Carnet d’entraînement : Les gammes avant le tournant

18/02 - 08:44 | Il y a 10 ans

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Mercredi 17 février 2016 : Avec un groupe régénéré par des retours de blessures, les entraîneurs girondins ont impliqué un maximum de joueurs dans le travail du système de jeu. Entre routine des exercices et belles conditions de jeu sous un soleil chaleureux en début de séance.  

Le soleil réchauffe les visages. Il fait bon aux abords du terrain d’entraînement des professionnels. Si le froid ne venait pas rappeler que nous sommes en hiver, l’atmosphère ressemblerait à celle d’une fin de saison. Le terrain éclairé par les rayons de soleil donne envie aux sportifs amateurs de jouer au football. Les techniciens, Patrick Guillou et Sandy Guichard, s’affairent pour placer plots, coupelles et autres piquets sur l’espace de jeu. Il est 15h30. Patrick Guillou répond avec le sourire à un supporter qui lui propose avec humour de l’aide pour porter les buts : « Vous savez on a l’habitude. Ça me défoule en plus ». S’en suit un petit échange au sujet du gazon du terrain. « La pelouse est magnifique » commente l’entraîneur adjoint de l’équipe professionnelle. Tout est réuni pour bien s’entraîner. Comme à l’accoutumée, les gardiens font leur entrée en premier. Paul Bernardoni, sac de ballons à l’épaule, Lucas Bobe et Alexandre Brucato, rejoignent leur fond de terrain. Coin sacré pour l’échauffement des gardiens du temple. L’entraînement commence par des passes à une touche de balle. Avant d’enchaîner par diverses situations de jeu. Un exercice de ballons hauts à capter dans les airs sur des chandelles, puis deux cages rapprochées, barres transversales face-à-face en position horizontales, et une obligation de sortir les ballons arrivant en cloche, d’un côté ou de l’autre. « Allez, un, deux, trois, on la sort » harangue Franck Mantaux en envoyant les ballons sans répit. Les journalistes sont de la partie par ce beau temps et voient les joueurs de champ sortir du complexe d’entraînement équipés de chasubles. Très vite, l’échauffement traditionnel démarre. Pablo est au milieu de ses coéquipiers. Comme les autres il effectue sans ciller un travail de saut de haies. « Plus vite » demande Eric Bedouet à ses joueurs. Cette phase préliminaire d’entraînement est un peu plus longue qu’à l’accoutumée. Durant l’entraînement, deux groupes de chasubles de 10 éléments chacun vont se faire face. Les oranges sont composés de Frédéric Guilbert, Cédric Yambéré, Jean Ambrose, Milan Gajic, Mauro Arambarri, Abdou Traoré, Jussiê, Malcom, Enzo Crivelli et Isaac Kiese-Thelin. Pablo, Lamine Sané, Maxime Poundjé, Mathieu Debuchy, Clément Chantôme, Valentin Vada, Thomas Touré, Diego Rolan, Adam Ounas et Cheick Diabaté composent le groupe bleu. Outre les blessés habituels que sont Nicolas Maurice-Belay, Cédric Carrasso, Nicolas Pallois et Jaroslav Plasil pour les six prochaines semaines, Diego Contento et André Poko ne sont pas aptes. Au loin, on aperçoit, près de la salle de musculation, un joueur avec un ballon au pied en train d’observer ses coéquipiers. Grégory Sertic est présent et attend les consignes pour mener son entraînement personnalisé. 

« On joue à 10 contre 0 et il n’y a aucun but »

Toujours dans leur routine du dernier entraînement avant le huis-clos précédant le match de championnat, les joueurs se placent sur une portion de terrain pour faire un exercice de fluidité de jeu. « On va travailler la conservation avec la recherche des couloirs » tonne Sylvain Matrisciano. Les deux équipes se font face. Dès qu’un joueur effectue une passe à son partenaire, ce dernier doit prendre la place de son coéquipier. « Si on peut on joue à une touche » précise Matrisciano. Le ballon roule et les deux équipes s’accrochent. Guilbert reste au sol après un contact avec Diabaté. Rien de méchant, simplement un coup sur la tête en retombant. Les joueurs s’expriment, crient. Lamine Sané donne de la voix, tel un leader et encourage Touré : « Allez Thomas, c’est pas grave allez ». Willy Sagnol, silencieux jusqu’ici intervient : « L’objectif c’est d’aller d’un côté à l’autre rapidement. On construit dans l’axe et on renverse vite sur un côté ». Les passes se multiplient et Patrick Guillou fait le décompte pour chaque équipe. Le pied gauche, sec, d’Adam Ounas, change le jeu comme demandé par Willy Sagnol. Lamine Sané monte en intensité en orientant ses partenaires. Encore. L’exercice terminé, les joueurs savent de suite ce qu’ils ont à faire. Les distances s’élargissent, et presque sur un demi-terrain, tout le monde se positionne. Une équipe s’apprête à attaquer en préparant l’action face à quelques élément de l’autre équipes qui font office d’opposants statiques qui n’ont pas à interférer sur le jeu. Comme toujours, les entraîneurs souhaitent de la préparation en passant d’un côté à l’autre, puis une accélération soudaine grâce à une passe pour l’un des latéraux. Willy Sagnol ne met pas longtemps à râler. « Sur une action comme ça il faut un bleu là » pointe du doigt l’entraîneur bordelais en montrant une zone offensive et axiale du terrain. Sur l’action suivante, Sagnol précise, de façon tonique : « Le ballon, plus vite sur le côté. On sait que contre Nice il va y avoir une grosse densité au milieu avec leur losange, il faut travailler les passes rapides ». Le rythme est assez lent, et les coachs ne lésinent pas sur le ton de la voix pour mettre les joueurs dans de meilleures dispositions. « On joue à 10 contre 0 et il n’y a aucun but » tonne Willy Sagnol agacé. Eric Bedouet, de son côté, explique à Malcom qu’il doit sprinter sur l’aile pour se replacer après chaque offensive. Une nouvelle action, non-conforme à la volonté de jeu du staff, fait enrager l’entraîneur en chef des Girondins, qui cible Valentin Vada : « Valentin, oh, qu’est-ce qu’on a demandé quand on travaille sur un côté ? On a dit de chercher à l’opposé, c’est pas possible ça ». Sur l’action suivante, les oranges font le travail demandé, ce qui satisfait l’entraîneur bordelais. Sur un débordement de Jean Ambrose et un centre au cordeau, Thelin place une tête imparable qui vient se loger dans la lucarne de Lucas Bobe et ouvre le compteur buts de l’exercice.

Eric Bedouet ne lâche pas Malcom

Bientôt, Diabaté imite Thelin et vient fusiller Brucato d’une reprise de demi-volée après un amorti de la poitrine. « Malcom, allez » insiste Eric Bedouet qui fait travailler le Brésilien, sur chaque action, en lui demandant sans cesse de venir se replacer. Les actions s’enchaînent. Ounas reprend parfaitement un ballon du plat du pied mais Bernardoni, félin, s’étend à mi-hauteur et sort parfaitement le ballon. Malcom, étourdi, oublie encore de se replacer et Eric Bedouet ne lâche pas le jeune brésilien. Sur l’action suivante, l’ancien joueur des Corinthians décroche et sert Gajic à droite. Le jeune serbe centre pour Jussiê qui ne cadre pas. Sur cette action, Malcom vient se replacer tout seul en sprintant sous le regard approbateur d’Eric Bedouet qui encourage son joueur qui passe à proximité : « bien joué Malcom ». Le jeu commence à se fluidifier. Suite à un bon changement d’aile, Ounas récolte un centre qu’il convertit par une frappe à mi-hauteur bien sortie par Lucas Bobe. Le jeu prend forme et Gajic adresse un centre parfait pour Thelin, très en forme, qui ne se fait pas prier pour marquer d’une reprise de volée. Les circuits continuent de se mettre en place. Chantôme, axial, décale Debuchy qui trouve Rolan pour un plat du pied gagnant. « Tranquillement, on prend la possession, et ensuite on change le jeu, allez » incite Sagnol avant de mettre un terme à cet épisode de l’entraînement. Les distances s’allongent, les gardiens prennent chacun une cage. Bernardoni d’un côté, et Bobe accompagné de Brucato de l’autre, vont diriger chacun une équipe. L’opposition demandée est classique et les joueurs se placent à leurs postes de prédilection. Avant de débuter, Willy Sagnol prend Vada et Chantôme à part, au centre du terrain pour une explication. C’est parti. Le ballon est en jeu et Pablo, très affuté, effectue une intervention saignante. Lucas Bobe dirige sa défense en s’adressant à Debuchy ou Pablo : « Mathieu, dos… Pablo, dos ». Les changements d’ailes demandés dans les exercices précédents sont traduits sur le terrain. « Il y a Enzo qui est seul, Enzo qui est seul » crie Lamine Sané. Le jeu est plutôt bon mais manque d’imagination. « Il faut frapper » gronde Sané devant le manque de solutions offensives de son équipe. Thomas Touré profite de la situation pour placer une frappe sur la barre de Benardoni. « Voilà les gars il faut oser » se satisfait Sané. On distingue des duos au milieu de terrain des deux équipes, sortes de plaques tournantes du jeu demandé par le staff. Chantôme-Vada d’un côté et Traoré-Arambarri de l’autre. En défense, Sané et Pablo sont des patrons. Les deux équipes parlent, communiquent, hurlent parfois. L’opposition n’est pas éclatante mais le coeur y est. Une fois ce petit match ponctué par les coups de sifflet de l’entraîneur, certains joueurs rentrent aux vestiaires. D’autres partent effectuer des ateliers de force et d’explosivité avec Sandy Guichard, attachés à des charges garnies de poids. Arambarri, Touré et Malcom reprennent de volée des centres de Debuchy. Un peu plus loin, Pablo avec Sané et Gajic pavoise et éclate de joie. Sur un petit exercice de vitesse avec Eric Bédouet, le défenseur s’impose haut la main. On en oublierait presque Grégory Sertic s’il ne chambrait pas tout ce qui bouge. Le milieu bordelais qui travaille doucement le ballon avec David Das Neves est en phase de retour. Ce n’est que le début, mais c’est un grand pas pour le joueur formé aux Girondins. Un grand pas, c’est ce que devront franchir ses coéquipiers Girondins pour battre Nice vendredi et se donner un défi nouveau pour la fin de saison.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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