Carnet d’entraînement : Recherche d’espaces

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Dimanche 31 décembre 2017 - Le Haillan : Pour leur avant-dernière séance de l’année, vendredi matin, les Girondins ont profité d’un temps calme pour travailler un long circuit de jeu privilégiant la sortie rapide dans les petits espaces.
Après de longs jours de pluie, le soleil est de la partie dimanche 31 décembre ce matin au Haillan, et les mannequins et piquets, formant un large rectangle non loin des vestiaires des Girondins, attendent les joueurs. À 10h, le public présent est très restreint pour voir les premiers joueurs sortir lentement des vestiaires puis s’éclipser rapidement pour effectuer un footing hors des limites du terrain d’entraînement et croiser quelques sportifs amateurs faisant leur jogging. Igor Lewczuk, qui s’apprête à réaliser un entraînement particulier de remise en forme, effectue quelques tours de terrains avec David Das Neves, le kinésithérapeute du club. Le terrain prend vie petit à petit avec Pierre Espanol qui fait son entrée armé d’un gros sac de ballons, et Eric Blahic, lui aussi équipé de quelques balles. Les deux adjoints de Jocelyn Gourvennec disposent les ballons en ligne face aux vestiaires. Tandis qu’Eric Blahic replace quelques mannequins à des endroits stratégiques, Igor Lewczuk, sous le commandement de David Das Neves, effectue quelques pas de côté sur place, puis accélère légèrement, place quelques courses en marche arrière ou réalise des talons-fesses.
Si les joueurs n’ont toujours pas remis un crampon sur leur aire de jeu depuis leur départ une vingtaine de minutes plus tôt, la main-courante supporte les coudes de nouveaux supporters qui garnissent maintenant les alentours du terrain. Igor Lewczuk, à l’opposé de la zone mannequins où va se dérouler la séance collective, commence à taper le ballon. David Das Neves lui délivre une offrande à la main, et l’international polonais contrôle en l’air avant de remettre du pied opposé. Ses partenaires aptes au service - sans Jérémy Toulalan absent pour la séance - font de nouveau leur apparition. Leurs baskets frottent contre des brosses à l’entrée des vestiaires. Quelques jets d’eau viennent compléter le travail permettant d’enlever la boue scotchée aux semelles. Très rapidement, les joueurs reviennent sur le terrain armés de leurs crampons. Eric Blahic motive ses troupes en tapant dans les mains. Des petits groupes, sans s’affoler, se dirigent vers les entraîneurs. « Un ballon pour deux, allez » demande Eric Blahic. « Allez, allez, oh » s’agace Eric Blahic devant l’arrivée de retardataires.
Formant deux lignes rapprochées qui se font face, les joueurs échangent des ballons en une touche. Rapidement, les choses évoluent, et la passe doit s’effectuer après un contrôle, du même pied. Pendant que les ballons s’échangent sans s’arrêter, Gaëtan Laborde traverse le terrain pour rejoindre Igor Lewczuk et David Das Neves. « Il faut que ça aille vite, claquez vos passes » insiste Eric Blahic. Les joueurs contrôlent pied droit et passent pied gauche. Les ballons claquent comme du pop-corn. « Le ballon va vite, insistez » conseille Pierre Espanol. Les joueurs ont pris du recul et rejouent en une touche. « Au sol » précise Pierre Espanol qui veille au grain. « Gardez vos distances » insiste Eric Blahic. D’un coup, c’est le calme plat. Plus un bruit. Les joueurs ont cessé de cogner leurs ballons et sont partis s’hydrater devant les vestiaires. « Rapprochez-vous, allez » demande Eric Blahic de manière énergique. Le bras droit de Jocelyn Gourvennec place des groupes de joueurs aux endroits stratégiques du large rectangle délimité par les mannequins et occupant toute la largeur du terrain. Face à eux, le reste du groupe écoute les consignes et observe Eric Blahic qui montre quelques gestes à effectuer. Le but de l’exercice est de trouver les intervalles rapidement en transitant par des mannequins où un jeu à trois se déroule, et d’avancer via différentes étapes, d’un côté du terrain à l’autre. Chaque phase de jeu demande d’exploiter les contrôles orientés et des passes précises. Tout le monde participe au jeu, même les quatre gardiens que sont Prior, Costil, Mandanda et Poussin.
Jocelyn Gourvennec, accompagné de Franck Chaumin, est dos aux vestiaires et observe les premiers mouvements de ses joueurs. Le jeu à plat est proscrit par le circuit proposé par le staff technique. « Il faut que vos passes aillent vite » demande rapidement Eric Blahic. L’entraîneur adjoint insiste en observant les premières séquences : « Pas de passes qui tournent, il faut que les ballons aillent droit. » Trois mannequins, sur le sens de la largeur et face aux vestiaires, symbolisent des étapes à passer dans l’avancement du jeu. Lorsque les joueurs se retrouvent au niveau du mannequin opposé, l’idée est de repartir en face pour permettre un nouveau jeu à trois au niveau d’un nouveau mannequin, et repartir en diagonale pour revenir vers le point de départ. L’exercice permet aux joueurs d’évoluer sur tout le terrain et de s’obliger à combiner pour se sortir des zones de contact et de pression à différents endroits. La passe verticale au niveau du mannequin situé côté spectateurs doit être une passe tendue. « Mieux que ça Malcom. » Eric Blahic serre les dents devant une passe aléatoire du joueur brésilien. L’entraîneur adjoint bordelais qui supervise cet endroit du terrain ne lâche pas ses joueurs. « Oh Cafu, Oh bougez » s’agace Eric Blahic. À l’opposé, Pierre Espanol demande de la « qualité dans la transmission ». Si le jeu démarre bien, la dynamique est plus facile pour les partenaires qui peuvent poursuivre sur un bon rythme.
« Ce n’est pas une passe ça Thomas » s’agace de nouveau Eric Blahic devant un ballon mal ajusté de Carrique. Le technicien girondin enrage, recevant un ballon dans les jambes : « Oh… Vous avez mangé quoi ce matin ? » Milan Gajic concourt aux quelques imprécisions techniques en manquant sa passe qui part en diagonale au lieu de partir face à lui pour ses partenaires en attente au niveau d’un mannequin. Lorsque le jeu est dynamique, les joueurs réussissent à beaucoup se croiser et trois ballons peuvent vivre à différents endroits du circuit. Jocelyn Gourvennec n’est pas encore intervenu. L’entraîneur bordelais a changé de position et observe silencieusement derrière les joueurs, face au centre d’entraînement. Eric Blahic siffle et incite les joueurs à aller boire. Jocelyn Gourvennec en profite pour décaler quelques mannequins et les replanter dans le sol. Le circuit reprend, et les passes longues doivent être légèrement en hauteur lorsque l’on change de côté au niveau du dernier mannequin. L’ambiance est très calme et les joueurs sont silencieux. Aucun geste amical, aucune tape dans le dos ou dans la main ne vient donner un peu de couleur à la séance. Eric Blahic siffle. L’entraîneur adjoint des Girondins est courroucé et prend la parole : « Moi ça ne me plaît pas. Je suis sur le côté, deux ballons sur trois partent en touche. Si ça ne vous convient pas, vous me dites directement que vous voulez jouer des touches. Vous venez me voir, vous me dites « coach on veut faire des touches », il n’y a pas de problème. Le problème c’est que ce n’est pas ça que l’on vous demande. Vous êtes capable de le faire, mais le problème c’est que c’est une question d’envie. Si vous voulez, vous me dites que vous n’avez pas les pieds aujourd’hui, pas de souci. Sinon, vous vous mettez en mouvement et vous y allez ! »
Le jeu reprend, dans le plus grand des silences après le coup de gueule d’Eric Blahic. Malcom adresse une passe à Sankharé qui se retrouve ballon à l’arrêt, levant les bras devant l’absence de disponibilité des joueurs devant lui, avant de passer son ballon en allongeant, symbole des difficultés techniques du jour qui ralentissent le circuit. Eric Blahic propose quelques petits trucs à ses joueurs pour leur permettre d’améliorer la qualité de la passe longue afin de fluidifier le jeu. La première des choses est de bien orienter le contrôle dans l’espace pour se donner le temps de voir le jeu et d’exécuter la passe. Pendant que le groupe travaille, Gaëtan Laborde, à l’opposé, s’échine à taper sur une petite planche grillagée et à faire des passes longues instantanées à David Das Neves. Sur le circuit, Théo Pellenard fait une passe molle, à l’arrêt, qui casse le rythme. Au moment du dernier jeu en triangle avant de changer de côté, Eric Blahic demande un contrôle orienté du droit et une passe longue du pied gauche. « Tu as mal, ça se voit, ne force pas » préconise Eric Blahic à un Jovanovic pas au meilleur de sa forme. Au moment de la passe, on varie en demandant un contrôle orienté axial, une feinte vers l’extérieur avant de rentrer et d’allonger. « Faites les efforts, c’est là que ça paye » tonne Pierre Espanol. Jocelyn Gourvennec, pied sur le ballon, reste de marbre mais ne perd pas une miette du travail de ses joueurs. « Youssouf, fais-moi une passe propre et on termine là-dessus » demande Eric Blahic à Sabaly. Le défenseur girondin donne un ballon propre à l’opposé et déclenche trois coups de sifflet de la part de Jocelyn Gourvennec. « On enlève les mannequins et on fait un retour au calme là-bas » demande l’entraîneur des Girondins. Très rapidement, le terrain est débarrassé de son matériel et les joueurs vont s’étirer le long de la bâche bleue marine, à l’opposé des spectateurs. Pendant que Gaëtan Laborde poursuit sa remise à niveau après sa blessure en trottant ballon au pied, le staff s’est réuni et discute. Le premier jour d’un renouveau attendu pour le staff girondin et ses joueurs.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan