Fabien Pujo (Goal FC) : “Si on laisse du temps à David Guion il retrouvera la Ligue 1”

26/07 - 15:22 | Il y a 2 ans
L’entraîneur Fabien Pujo (49 ans) vient de réussir dès sa première année à la tête de l’équipe du Goal FC la montée en National 1. Avant d’affronter les Girondins de Bordeaux ce mercredi à 16h, il a répondu aux questions de WebGirondins. Le coach nous parle de son club atypique, de son projet de jeu, sans oublier son lien avec Bordeaux. Entretien.
Fabien Pujo (Goal FC) : “Si on laisse du temps à David Guion il retrouvera la Ligue 1”

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WebGirondins : Fabien, comment se passe votre préparation ?

La préparation se passe bien, on est semaine 4, pour l'instant on n'a pas de blessés, ça, c'est un point positif. Dans ce qu'on a envie de faire ensemble, dans notre projet de jeu, pour l'instant les indicateurs sont cohérents. On a joué contre Grenoble qui est une équipe de Ligue 2, on a perdu 1 à 0 à la 87e, mais dans ce qu'on a voulu faire c'était intéressant. Ensuite, on a fait 0-0 contre Evian.

Est-elle différente à la suite de votre montée en National ?

La préparation est déjà modifiée parce qu'on a modifié le staff avec l’arrivée d’un chargé de performance en provenance de Dunkerque. On a changé l'adjoint, on a un analyste vidéo. Notre préparation se base sur le modèle de jeu qu'on a construit depuis un an. Nous allons voir s’il est adaptable au National. On y a rajouté un peu plus d'exigences, des outils à la performance supplémentaire. On poursuit en fait le début du projet qui a été initié la saison dernière.


"Le football se joue avec le ballon, on veut le ballon, et quand on ne l'a pas on veut le récupérer le plus vite possible."



Justement, quel est votre projet de jeu ?

Il a une vraie identité, car on est une équipe très joueuse, avec des ressorties de balles, avec la volonté de rivaliser… En fait, c'est très simple, si je dois résumer, le football se joue avec le ballon, on veut le ballon, et quand on ne l'a pas on veut le récupérer le plus vite possible. Et pour nous, le mot proximité c'est l'équilibre de notre jeu. Donc on n'est pas obligatoirement une équipe passive, attentive, qui joue la transition. On essaie d'élaborer de vrais principes de jeu, une occupation de l'espace, c'est ce qu'on essaie de construire qui a bien réussi la saison dernière. Donc on veut poursuivre et voir ce que ça donnera un niveau supérieur.

Vous avez joué contre un club de Ligue 2 dans cette préparation

Pour l'instant, on a des laboratoires, Grenoble était un vrai laboratoire pour nous. Pendant une mi-temps on a rivalisé dans le jeu, et là on va avoir un deuxième laboratoire qui est pour nous, une équipe de 'Ligue 1 bis'. On va savoir si on peut prendre confiance en nous, dans ce qu'on veut faire ensemble. Si tu te réfères un petit peu à la Ligue 1, on essaie de se rapprocher de Clermont qui se maintient en Ligue 1 et qui est une équipe joueuse. On essaie aussi de prendre conscience qu'aujourd'hui le football doit rassembler du monde au stade et pour ça il faut que les gens se procurent des émotions et éprouvent du plaisir à venir nous voir. Cela va au-delà du "gagner-perdre" , c'est un élément important pour nous.


Le Goal FC a été créé en 2020, est-ce que ça change quelque chose d'être dans une nouvelle structure par rapport à vos précédentes expériences (Bergerac, Toulon, Saint-Malo) ?

En fait de l'extérieur, on a une vision du Goal FC avec une grosse structure, or c'est un club très atypique. C'est un club de 4 communes, ce sont des villages. Chasselay qui est le cœur de notre stade, c'est 2800 habitants. On ne va pas pouvoir commencer dans notre stade parce qu'il y a beaucoup de travaux à réaliser. C’est très atypique, on est un peu considéré un peu comme le “Luzenac” de l'époque. On est en loi 1901, on est encore associatif alors que la plupart des clubs chez nous ont créé une société. On n'a pas de centre d'entraînement comme nos concurrents, et on va être le club qui sort un peu du schéma classique des clubs de National cette saison. D’ailleurs, on peut parler d’une Ligue 2 bis quand on voit la constitution du National cette année (Nancy, Sochaux, Nîmes, Dijon).

Nous sommes le village gaulois 2020, on doit être à 1600 licenciés, il y a beaucoup de disciplines, le féminin, c'est une occupation du territoire sur le Grand Ouest lyonnais, et qui sportivement s'est accélérée avec cette accession pour la première fois dans l'histoire de leur club. Tout le club tire vers le haut dans la restructuration, parce que là, si tu ne te structures pas, ça sera compliqué de pouvoir te pérenniser, surtout avec 6 descentes. Donc, on va voir ce que ça donne, on va découvrir ce nouveau monde.

Le championnat de National, est-ce la première fois pour vous de coacher à ce niveau-là ?

Non, j'ai fait une brève apparition, après mon départ de Bergerac, j'étais allé à Toulon, et nous étions montés la première année de National 1, mais on avait joué dix matchs, on avait fait 6 nuls et 4 défaites. On était relégable, et à Toulon, c'est l'ébullition, ça va très vite et ils changent de coach. Donc j'avais goûté simplement à dix matchs, avec l'envie d'y regoûter. C'est chose faite, et cette année, je pense que le club est beaucoup plus serein et stable.


"Essayer d'exprimer qui on est, avec notre identité"



Justement, quelle est l'ambition du Goal FC pour ce championnat ?

L’objectif c'est déjà de n'avoir rien à perdre, d'essayer d'exprimer qui on est, avec notre identité, et de faire les points de passage. On verra si on peut exister. C'est un peu la dernière année très compliquée, parce qu'après, le choix qui a été fait de la FFF et de la ligue professionnelle est de fermer les divisions. On va essayer à l'image peut-être de Martigues l'an dernier, de Concarneau, d'essayer de faire la saison de référence à tous les niveaux pour essayer de se maintenir. Et puis après que le club ce soit structuré, on sera peut-être capable de faire peut-être mieux.

Est-ce que cela change quelque chose, que ce match de préparation soit face à Bordeaux ?

Non, si ce n'est que c'est un temps de passage important pour nous dans ce qu'on offre aux joueurs. L'an dernier on jouait Limonet et National 3, on jouait des National 3, cette année on joue contre des clubs de Ligue 2. Ça montre aussi aux joueurs qu'on a changé de monde, qu'on est plus attractifs, que les gens nous sollicitent pour jouer des matchs amicaux. Et surtout, ça va être un moment où on peut peut-être gagner en confiance, ou être alerté.

Gagner en confiance c'est quoi ?

On fait abstraction du score, mais on va parler du contenu, on s'aperçoit qu'on est capable de faire des choses intéressantes dans ce qu'on veut faire. On sait qu'on ne rencontrera pas de Bordeaux en National 1, et si jamais on est en difficulté, ça sera une alerte sur ce qu'il faut peut-être adapter.

Et puis à titre personnel, en étant bordelais, c'est évident que c'est sympa. J'étais quand même supporter pendant une grande partie de ma vie d'adolescent ou de jeune adulte.

 


"Pour moi David Guion, c'est un expert"


 

Quel est votre regard sur le club des Girondins aujourd'hui ?

Je vois qu'enfin, on a un coach de la région qui a été promotionné au sein de la structure des Girondins qui est à Erwan Lannuzel. En même temps, je suis un peu déçu de voir Mathieu Chalmé partir. J’ai une incompréhension sur comment on a pu en arriver là. Il y avait beaucoup de force vive dans le grand Sud-Ouest. Peut-être qu'on a un peu fait abstraction de tout ça. En tant que supporter, je souhaite réellement que le club puisse retrouver au plus vite la Ligue 1 parce qu'elle permet une dimension différente. Elle permet de reconstruire des projets.

Par contre, je n'ai pas été insensible sur ce qui a pu se créer l'année dernière dans la relation supporters-clubs, supporters-joueurs. J'ai trouvé qu'au final, la reconstruction avait remis de la proximité, une forme d'identification un peu à cette jeunesse. Parce que quand les clubs sont en difficulté, ils font par force majeure un appel à la jeunesse, aux forces vives. Et ça crée des choses différentes. Dommage, ils n'ont pas pu conclure. Mais j'espère que cette année sera la bonne.

Comment regardez-vous le travail de David Guion aux Girondins ?

Pour moi, c'est un expert. Donc à partir du moment où c'est un expert de son métier, il sait ce qu'il doit faire et comment il faut le faire. Il faut juste le temps. Dans notre métier, le plus dur, c'est de se donner du temps et de trouver des responsables qui, à un moment donné, vont te donner le temps. À l'image d'un Arteta à Arsenal qui a eu beaucoup de difficultés au début, mais à qui on a laissé du temps.

Je pense que si on lui laisse du temps, il retrouvera la Ligue 1 parce qu'il sait faire. Je pense qu'il a un profil qui peut être intéressant dans ce moment charnière où on a besoin des jeunes. Donc il a essayé de mettre des jeunes en deuxième division. Je pense qu'à ce niveau-là, les entraîneurs sont de vrais experts. Après, c'est surtout l'environnement club, la structuration, l'organisation, les process de performance qui doivent être bien mis en place. Le coach n'est qu'un maillon de toute une organisation.

Il a montré, dans son historique d’entraîneur, qu'il sait faire une montée de ligne 1.

 


"Les matchs de préparation n'ont strictement rien à voir ce que l'on vit avec le début de la compétition"


 

Quelles sont vos attentes pour le match de votre équipe ce mercredi ?

La préparation sert à se préparer. Mes 18 ans d'expérience en tant que coach me montrent que ça n'a strictement rien à voir ce que l'on vit en ce moment avec le début de la compétition. Pourquoi ? Parce qu'on change les structures. Parce que quelquefois, on peut essayer quelques associations. Quelquefois, on ne va pas se préparer comme en match. On a fait 2h30 de minibus, et une heure et demie après, il faut jouer.

C'est surtout les indicateurs qu'on s'est fixés sur cette préparation qui sont importants. Nous, on veut en avoir une vraie forme de solidité. C'est le grand mot qui est employé chez nous. Mais en fait, on ne le traduit pas comme défendre. Pour nous, pour être solide, il faut qu'on ait une forme de parité dans l'utilisation du ballon. Parce que quand on a le ballon, ce n'est pas l'autre qui l'a. Pour nous, ça va réduire notre faculté à résister, c'est-à-dire à défendre.

Par exemple, aujourd'hui, un match c’est 60 minutes de temps effectif. Ça veut dire que si tu as 55% de possession, tu sais que tu vas défendre entre 25 et 30 minutes. Donc tu vas être capable de le faire. Mais si tu n'as jamais le ballon, si tu ne sais pas bien l'utiliser, si tu le perds tout le temps, tu sais qu'il va falloir que tu défendes 40 minutes. Et ça, ça devient dur. Il faut être solide sur ces moments-là. Et puis après, subir le moins de transitions. Puisque le football français est un football de transitions. Il faut essayer de donner le moins de possibilités à l'adversaire de nous faire mal sur des transitions.

Donc c'est identifier les situations, où on peut ressortir court. C'est nos critères, nos indicateurs de nos matchs de prépa. Et quand on est dans les clous, ça veut dire que pour nous, c'est cohérent. Après, la compétition sera autre chose. L'émotionnel, l'adversaire sera différent. Mais c'est nos indicateurs en tout cas sur ces 4 matchs de prépa.

N.P

Bordeaux affronte le Goal FC ce mercredi à 16h à Vichy.