Carnet d’entraînement : Aller de l’avant

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Mercredi 8 novembre 2017 - Le Haillan : De façon presque anonyme au regard du nombre très faible de supporters présents, les Girondins ont effectué un entraînement dense entre jeu porté vers l’avant et exercices d’endurance fractionnée.
Le Haillan est déserté par les supporters. Personne n’attend les joueurs le long de la main-courante. C’est le retour du vent glacial que connaissent bien les habitués des entraînements girondins. Sur l’un des terrains parallèles, le jeunes de Jean-Luc Dogon se mettent en place. Sur le terrain des professionnels, les jardiniers peaufinent la pelouse qui est déjà décorée par le matériel. Des mini-buts se font face sur une moitié de terrain, et divers plots, piquets, et autres lattes garnissent les quatre coins de la pelouse. Tout est déjà organisé pour une séance qui s’annonce pleine et riche. Le calme impressionnant qui règne en maître sur le domaine du Haillan est perturbé épisodiquement par les jeunes joueurs qui effectuent leurs tours de terrain. Chez les professionnels, Eric Blahic, maître à jouer en l’absence de Jocelyn Gourvennec cette semaine, et Pierre Espanol qui intervient en renfort depuis le centre de formation, sont les premiers à prendre possession de la pelouse. Chasubles en mains et ballons sur le dos, les entraîneurs se dirigent vers le fond du terrain, l’un déposant son matériel côté gauche et l’autre faisant de même à l’opposé. Les deux hommes reviennent vers les vestiaires et s’arrêtent à quelques mètres de l’entrée sur centre professionnel d’où arrive Stéphane Martin qui les rejoint pour entamer une discussion qui durera une dizaine de minutes.
Franck Chaumin fait son apparition sur le terrain. L’entraîneur des gardiens est accompagné de Jérémy Toulalan. Jaroslav Plasil arrive, suivi par ses coéquipiers, lesquels pénètrent sur la pelouse au compte-gouttes rejoignant le duo Blahic-Espanol désormais au centre du terrain après avoir quitté le président Martin. « Allez, on s’active les gars » demande Pierre Espanol. Eric Blahic distribue les premières chasubles au fur et à mesure que les joueurs le rejoignent. Dotés de chasubles rouges ou bleues, les joueurs forment deux équipes qui s’affronteront un peu plus tard. Cafu, Otavio et Pereira arrivent à petites foulées, sans se presser, alors que la majorité de leurs partenaires sont déjà équipés de chasubles. « T’as le nombre Eric ? » Pierre Espanol s’interroge. « Non, mais tant pis on va commencer sans eux » se désole Eric Blahic, presque fataliste. « Eh, les gars, on ne va pas attendre. » L’entraîneur adjoint des Girondins presse Sankharé, Vada et Malcom, très en retard par rapport à leurs coéquipiers. Le trio rejoint le groupe sans stress apparent. Les deux groupes formés rejoignent le fond du terrain. Bleus et rouges sont dans des coins opposés. C’est le début d’un grand toro avec deux éléments au milieu pour intercepter le ballon, et un joueur du toro en élément d’appui dans la même zone. « Utilisez l’intérieur du pied comme surface. Disponibles. On serre ! » Pierre Espanol distribue les conseils et supervise le groupe situé côté gauche pendant que Kévin Plantet gère le second groupe et qu’Eric Blahic voyage entre les deux. Près des vestiaires, les gardiens travaillent à l’aide de cordes à sauter, dansant de façon alternative sur le pied gauche ou le pied droit. Jules Koundé effectue un footing en compagnie de David Das Neves en dehors du terrain d’entraînement. « On redouble les passes si le jeu le demande et on donne dans l’intervalle » indique un Pierre Espanol qui n’est pas avare en conseils de jeu.
Un coup de sifflet marque la fin de l’exercice. Les joueurs rejoignent Kévin Plantet qui distille ses consignes. Un circuit est dessiné autour du terrain. Par duos ou trios, les joueurs doivent suivre ce circuit. Chaque groupe se place à un endroit différent du terrain. Le parcours débute par un slalom entre des piquets terminé par une course légère entre deux plots. La suite se déroule par un travail de coordination en pas de côté entre des lattes posées au sol, le tout du côté des spectateurs. Après avoir rejoint l’opposé en trottant, les joueurs sautent par dessus des mini-plots puis des plots de taille intermédiaire. Avant de revenir au point de départ, sur le sens de la largeur, les joueurs doivent faire des petits appuis au milieu de cerceaux, accélérer et rééditer ce travail d’appuis entre de nouvelles lattes. Après chaque exercice fait à haute intensité, les joueurs ont pour consigne de continuer en courant lentement pour récupérer. Les joueurs débutent et les entraîneurs sont vigilants à l’image d’Eric Blahic qui demande à ses hommes d’accélérer le rythme. « C’est combien de tours ? » Nicolas De Préville se renseigne auprès d’Alexandre Mendy. Lewczuk souffle à la sortie du slalom entre les piquets, Mendy sue à grosses gouttes. Après plusieurs passages, Eric Blahic envoie ses joueurs se désaltérer près des gardiens. Cachés derrière des mannequins, les portiers travaillent en trois temps : un ballon saisi et redonné directement, une claquette sur un ballon en cloche de face, et un nouveau tir détourné sur une frappe effectuée sur un côté. Très rapidement les joueurs reviennent au centre du terrain et écoutent les consignes d’Eric Blahic. Sur un terrain réduit, trois mini-cages sur le sens de la largeur font face à deux autres petites cages excentrées et à une cage plus grande au centre. Les deux équipes s’affrontent pour un jeu libre où la seule obligation est de chercher à jouer la première passe vers l’avant dès la récupération. « Gardez l’intensité d’hier » demande Eric Blahic.
Valentin Vada est le premier à marquer pour les bleus. « N’arrêtez pas le ballon avec la semelle. Plus vite vos passes. » Eric Blahic met de l’intensité. Le jeu est serré et les joueurs essayent de mettre de la vérité dans leurs actions. « Vers l’avant » crie Eric Blahic. Après un travail de pression sur Sankharé, les bleus récupèrent le ballon et le jeune attaquant Michaël Nilor marque. « Cafu avance ! Marque ! » Eric Blahic harangue son joueur brésilien qui se dirige seul vers le but de gauche. L’ancien joueur de Ludogorets ralentit, demande à Poundjé de se proposer pour marquer plus sûrement. La frappe de Poundjé est écrasée et rate le cadre. « Cafu, marque » enrage Eric Blahic. « Serre, serre », la voix rauque, tel un coach, Jérémy Toulalan dirige ses coéquipiers en phase défensive. « Cadrez le porteur » demande Pierre Espanol. « Devant toi Valé » crie Eric Blahic devant une sortie de balle latérale de Valentin Vada. « Max, Max, derrière ». Otavio dirige Poundjé qui joue un ballon de sortie avec un joueur adverse rodant dans son dos. Lewczuk marque de loin pour les rouges, et Contento rend la pareille en marquant pour les bleus de près. Dans la foulée, l’ancien défenseur du Bayern Munich prend un coup sur le pied. « C’est rien Diego » encourage Pierre Espanol. Plasil alerte Malcom sur la droite. Malgré la présence de Poundjé devant la petite cage, la frappe du gauche du Brésilien fait mouche. Sur l’action suivante, Mendy ne cadre pas au grand dam de Malcom qui lève les bras au ciel, visage fermé.
« Restez au contact… Sans faire de faute » prévient Eric Blahic au moment où Poundjé tacle Malcom qui exécutait une roulette. Le jeu ne s’arrête jamais. Nicolas De Préville marque deux buts coup sur coup. « Vous êtes à l’arrêt les bleus » constate Eric Blahic qui siffle la pause dans la foulée, permettant aux joueurs de récupérer avant de se remettre sur les ateliers de travail fractionné autour du terrain. « Même système que tout à l’heure » indique Kévin Plantet. Les joueurs se positionnent aux quatre coins du terrain et le manège redémarre. « Mettez de l’intensité dans les ateliers. Entre c’est footing de récupération » insiste le préparateur physique des Girondins. Eric Bedouet demande aux joueurs de faire des petits pas pour se relancer entre chaque changement de direction sur les slaloms entre les piquets. L’historique entraîneur physique de l’équipe girondine indique que le prochain passage en slalom se fera en marche arrière. Les joueurs soufflent, transpirent, crachent. Sur le passage en marche arrière, Otavio se déséquilibre et tombe. Plus les passages s’enchaînent plus les joueurs ralentissent sur les footings de récupération, typique d’un travail de physique fractionné. De Préville souffle, mais moins que certains de ses partenaires, et attaque les petites enjambées de lattes en premier. À la fin du circuit, les joueurs regagnent l’entrée des vestiaires à petits pas pour s’emparer des bouteilles d’eau. Les pas sont lents et lourds, les pieds se posent difficilement sur le sol laissant imaginer de la fatigue musculaire au niveau des cuisses et des mollets.
Revenus auprès d’Eric Blahic, les joueurs écoutent les nouvelles consignes. Certains joueurs s’étirent le dos à l’image de Plasil. D’autres comme Igor Lewczuk ont les mains sur les hanches. « Allez, on entame la deuxième séquence. C’est toujours libre et le jeu se fait vers l’avant précise Eric Blahic. Et souriez ! Et Si vous ne voulez pas avoir froid, bougez, taquine l’entraîneur adjoint des Girondins. » Valentin Vada marque pour les bleus. Pendant que Pierre Espanol insiste sur l’efficacité du pressing, Eric Blahic souligne l’importance de changer le jeu. Plasil protège son ballon, pressé par le jeune Noc. De Préville en profite pour venir serrer le milieu girondin et récupère le ballon pour marquer. « Il faut vous sortir des petits périmètres » insiste Eric Blahic. Diego Contento récupère un ballon contré flottant et jongle habilement avec ce dernier pour se défaire du marquage et placer une frappe qui trouve le poteau de la mini-cage. « Toul, Toul. » Jérémy Toulalan est alerté par ses coéquipiers mais part en dribbles avant de se faire stopper net au milieu de terrain. Sur le contre, le jeune Nilor marque pour l’équipe adverse. D’une bonne talonnade, Noc met Lewczuk en position de marquer mais ce dernier manque le cadre. Toulalan marque sur l’action suivante, effaçant le loupé de son collègue de la défense centrale. Les buts s’enchaînent de part et d’autre. Malcom fait une passe en donnant l’impression de vouloir se débarrasser du ballon. Le joueur brésilien boite, s’arrête, et se couche hors des limites du terrain. Plus tôt, c’est Nicolas De Préville qui s’était tenu la cheville en plein milieu d’une action après un choc. Le jeu se poursuit et tout le monde est focalisé sur son déroulement, sans s’inquiéter pour Malcom qui est finalement pris en charge par un soignant arrivé avec une bombe de froid à la main. Après un nouveau but du milieu de la Nationale 3, Malhory Noc, Malcom revient sur le terrain et livre bataille à Poundjé de façon agressive mais régulière. Le milieu offensif girondin récupère le ballon dans les pieds de son coéquipier mais manque le cadre sur sa frappe. Sur l’action suivante, Théo Pellenard perfore dans l’axe. « Pourquoi il avance ? » Eric Blahic s’agace puis siffle la fin. « On met les ballons dans les buts et on passe avec les gardiens » décrète l’adjoint de Jocelyn Gourvennec qui tient sa séance de main de maître. Les joueurs vont s’affronter sur une moitié de terrain, côté vestiaires, avec la présence des gardiens de but.
Eric Blahic débute son mini-briefing : « On garde la même idée. On peut jouer les touches mais pas les corners. Arrêtez avec les deux-trois passes vers l’arrière de tout à l’heure. 0-0, on y est ? » Le coach girondin siffle. Cinq spectateurs au total observent les joueurs se démener et balayer le terrain. Sankharé perfore et donne un ballon sur la même ligne à De Préville qui frappe au dessus. « Trouvez les passes vers l’avant » s’époumone Eric Blahic. Mendy, lancé en profondeur, sûr de lui, bat Mandanda d’une frappe croisée qui donne l’avantage aux bleus. Un « bien joué Alex » collectif retentit. Après chaque attaque, Pierre Espanol et Eric Blahic demandent un repli immédiat. Des efforts et contre-efforts travaillés lors des ateliers de fractionné de début de séance. Eric Blahic met une parenthèse à l’opposition et vient se placer au milieu des joueurs : « Gardez la proximité entre les lignes. » On demande à Mendy de ne pas se détacher du bloc. « S’il descend trop loin, rappelez-le » demande Eric Blahic. Ça repart. « Serrez, serrez » s’évertue de répéter Eric Blahic mâchoires… Serrées. Otavio met le pied en avant devant le jeune milieu Malhory Noc et intercepte le ballon. « Over, mets de la voix » demande Franck Chaumin à Mandanda. On demande aux joueurs de monter en bloc progressivement lors du pressing pour faire reculer l’adversaire. Seul face au but, De Préville trouve le poteau. « T’es à l’arrêt Alex » râle Eric Blahic après une récupération adverse sur un pressing dans la zone de l’attaquant girondin.
Pour les bleus, Malcom marque d’une frappe croisée à mi-hauteur. « Devant Igor, pas derrière, pas derrière » peste Eric Blahic alors que Lewczuk s’apprêtait à faire une passe vers l’arrière. Sankharé déborde et passe en retrait pour le jeune Aurélien Tchouaméni qui marque d’une frappe rasante. « Arrêtez de regarder derrière. Vous passez votre temps à ça. Ce n’est pas important derrière » remarque Eric Blahic. Mickaël Nilor élimine facilement Lewczuk côté gauche. « C’est pas normal » crie Mandanda qui sort la frappe croisée de son coéquipier de l’équipe réserve. Après une pause consacrée à boire, les joueurs changent de camps. « Gardez cette idée à la récupération d’aller encore plus vite vers l’avant. Pour les duels, vous y êtes, mais il faut marquer. Vous ratez encore trop d’occasions. Et mettez plus de vie dans les conseils entre vous » explique Eric Blahic avant de faire reprendre le jeu. Le jeune arrière droit Thomas Carrique intercepte un ballon à l’intérieur, joue un une-deux avec Malcom et place un bon centre qu’aucun bleu ne peut intercepter. « Mais pourquoi il n’y a personne ? Alex ! » Eric Blahic tempête. Otavio frappe de loin et permet aux rouges de marquer grâce à son coup de pied rasant qui ne laisse aucune chance au jeune gardien Davy Rouyard. « Mets de la voix Davy, je ne t’entends pas » demande Franck Chaumin à son poulain. Sankharé trouve Cafu entre les lignes et ce dernier ajuste Rouyard pour marquer dans le petit filet. Les rouges prennent l’ascendant grâce à un centre de Poundjé relayé par Tchouaméni qui permet à De Préville de marquer dans le but vide. « Nico, Aurel » crie Eric Blahic qui demande un replacement immédiat.
« Laisse ! ». Poussin hurle et se saisit du ballon malgré le tampon de Mendy dans les airs. Les organismes doivent se réhabituer au froid et les petits coups sont douloureux, à l’image de Vada marchant sur le talon de Lewczuk. L’international polonais reste un instant au sol avant de reprendre le jeu. Cafu sur une situation de contre rapide se présente seul face à Rouyard qui sort le ballon d’un plongeon au sol. « On y est presque » se satisfait Eric Blahic. Nicolas De Préville, côté droit réalise un petit pont et sert Cafu à l’opposé, idéalement positionné. Le milieu offensif brésilien rate le contrôle du ballon, mais tente de se rattraper en solo. « Cafu, Cafu, Cafu » répète à l’envi Maxime Poundjé en prenant son temps, d’un ton un peu lassé, signalant sa présence en retrait. Trois coups de sifflets viennent couper le jeu. « Venez-là avant de rentrer aux vestiaires » demande Eric Blahic. Le groupe se réunit religieusement autour de l’entraîneur adjoint et quelques bribes du discours fusent dans l’air : « Ne baissez pas les bras. Quand ma passe est ratée, qu’est-ce que je fais derrière, de suite, pour rattraper le coup ? Qu’est-ce que je fais pour aider mon coéquipier ? L’enthousiasme vous l’avez mis en tout cas. Allez on va s’étirer. » Prior et Pellenard allongent quelques passes, mais Eric Blahic intervient : « Théo, allez vous étirez. » Une injonction à rejoindre les autres joueurs rentrés rapidement aux vestiaires pour digérer et assimiler une séance riche en conseils et en consignes de jeu pour repartir vers l’avant dans une période défavorable pour le groupe bordelais.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan