Entretien - Dominique Vincendeau, président de Vendée les Herbiers : "Faire des huis clos en Coupe de France, la honte"

30/11 - 17:22 | Il y a 5 jours
Les Girondins de Bordeaux s’apprêtent à disputer un nouveau tour de Coupe de France ce dimanche à 17 h face aux Herbiers, une équipe de la poule B de National 2. Malheureusement pour les suiveurs du ballon rond, le stade Sainte-Germaine du Bouscat sonnera creux après la décision de disputer le match à huis clos.
Entretien - Dominique Vincendeau, président de Vendée les Herbiers : "Faire des huis clos en Coupe de France, la honte"

© Iconsport

« La douleur, c'est le vide », explique Jean-Paul Sartre. Les Girondins de Bordeaux connaitront une nouvelle fois la douleur silencieuse après une nouvelle affiche à huis clos ce dimanche en Coupe de France. Déçu, comme de nombreux supporters, Dominique Vincendeau, président du club des Herbiers s’est confié dans un entretien pour WebGirondins.

WebGirondins : Tout d’abord quelle a été votre réaction lors de l’annonce du huis clos pour ce match ?

Dominique Vincendeau :Je suis très triste. C’est vraiment pour moi une très grosse déception. Une déception par rapport au football en lui-même. C’est surtout là que je suis triste. Je suis déçu des décisions qui sont prises. Je reste complètement abasourdi, les raisons ne sont pour moi pas bien déterminées. Franchement, je suis déçu pour le football français.

"Je me sens trahi et ça j’ai du mal"

C’était évitable, selon vous, ce huis clos ?

Si jamais la préfecture n’est pas capable de gérer, de maitriser deux groupes de supporters, où va-t-on ? Est-ce qu’il y a autre chose derrière, je ne sais pas. Mais faire des huis clos en Coupe de France, la honte. On ne voit ça que dans le football. Si on n’arrive pas à gérer des difficultés, surtout par une préfecture aussi grande que celle de la Gironde

L’option d’inverser la rencontre a été étudiée ?

Oui, la Fédération a œuvré pour que le match soit inversé. Je ne suis qu’au bout des décisions, je n’ai appris ça qu’à la fin. J’ai eu un contact avec les Girondins avec qui ça s’est bien passé. Ils m’ont d’abord évoqué un problème financier (Sud Ouest indique ainsi que « les dirigeants bordelais ont calculé une « perte financière » en cas de match au Matmut Atlantique) et je comprends que l’amortissement d’un stade comme ça, cela doit être important. […]

Je sais que la FFF avait appelé le service de gendarmerie aux Herbiers et la préfecture de la Vendée. Tout le monde était OK. Dernièrement, on a reçu Ajaccio, il n’y a pas eu l’ombre d’un problème. Ça a été une grande fête, on a accueilli près de 3500 personnes.

Et d’un point de vue financier, votre club perd également de l’argent avec cette décision ?

Le coût financier, c’est encore autre chose pour moi. Ce n’est pas primordial. Le financier, c’est notre problème. Ce n’est pas ça qui nous mettra en ruine. Le football, c’est ma vie, c’est ma passion et là, je me sens trahi et ça j’ai du mal, pour les supporters, pour le football en général. Je suis passionné, c’est pour ça que j’ai pris le club. On a plus de 150 bénévoles au club, des gens qui nous suivent, on a un club partenaire et tout le monde se sent trahi. Je pense que les Girondins de Bordeaux n’y sont pour rien, ce n’est qu’une question préfectorale. Mais je me trompe peut-être, on est les derniers avertis.

"J’ai commencé à jouer aux Herbiers à l’âge de 9 ans et je n’en suis jamais sortie"

Pour revenir au club des Herbiers, quelle est votre histoire avec ce club ?

J’ai commencé à jouer là-bas à l’âge de 9 ans et je n’en suis jamais sortie. J’ai été gardien de but de l’équipe première en 4ᵉ division. Puis je suis rentré au bureau et je suis devenu entraineur des gardiens. Je connais le club par cœur.

Les dirigeants, les bénévoles ce sont presque tous des amis. On avance ensemble. On a un club partenaire avec plus de 150 partenaires. On est très actif, et c’est ça que j’aime, c’est le partage, c’est le respect. Je suis dans la continuité des trois anciens présidents. Je ne cherchais pas forcément à être président, mais il y a une forme de logique qui s’est mise en place. Je veux redonner au club ce que le club m’a donné.
Le football est un sport médiatique, on a de la chance. On a plus de 1300 personnes par match en moyenne au stade. Et le football est fait pour réunir. On fait venir d’autres clubs pour donner le coup d’envoi pour mettre en avant ces sports qui n’ont pas la chance d’être mis en avant.

Quelle est votre relation avec la Coupe de France ?

On a vécu des moments inoubliables. C’est la festivité, c’est voir plus de 40 000 personnes de Vendée se déplacer à Paris (Les herbiers a dispué une finale de Coupe de France face au PSG en 2018, NDLR). Ce sont des moments privilégiés, même si derrière ça a été compliqué. Mais on n’a pas déposé le bilan, on a toujours assuré et maintenant, on est revenu à un équilibre financier, tout va bien.

À quel point c’est difficile de devoir gérer un club en National 2 ?

On a la chance d’être dans une ville très sportive et une ville très industrielle. Et une grande partie des sociétés herbretaises et aux alentours nous accompagnent financièrement. On a la chance d’avoir des partenaires industriels et artisanaux. Ils sont acteurs de notre demande, car le football est très gourmand.

Nous, on a une SAS et une Asso. Et les deux s’entendent très bien. On est deux présidents (avec Pierre-Louis Tilly, président de l’association) qui s’entendent très bien. On est en transparence complète sur l’avis du club, on travaille ensemble.

On est main dans la main et toutes les décisions sont prises à deux. On continue à construire le club, c’est une continuité de ce qui a été fait par le passé. En étant plusieurs autour de la table, on fait un peu moins de bêtises.

D’un point de vue sportif, comment jugez-vous votre début de saison en Coupe de France et en championnat ?

J’espère qu’on ira en 32ᵉ de finale cette saison encore. Mais attention, on est contre une très belle équipe de Bordeaux. En championnat, le début a été plus compliqué, mais on a changé énormément au niveau de l’effectif. Mais je pense que maintenant, on est plus solide, on est une équipe, je pense, respecté dans notre championnat. Même si on a perdu notre avant-centre (Jérémy Billy).

Comment ça se passe par ailleurs sur le mercato pour un club en National 2 ?

En matière de recrutement, on a André Gaborit qui est notre papa à tous et Laurent David (entraineur) qui font les choix. Pour le mercato, on regarde d’abord les finances et après, on avise. On fait selon les moyens. On ne veut pas déséquilibrer le club.

Nathan Hanini

Réédition article du 29/11/2024.

Écoutez l'avis de l'entraineur des Herbiers, Laurent David, sur ce huis clos.

 

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