Interview - Christopher Glombard : “David Guion, il connaît la Ligue 2 par cœur”

24/07 - 17:07 | Il y a 11 mois
C'est l'histoire d’un joueur de football professionnel formé pendant 5 ans aux Girondins de Bordeaux, passé par le Stade de Reims. Il compte plus de 200 matchs en pro. Entretien avec Christopher Glombard (34 ans), directeur sportif du FC Bassin d’Arcachon qui a connu les Krychowiak, Sané, Sertic, Guion et consorts. Entretien.
Interview - Christopher Glombard : “David Guion, il connaît la Ligue 2 par cœur”

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WebGirondins : Christopher, est-ce que tu as mis un terme à ta carrière de joueur ?

Christopher Glombard : Je n'ai pas encore mis définitivement un terme à ma carrière de joueur parce que j'ai encore ma licence à Arcachon. Donc on ne sait jamais, s'il y a besoin de moi, et si j'ai encore envie de jouer au football, j'ai l'occasion et la chance de pouvoir le faire. Je suis parti dans une reconversion, car j'ai un autre rôle au sein du club où je suis arrivé depuis 2 ans. Mais je suis proche de la fin.

On peut dire que tu es en transition entre le métier de joueur et ta reconversion que tu prépares dans le domaine du football au FC Bassin d'Arcachon. Est-ce que tu peux expliquer quel est ton rôle au sein du club ?

Mon poste c'est de donner des conseils au niveau sportif. Après on peut l'intituler "directeur sportif", mais c’est un peu plus global au sein du club. Parce qu'au sein d'un club amateur ce n'est pas juste “l'équipe première” et son recrutement. Quand tu dis directeur sportif dans un club amateur, tu as plusieurs missions et fonctions. Moi c'est pour apporter mon expérience, celle que j’ai acquise dans ma carrière professionnelle, dans la stratégie à mettre en place sportivement pour emmener le club plus haut au niveau sportif . Ensuite, je fais également le recrutement de l'équipe première et la gestion et la stratégie de toute l'association.

C'est un rôle de directeur du football ?

Oui, c'est pour ça que l'intitulé ce n'est pas vraiment directeur sportif parce qu'il y a d'autres missions à faire, mais on peut l'appeler comme ça pour que tout le monde comprenne un peu le niveau sportif.


"On veut accéder à l'échelon supérieur"


Et pourquoi au FCBA ?

À la fin de ma carrière professionnelle après le premier Covid, je suis revenu en France j'avais 32 ans et je ne voulais pas repartir de la région. J'ai ma femme et des enfants et là je vais avoir un troisième enfant, c’est pour ça que je veux entamer une reconversion. J'ai un très bon ami qui est Marvin Esor, il est coach au FCBA depuis deux ans. C'était sa première expérience dans le monde sénior en tant que coach. On est de la même génération (89), et on a été formés ensemble aux Girondins. J’ai décidé de l'accompagner dans cette mission. Ensuite, il m'a fait rencontrer le président, Jacques Walkowiak. On a les mêmes idées, les mêmes façons de penser.

Avais-tu d'autres sollicitations ?

Il y avait plusieurs sollicitations dans la région comme le Stade Bordelais et d’autres. Mais j'ai préféré aller au FCBA. Sportivement et humainement j'ai trouvé des personnes qui ont la même façon de penser que moi. Je n'ai pas hésité et je ne regrette pas. On a avec la direction, les mêmes idées, les mêmes ambitions et les mêmes envies de construire le club et de mettre le club au plus haut niveau du championnat de l'équipe fanion, et d’avoir de bonnes fondations au niveau des jeunes. Il y a deux ans, la première année où je suis arrivé au club on a fini troisième, la saison dernière on a fini deuxième et ça s'est joué jusqu'à la fin. On veut accéder à l'échelon supérieur.


"Patrick Battiston nous disait : “Il n'y a pas que le foot dans la vie”



Tu as fait ta formation de footballeur aux Girondins de Bordeaux de 2005 à 2010, quel souvenir tu en gardes ?

C’est exact, j'ai été prêté à au Stade de Reims pour la saison 2010-2011. Je garde de très très bons souvenirs sur le plan humain déjà avec Guy Dubois qui nous a encadrés pendant la formation aux Girondins. C'était un bonhomme énorme.

Je suis tombé dans une bonne génération, les 1989-88-90. On s'entendait super bien, et il y avait des joueurs de qualité. C'est-à-dire footballistiquement sur le terrain, ça coulait tout seul. Il y en a pas mal qui sont sortis pros, presque 80% de ces générations, pas forcément aux Girondins .

Qu’as-tu appris ?

J’ai appris que quand tu as de bons résultats, tu as aussi un bon groupe, une bonne ambiance. Il y a toujours eu une bonne ambiance aux Girondins et même l'équipe première quand j'y étais, ils étaient Champions de France et en Ligue des Champions, ils ont fait un bon parcours. Tout le club vivait très bien et c'est de très très belles années que j'ai vécu là-bas .

Pour ceux qui nous lisent, avec quels joueurs étais-tu aux Girondins ?

Il y avait Marvin Esor, Grégory Sertic, Grzegorz Krychowiak, Henri Saivet, Wilfried Moimbé, les frères Aïté, Lamine Sané, Salif Sané, Mathieu Saunier, Paul Lasne. Il y a eu énormément de joueurs qui sont sortis pros.


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Deux anciens de la formation des Girondins en Ligue 2 @iconsport


Est-ce qu'il y a une spécificité, une étiquette “formation bordelaise“ ?

On avait une génération avec de la qualité humaine. Les formateurs et les enseignants étaient de qualités. J'ai eu André Penalva, Philippe Lucas, ensuite Patrick Battiston et Marius Trésor. Ce sont des entraîneurs qui avaient du vécu dans le monde professionnel et dans le monde du coaching. Ils nous apportaient et ils nous donnaient leur expérience. Cela a enrichi toutes nos qualités et cela a permis de construire une bonne formation et un bon cru.

Au-delà du footballeur, ils forment aussi des hommes, qu’en penses-tu ?

Guy Dubois était très proche de toutes les personnes du centre de formation et il a continué de nous éduquer. J’ai appris en tant que joueur et en tant qu'homme aussi avec chacun leur spécialité. Par exemple, André Penalva nous parlait énormément de la psychologie, Philippe Lucas c’était énorme au niveau du caractère, de la mentalité. Ensuite Battiston c'était plus pour dédramatiser les enjeux. Il nous disait : “Il n'y a pas que le foot dans la vie”. Donc après quand tu sais ça, tu ne te focalises pas que sur le foot, tu te formes en tant qu'homme. Il nous a dit de prendre du plaisir sur le terrain.

Cela doit libérer le joueur de la pression, et tu dois mieux jouer sur le terrain, plus détendu.

C'est ça, on ne s'est pas focalisé que sur le foot donc on savait faire la part des choses. La nouvelle génération est un peu différente parce qu'il y a les réseaux sociaux, nous on n'avait pas les réseaux sociaux. On exprimait notre football sans pression, c'était la plus belle chose qu'on pouvait nous transmettre et nous passer.


"David Guion a la double casquette formateur et compétiteur"



Est-ce que tu as connu David Guion quand tu étais à Reims

Oui, je l'ai connu quand j'étais à Reims. Quand j’étais en pro, lui, il était avec l'équipe réserve. Lorsque je jouais moins et que je descendais avec la réserve, c'était David Guion qui était coach. C'est un très très bon entraîneur, humain. Il avait cette capacité de te faire comprendre que certes tu descends en réserve, mais ça ne veut pas dire que tu n’es pas bon, mais que tu as quand même des qualités, et de ne pas se décourager. Il était très très bon dans ce discours-là. C'est aussi une très belle personne hors foot.

Certains disent qu'il est plus formateur qu'entraîneur, comment pourrais-tu le définir ?

Je l'ai connu avec l'équipe réserve, donc il était encore dans ce football de formateur, mais quand il a pris l'équipe première, et tous les résultats que j'ai vus avec les Girondins, c'est un entraîneur qui a pu s'adapter. Il a pu faire la transition de formateur à l'équipe pro.

Je le répète à tout le monde, David Guion connaît la Ligue 2 par cœur parce que c'est son domaine. Il a réussi à faire monter Reims de Ligue 2 à la Ligue 1 avec des records énormes (NDLR Record de points, élu meilleur entraîneur de Ligue 2 en 2017-2018).

il arrive à avoir ses deux casquettes quand des jeunes intègrent l'équipe numéro 1. Mais il a aussi cette casquette de compétiteur parce qu'il a été champion avec Reims. Il finit troisième la saison dernière, avec un mercato difficile. Selon moi, il a fait une très grosse saison et ce n'est pas qu'un coach formateur. Il arrive à faire de la formation, mais aussi de la compétition en rivalisant avec de grosses équipes.

Quel regard portes-tu sur les Girondins aujourd'hui ?

C'est mon club formateur. Je suis revenu dans la région, c'est un club où j'ai signé mon premier contrat pro. Je les regarde toujours et j'ai envie de les voir au plus haut niveau. J'ai le regard d'un joueur qui parle avec le cœur. C'est un regard qui ne souhaite que le meilleur aux Girondins et de les voir en Ligue 1.

Tu as connu une montée en Ligue 1 avec le stade de Reims avec Hubert Fournier comme coach, existe-t-il une recette ?

Oui, cela faisait 33 ans qu'ils n'avaient pas connu la Ligue 1 et on a fait cette montée, c'était à l'âge de 22-23 ans . Il n'y a pas forcément de recettes, car il y a énormément de facteurs à prendre en compte. Il faut déjà un groupe qui vit bien, après tu as tes résultats, ensuite tu as tes concurrents qui peuvent faire une bonne saison aussi. Mais je pense que si ton groupe vit bien, tu peux faire de bonnes choses.

N.P

Première publication, le 23 juillet. Mis à jour.