Carnet d’entraînement : Le calme avant la tempête
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Jeudi 9 mars 2017 : Avant de se rendre à Monaco samedi après-midi pour un choc de haut de tableau, les Girondins de Bordeaux ont effectué une séance relâchée concentrée autour d’une partie de tennis-ballon.
Le soleil est de retour au dessus du Haillan, et accompagne la douceur caractéristique de l’endroit si souvent évoquée par la presse pour illustrer le confort bordelais. Le terrain est presque à nu. Au fond du terrain d'entraînement, trois filets tendus évoquent des parties de tennis-ballon à venir. À l’opposé de l’espace presse, un parcours fait de coupelles, piquets et plots laisse deviner un parcours pour un joueur de retour de blessure. Eric Bedouet s’active pour terminer de mettre en place la série d’exercices pour le joueur en réathletisation pendant que le staff échange sur la pelouse, devant l’entrée des vestiaires. Les joueurs emboîtent rapidement le pas de leurs entraîneurs et se dispersent.
La majorité du groupe se dirige vers l’atelier tennis-ballon tandis qu’un petit groupe de quatre joueurs composé de Poundjé, Sabaly, Kaabouni et Pellenard reste dans la zone proche des vestiaires et commence à échanger quelques passes. L’ambiance est à la décontraction.
Plusieurs langues fusent lors des échanges entre les joueurs. Ici Vada parle en Espagnol, là-bas Malcom s’adresse en Brésilien à Plasil qui lui rend la pareille. Juchés sur leurs vélos, d’autres joueurs vont se dégourdir les jambes à bicyclette. Jérémy Toulalan et Nicolas Pallois font partie de ce groupe. « On fait des matchs de 6 minutes. On change de camp au bout de 3 minutes. » Eric Blahic édicte les règles du mini-tournoi que les joueurs vont se livrer.
Jocelyn Gourvennec est resté en lisière de terrain et s’entretient avec Alain Deveseleer. Rapidement, un autre homme vêtu d’un caban, aux allures d’homme d’affaire, rejoint les deux protagonistes pour discuter. À quelques mètres, Eric Bedouet prend en charge le groupe restreint dont fait partie Youssouf Sabaly. Le tennis-ballon est animé, les échanges accrochés. Eric Blahic demande aux joueurs de changer de camp. « Ah, le soleil. » Malcom se frotte les mains en changeant de terrain, ravi de pouvoir jouer avec le soleil dans le dos. Les joueurs pris en main par Eric Bedouet se font face, en file indienne, deux contre deux et échangent des ballons de la tête. Une fois le ballon transmis au partenaire, le passeur rejoint la file qui lui fait face en se positionnant derrière le coéquipier en train de réaliser la tête. L’exercice est dynamique, le mouvement perpétuel et rapide. « Attention les gars, allez ! » Eric Bedouet fait preuve de vigilance pour pousser les joueurs à ne pas faire tomber le ballon au sol, dans un équilibre qui se joue sur le fil du rasoir.
Derrière le petit groupe, Jean-Louis Triaud rejoint les hommes en train de converser avec Jocelyn Gourvennec. Le désormais ex-président des Girondins ne fait qu’une apparition furtive et disparaît aussi rapidement qu’il est arrivé.
Les joueurs du groupe Bedouet longent le grillage situé à l’opposé de l’espace de presse à coups de courses rapides pour couper avec l’exercice précédent. « Allez, petite accélération, rotation » demande le préparateur physique girondin. Kaabouni, Pellenard, Sabaly et Poundjé regagnent le centre du terrain après cet intermède. Des cris de joie tonitruants jaillissent de l’espace tennis-ballon. Arambarri, Rolan et Vada s’enlacent est exultent après un point victorieux face à l’équipe de Plasil et Malcom. « On tourne » décrète une nouvelle fois Eric Blahic qui veille à ce que les confrontations soient faites dans les règles de l’art. « On a déjà gagné la Ligue des Champions » annonce fièrement Valentin Vada, du nom du challenge fixé aux joueurs sur l’atelier. « Tu gagnes un match et du gagnes la Ligue des Champions ? C’est nouveau ça » lui rétorque Jaroslav Plasil mi-agacé mi-taquin. Les organismes sont préservés à deux jours du choc face à Monaco, ce qui contente une armée de pigeons, habituée à déserter le centre du terrain pendant le dernier entraînement ouvert au public de la semaine, mais qui profite allègrement du no man’s land du milieu de terrain pour faire la chasse aux vers de terre.
Malcom profite d’un changement de camp pour mettre un petit coup d’épaule chambreur à Rolan. L’équipe du Brésilien vient de gagner son point et pavoise pendant que Vada pousse un juron en Espagnol, sa langue maternelle. Les points sont disputés. Thomas Touré sort à son tour des vestiaires et entame un tour de terrain. Le milieu bordelais atteint le niveau du tennis-ballon et jette un oeil envieux au petit groupe en train de disputer la compétition. « Thomas » crie Valentin Vada. Touré se retourne et esquisse un sourire tout en continuant son tour de terrain. Pendant que Poundjé travaille l’explosivité, harnaché à un large élastique attaché aux grillages délimitant le terrain du complexe professionnel, Thomas Touré se met au travail sur l’atelier préparé par Eric Bedouet et sous la houlette de David Das Neves.
Quelques aller et retour ballon au pied sont au programme, en faisant des gestes variés, intérieur-extérieur et autres passements de jambes légers. Silhouette élancée, cheveux grisonnants, Stéphane Martin, le nouveau président des Girondins de Bordeaux, rejoint le groupe de discussion des administrateurs autour de Jocelyn Gourvennec.
« Ouais, ouais ». Le groupe Rolan-Vada-Arambarri crie à s’en érailler la voix. Un nouveau point vient d’être glané chèrement. Deux équipes terminent le tennis-ballon pour la finale du jour. Les autres joueurs s’éloignent de la zone en effectuant quelques passes. Poundjé, Kaabouni et Pellenard terminent leur séance en allongeant quelques ballons. De nouveaux éclats de voix viennent clôturer le tennis-ballon. Les joueurs se disputent la victoire finale. L’équipe de Valentin Vada semble avoir empoché la mise. À charge à l’équipe perdante, celle de Malcom, de défaire les filets et de ranger le matériel. Eric Blahic qui chemine avec un groupe de joueurs adresse un « Malcom » autoritaire mais paternaliste pour rappeler à son joueur de ramener un ballon qui traînait près du grillage. La plupart des joueurs sont rentrés aux vestiaires. Jorris Romil, dans les cages en position de gardien et Adam Ounas dans le rôle du frappeur font durer le plaisir sur le terrain, mais sont rapidement invités à rejoindre les vestiaires.
La discussion entre Jocelyn Gourvennec et les hautes autorités du club s’étire, et le groupe s’est bien garni avec la présence de Nicolas De Tavernost et Ulrich Ramé. Eric Blahic et Kévin Plantet, accompagnés de Franck Mantaux, viennent saluer leur nouveau président. L’entraîneur adjoint des Girondins s’insère quelques instants dans la discussion qui prend fin avec l’évaporation graduelle du groupe. Les coachs, eux, restent quelques instants sur la pelouse pour se parler et finissent par regagner leurs pénates.
Seul Thomas Touré prolonge l’entraînement, à la recherche de sensations pour pouvoir prétendre bientôt à un retour sur le terrains… Pour pouvoir aider un effectif girondin encore engagé dans deux compétitions avec des beaux objectifs devant lui. Première étape, un déplacement sous le doux soleil monégasque qui ne sera pas une sinécure.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan.