Bordeaux ne s’est pas déplacé pour rien [Retour sur Bordeaux-Angers]

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Sèchement battus pour leur quatrième match amical de la saison face à Angers (0-3), les Girondins ont vu leurs lacunes du moment exposées sous un nouveau jour à Barbezieux. Retour sur un match à l’ambiance champêtre, sur une pelouse délicate, mais face à une première équipe de L1.

 

Pau, Milan, Bilbao. Bordeaux avait commencé doucement, avant de se heurter directement à des équipes de niveau européen. Le quatrième match amical de la saison propose Angers, premier adversaire estampillé L1 à quinze jours de la reprise face à Saint-Etienne. À Barbezieux, il n’y a qu’une seule tribune, tout est bucolique, des places vendues en pesage jusqu’au terrain franchement cabossé par endroits. L’important dispositif de sécurité mis en place par les autorités tranche avec cette ambiance de football de campagne. Des gendarmes armés jusqu’aux dents et équipés de herses sécurisent les abords du stade, tandis que la fouille, effectuée par des sociétés de sécurité privées, est drastique. Les joueurs, eux, sont détendus et discutent entre eux sur la pelouse. Jocelyn Gourvennec parle un long moment avec Stéphane Moulin, son homologue angevin. Plus loin, François Kamano le nouveau venu du côté de Bordeaux échange avec Thomas Touré et Abdou Traoré. La tribune est vite remplie alors que le match ne débute que dans une heure. Marius Trésor, qui s’est déplacé, est invité à prendre la parole par le speaker du stade sous les acclamations de la foule. Lorsque Bordeaux se déplace en Nouvelle Aquitaine, c’est toujours une fête pour les locaux qui ont le plaisir d’assister au match. Devant la tribune principale, de simples chaises attendent les joueurs qui seront voués à être remplaçants. Devant eux, un espace sablonneux et délimité, assez burlesque, et dont l’utilité reste encore à définir, est présent. Le charme des matchs amicaux et les particularités de ces petits stades est vite supplanté par la réalité du terrain. Le SCO Angers arrive en premier pour l’échauffement, suivi des Girondins qui entrent sur la pelouse sur «Get Lucky» des Daft Punk. Porte bonheur ou mauvais présage ? Les joueurs commencent un échauffement très ordonné avec Kévin Plantet. La composition est déjà tombée. Prior est dans les buts. Gajic et Poundjé auront chacun leur couloir, tandis que la défense centrale Sertic-Pallois, approuvée jusqu’à maintenant par Jocelyn Gourvennec, est reconduite. Toulalan et Plasil feront la paire devant la défense pour la première fois. Touré est de nouveau positionné à gauche tandis que Malcom évoluera à droite, derrière deux attaquants que seront Crivelli et Rolan. Côté angevin, Petric, Manceau, Thomas, Pavlovic, Martinez, N’Doye, Santamaria, Capelle, Ketkeophomphone, Sunu et Diedhiou sont titulaires. Eric Blahic qui a réuni les joueurs et effectué un petit briefing pour un exercice insiste : «Faites passer, sans cesse, sans cesse». L’échauffement se termine par une passe à Eric Bedouet, une remise du préparateur physique en chef, et une frappe au but. Les joueurs regagnent les vestiaires sous les applaudissements. Au moment de la composition des équipes, Jérémy Toulalan est le joueur qui récole les applaudissements les plus nourris. 

Alors que les enfants de Barbezieux vont remettre les fanions de la ville aux deux équipes, les joueurs entrent sur le terrain sur «We Will Rock You» de Queen. «À Barbezieux on sait recevoir» tonne le speaker. Jaroslav Plasil a récupéré le brassard de capitaine détenu jusqu’à maintenant par Grégory Sertic.

 

Premier acte

Le match commence, et Prior dirige rapidement Sertic, comme pour la rassurer avec un «Greg ça vient, ça vient» franc et direct. Dès les premières minutes, Angers oppose son bloc compact habituel et bien huilé. Les premières minutes sont calmes. Poundjé tente un centre qui file derrière le but angevein à la 7eme minute. Jocelyn Gourvennec se lève et s’adresse à ses joueurs : «Restez haut, restez haut». À la 12eme minute, Thomas Touré se met en évidence par un double crochet en débordant, mais son centre finit en corner. Bordeaux peine à faire aboutir ses actions, à l’image de cette séquence initiée par Plasil à la 20eme minute : l’international tchèque fuse plein axe, décale Malcom à droite qui dribble, remet le ballon dans l’axe à Touré qui tente de trouver Rolan dans la surface, mais Petric sort rapidement dans les pieds du jeune uruguayen. Même si le temps est agréable, même si le ciel est nuageux et plutôt sombre à l’horizon, l’arbitre décide d’une pause fraîcheur à la 22eme minute de jeu. Jocelyn Gourvennec en profite pour parler avec Malcom, illustrant ses propos grâce à un petit carnet. Le coach bordelais enchaîne ensuite avec Grégory Sertic.

Le jeu reprend, et quelques minutes plus tard un «Allez Bordeaux» jaillit, sorti de nulle part, dans une ambiance bon enfant mais peu bruyante. À la 29eme minute, faute d’occasion de part et d’autre, un «GI RON DINS» anime le match, lancé par un supporter et bien repris par la tribune. À la 32eme minute, Grégory Sertic en difficulté sur le marquage de Famara Diedhiou, meilleur buteur de la dernière L2 avec Clermont, commet un tirage de maillot flagrant sanctionné par l’arbitre. «C’est bien Greg, c’est bien» exhorte Jaroslav Plasil. Jocelyn Gourvennec qui s’est levé interpelle Poundjé à l’autre bout du terrain pour le replacer : «Max, descend». Deux minutes plus tard, Billy Ketkeophomhone adresse une ouverture à mi-hauteur qui prend Sertic à revers. Nicolas Pallois semble un peu loin, et Diedhiou peut partir seul au but mais loupe son contrôle. Un tir trop enlevé de Capelle est compensé par une frappe molle de Malcom sans problème pour Petric, symbole d’une première mi-temps compliquée pour les deux équipes. À la 42eme minute, l’arbitre de la rencontre convoque un Jaroslav Plasil tendu pour une mise au point qui durera quelques secondes. Le jeu reprend et Jocelyn Gourvennec, qui s’est levé, semble songeur. L’arbitre siffle la mi-temps. Le public salue cette première période, même si elle n’a pas offert un contenu attrayant.

 

Deuxième acte

Valentin Vada et Gaëtan Laborde qui s’étaient échauffés derrière Jérôme Prior en fin de première mi-temps prennent respectivement les places de Jaroslav Plasil et Diego Rolan pour la deuxième période. À la 48eme minute de jeu, Bordeaux concède un corner. Jérôme Prior tente une sortie mais ne dégage pas le ballon assez loin des deux poings, et après un léger cafouillage, Gilles Sunu se retrouve avec la possibilité de frapper. Le milieu offensif angevin en profite, frappe dans le but déserté, et ouvre le score pour le SCO (0-1). Bordeaux tente de vite réagir avec un beau mouvement à deux entre Vada et Touré initié depuis le milieu du terrain, avec un bon relai sur le côté gauche, mais le centre en retrait de Vada est mal ajusté. Ketkeophomphone, suite à un pied haut de Gajic, obtient un coup franc à la 55eme minute, à l’angle de la surface de réparation, qu’il se charge de botter.

Le ballon est bien travaillé mais passe au dessus. Jocelyn Gourvennec, toujours aussi attentif au placement de ses joueurs appelle Milan Gajic et lui demande de coller davantage son adversaire en mimant le geste des deux mains. À la 59eme minute, Gaëtan Laborde perce plein axe et décale Malcom sur la droite. La frappe enroulée, typique du jeune brésilien, passe au dessus. Deux minutes plus tard, Bordeaux obtient sa plus belle occasion du match. Thomas Touré trouve parfaitement Gaëtan Laborde dans la surface. L’attaquant bordelais est seul mais sa frappe croisée est repoussée par Petric. Sur le banc de touche, Franck Mantaux, l’entraîneur des gardiens, prend le temps de motiver Frédéric Guilbert qui va bientôt entrer en jeu. À la 65eme minute de jeu, les Girondins effectuent de nouveaux changements. Sané, Guilbert et Traoré suppléent respectivement Pallois, Gajic et Touré.

Un petit «Aux Armes» surgit de la tribune réveillant un peu le public qui aimerait voir Bordeaux revenir dans le match. Touré et Gajic, qui s’apprêtaient à partir aux vestiaires pour se doucher, sont repris par le staff girondin, Jocelyn Gourvennec en tête, qui les enjoint à venir s’asseoir sur les chaises et à regarder la suite du match. À la 76eme minute, Angers met Bordeaux à mal sur un coup-franc. Maxime Poundjé oublie Fodé Doré dans son dos et l’attaquant angevin place un plat du pied, direction le côté opposé, et bat Jérôme Prior. Angers double la mise (0-2). Une minute plus tard, Arambarri, Kamano et Thelin remplacent Toulalan, Malcom et Crivelli. Ketkeophomphone est remplacé, ce qui cause des sueurs froides au speaker : «sortie de Billy, on va l’appeler comme ça». Serge Le Dizet, l’entraîneur adjoint angevin, éclate de rire sur le banc de fortune réservé aux équipes. Un rire qui se transforme en franc sourire deux minutes plus tard.

À la 80eme minute, Nicolas Pépé est lancé en profondeur et bat Lamine Sané à la course, en s’infiltrant dans l’axe, légèrement excentré à droite. Le joueur angevin croise sa frappe et bat Prior, qui encaisse son troisième but du match (0-3). Bordeaux est puni par le réalisme angevin et par son incapacité à mieux négocier les moments chauds, devant comme derrière. À la 86eme minute, Isaac Kiese-Thelin se démarque et effectue un appel de balle net, mais Gaëtan Laborde ne le voit pas, tergiverse, et toute l’équipe angevine se replace, faisant avorter une action prometteuse. À la 87eme minute, Flavien Tait, recrue du SCO en provenance de Châteauroux, et l’un des milieux les plus en vue du championnat national la saison passée, déborde Maxime Poundjé et effectue une très bonne passe en plein coeur de la défense bordelaise à destination de Dickson Nwakaeme. L’attaquant nigérian recruté par Angers et au parcours très atypique récupère le ballon, dos au but, se retourne rapidement et place une frappe bloquée par Prior alors que la 4eme but pendait au nez des Girondins.

Bordeaux n’encaissera plus de but, l’arbitre de la rencontre sifflant rapidement la fin du match sur ce score lourd. Les Angevins restés un moment sur la pelouse, et les Bordelais, présents après le match pour les photos et autographes auront tout de même laissé un bon souvenir aux supporters en se montrant accessibles, mais le staff girondin devrait se souvenir de ce résultat qui marque un peu plus les premières carences de leur équipe face à un adversaire direct de L1.

Par Florian RODRIGUEZ à Barbezieux

À venir : le retour sur les prestations individuelles.