Carnet d'entraînement : Complicité offensive

15/12 - 23:42 | Par la rédaction | Il y a 9 ans

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Jeudi 15 décembre 2016 : Au lendemain de la belle victoire en 8eme de finale de Coupe de la Ligue face à Nice (3-2), les Girondins ont remis le bleu de chauffe avec les joueurs n’ayant pas pris part à la rencontre. Le chantier offensif a de nouveau été travaillé avec des combinaisons répétées minutieusement.

 

La fraîcheur et l’humidité présentes sur le Haillan contrastent avec le regain de chaleur apporté par le jeu girondin mercredi soir face à Nice. Sur le terrain d’entraînement, tout est prêt pour travailler. Un match se profile déjà dans deux jours face à Montpellier, et les mannequins, alignés sur plusieurs niveaux, n’attendent que les joueurs pour jouer leurs rôles d’adversaires. Pendant qu’Eric Blahic, bonnet sur la tête, disperse les ballons à différents endroits du terrain, les joueurs, en très grand nombre, discutent devant les vestiaires. Le groupe est presque au complet et part rapidement pour quelques tours de terrain. Le peu de spectateurs présents, et le silence inhérent à ce petit contingent, laisse se disperser un brouhaha venu des joueurs. Des rires, et surtout des discussions de toutes parts animent la troupe girondine tels des adolescents qui se retrouvent avant de rentrer en classe. Jocelyn Gourvennec ne manque pas une miette et observe chaque tour de terrain effectué, au milieu du terrain.

Après trois tours, Kévin Plantet prend en charge la totalité des joueurs. Près de la salle de musculation, éclairée de ses lumières jaunes-orangées, les joueurs débutent un parcours d’échauffement dans le sens de la largeur du terrain. Tout commence par des ouvertures de bras pour chauffer le haut du corps, puis des montées de genoux, avant de faire travailler les hanches par des ouvertures de jambes à droite et à gauche. Au bout du parcours, les joueurs reviennent en sens inverse en accélérant sur les premiers mètres avant de relâcher. Le deuxième passage est agrémenté de talons-fesses dynamiques. Pendant que le groupe se chauffe, Maxime Poundjé débute un footing léger avec David Das Neves en dehors du terrain d’entraînement. Sur le terrain, l’échauffement se poursuit avec des bras levés par dessus la tête et des sauts très rapides par dessus de petits piquets. « Déroulez bien. Bien joué Greg, bien joué Diego. » Kévin Plantet est aux aguets et met de l’intensité. Le préparateur physique fait monter ses joueurs en pression. Le préparateur physique en remet une couche avant de laisser ses poulains en compagnie des entraîneurs techniques, juste après un dernier circuit : « Allez on finit avec un bon retour, déroulez jusqu’au bout. »

Les joueurs enchaînent de suite avec des petites passes en occupant tout le terrain. Les titulaires de la veille, eux, restent sur un atelier tennis-ballon. La séquence est courte et Eric Blahic distribue rapidement les chasubles à ses joueurs alors qu’une petite pluie fine commence à tomber. Le silence a supplanté les rires et les bavardages. Les joueurs sont prêts à travailler. Parmi les jeunes renforts habituels que sont maintenant Romil, Youssouf et Koundé, Sofian Valla est présent. Le jeune meneur de jeu de la CFA2 n’était pas souvent apparu avec les professionnels depuis l’arrivée de Jocelyn Gourvennec. « Allez venez » demande Eric Blahic à ses joueurs. Chacun prend sa place sur l’espace de jeu qui a été préparé, à l’opposé des vestiaires. Le positionnement est, à première vue, similaire à celui mis en place jeudi dernier lors de la dernière séance ouverte au public. Dans les faits, le circuit est différent. Pablo est servi par un partenaire, trouve un joueur axial qui décroche, s’appuie sur un coéquipier positionné derrière lui grâce à un contrôle orienté et sert un joueur sur l’aile, à l’intérieur du terrain. Ce dernier trouve un dernier partenaire très excentré qui a pour mission de centrer. Les séquences commencent et Eric Blahic enrage sur une action : « Là il n’y a rien du début à la fin. » Sur chaque action, les deux joueurs axiaux du début doivent fuser dans la surface. À l’opposé, un des joueurs d’aile a pour consigne de venir fermer l’extérieur en se projetant lui aussi dans la surface pour exploiter le ballon si les deux axiaux ne parviennent pas à en faire bon usage.

Les joueurs se rodent et mettent un peu de temps à rentrer dans la séance jusqu’à un centre parfait d’Adam Ounas pour une tête bien claquée de Sertic qui fait mouche. « Bien joué Adam, premier poteau, premier servi » se délecte Eric Blahic. Abdou Traoré ralentit le jeu avec une passe aléatoire. Eric Blahic demande de rejouer l’action. « Coup de pied tendu » insiste l’entraîneur adjoint des Girondins pour chaque première passe pour Pablo. Jorris Romil finit mal ses actions et se fait reprendre avec bienveillance par Eric Blahic : « Jorris, tu finis mal car tu commences mal.» Jocelyn Gourvennec arrête la séance, soucieux de remettre ses joueurs dans le sens de la marche en leur conseillant de gagner du temps au milieu de terrain grâce à un placement plus dynamique sans ballon. L’action suivante, plus en mouvement, plaît au coach girondin : « Ça c’est du foot » commente le technicien breton. Le jeu évolue maintenant vers des mouvements plus courts. Pablo, qui est le point de départ, joue un redoublement de passes avec le joueur qui décroche et ce dernier continue le circuit avec le milieu offensif positionné dans son dos.

Après quelques mouvements et une pause pour récupérer, le jeu s’enrichit encore avec une volonté de renversement et de technique à trois dans l’axe. Un ballon claqué part d’un côté pour Pablo. Le défenseur central joue avec le décrocheur. Ce dernier joue toujours avec le milieu offensif dans son dos, mais une passe est maintenant donnée à un troisième joueur qui décale sur l’aile pour le joueur situé légèrement intérieur qui alerte son latéral. Les deux milieux axiaux plongent toujours vers la surface. Ce jeu permet de partir d’un côté, de travailler légèrement à l’opposé, et de renverser le jeu vers son point de départ. « Soyez en mouvement les attaquants, ne soyez pas surpris par le ballon » s’agace Eric Blahic. Jocelyn Gourvennec et son adjoint sont pointus et n’hésitent pas à faire rejouer les séquences. « Non, on recommence décrète Eric Blahic après un départ mal ajusté. Si ça vous paît, moi ça ne me plaît pas. » Discrètement, de son côté, Adam Ounas râle dans sa barbe. Pendant que David Das Neves fait travailler Maxime Poundjé le long du terrain, en mesurant des temps de passage à la course, et que Diego Rolan trottine avec Kévin Plantet, l’exercice central évolue de nouveau. Le circuit reste le même, mais le joueur offensif situé dos au jeu, et qui touche le ballon dans l’axe dans le deuxième temps, doit alerter le joueur le plus excentré via une passe en hauteur. Les deux joueurs de côté, l’excentré et le joueur plus intérieur, ont ensuite la charge de combiner à leur guise en fonction de cette passe. Mauro Arambarri dose une belle passe aérienne dans ce registre, au grand plaisir d’Eric Blahic : « Voilà, super, c’est ça que je veux. » Adam Ounas met un très bon ballon sur l’aile après une passe en hauteur de Sertic, et Nicolas Maurice-Belay poursuit ce bon mouvement par un centre de qualité au deuxième poteau pour Koundé qui frappe à côté. « Il faut la mettre Jules » s’agace Eric Blahic.

« Ça se rapproche Jorris, mais ce n’est pas encore ça » insiste Jocelyn Gourvennec auprès de Jorris Romil qui ne parvient pas à régler la mire. Eric Blahic insiste sur la précision en demandant aux milieux de faire la passe entre deux mannequins sur le côté. « On y est presque, mais on cherche à ce que ce soit parfait » encourage l’entraîneur adjoint des Girondins qui ne lâche rien. Ounas et Maurice-Belay se trouvent bien sur le côté, et un nouveau bon centre du dernier nommé arrive dans les pieds de Romil qui ne cadre toujours pas. « Jorris, le coach a raison, tu n’as pas envie de marquer » pique Eric Blahic. Les entraîneurs demandent de calmer le jeu au milieu et d’accélérer uniquement au moment de la passe longue et du jeu dans le couloir. Diego Contento, en position de joueur de fermeture, contrôle du pied gauche et enroule du pied droit. Bernardoni s’envole et sort le ballon main opposée pour l’un des plus beaux arrêts de l’entraînement après un bel enchaînement du défenseur girondin. « Il y a des temps forts et des temps faibles » insiste Eric Blahic pour permettre d’intégrer cette notion de changement de rythme. Jorris Romil marque et Eric Blahic, les bras ouverts vers le ciel, chambre son jeune joueur : « Voilà Jo ! Il a fallu quoi ? 45 minutes ? » Le ton est à la fois bienveillant et exigeant. Il ne reste plus qu’un but à inscrire avant que tout le monde ne rentre aux vestiaires. Comme toujours, c’est Jocelyn Gourvennec qui annonce la couleur.

Sur un centre de Jules Koundé, Mauro Arambarri place une somptueuse volée aérienne qui frappe la barre de Bernardoni. Ce dernier, sur les séquences suivantes est impérial dans les airs et laisse s’étirer la séance. « Bien joué Paul. Quand est-ce qu’il va venir ce but ? » commence à s’impatienter Eric Blahic. Sur l’action suivante, Abdou Traoré et Gaëtan Poussin, tous les deux engagés, chacun dans leur rôle, se percutent tête contre tête. Traoré chancelle et Poussin reste au sol, sans bouger. Après un petit temps de latence, Jocelyn Gourvennec demande l’intervention de David Das Neves qui s’empresse de venir aux chevets du gardien avec une poche de glace. Sonné, le jeune portier bordelais se relève difficilement et quitte la séance avec David Das Neves. Abdou Traoré, de son côté se replace, mais se touche la tête et ne donne pas une impression de grande santé, comme rendu k-o par ce coup. Le brouillard s’épaissit à mesure que la nuit tombe et c’est le moment que choisit Abdou Traoré pour renvoyer tout le monde aux vestiaire grâce à une frappe extérieur du pied qui déclenche les trois coups de sifflet du coach. Franck Mantaux taquine le buteur : « Ça t’a réveillé dis-moi. En fait tu t’es entraîné trois minutes. » À peine cette petite remarque pleine d’humour adressée par l’entraîneur des gardiens et le terrain est presque déjà nettoyé de tout matériel. Aujourd’hui, le froid et l’humidité ambiante n’ont pas convaincu les joueurs de faire du travail supplémentaire, comme pressés d’être déjà à samedi pour poursuivre leur marche en avant sur le terrain de Montpellier, en Ligue 1 cette fois.

 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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