Carnet d’entraînement : Précision et efficacité
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Vendredi 17 février 2017 : Les Girondins ont inlassablement travaillé des circuits d’attaque, face à un brouillard dense, et sous les conseils d’un staff technique engagé et exigent.
Le brouillard a recouvert la plaine des sports du Haillan et le terrain des professionnels est comme noyé par un nuage qui se serait perdu entre le ciel et la terre. La grande bâche bleue habituellement tirée du côté du parking visiteurs a été retroussée, et le terrain est maintenant visible en arrivant à pied. Un « regardez qui arrive » fuse du côté des terrains de jeunes. Paul Bernardoni chemine vers la pelouse de la CFA en provenance du centre professionnel. Sur le terrain du groupe pro, des ballons sont regroupés en meute au milieu du terrain, face à quatre mannequins rouges représentant quatre adversaires devant leur buts : deux milieux défensif et deux défenseurs latéraux. Quelques silhouettes se distinguent au loin, mais seul Eric Blahic, dans les entrailles du brouillard, est reconnaissable. Les joueurs, par des fulgurances bleues marines, sont reconnaissables et font des petites courses devant leurs vestiaires. Jocelyn Gourvennec a rejoint Eric Blahic, et les deux techniciens échangent au milieu du rectangle formé par les mannequins au sujet de l’atelier qui sera proposé aux joueurs pendant une grande partie de la séance. Cet entraînement se fera sans Younes Kaabouni et Nicolas Maurice-Belay qui passent dans le dos des spectateurs et se dirigent vers le terrain d’entraînement de la CFA en compagnie de quelques jeunes joueurs. Abdou Traoré rejoint le contingent en trottinant, strappé d’une bande simple sous le genou.
« Un ballon pour trois, court, rapide, toujours en mouvement. » Eric Bedouet donne la cadence au moment où le groupe de joueurs perce le brouillard pour rejoindre le centre du terrain puis occuper l’espace à l’opposé des vestiaires et de la zone qui sera consacrée à l’atelier devant le but. Sabaly, Pallois, Toulalan, Plasil et Malcom ne font pas partie de ce groupe. Les trios se forment rapidement. Lewczuk, Gajic et Contento échangent des ballons, tandis que Jovanovic travaille avec Ménez et Ounas. « Vite, on bouge, ce ne sont pas que des passes » indique Eric Bedouet. Le préparateur physique bordelais demande du mouvement à ses joueurs et des tentatives de une-deux pour se préparer à l’entraînement. Après avoir démarré par des passes courtes, les ballons s’allongent. L’humidité créée par le brouillard accompagnée du froid toujours présent incite Eric Bedouet à être vigilant sur le dynamisme. Adam Ounas arbore un bandage entourant le genou et se terminant en haut du tibia. Les joueurs permutent et doivent faire vivre leurs passes avec plus d’intensité. Les ballons claquent comme des pop-corns. « Bouge, bouge Adam » illustre Eric Bedouet en ouvrant ses bras.
Un coup de sifflet sec retentit. « Allez, venez par là ». Eric Blahic tape dans ses mains et bat le rappel. Rapidement, l’entraîneur adjoint place les joueurs sur la zone du terrain consacrée à l’exercice, dos aux vestiaires et au but, et face à Jovanovic et Lewczuk en position de lanceurs de jeu. Un circuit de jeu, qui restera le même tout au long de l’entraînement avec plusieurs déclinaisons, est décrit précisément par Eric Blahic. Un circuit en dix temps successifs partant de Lewczuk côté droit pour Jovanovic à ses côtés. Le jeune serbe trouve Pellenard à sa gauche pour un une-deux avant de servir Vada en décrochage axial. Le milieu argentin retrouve Lewczuk qui joue dans la profondeur pour Laborde, dans le dos de Vada. La phase de préparation est suivie à cet instant par la phase d’attaque avec une passe de Vada pour Gajic collé à l’extrémité du terrain, à droite. Le latéral serbe trouve Arambarri dans un espace excentré dans la surface. Le jeune uruguayen centre pour Vada et Laborde qui ont suivi l’action et ont plongé. Le même circuit existe à gauche avec la participation supplémentaire de Contento et Sankharé. Ménez, Kamano et Ounas alternent avec Laborde. Jocelyn Gourvennec siffle pour lancer le jeu et distille ses premiers conseils : « Mettez de suite de la vérité sinon ça ne va pas le faire. »
Vada effectue un décrochage pas assez franc et se fait reprendre par son entraîneur : « Valé si tu crois réussir à avoir le ballon comme ça en match tu te trompes. » Le technicien breton insiste sur la nécessité de trouver le latéral le long de la ligne de touche sur la deuxième passe, afin d’étirer le bloc adverse. Les premiers jeux donnent satisfaction aux entraîneurs girondins qui doivent remonter le curseur sur les actions suivantes. « Vivant, vivant » insiste Jocelyn Gourvennec. Vada loupe sa passe en retrait, repris instantanément par un Jocelyn Gourvennec qui met de l’intensité dans sa séance et enrage : « Valé, Valé, exigeant. » Les remontrances s’enchaînent avec Eric Blahic qui déplore le résultat d’une action mal préparée : « C’est mal parti, ça finit mal, c’est toujours comme ça. » Jocelyn Gourvennec surenchérit en montant le ton : « Ça ne sera pas nickel le weekend si ça ne l’est pas ici, oh ! Ce n’est pas un passe-temps l’entraînement » L’exercice évolue avec la nécessité de présenter deux attaquants dans la surface, en plus du milieu de terrain qui accompagne l’action et plonge. Adam Ounas met une belle volée après un centre venu de la droite impossible à exploiter pour Kamano, mais Prior sort le ballon du cadre avec un plongeon près du sol. « Vous n’êtes pas concentrés sur l’avant-dernière passe, vous n’êtes pas en mouvement, vous ne vivez pas l’exercice » regrette Eric Blahic. Arambarri très actif pendant la séance place un centre parfait conclu du plat du pied par Ounas. « Bien joué Adam » encourage Jocelyn Gourvennec qui supervise la séance derrière les défenseurs centraux, et a une vue d’ensemble sur les mouvements de son équipe tandis qu’Eric Blahic est au coeur de l’action, et bouge autour du terrain.
Le jeu commence à prendre et Ménez réussit un contrôle dans la surface, suivi d’une feinte, pour prendre Carrasso à contre-pied. Eric Blahic met la pression à Valentin Vada en l’oppressant pendant que ce dernier est occupé à jouer avec ses défenseurs. « Il y a du monde dans ton dos. » « Si le jeu ne permet pas ce qu’on avait préparé, allez sur autre chose » remarque Eric Blahic qui souhaite que ses joueurs passent par une nouvelle phase de préparation et un changement de jeu en cas de circuit défectueux au départ. Jocelyn Gourvennec donne des indications en Anglais à Jovanovic et Lewczuk. Le deuxième défenseur central doit maintenant allonger à l’opposé au lieu de jouer court du départ. Lorsque le ballon revient aux défenseurs centraux, les milieux décrochent comme pour aspirer leurs adversaires et c’est l’attaquant de pointe qui est trouvé lui aussi en décrochage avant de jouer sur le côté. Adam Ounas manque sa reprise suite à un centre et tente un ciseau retourné dans la foulée qui passe à côté. « Adam, tu dois finir sur la première » insiste Eric Blahic. Jocelyn Gourvennec participe maintenant au jeu. « Préparez encore avec moi » demande le coach girondin à ses défenseurs centraux. Vada décroche. « Ça vient Valé » crie l’entraîneur bordelais pour mettre la pression à son joueur qui rate sa remise pour Lewczuk. « Et on se prend le pressing dans la tête » souligne Jocelyn Gourvennec fataliste. Jovanovic qui dose tous ses ballons longs à merveille trouve la tête d’Arambarri qui remet sur Lewczuk, lequel peut jouer sur l’aile. L’action se termine par une tête victorieuse de Kamano.
Sur l’action suivante, Lewczuk place un long ballon aérien que Contento parvient difficilement à maîtriser. « C’est trop dur ça Igor. » Jocelyn Gourvennec demande de rejouer la séquence. L’international polonais des Girondins adresse une nouvelle passe trop forte et s’excuse auprès de Mauro Arambarri, s’invectivant au passage. Petit à petit, le jeu se fluidifie, les joueurs prennent la mesure, les décrochages se font dans le bon tempo, et les décalages sur les ailes se font plus rapides. « Magnifique » ponctue Jocelyn Gourvennec après une action propre marquée par des passes rectilignes. La qualité de la passe longue est primordiale dans le jeu pour permettre de gagner du temps sur les adversaires. Younousse Sankharé ne tremble pas en marquant d’un tir sec après un centre de Kamano. Eric Blahic insiste sur le positionnement de l’ancien bastiais qui doit demander le ballon dans une zone située entre le latéral et le défenseur adverse pour éviter d’être bloqué par le défenseur de couloir. « En match ne tournez pas le dos au jeu, vous devez garder l’attention à l’entraînement pour l’avoir en match » fait remarquer Eric Blahic après une frappe de Laborde qui tape les deux poteaux avant de rentrer difficilement dans le but.
La fin de l’entraînement se profile et plus de liberté est accordée aux joueurs tout en conservant les notions de préparation, renversement, décrochage, aspiration de l’adversaire et accélération. Quand un ballon manque de vitesse d’un côté, les joueurs doivent de nouveau préparer l’action en sortant vers l’arrière. Gaëtan Laborde marque d’une tête piquée puissante. Un dernier but conclura l’entraînement. « Valé, forcez-vous à jouer sous pression » indique Eric Blahic. « Ces passes à trois mètres ne m’intéressent pas » déclare froidement Jocelyn Gourvennec, rapidement suivi par son adjoint, Eric Blahic : « Gardez vos distances de passes. » Contento effectue une ouverture trop profonde et précipitée pour Pellenard qui centre pour Ounas, lequel marque. « Non, ce n’est pas préparé ça, ça ne surprend pas l’adversaire » regrette Jocelyn Gourvennec qui demande à rejouer l’action. Sankharé effectue une transversale millimétrée pour Gajic qui centre pour Ménez. L’ancien milanais talonne mollement pour Arambarri qui frappe au dessus. « On commence bien, on finit mal » soupire Jocelyn Gourvennec. Théo Pellenard marque sur l’action suivante après une série de passes avec rebonds et sans fluidité. « Il manque un petit truc, ça doit être nickel du début à la fin » commente l’entraîneur principal des Girondins qui ne veut pas terminer la séance de cette manière.
La séance tire sur la fin, comme pour repousser le brouillard qui est en train de laisser sa place au soleil. À plusieurs reprises, Jocelyn Gourvennec incite ses joueurs à terminer la séance de bonne manière et remet le ballon en jeu irrémédiablement avant de décider de façon plus ferme du dernier ballon de l’entraînement. « Gardez votre rythme de passes ». Eric Blahic hausse le ton, met la pression, comme pour pousser le jeu à aboutir par une belle action ponctuée par un but. Milan Gajic qui hérite du ballon sur l’aile adresse un centre pour un tir de Laborde qui part au dessus de la barre. Les trois coups de sifflet de fin retentissent. L’entraîneur bordelais renvoie chaque ballon à ses pieds vers les cages tandis que les joueurs se chargent de ramener les mannequins. Le ciel est maintenant bien plus clair, et la lumière fluide. Le jeu girondin, qui s’est amélioré au fil de la séance, devra en être la métaphore dimanche face à Guingamp.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan