Carnet d’entraînement : Travail de précision

01/02 - 16:24 | Il y a 7 ans
Carnet d’entraînement : Travail de précision

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Jeudi 1er février 2018 - Le Haillan : À deux jours d’un déplacement périlleux à Strasbourg, les Girondins ont travaillé en trois groupes sur un terrain annexe permettant une large vision du jeu aux spectateurs. Si les défenseurs ont perfectionné leurs passes longues, les attaquants et milieux de terrains défensifs ont travaillé essentiellement face aux buts. 

Une petite camionnette blanche de location est présente à l’entrée du terrain faisant directement face au parking réservé aux visiteurs du centre d’entraînement du Haillan. Le véhicule permet à l’équipe réserve de transporter du matériel en provenance de ses locaux sur ce terrain qu’elle utilise habituellement. Mais la silhouette longiligne de Gustavo Poyet, le gabarit trapu de Malcom ou le crâne rasé du nouvel arrivant Martin Braithwaite, arrivant à pied et se dirigeant vers le terrain, confirment que ce sont bien les professionnels qui vont prendre possession de cet espace de gazon. Depuis l’été dernier et les séances de reprises sous Jocelyn Gourvennec, Eric Blahic et Kévin Plantet, le groupe n’avait guère délaissé son terrain habituel que pour une excursion sur le terrain synthétique. En deux semaines, Gustavo Poyet aura testé deux terrains annexes et continute de découvrir son nouvel outil de travail. Rapidement, les joueurs envahissent le terrain, où la main-courante donne un accès presque direct aux joueurs, sans grillage pour compliquer la vision du jeu aux spectateurs. Sous un ciel couvert laissant filtrer quelques rayons de soleil, Eric Bedouet prend en charge le groupe au niveau du rond central. Les joueurs enchaînent les courses spécifiques à allure lente dans le sens de la largeur. Quelques courses en arrière accompagnées de talons-fesses s’enchaînent. Mauricio Taricco, l’entraîneur adjoint de Gustavo Poyet, participe aux foulées en enchaînant les déplacements latéraux. 

Sur le terrain, on retrouve quatre mini-cages le long de la ligne de touche. Des rangées de piquets, par trois à gauche et à droite, sont positionnés du côté de chaque but. Au milieu de la pelouse ce sont des plots délimitant des zones de jeu qui se font face, distanciées d’une vingtaine de mètres. Gustavo Poyet et Fernando Menegazzo, proches du groupe, échangent quelques mots. Après cinq minutes d’échauffements, les joueurs se placent face aux quatre cages. Mauricio Taricco indique en Espagnol le positionnement des joueurs près des mini-buts. Gustavo Poyet demande à montrer l’exercice. Un joueur situé près du but monte balle au pied vers un partenaire situé à trois mètres, effectue un dédoublement avec ce dernier qui enchaîne par un une-deux avec un coéquipier à ses côtés qu’il lance face aux petites cages. « On fait tout à une touche » indique Gustavo Poyet qui prend le ballon, s’avance légèrement tout en continuant d’expliquer : « Et là on marque ». Alliant le geste à la parole, l’entraîneur bordelais manque le cadre, et affiché instantanément une mine défaite par ce raté. Un rire complice et collectif s’empare des joueurs et des supporters présents le long de la main-courante. Sourire jaune accroché aux lèvres mais beau joueur, le coach girondin entame une série de pompes sous le regard amusé de ses joueurs. 

 L’atelier débute, et les mouvements s’enchaînent. Les bruits stridents de ballons venant s’écraser contre les endroits grillagés sous la main-courante s’associent à ceux plus lourds de balles tapant les panneaux en bois qui recouvrent certaines parties près des barrières, ou ceux consécutifs à des frappes fouettant le banc de touche présent sur ce terrain. L’exercice demande une grande précision. Souhalio Meïté loupe sa cible et se prend la tête entre les mains. Mauricio Taricco, positionné derrière un but pour aider les joueurs à régler la mire encourage avec des « bien, bien » répétitifs. Pierre Espanol renforce le discours : « Allez, sur les appuis, dynamiques, actifs. » Régulièrement, Gustavo Poyet interrompt l’exercice et fait changer quelques joueurs de groupesMartin Braithwaite marque, applaudi discrètement par Lukas Lerager positionné à côté de la cage. Valentin Vada et Diego Contento dévissent, l’un envoyant le ballon vers la cage de droite, et l’autre vers le banc de touche. Les fortunes sont diverses, et Meïté trouve le petit poteau. Le joueur prêté par Monaco, sourire léger et incrédule pendu aux lèvres, se tient de nouveau le visage à deux mains, déçu de ce petit raté. 

Gustavo Poyet met un terme à l’exercice inaugural et trois groupes se répartissent sur l’espace de jeu. Sur la gauche, côté entrée du terrain, l’entraîneur bordelais prend en charge les joueurs offensifs, avec Mandanda et Prior comme gardiens face à eux. À l’autre bout du terrain, côté route, Costil et Poussin sont les gardiens chargés de faire face aux frappes des milieux défensifs supervisés par Fernando. Au centre, Mauricio Taricco s’occupe des défenseurs. Espacés d’une vingtaine de mètres, ces derniers ont constitué des duos qui s’affrontent. Les joueurs doivent s’allonger des passes, les récupérer sans que le ballon ne touche le sol, ni ne quitte la zone délimitée par les coupelles au sol, se faire quelques passes en hauteur, et repartir par un ballon au sol permettant une nouvelle passe longue pour le groupe adverse. Du côté des attaquants ou des milieux défensifs, le schéma est le même : trois joueurs de chaque côté doivent s’amener le ballon, passer entre deux piquets et frapper au but. Les trois joueurs sont en décalage, en partant du côté vers le centre. Valentin Vada inaugure l’exercice par une frappe au dessus. Martin Braithwaite enchaîne après son nouveau coéquipier et place une frappe sèche à mi-hauteur que Prior sort d’une manchette en s’agenouillant. « Bien joué » encourage Gustavo Poyet. Les joueurs effectuent un circuit qui leur permet de frapper dans toutes les positions, testant les angles des trois endroits du côté gauche et passant ensuite dans le même schéma sur le côté droit. Braithwaite frappe d’une position à droite et trouve la barre transversale. Malcom dévisse du pied droit, à mi-hauteur, et le ballon fuit largement le cadre partant sur le côté gauche de Mandanda. « Vas, vas ». Gustavo Poyet demande du rythme, visage fermé, naviguant d’un côté à l’autre.  

Laborde place une frappe sèche à côté du but. De Préville tape un ballon rasant sorti par Prior. Les attaquants sont peu en réussite sur ces frappes avec un élan limité. Gaëtan Laborde marque sur une frappe au premier poteau, venue de la gauche, et tend les bras en croix, soulagé d’avoir débloqué le compteur. Chez les défenseurs, au centre du terrain, on assiste à des matchs entre latéraux et défenseurs centraux Gajic et Contento affrontent Koundé et Pellenard tandis que Pablo et Baysse s’opposent à Sabaly et Poundjé. Le rythme n’est pas intense dans un exercice où l’habileté technique est la plus importante pour éviter de faire tomber le ballon au sol sur la passe longue et pour pouvoir enchaîner sans sortir de la zone technique. Du côté des milieux de terrain observés religieusement par Fernando qui se situe très près d’eux, Sankharé casse sa course après être passé entre les piquets et tente un lobe qui touche la barre de Costil avant de rentrer dans le but. « Ouais Lukas ! » Le groupe exulte collectivement après un but de Lerager. Au milieu de terrain, les défenseurs se fixent des challenges sous l’oeil de Mauricio Taricco, ballon sous le coude au centre du no man’s land entre les joueurs. « Celui qui marque il a gagné » propose Baysse à ses adversaires qui acquiescent. Le long ballon de Maxime Poundjé touche le sol après un contrôle difficile du défenseur central girondin. Le latéral gauche bordelais exulte. Les équipes changent. L’ambiance est bon enfant. Baysse claque un ballon hors des plots face à Koundé et Pellenard. L’ex-joueur de Nice, leader d’équipe, tient les comptes et annonce : « 2-1 pour vous ».

 Après une dernière grosse frappe sous la barre de De Préville, l’exercice évolue chez les attaquants comme chez les milieux défensifs. Trois joueurs placés au niveau de la ligne de sortie de but sont chargés d’alimenter leurs partenaires de ballons. Ces derniers contrôlent et frappent dans la foulée. Valentin Vada manque largement le cadre avant de se rattraper avec une frappe enroulée, en feuille morte, sortie de justesse par une belle claquette de Prior. François Kamano, peu en vue depuis le début de la séance, frappe un boulet de canon croisé du pied droit qui ne laisse aucune chance au gardien girondin. Les joueurs tournent et échangent leurs rôles régulièrement. Pendant ces légers temps de latence, Mandanda et Prior se mettent au sol et miment des prises de balles en travaillant les mouvements de hanches sous les yeux de Paulo Fernandes, l’entraîneur chargé des gardiens arrivé avec le staff de Gustavo Poyet. Légèrement en retrait, bras croisés, l’entraîneur bordelais voit De Préville marquer d’un poteau rentrant. Une passe en retrait en hauteur et trop forte oblige Vada à effectuer un contrôle sur les talons, tirant un rire à Gustavo Poyet. Le jeune milieu offensif bordelais rattrape le coup tant bien que mal et frappe d’une demi-volée puissante en pleine lucarne. Scotché par sa reprise, le milieu offensif bordelais sort un cri de satisfaction et fonce vers Gustavo Poyet qui lui tape dans la main. 

Les ballons sont désormais adressés en hauteur à partir de la ligne de sortie de but et chaque frappe est faite de volée. Braithwaite met de la puissance dans sa reprise qui passe de peu à côté. « Mettez de la vitesse dans le ballon » préconise Pierre Espanol qui supervise la séance. De Préville se couche et marque près du poteau. Prior enrage devant la réussite présumée de son partenaire. Laborde marque, plein de précision. De Préville en remet une couche, mais son ballon, contré par le gardien lui revient dans les pieds. Après plusieurs feintes de frappes, l’ancien lillois tente un lobe de près sans conviction car hors exercice arrêté par Prior. Valentin Vada qui fête chacun de ses buts est chambré par Jérôme Prior après deux tentatives hors-cadre. « Bien joué Valé » répète le gardien bordelais, légèrement rageur après les quelques fanfaronnades de son jeune coéquipier. Pierre Espanol, depuis le côté droit, enchaîne les centres pour ses joueurs. Vada se prend les pieds dans le tapis et manque sa frappe. Malcom tape à côté. Braithwaite envoie un ballon au dessus et la volée couchée de De Préville est sortie par Prior. Gustavo Poyet a traversé le terrain et observe maintenant les milieux axiaux qui reçoivent des centres et doivent essayer de frapper de la tête. Meïté pique son ballon qui est repoussé par Poussin et marque dans la foulée en poussant le ballon dans les buts. Le jeune gardien se relève, bras ballants et proteste : « Ça ne compte pas. » « Si, si ça compte » lui rétorque son coéquipier. Jaroslav Plasil pique lui aussi son ballon de la tête mais lui donne un effet qui permet de croiser le tir et de trouver le petit filet intérieur de Costil. Au centre du terrain, les défenseurs, comme une petite équipe soudée au sein du groupe, se sont resserrés avec Mauricio Taricco et Gustavo Poyet et écoutent leur entraîneur qui multiplie les gestes en guise d’explications, moulinant à plusieurs reprises avec ses bras. 

« Ouais Nico. » Un cri enthousiaste surgit du côté du clan des attaquants. De Préville large sourire aux lèvres revient vers l’entrée de la surface de réparation après une frappe et saisit Kamano par les épaules. Valentin Vada marque et pousse un énorme cri, levant les bras comme pour exprimer sa force. Braithwaite, silencieux, trouve lui aussi le chemin des filets d’une tête à contre-pied en lucarne. Les défenseurs qui n’ont pas envie de terminer leur séance ont monté un filet de tennis-ballon à la gauche de la surface de réparation sur laquelle travaillent les attaquants. Youssouf et Plasil allongent quelques ballons pour se dégourdir les jambes après la séance, tout comme Otavio et Cafu. Lerager, Meïté et un Fernando Menegazzo physiquement en grande forme et encore avec des allures de joueur, mais vêtu désormais du survêtement de coach, entament un jeu à trois sans faire tomber le ballon au sol. Les deux joueurs et leur entraîneur se permettent même quelques passes avec l’épaule, sous le sourire malicieux de Souhalio Meïté et de Fernando complice de ses joueurs. « On finit sur un but ou un arrêt » décrète Pierre Espanol qui gère toujours les attaquants à quelques pas de là. Poussin, survêtement blanc sali par la boue, effectue lui aussi quelques passes longues, prenant des appuis spongieux sur un terrain un peu gras. « Hey les Brésiliens, c’est pas un travail physique » interpelle Gustavo Poyet avec un léger rire en regardant Cafu et Otavio se faire de très longues passes d’un côté à l’autre du terrain. 

Si la dynamique bat son plein avec des cris d’enthousiasme du côté du tennis-ballon, les attaquants, face à un ciel noir surplombé d’un arc-en-ciel, sortent un par un du terrain et suivent les quelques joueurs déjà partis. Martin Braithwaite, attendu pour la conférence de presse, part à petit trot, mais se fait arrêter rapidement par des supporters pour deux photos qu’il accepte de bonne grâce. Alors que De Préville, Malcom et Lerager sont restés pour frapper de loin, quelques goutes de pluie commencent à tomber lourdement, mais avec parcimonie. De Préville place une frappe forte qui fuse et trouve le cadre. Un bruit de ballon dans les filets surprend. Suite à une passe trop longue de Plasil, Youssouf ne peut contrôler le ballon aérien qui fuit les limites du terrain et trouve une cage disposée à l’extérieur, près de la main-courante. Un spectateur a le temps de s’écarter de justesse sous peine de se faire fouetter le visage. Devant une bonne trentaine de supporters, le risque de ballons perdus potentiellement dangereux existe sur ce terrain non-protégé. Zaydou Youssouf s’excuse d’un geste de la main. Signe d’un manque de lucidité de fin de séance, ce ballon perdu marque le début du rangement pour Youssouf qui décide de récupérer tous les piquets en compagnie de Plasil. Tout le monde met la main à la pâte. Poussin replie les mini-cages amovibles et Fernando ramasse lui aussi du matériel. Le pluie est désormais continue et Lerager insiste seul sur les frappes lointaines, inlassablement. La zone devant Jérôme Prior est devenue noire d’une terre mise à nue. Le terrain est lui parsemé d’escalopes. La pluie insistante finit par convaincre les défenseurs de cesser leur tennis-ballon après s’être allègrement tapés dans les mains. En dehors du terrain, Gustavo Poyet en route pour rejoindre le centre professionnel, s’arrête prendre une photo, sourire franc dévoilant sa dentition d’un blanc éclatant. Un autre fan arrête le coach girondin qui ne rechigne pas et accepte avec gentillesse malgré cette pluie désormais régulière. Si le ciel s’est assombri, l’ambiance, elle, est au beau fixe à deux jours d’un match à Strasbourg encore très important pour le futur proche des Girondins de Bordeaux.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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