Carnet d’entraînement : Effervescence et brouillard
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Jeudi 21 janvier 2016 : Pour le dernier entraînement ouvert aux supporters avant le déplacement à Nantes, Willy Sagnol a donné de la voix et les joueurs ont beaucoup bougé sous un froid glacial.
« Il fait froid » grelotte presque André Poko en train d’effectuer un tour de terrain avec Jean Ambrose qui acquiesce. Ce jeudi 21 janvier, les joueurs sont ponctuels et débutent par un long footing autour du terrain d’entraînement sous un épais brouillard et un froid effectivement glaçant. Mais Willy Sagnol, très agité et agressif dans le bon sens du terme tout au long de la séance, va réveiller le semblant de torpeur apporté par le temps. Jamais le coach bordelais n’avait été aussi remonté à l’occasion d’un entraînement depuis le début de la saison, certainement revigoré par les récents bons résultats de son équipe. Après avoir terminé l’échauffement par quelques passes, les joueurs s’organisent rapidement en trois groupes. L’un d’eux, placé au milieu de terrain, sert de relai aux deux autres équipes qui s’affrontent pour la possession du ballon. Sylvain Matrisciano se fait rapidement entendre avec un « bien joué Clem » adressé à Clément Chantôme, avant de demander à ses joueurs d’être « tous en mouvement ». Willy Sagnol, capuche sur la tête, donne le ton en s’adressant à l’un de ses joueurs : « donne-lui l’info, tu dois lui parler avant ». Les joueurs communiquent entre eux, le ballon circule. L’implication est indéniable. Willy Sagnol, en verve, dans un vrai rôle d’entraîneur tel qu’on l’imagine, reprend Touré en pleine action et en situation délicate : « Thomas sors du point chaud, vite ». Quelques joueurs, dont Wahbi Khazri se plaignent d’être en infériorité numérique par rapport à l’adversaire, son coach s’adresse à lui : « Wahbi, tu as eu des vacances, tu n’as pas joué mardi ! Parfois dans un match tu joues à 10 contre 11, ça nous est déjà arrivé cette saison ». Et l’entraîneur girondin de continuer à surveiller ses joueurs au plus près. « André tu n’es pas concentré » enrage Sagnol. « Baba mieux que ça » exige l’ancien joueur du Bayern Munich en s’adressant au jeune Traoré. Le ballon vit, Willy Sagnol harangue. Quelque chose semble avoir changé au Haillan.
Du relief dans les mouvements
L’entraînement technique se poursuit rapidement avec un travail d’attaque régulièrement pratiqué par l’équipe pendant les séances. Deux équipes attaquent à tour de rôle sans opposition avec l’idée de préparer les attaques et de jouer un maximum dans les espaces libres. Diabaté profite de ces attaques pour inscrire un très joli but à Jérôme Prior de l’intérieur du pied dans le petit filet opposé. De son côté, Adam Ounas se fait reprendre vigoureusement par Willy Sagnol. Ce dernier reproche à son jeune protégé de ne pas avoir suivi le mouvement collectif en ne décrochant pas pour demander le ballon. Exactement l’inverse de Cheick Diabaté, en forme, qui effectue un travail de décrochage, suivi par ses coéquipiers qui profitent du mouvement pour plonger vers l’avant. Les attaques sont variées. Parfois les équipes prennent le temps de repasser par derrière, parfois le jeu est plus direct lorsque les joueurs ont créé les bons espaces. Valentin Vada s’en veut après une action mal négociée à son goût, mais son entraîneur le reprend directement : « Valentin… Valentin, c’était parfait ». Le staff technique veut du relief dans les attaques et les déplacements. Willy Sagnol ne lâche pas ses joueurs et insiste : « Je veux du relai au milieu ». Thomas Touré termine mal une action pour conclure cette phase d’entraînement. Le jeune attaquant bordelais est en manque de confiance, cela se ressent sur ses prises d’initiatives.
« T’as pas le droit de rater ça »
Le dernière étape de l’entraînement propose aux joueurs des oppositions sur terrain réduit. Les oranges de Plasil, Gajic, Ambrose, Diabaté, Khazri affrontent les bleus de B.Traoré, Contento, Guilbert, Crivelli , Chantôme et les blancs de Poundjé, Sané, Poko, A.Traoré, Vada et Ounas. Sur sa première occasion Diabaté touche du bois. Khazri, lui, se frotte la cheville en grimaçant suite à un contact rendu douloureux par ce premier grand froid de la saison. Autour du terrain, le centre d’entraînement enregistre certainement sa plus grosse affluence depuis plusieurs semaines, même si le nombre de spectateurs reste encore modeste. « T’as pas le droit ». Le cri de Willy Sagnol se fait presque écho. On entend une mouche voler. « T’as pas le droit de rater ça Guilbert » s’emporte Sagnol après une action mal négociée par son joueur. « Fred » hurle de nouveau l’entraîneur bordelais, adressant un regard noir à son joueur lorsque ce dernier repasse à quelques pas de lui. Le ballon continue de vivre mais la réussite face au but n’est toujours pas au rendez-vous. Clément Chantôme, seul face au but, envoie une frappe lourde direction la nappe de brouillard dans le ciel. Le geste ne plaît pas davantage à Sagnol, légèrement moins remonté mais tout de même volubile : « Clem, t’as pas le droit de rater ça ». Les joueurs, même s’ils font parfois preuve de maladresse, sont volontaires à l’image de ce contact entre Contento et Poundjé. Le premier nommé met son coéquipier sur les fesses mais s’inquiète rapidement pour son cuir chevelu très légèrement touché. La réussite face au but reste aléatoire avec une frappe réussie d’Ambrose face à Prior contre-balancée par un tir un peu trop mou de Touré facilement arrêté par Carrasso. Au milieu de ces actions sérieusement exécutées, un peu de fantaisie vient trancher avec le ton de la séance : Jérôme Prior déserte son but pour presser Wahbi Khazri. L’international tunisien se permet sur l’action suivante un drôle de coup du foulard pour centrer. Des gestes non commentés par Willy Sagnol ce coup-ci. Certainement content de l’investissement de son équipe, l’entraîneur en chef du FC Girondins de Bordeaux voit la séance se conclure par une tentative de débordement de Poko sur Diabaté. Le grand attaquant malien fait avorter l’action par un tacle rageur. Les trois coups de sifflet énergiques du coach viennent mettre un terme à l’entraînement. Si les joueurs girondins adoptent le panache affiché par leur entraîneur à l’occasion de cette séance, le derby de l’Atlantique pourrait être souriant pour le FCGB.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan