Girondins de Bordeaux, AS Saint-Étienne : deux monuments du football français au bord du précipice

16/12 - 07:43 | Il y a 6 mois
Alors que les deux clubs s’affrontent ce samedi pour la 18e journée de Ligue 2, leurs trajectoires communes n’incitent pas à l’optimisme.
Girondins de Bordeaux, AS Saint-Étienne : deux monuments du football français au bord du précipice

© Iconsport

Si les supporters bordelais et stéphanois sont liés par l’amitié depuis plusieurs années, ils vont devoir se serrer un peu plus les coudes dans une fin d’année 2023 où plus rien ne va des deux côtés. Premier relégables de Ligue 2, les Girondins de Bordeaux reçoivent ce samedi (15h) une équipe de Saint-Étienne mal en point qui vient d’enchaîner cinq défaites de suite avec en prime une élimination au huitième tour par Nîmes, équipe de National.

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Dall'Oglio pour relancer l'espoir dans le Forez

 
En conséquence de cette série désastreuse chez les Verts, Laurent Battles a été débarqué et Olivier Dall’Oglio a été intronisé cette semaine pour relancer le club du Forez. Ce sont donc deux équipes malades qui vont s’affronter au Matmut Atlantique pour tenter déjà de sauver leur saison. Présents en Ligue 1 il y a encore deux ans, Bordelais et Stéphanois sont à la recherche d’un second souffle.

Interrogé par WebGirondins, Julien Parisot suit les deux clubs pour MaLigue2. Le journaliste estime que l’anomalie est surtout du côté des Bordelais cette saison. “Pour ma part, Bordeaux dispose d'un effectif un peu moins déséquilibré que Saint-Étienne, qui a certes de bons joueurs de couloirs mais peut-être pas les profils qu'il fallait à Laurent Batlles pour lui permettre de réussir. Même si les Verts ont beaucoup investi l’hiver dernier, vu la différence de mercato des deux clubs à l'été 2023, c'est absolument délirant que les Girondins ne soient pas plus haut. J'en attends bien plus de Vipotnik, Davitashvili, Nsimba ou Bokélé, ce n'est pas normal que Bordeaux soit relégable.”

Avec 11,4 millions d’euros dépensés lors du dernier marché des transferts contre 3,4 millions pour les Verts, les Girondins ont eu un train de vie inhabituel pour un club de Ligue 2. Si les Bordelais ont déploré plusieurs départs majeurs dont Bakwa, Mwanga et Maja, David Guion n’a pas su reproduire l’alchimie de la saison dernière et a fini par prendre la porte.

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"Chez Riera, au moins il y a de la passion et ça s'entend"



Pour le remplacer, Admar Lopes et Gérard Lopez ont jeté leur dévolu sur Albert Riera, qui s’est fait une réputation en Slovénie. Pour l’instant, le technicien espagnol n’a pas su confirmer ses promesses et son ton en conférence de presse fait grincer des dents. “On voit que certaines sorties un peu sans filtre d'Albert Riera lui reviennent dans la figure, analyse Julien Parisot, et pourtant moi j'aime voir des entraîneurs et joueurs qui sortent un peu du cadre, qui disent concrètement ce qu'ils pensent tant que ça reste fair-play et légitime. Cela donne de l'intérêt à suivre ces conférences de presse qui sont un peu toutes similaires en général, au moins il y a de la passion et ça s'entend. Par contre, puisque les résultats sont absents, beaucoup en profitent pour se moquer de certaines sorties médiatiques, bon...”

Du côté des Verts, pas de comparaison hasardeuse entre leur gardien de but et Zinédine Zidane. Contrairement à leurs homologues bordelais, le club du Forez se fait discret dans les médias dans le contexte actuel. “Je pense surtout que l'ASSE joue la carte de la sûreté et de l'humilité, ajoute notre confrère, comme ils devraient sans doute le faire dans leur position parce que leur classement et surtout leur jeu n'est vraiment pas très impressionnant, tandis que Bordeaux sait qu'il devrait être beaucoup plus haut et ça doit bien agacer tout le monde au club ces résultats plus que médiocre. De là à tomber dans la caricature du mauvais perdant, il n'y a qu'un pas.”
 

"Remettre au goût du jour ces valeurs"


Présenté face à la presse mardi à Saint-Étienne, Olivier Dall’Oglio a rappelé le poids de l’histoire au sein de ce club, et les responsabilités en conséquence pour les joueurs. “La première des choses, c'était de leur dire qu'ils sont dans un grand club, qu'il y a une grosse attente, dans une ville qui vit au rythme du football. Je viens moi-même d'une petite ville minière, d'une famille ouvrière. Je sais ce que représentent ces attentes et je me retrouve dans ces valeurs-là. Je leur ai parlé d'état d'esprit, des valeurs qu'il va falloir avoir sur le terrain. Ces valeurs, ils les ont eues par moments. Il va peut-être falloir les remettre au goût du jour.”

C’est donc dans un moment incertain que deux des grands noms du football français vont se retrouver samedi pour ne pas sombrer. Si les Girondins ne veulent surtout pas basculer en National, une nouvelle montée ratée en Ligue 1 risque bien d’être tout aussi préjudiciable. “D'une manière générale, plus les saisons passent en L2 et moins de jeunes talents peuvent émerger et être vendus très cher pour soutenir le train de vie démesuré de ces deux équipes. C'est pour ça que je suis très pessimiste tant que ces deux équipes ne seront pas montées ou n'auront pas adapté leurs dépenses à la réalité économique de ce championnat. Un projet doit être anticipé et préparé en amont, au risque de finir comme Sochaux”, conclut Julien Parisot, qui résume bien les craintes mais aussi la déconnexion à la réalité de ces deux clubs angoissés à l’idée de basculer un peu plus vers la catastrophe et l’anonymat. 
 
Adrien Mathieu