Carnet d’entraînement : Après la pluie, le beau temps ?
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Vendredi 18 mars 2016 : Sous un habituel temps maussade, les Girondins ont effectué un entraînement différent sous la houlette de leur nouveau staff technique. La défense et l’attaque ont chacun eu droit à une séance à part et spécifique.
Un petit groupe de maillots oranges est présent sur le terrain des professionnels. En s’approchant, difficile de distinguer un visage « connu ». Les allures juvéniles de ces joueurs confirment que ceux-ci s’apprêtent à servir de sparing-partners aux joueurs de l’équipe des Girondins de Bordeaux. Comme toutes les avant-veilles de match, ou presque, depuis trois mois, le temps est loin d’être clément sur la plaine des sports du Haillan. Mais le temps est le seul point de repère car Ulrich Ramé et son staff adoptent une nouvelle méthode d’entraînement. Face à ces jeunes joueurs, s’affairent les éléments défensifs de l’équipe professionnelle. Pas un seul attaquant ou joueur offensif sur le terrain. Deux groupes sont constitués et se mélangent de temps à autre. Cédric Yambéré, Lamine Sané, Maxime Poundjé, André Poko, Abdou Traoré et Mauro Arambarri forment une première équipe tandis que Pablo, Frédéric Guilbert, Milan Gajic, Diego Contento sont complétés par Arambarri et Traoré toujours. Les deux groupes se relaient pour défendre face aux jeunes joueurs. Le but est de ressortir le ballon proprement après avoir défendu les cages de Paul Bernardoni et Jérôme Prior. « André, si tu ne peux pas avancer, change le jeu » demande Ulrich Ramé à Poko en mimant le geste de la main. Les chasubles s’échangent de temps en temps, et André Poko se retrouve tantôt en position de latéral, tantôt en position de milieu défensif avec Arambarri. « Sortez, demande Ramé. Le jeu est devant ». Mathieu Chalmé est également présent et insiste auprès de Yambéré : « Avance avec le ballon, et ensuite tu dois chercher quelqu’un ». Jaroslav Plasil, en retrait des jeunes joueurs qui attaquent, remet des ballons et fait presque office de 4eme entraîneur derrière Ulrich Ramé, Mathieu Chalmé et Pierre Espanol. « C’est bien les gars, on continue » insiste Ulrich Ramé devant la répétition inlassable des mêmes actions. Mathieu Chalmé profite d’une courte pause pour s’adresser à Cédric Yambéré, lui donnant quelques indications de placement. Les jeunes joueurs ne parviennent pas à mettre en danger la défense professionnelle, mais Lamine Sané se plaint auprès de ses coéquipiers : « Les gars, je me suis fait jongler. Ils font un une-deux, il faut les bloquer avant ». Trois coups de sifflet retentissent. « C’est bon » décrète Ulrich Ramé. Mathieu Chalmé raccompagne Jaroslav Plasil, main sur l’épaule. Les joueurs présents sur le terrain regagnent les vestiaires. Seul Plasil reste à travailler avec le ballon.
« On est sereins, on sait ce qu’on veut »
Un temps de latence laisse penser que l’entraînement est déjà fini. Mais l’attitude de Pierre Espanol, qui place énergiquement des mannequins au sol, indique que la séance va se poursuivre. Après quelques minutes, Enzo Crivelli, Cheick Diabaté, Isaac Kiese-Thelin, Jussiê, Diego Rolan, Thomas Touré, Valentin Vada et Malcom sortent des vestiaires pour prendre part à leur séance. Ces derniers commencent à s’échanger quelques ballons tandis que Mathieu Chalmé s’étonne de ne plus voir les jeunes joueurs sur le terrain et s’adresse à Pierre Espanol « Pierrot, ils sont où les jeunes ? Il faut qu’ils reviennent. Je vais les chercher ». Espanol propose à l’ancien joueur du LOSC de participer à la séance si les circonstances l’imposent. Les jeunes reviennent rapidement sur le terrain tandis que les pros s’acheminent vers l’atelier, à l’autre bout du terrain d’entraînement. « Allez on ne perd pas de temps, allez Valentin » s’impatiente Ulrich Ramé. Le premier atelier impose aux joueurs la réalisation d’une passe simple et bien exécutée dans les pieds d’un partenaire chargé de réaliser un contrôle orienté devant le mannequin et de frapper. « Pendant trois minutes on trouve les bras du gardien pour finir de s’échauffer » indique Pierre Espanol. Rapidement, l’entraîneur adjoint bordelais demande d’augmenter le rythme : « Objectif : on cadre ». Ulrich Ramé est en retrait, Pierre Espanol au contact des joueurs, et Mathieu Chalmé à côté des buts. On pourrait penser que ce trio est formé depuis longtemps. Les joueurs mettent de l’application et l’ambiance est studieuse. Thomas Touré manque complètement sa frappe et reçoit un conseil de Pierre Espanol : « Thomas, le corps plus ouvert ». Les frappes ne font pas mouche à l’instar d’un tir de Rolan parti en direction du ciel gris du Haillan. Le déchet dans les tirs n’est pas du goût d’Ulrich Ramé qui, d’un ton posé mais déterminé, prend la parole en demandant à ses joueurs de cadrer leurs frappes.
L’exercice offensif évolue dans un deuxième temps avec une nouvelle demande du staff. Un jeu en triangle terminé par une remise en une touche dans la course axiale du partenaire est mis en place. Ulrich Ramé insiste sur la nécessité de faire mouche : « Cadrez. Frapper comme des sourds ça ne sert à rien ». Jaroslav Plasil participe à ce jeu et touche le ballon sans difficulté apparente. Valentin Vada est également de la partie depuis le début. Plasil, Vada, deux joueurs souvent placés dans des positions axiales plutôt basses sous l’ère Willy Sagnol et qui semblent retrouver des automatismes naturels, eux les meneurs de jeu de formation. Alors que l’exercice défensif précédent laissait penser que le staff pourrait s’orienter sur un milieu à plat avec deux récupérateurs devant la défense, cet exercice de remises axiales pourrait indiquer la présence d’un meneur de jeu tel Vada ou Plasil dans ce système. Les attaquants connaissent du déchet, mais le staff s’applique à les rassurer. Jussiê trouve la lucarne, presque imité par Malcom qui s’en prend à la barre transversale de Lucas Bobe. « On est sereins. On sait ce qu’on veut » encourage Espanol. Juste après un petit filet trouvé par un Thelin plutôt en forme, Ramé fait signe à son adjoint de mettre fin à l’exercice.
Les volées claquent et font mouche
Les jeunes joueurs encouragés par Plasil qui leur demande de presser le pas, reviennent prêter main forte. Placés sur les ailes, on leur demande rapidement d’exécuter des centres pour les professionnels. Deux joueurs sont chargés de plonger dans la surface pour marquer. Un joueur attaque le premier poteau tandis que son binôme se dirige vers le second poteau en restant légèrement en retrait. Peut-être le signe d’une formation à venir avec deux attaquants de pointe, Thelin et Diabaté formant l’un des duos offensifs. Malcom, très efficace, place une belle volée au ras du sol qui fait mouche. Cheick Diabaté, assez maladroit jusque là, se refait d’une volée bien appliquée, rapidement imité par Thelin qui claque une volée plus sèche qui ne laisse aucune chance à Alexandre Brucato. Thomas Touré s’y met également avec un ciseau qui trompe le gardien et enchaîne deux actions plus tard par une belle tête qui trouve la lucarne. « Juss, Cheick » interpelle Ulrich Ramé qui demande à Jussiê et Diabaté de regagner les vestiaires. « On arrête la séance dès qu’un joueur met 5 buts » décide l’entraîneur bordelais. Enzo Crivelli place une lourde frappe non cadrée tandis que Malcom, encore une fois intéressant de la tête, marque d’une barre rentrante. « On va descendre à 2 buts chacun » se ravise Ramé. « Youl, on ne va pas manger » taquine Mathieu Chalmé. La remarque pique peut-être l’égo des joueurs puisque Crivelli marque d’une belle volée chaloupée et que Rolan trouve les filets d’une frappe enroulée. Malcom, premier joueur à marquer deux fois, exulte et quitte l’atelier en chantant. Crivelli, puis Rolan suivent rapidement. Thelin, d’une frappe nette, à mi-hauteur marque et serre le poing. L’international suédois a ensuite sa propre balle de match, poussé par Mathieu Chalmé : « Allez Isaac, marque ». Mais la tête piquée de l’ancien joueur de Malmö ne trouve pas le cadre. Deux centres plus tard, Thelin réussit une volée qui fait mouche et termine lui aussi sa séance. Thomas Touré et Valentin Vada se battent pour ne pas acquérir le bonnet d’âne. « Le dernier qui reste range le matériel » prévient le coach Ramé. Thomas Touré plie l’affaire devant le dépit de Valentin Vada. La séance se termine naturellement, dans la sérénité, et la pluie cesse enfin. Place maintenant à Bastia pour découvrir le fruit de cette première semaine de travail sous la houlette d’Ulrich Ramé et de son staff.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan