Carnet d’entraînement : L’exigence dans la construction

01/11 - 17:20 | Il y a 7 ans
Carnet d’entraînement : L’exigence dans la construction

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Mercredi 1er novembre 2017 - Le Haillan : Sur un terrain occupé par les mannequins tels des adversaires, les Girondins ont travaillé différentes combinaisons d’attaques sous la pression verbale des entraîneurs désireux de relever encore le curseur de l’exigence technique.

C’est un jour de Toussaint au Haillan. Le public habituellement très clairsemé lors de l’avant-dernier entraînement de la semaine a doublé de volume et les places de choix pour observer l’entraînement sont chères. Le froid glaçant que l’on connaît sur la plaine des sports des Girondins est aussi de retour, timidement. Les mannequins disposés sur le terrain, eux, répondent présent comme à l’accoutumée. Seule différence, ils occupent cette fois-ci une large partie du terrain, et semblent représenter une équipe qui attendrait de jouer une opposition face aux Girondins, avec deux éléments gonflables plus imposants devant les cages pour compliquer la tâche des attaquants et des gardiens. Kévin Plantet est le premier girondin à faire son apparition, chasubles jaunes en mains, et se dirige vers le fond du terrain d’un pas décidé. Le groupe emboîte rapidement le pas à son préparateur physique et pénètre sur la pelouse. Les gardiens vont prendre leurs quartiers près de l’espace médias et commencent à jongler et à se faire des passes. Les joueurs de champ patientent autour d’Eric Blahic sans toucher le moindre ballon. Kévin Plantet rejoint le groupe qui est au complet incluant défenseurs, milieux et attaquants, et amène son petit monde à petits trots vers le fond du terrain. Après le traditionnel échauffement à base de courses et de travaux classiques concernant le haut et le bas du corps, deux groupes se constituent pour effectuer des toros. Dans chaque groupe, deux éléments sont au milieu et doivent intercepter le ballon, chasuble jaune à la main. Jocelyn Gourvennec sort des vestiaires et semble vouloir se réchauffer en trottant et en conduisant un ballon présent sur sa trajectoire de course. 

Les bas de survêtements et gants sont de sortie à l’image respectivement de Cafu et Lerager. Du côté des gardiens on slalome entre des piquets avant de se coucher pour arrêter des frappes rasantes. Après dix minutes de toros, une pluie de ballons atteint le milieu de terrain et les joueurs terminent par un bref travail de courses avec coupelles le long du grillage. Au centre du terrain des chasubles sont au sol et les joueurs rejoignent les coachs qui indiquent des duos d’attaquants et des couleurs de paletots à revêtir. De Préville sera en bleu avec Vada, Pereira en jaune avec Kamano et Malcom en rouge avec Mendy. Chaque joueur se place sur le terrain, face au but et en position d’attaque. Les défenseurs centraux Toulalan, Jovanovic, Lewczuk et Verdon sont les plus reculés. Devant eux, les milieux Plasil, Sankharé et Lerager, avec Otavio. Sur les côtés deux trios : à gauche Poundjé, Contento et Pellenard, et à droite Cafu, Gajic et Sabaly. De façon alternative les duos d’attaque qui sont situés au niveau des avant-derniers mannequins participent aux mouvements. Le jeu débute par une relance longue du gardien - Prior ou Costil - sur les défenseurs centraux. Plusieurs circuits de jeu sont possibles.
Le premier consiste à faire une passe à Otavio qui décroche, joue sur un deuxième défenseur central lequel trouve un des deux attaquants qui sollicite le ballon et le touche contrairement à son binôme ayant fait le même mouvement en leurre et ayant effectué un appel-contre-appel. Les deux attaquants fusent dans la surface et l’un d’eux est trouvé en profondeur par le défenseur central.
Une autre alternative existe avec la possibilité pour le premier relanceur de ne pas toucher Otavio mais un milieu entre les lignes qui combine rapidement avec l’attaquant décrocheur avant d’orienter le ballon à droite ou à gauche. Sur l’aile, un joueur rentre, décale sur son partenaire situé le long de la ligne extérieure. Celui-ci joue en un une-deux avec le troisième joueur qui rentre à l’intérieur pour libérer l’espace au centreur qui est servi dans la course. Les deux milieux axiaux fusent eux aussi dans la surface avec les attaquants pour obtenir une présence à quatre dans la surface.

Le jeu débute, et une certaine pression est mise d’entrée par les coachs. « Ça doit aller vite » insiste Eric Blahic mâchoire déjà serrée. Dès que les joueurs ont frappé, les gardiens doivent rapidement relancer pour mettre un maximum de rythme dans la séance. Mendy ne cadre pas sa première frappe et se fait corriger sur la façon de débuter par Eric Blahic : « Alex, partez de derrière le mannequin quand vous sollicitez le ballon. » Costil effectue une double parade à mi-hauteur devant Pereira. « Ota, Ota, au sol » demande Jocelyn Gourvennec à Otavio d’un ton sec. Lors des décrochages, l’entraîneur des Girondins semble attendre de la proximité entre les joueurs pour brouiller les pistes. Les joueurs ont aussi la possibilité de se retourner directement et de demander en profondeur pour une longue ouverture directe des défenseurs centraux. Jocelyn Gourvennec reprend Alexandre Mendy sur l’un de ses appels : « Alex, si tu décroches tu joues en remise, le crochet que tu viens de faire pour t’amener le ballon ça n’existe pas ça. » La mise en route est difficile pour les joueurs. « Ça ne va pas assez vite » s’agace Eric Blahic. » Jocelyn Gourvennec arrête le jeu et donne quelques explications : « Essayez de faire basique les gars. On n’a pas toujours le temps de jouer comme on veut en se retournant. Vous allez vous prendre le pressing dans la gueule. » L’entraîneur girondin attend que ses joueurs s’adaptent lorsque les phases sont trop arrêtées en changeant le jeu. Sur le mouvement qui suit, le ton monte crescendo. « Soyez plus exigeants les garçons » remarque l’entraîneur bordelais avant d’élever le curseur sur l’action suivante et d’augmenter le volume sonore : « Soyez exigeants ! Oh ! C’est de l’à-peu-près là. » « Il n’y a pas un centre qui arrive » se désole Eric Blahic. François Kamano qui trouve une lucarne éclaire un peu la séance. Lorsque les milieux de terrain qui ont participé au jeu en fusant dans la surface ne sont pas replacés, on demande aux défenseurs centraux de temporiser avant de jouer. Théo Pellenard centre et place le ballon idéalement entre les deux mannequins gonflables. Alexandre Mendy place une tête maligne en contre-pied qui bat Benoît Costil.

« Claquez-moi vos ballons » demande un Eric Blahic moins patient qu’à son habitude. Après un centre de Cafu et une frappe taclée de Kamano hors du cadre, Jocelyn Gourvennec, placé côté gauche à l’opposé des spectateurs depuis le début de la séance, arrête le jeu. L’ex-entraîneur guingampais demande aux joueurs de couloir de marquer un vrai décrochage intérieur lorsque les ballons transitent par eux pour libérer leurs deux coéquipiers censés ensuite jouer en une-deux dans le couloir. Le jeu repart, et Eric Blahic sort de nouveau de sa boîte, mécontent de l’intensité proposée par le groupe : « Mettez du rythme, ne jouez pas à deux à l’heure. » Lerager, dans la surface, marque serein du pied gauche, presque dans un remake de son but à Lyon au mois d’août. Alexandre Mendy manque le cadre de la tête et se fait reprendre de volée par un Jocelyn Gourvennec au ton très sec : « Alex, t’as pas envie de marquer ou quoi ? Sans déconner tu n’en cadres pas une. » Les entraîneurs bordelais mettent de l’impact dans le discours et ne cessent à tour de rôle de stimuler les joueurs. Valentin Vada place une tête piquée que Costil repousse sur sa ligne, avant d’effectuer un deuxième arrêt sur la frappe en suivant de l’Argentin qui a une troisième chance mais son ballon s’envole. Costil ne peut rien sur l’action suivante lorsque De Préville, lancé dans l’axe, place une frappe sèche du pied gauche qui part dans le petit filet à mi-hauteur. Zaydou Youssouf, du pied gauche, mais à droite, marque de la même façon. Le jeune milieu bordelais marque de nouveau en taclant après un mouvement côté droit suite à une demande insistante d’Eric Blahic, le jeu penchant nettement à gauche depuis le début de la séance.

Les joueurs girondins commencent à huiler leur jeu et à devenir plus efficaces. Cafu centre pour Mendy qui marque du plat du pied en poteau rentrant. Malcom, côté gauche, enroule et trouve l’intérieur de l’arrête du but. Lorsque le jeu est trop lent d’un côté, Eric Blahic demande de repartir vers le côté opposé, supposant que l’adversaire a eu le temps de bloquer le couloir. Sur un long ballon compliqué de Plasil changeant le jeu, Contento effectue une remise pertinente en aile de pigeon pour Pellenard dont le centre ne donnera rien. L’initiative du défenseur allemand est félicitée par Eric Blahic par un « bien joué Diego, bien battu. » « Trois minutes de qualité » demande Jocelyn Gourvennec pour conclure l’entraînement. Malcom, lancé dans l’axe, répond positivement à son entraîneur en marquant d’une frappe rasante poteau rentrant. Mendy imite son coéquipier brésilien en marquant de la même façon. « Six ballons, derniers passage pour chaque duo » précise Jocelyn Gourvennec. Sur le côté droit, Gajic décale Sabaly. Le centre du latéral bordelais trouve Pereira qui reprend le ballon de volée en sautant. Costil touche le ballon en plongeant, mais ce dernier termine tout de même en but. « Allez soyez inventif » réclame Jocelyn Gourvennec. Eric Blahic reste exigeant et dirige ses troupes demandant à Cafu de changer le jeu devant un blocage fictif de son aile. Malcom crochète le mannequin après qu’un ballon lui est resté dans les pieds et frappe au dessus sous une clameur inhabituelle de la part d’un public plus fourni qu’à l’accoutumée, au coude-à-coude derrière la main-courante. Trois coups de sifflets retentissent. « Côté droit vous étiez au chômage » se désole presque Eric Blahic en s’adressant au trio Cafu-Sabaly-Gajic, très peu sollicité. 

Chaque joueur, dans un rythme routinier, met la main à la pâte pour débarrasser le terrain de ses mannequins. Pendant que Mandanda et Poussin qui ont travaillé avec Franck Chaumin, poursuivent un peu leur entraînement au fond du terrain, les joueurs finissent en roue libre. Plasil, Lewczuk et Gajic allongent les passes à l’instar de Poundjé et Verdon. Lerager, près de l’espace réservé à la presse, tape sur une planche et frappe dans le but vide. Contento, dirigé par un Eric Bedouet qui s’était occupé de Koundé pendant toute la séance, est relié au fameux élastique géant permettant de travailler l’explosivité au niveau de la salle de musculation. Pendant que Malcom et consorts mettent en place les rangées de mannequins pour les coups-francs, Mendy s’avance quelques ballons et frappe au but. « Cadre Alex, cadre. Tu cherches la force, cherche d’abord à cadrer » conseille Eric Blahic toujours présent sur le terrain. L’entraîneur adjoint accorde encore cinq minutes à ses joueurs pour se dégourdir les jambes. De Préville, côté gauche, place un coup-franc du droit dans la lucarne. Malcom tape par dessus le mur mais Prior se détend et sort le ballon. Tandis que quelques joueurs ont rejoint Lerager dans son exercice de frappes au but, avec désormais Poussin dans les cages, Mendy a pris la place de Contento et s’est harnaché à l’élastique. Eric Bedouet donne un ballon à l’ancien niçois qui remet en une touche et se retourne en accélérant, luttant contre la force de cet énorme élastique relié au grillage. Malcom marque en tapant une barre rentrante qui ravit les supporters présents en bord de pelouse. Eric Blahic siffle et demande aux joueurs de s’arrêter sur ce but. Alors que tout le monde regagne lentement les vestiaires, un petit groupe continue à toucher le ballon. « Les gars, on a dit que c’était terminé » s’agace sérieusement Eric Blahic. En plein coeur d’une série de quatre matchs sans victoire émaillée de trois défaites, le ton de la séance girondine n’était pas à la douceur et à la tranquillité en ce très frais 1er novembre.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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