Girondins : décryptage du système

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Contre l’Olympique Lyonnais, le système en 3-4-2-1 mis en place par Paulo Sousa depuis son arrivée à la tête de l’équipe a montré certaines de ses forces et de ses faiblesses. Décryptage.
S’il ne fait désormais guère de doute que la saison 2018-2019 des Girondins de Bordeaux s’apparente comme une vraie transition en interne, elle est également sur le grand rectangle vert où les joueurs au scapulaire s’adaptent petit à petit à la formation mise en place par Sousa, mais aussi aux exigences de ces dernières. Depuis l’arrivée de l’entraîneur lusitanien à la tête des Marine et Blanc, Bordeaux n’a cessé de jouer en 3-4-2-1. La rencontre contre l’Olympique Lyonnais perdue dans les derniers instants (2-3) montre certaines controverses. Lors de la première demi-heure, l’équipe girondine a connu de réelles difficultés à tenir le ballon, mais aussi dans le pressing adversaire laissant l’OL organiser son jeu selon son bon vouloir. Face à un pressing lyonnais très haut, les hommes de Paulo Sousa ont eu notamment des problèmes dans la relance rapide pour malmener le bloc adverse. Sans la possession du ballon, les coéquipiers de Jimmy Briand ont réalisé un pressing quelque peu disparate. L’ancien Guingampais menait le pressing tout en demandant à ses partenaires de réaliser un pressing haut et rapide pour gêner la relance lyonnaise. Sur certains moments, on a pu voir Jimmy Briand donner quelques consignes à François Kamano pour bien le réaliser. Sur les rares incursions bordelaises, les Marine et Blanc se sont fait prendre à quelques reprises en contre. Une aubaine pour l’équipe lyonnaise qui peut perforer très rapidement de par la vitesse de Cornet, Fékir ou encore Depay. L’exemple le plus concret est à la 5e minute de jeu où l’international hollandais profite de l’espace donné par les joueurs bordelais. Encerclé par 5 joueurs au scapulaire, aucun joueur ne semble être en mesure de bloquer la course de l’attaquant lyonnais.
Si Toma Basic est l’un des joueurs à pouvoir s’opposer à Depay, il semble être attentiste sur la situation et ne fait que subir l’action. Ceci va donc obliger à Youssouf Sabaly, qui s’occupait de la course de Nabil Fékir, à tenter de gêner au maximum Memphis Depay. Une solution de la dernière chance qui va être un véritable échec puisque l’ancien joueur de Manchester United va pouvoir offrir le ballon à Fékir, mais Pablo s’oppose et gêne au maximum l’international français pour qu’il ne puisse terminer son action par un but.
Lorsque Bordeaux a le ballon, la philosophie de jeu de Paulo Sousa est très claire. À l’image de ce qu’il a pu montrer quand il était l’entraîneur de la Fiorentina, la priorité est de trouver rapidement les extérieurs pour solliciter les latéraux qui sont généralement très hauts. Dans ce secteur de jeu, les Marine et Blanc doivent rapidement progresser et notamment le milieu de terrain. Sur l’action suivante, la défense lyonnaise est déséquilibrée et une solution d’utiliser la profondeur s’offre à Toma Basic. Pendant que Marcelo est au marquage individuel sur Briand, Kenny Tete abandonne légèrement son couloir ce qui laisse de l’espace à Maxime Poundjé. Au lieu de solliciter l’extérieur et prendre un risque de jouer vers l’avant, le milieu de terrain croate va réaliser une passe latérale à Otavio qui va, par la suite, solliciter le latéral gauche bordelais. Mais il est déjà trop tard puisque la brèche s’est déjà refermée.
L’absence de jeu rapide vers l’avant par l’entre jeu bordelais va donner plus de responsabilités aux défenseurs centraux avec notamment Jules Koundé et Pablo qui vont multiplier le jeu long pour trouver Youssouf Sabaly ou Maxime Poundjé. Et comme les Girondins de Bordeaux n’ont pas la main mise sur le match, ils sont sous la menace du pressing lyonnais à l’image du premier but lyonnais inscrit par Memphis Depay. Suite à un pressing très haut de Tanguy N’Dombélé, Otavio perd le cuir et une solution de contre voit le jour avec Maxwell Cornet.Avec les placements très hauts de Maxime Poundjé et de Youssouf Sabaly, les Marine et Blanc doivent défendre à trois contre trois.
Memphis Depay profite de la lecture du jeu (et du ballon) de la part de Pablo et Koundé pour s’engouffrer entre les défenseurs centraux. Maxwell Cornet n’a plus qu’à centrer au deuxième poteau pour l’international hollandais qui vient crucifier Benoît Costil.
Toutefois, si Bordeaux n’a quasiment pas existé pendant la première demi-heure, les joueurs au scapulaire ont montré que sur certaines phases de jeu rapides, le jeu des Girondins était en progrès. Alors que Marcelo essaie de solliciter Maxwell Cornet sur un renversement de jeu, Maxime Poundjé lit parfaitement la trajectoire du ballon et gagne son duel aérien pour transmettre le ballon à Nicolas De Préville.
L’ailier gauche contrôle et parvient à trouver dans l’axe Toma Basic qui réagit rapidement pour lui donner dans le ballon dans l’espace vide. Grâce à cela, Nicolas De Préville prend le milieu de terrain lyonnais (Aouar, N’Dombélé et Tete) de vitesse pour provoquer un deux contre trois. Il s’appuie sur Briand à l'aide d'une 1-2 et l'attaquant bordelais lui remet instantanément. Le numéro 12 bordelais n’a plus qu’à conclure l’action pour permettre aux Marine et Blanc de mener 2-1 avant la pause.
Si Paulo Sousa a encore du pain sur la planche pour que son équipe prenne plus régulièrement les décisions, les choses semblent être en bonne voie, mais demandent nécessairement du temps. Face au SCO Angers, les Girondins devraient avoir une tout autre opposition au stade Matmut Atlantique et pourront montrer les enseignements du coach lusitanien avec le monopole du ballon. Si la défense va être une nouvelle fois inédite avec un trident Lauray-Pablo-Cissokho qui semble se dessiner, les Bordelais vont devoir se montrer plus entreprenants que contre les Lyonnais pour s’assurer définitivement le maintien dans l’élite du football français. Éléments de réponse samedi sous les coups de 22h.
Florian Sabathier
*NB : Source image Canal+/MyCanal