d'autres activités à gérer et une grande famille à m'occuper puisque j'ai quatre filles. Après, ma vie a été jalonnée de rencontres... Aujourd'hui, je vis à Dijon. Si j'entraînais un club, il faudrait que je puisse bénéficier d'une certaine stabilité. Ce qui est par exemple le cas à Toulouse ou Bordeaux.