Un Bordeaux à deux visages [Retour sur Bordeaux-Osasuna]

07/08 - 00:35 | Il y a 10 ans

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Plutôt séduisants en première période, avant d’oublier de jouer en deuxième, les Girondins ont montré deux visages différentes samedi soir à Saint-Jean-de-Luz à l’occasion du match face à Osasuna soldé par un nul (1-1). À la décharge du club bordelais, l’opposition espagnole, très physique, a souvent empêché le jeu de se dérouler.

À une semaine de la rentrée des classes, les Girondins s’étaient déplacés à Saint-Jean-de-Luz avec l’idée de peaufiner leur collectif pour être prêt face à Saint-Etienne. Osasuna, l’adversaire du jour n’a rien d’un cadeau. Remontée en Liga après un passage en deuxième division, le club de Pampelune est fier, à l’image de son bus flambant neuf aux couleurs rouges, stationné dans la rue, juste à côté du stade, à l’opposé du bus plus neutre qui véhicule les Girondins depuis le début des matchs amicaux. Le stade dans lequel la partie est prévue est entouré de belles maisons basques, et le terrain est aussi atypique que les gradins en bois des tribunes, avec des endroits bosselés, notamment au niveau du rond central et des surfaces de réparation.

Dans l’enceinte, les maillots d’Osasuna sont plus nombreux que les Girondins, et quelques intrus, ou presque, maillots de Saint-Etienne, du PSG, de l’Atletico Madrid ou de la Real Sociedad sur le dos, sont présents, signes de supporters vacanciers qui ont profité de l’aubaine pour assister à un bon match sur le papier. À une demi-heure du coup d’envoi, Jérôme Prior, Franck Mantaux et Paul Bernardoni entrent sur le terrain. Les deux premiers, en tenue, commencent leur échauffement, tandis que l’ancien gardien troyen, en survêtement, va rapidement prendre place sur un petit banc de touche individuel. Rapidement, l’équipe girondine suit ses gardiens et pénètre sur la pelouse sous les applaudissements, et deux groupes se forment. Les titulaires et les remplaçants. Prior gardera les cages devant une défense composée de gauche à droite de Poundjé, Pallois, Guilbert et Sabaly. En récupérateur, le capitaine Plasil est associé à Vada en prévision du match face à Saint-Etienne où Jérémy Toulalan purgera un match de suspension.
Touré à gauche et Traoré à droite sont placés en position de milieux offensifs tandis que Malcom et Laborde formeront la paire d’attaquants. Carrasso qui a rejoint le coin des gardiens est remplaçant tout comme Pellenard, Contento, Kamano, Toulalan, Thelin, Gajic et Arambarri qui forment un cercle et font un toro. Ounas et Kaabouni sont aussi prévus en tant que suppléants mais font un échauffement à part. Le groupe de remplaçants se met à effectuer une «Brésilienne» dont le but est d’éviter que le ballon ne tombe. L’ambiance est bon enfant, et le joueur fautif d’avoir fait tomber le ballon reçoit une petite pichenette derrière l’oreille de la part de tous ses coéquipiers.
Tout le monde s’y met de bonne grâce sur Arambarri ou Thelin, même Toulalan et Kamano, les nouvelles recrues. Après que les titulaire ont parlé en petit groupe fermé, quelques joueurs vont effectuer un travail de frappe au but avec le préparateur physique Kévin Plantet en appui. En face, l’entraînement d’Osasuna est dynamique, rapide, et monte en pression avant de regagner les vestiaires. Les Girondins repartent eux aussi aux vestiaires, sous les applaudissements. Seul Cédric Carrasso n’ignore pas le public et applaudit les spectateurs présents.

Jérémy Ménez, dont tout le monde scrutait une éventuelle apparition, regagne le banc de touche. Des bancs de touche au sens premier du terme, où l’ancien milanais, la tête recouverte d’un gros bandage, retrouve Paul Bernardoni et Nicolas Maurice-Belay en civil. Les joueurs des deux équipes apparaissent à leur tour. Après avoir pris la traditionnelle photo, les deux formations prennent place. Bordeaux attaque de la droite vers la gauche pour cette première période. Le match démarre à la 4eme minute avec un corner de Malcom qui met la défense d’Osasuna sous pression et un imbroglio entre joueurs girondins et espagnol donne des sueurs froides avant qu’un défenseur d’Osasuna ne dégage le ballon en catastrophe. On peine à entendre le traditionnellement volubile Jérôme Prior.

Et pour cause, le portier espagnol, avec un style à la Ruffier au niveau physique, hurle sans cesse après ses coéquipiers. Et cela porte ses fruits à la 5eme minute. Nicolas Pallois dégage approximativement sur Youssouf Sabaly qui tente à son tour de dégager le ballon mais se fait contrer par un adversaire. L’attaquant d’Osasuna progresse dans la surface et Nicolas Pallois tente à son tour de dégager le ballon mais manque son geste et le ballon arrive dans les pieds de l’attaquant après un cafouillage. Imanol Garcia se jette et marque sans que Prior ne puisse intervenir (0-1, 5eme). Les Girondins ont du mal à se mettre en route et Jocelyn Gourvennec crie après une mauvaise passe de Malcom pour Touré dans la surface. Osasuna insiste à la 10eme minute avec une frappe à l’entrée de la surface bien arrêtée au sol par Prior. À la 14eme minute, Bordeaux sort son premier bon mouvement du chapeau. Poundjé demande le ballon dans son couloir et remet le ballon de la tête à Touré après une ouverture de Plasil. Touré rejoue avec Poundjé dans l’espace et ce dernier adresse un centre au cordeau pour Laborde dont la tête est contrée par un défenseur. Le match est tendu malgré cette occasion, et Osasuna met le pied régulièrement et fermement.
Jocelyn Gourvennec se lève, appelle Traoré à trois reprises, sans être entendu, et se prend la tête à deux mains. Dans un autre style, l’entraîneur d’Osasuna ne cesse de parler et de faire les cent pas devant son banc. Après une nouvelle faute basque, Bordeaux obtient un coup-franc bien placé, côté gauche, à deux pas de la surface de réparation. Le gardien d’Osasuna, aussi tendu que son équipe, tape violemment sur son poteau en hurlant sur son mur. Touré se charge du coup-franc et l’enveloppe parfaitement. Le ballon est rentrant, et Frédéric Guilbert est le seul à avoir bien senti le coup. Le défenseur central bordelais devance ses adversaires et place une tête à bout portant qui ne laisse aucune chance au gardien et donne l’égalisation à Bordeaux (24eme, 1-1). Les Girondins prennent leurs aises dans le jeu et à la 29eme minutes, Vada et Touré combinent bien dans l’axe. Le milieu offensif gauche bordelais du soir délivre un très bon ballon pour Malcom qui est contré au moment de la frappe. Alors qu’une faute est sifflée contre Malcom une minute plus tard, le gardien atypique d’Osasuna s’assoit au sol et demande le changement. Côté gardien toujours, Jérôme Prior est chargé dans les airs sur le corner suivant et prend le ballon à bout portant au sol par un joueur qui avait continué à jouer malgré le coup de sifflet de l’arbitre. Ce dernier hérite d’un carton jaune, notamment pour une attitude désinvolte alors que l’arbitre lui demandait de venir écouter ses explications.

L’arbitre siffle la fin de la première mi-temps sur le score de 1-1. Bordeaux a la mainmise sur la rencontre, mais l’opposition rugueuse d’Osasuna empêche le développement du jeu. François Kamano s’échauffe sur le terrain avec Kévin Plantet jusqu’au retour de ses coéquipier, avant de poursuivre sa préparation derrière le but de Prior. Le match redémarre et Cédric Carrasso, heureux sur le banc, prend Nicolas Maurice-Belay sous son épaule. Les deux acolytes vont être aux premières loges pour voir le premier fait marquant de la deuxième période. Sur un ballon dans les pieds de Plasil, en phase d’aération du jeu vers la droite, Fausto Tienza effectue un tacle les deux pieds en avant sur le joueur bordelais qui s’effondre et crie de douleur.

L’arbitre n’hésite pas et distribue un carton rouge, suite logique de l’engagement limite des joueurs de Pampelune. L’international tchèque se relève, mais le geste aurait pu le blesser gravement. Jocelyn Gourvennec décide de faire entrer Gajic et Kamano à la place de Sabaly et Traoré à la 55eme minute. Abdou Traoré fait mine de regagner les vestiaires, mais le coach bordelais le rappelle à l’ordre et lui indique sa place sur le banc de touche.

Le rythme de la deuxième période est lent, et il faut attendre la 58eme minute pour voir Plasil enrouler un ballon du gauche qui ne passe pas loin du cadre. Deux minutes plus tard, c’est à Kamano, qui a permuté avec Touré, de se remettre sur son pied droit côté gauche et de placer une frappe avec rebond qui ne trompe pas le gardien. La deuxième mi-temps est pauvre en jeu, et une frappe non cadrée d’Osasuna vient se figer dans les haies placées en bordure autour de la piste d’athlétisme qui entoure le stade. Valentin Vada récupère un ballon haut avec une agressivité positive et tente d’animer le jeu. Il transmet à Gaëtan Laborde qui feinte une frappe pour s’ouvrir le chemin du tir, mais sa tentative passe à côté. Les fans d’Osasuna se mettent à chanter et à mettre l’ambiance en tribune alors que le match tourne au ralenti. À la 65eme minute, Adam Ounas remplace Thomas Touré et Jérémy Toulalan prend la place de Jaroslav Plasil et son brassard de capitaine. Ounas ne tarde pas à se mettre en évidence avec un dribble et un fauchage d’un joueur dans la foulée, donnant un nouveau carton à un joueur basque. Le milieu bordelais est agacé et le fait savoir à l’arbitre, puis à son adversaire sur une action suivante. De nouveaux changements interviennent à la 79eme minute avec l’entrée de Contento à la place de Poundjé et le remplacement de Laborde par Thelin.

L’attaquant suédois hérite deux minutes plus tard d’un ballon dans la surface mais fait preuve de maladresse et se retrouve déséquilibré en tentant un dribble. Ounas, de son côté, est encore victime d’un coup sur la cheville après une tentative de dribble le long de la ligne de touche, dans le camp bordelais. Bordeaux, en supériorité numérique, ne parvient pas à se créer d’occasion sérieuse, et la frappe de Malcom, à l’extérieur de la surface, est directement bloquée au sol par le gardien espagnol à la 89eme minute. Le coach d’Osasuna fait le spectacle, dans une mi-temps sans vraie occasion, en réalisant un contrôle, pied sur le ballon, après un ballon aérien retombé devant lui.

L’arbitre siffle trois fois pour entériner ce match nul 1-1, âpre et hétérogène dans le contenu. Frédéric Guilbert, toujours aussi disponible et souriant, notamment avec les enfants qui l’approchent, profite de ces derniers instants particuliers pour signer les autographes et prendre les photos demandées par les petits supporters. Dans une semaine, Bordeaux rentrera dans le bain et devra augmenter la cadence pour s’imposer face à Saint-Etienne.

Par Florian Rodriguez à Saint-Jean-de-Luz

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