Carnet d'entraînement : Chercher à avancer
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Mercredi 16 novembre 2016 : Sous un temps hivernal, les Girondins ont travaillé en oppositions, cherchant à apporter le danger vers l’avant. Entre vitesse et recherche de justesse technique.
Le temps est gris et frais au Haillan et annonce le début de la saison difficile sur une plaine des sports ouverte à tous les vents. les enfants jouent sur les premiers terrains du centre d’entraînement des Girondins. Les professionnels, eux, sont attendus à quelques pas, sur le premier terrain du complexe, côté parking des visiteurs. Une aubaine pour les quelques supporters présents qui vont pouvoir assister à la séance au plus près, sans avoir les yeux malmenés par le grillage du terrain officiel. Sur l’aire de jeu, les plots, piquets et autres ballons sont présents.
Aux abords de la pelouse, un petit utilitaire attend sagement que la séance se déroule avant de ramener le matériel dans son ventre. Seul sur le terrain, Franck Mantaux peaufine ses ateliers pour gardiens. Les joueurs font leur apparition à 16h, arrivant tranquillement à pied malgré une séance prévue à 15h45.
Rodés, les hommes de Jocelyn Gourvennec commencent à jongler rapidement entre eux. Nicolas Maurice-Belay est de la partie et tape le ballon avec Théo Pellenard, François Kamano et Grégory Sertic. Très rapidement, Eric Blahic demande à ses joueurs de se regrouper. Tandis que Nicolas Maurice-Belay s’écarte du groupe et part faire quelques tours de terrains sous la houlette de David Das Neves, le kinésithérapeute de l’équipe, et que Thelin, Ounas et Malcom s’en vont trottiner en dehors du terrain avec le préparateur physique Kévin Plantet, le gros de l’effectif commence les aller et retour sur le sens de la largeur du terrain.
À base de mouvements classiques d’échauffement, les joueurs se préparent à débuter la séance. Le travail de mise en route se poursuit avec deux groupes positionnés chacun entre une série de coupelles et un mannequin. Le premier joueur part de derrière le mannequin passe à un joueur au milieu qui se retourne via un contrôle orienté et joue un une-deux avec un dernier partenaire qui fait le chemin en sens inverse et délivre un ballon au joueur positionné derrière le mannequin. « Restez actifs » répète Jocelyn Gourvennec à plusieurs reprises. Eric Blahic, très attentif, corrige : « Visez entre le mannequin et la coupelle lors de la passe. Enlevez-moi les extérieurs du pied sur la prise de balle, vous perdez trop de temps. » Les joueurs dans le sens du retour doivent viser un espace précis que beaucoup ont du mal à trouver, ce qui contrarie l’entraîneur adjoint des Girondins : « Il faut que j’agrandisse l’espace entre le mannequin et la coupelle ? » s’interroge Eric Blahic.
L’exercice évolue avec un jeu à trois. Le joueur partant du mannequin doit trouver le partenaire à mi-chemin tandis qu’un autre joueur fait un faux appel au moment de la passe. Le joueur possesseur du ballon trouve un coéquipier en retrait qui lance ensuite le joueur qui a effectué l’appel-contre-appel. Peu satisfait, Jocelyn Gourvennec corrige : « Les garçons, soyez inventifs. On a dit un jeu à trois, pas un jeu à deux. » « Ce sont des passes à deux à l’heure » râle Eric Blahic. Le rythme s’accélère sous l’impulsion des coachs. Les joueurs ont ensuite quelques instants pour aller boire et débarrasser le terrain de quelques coupelles superflues avant de revenir auprès de leurs entraîneurs. À l’entrée du terrain, Eric Bedouet secoue amicalement Thelin comme pour le féliciter d’avoir marqué avec la Suède face à la Hongrie. L’attaquant bordelais sourit en retour. Du côté des joueurs concernés par l’entraînement, deux groupes, dix contre dix, sont prêts à enchaîner. Quatre mannequins et des plots qui sont placés sur la même ligne délimitent le terrain. Au milieu, l’aire de jeu. Le but pour les deux équipes est de passer ballon au pied entre le mannequin et le plot qui lui est accolé pour marquer un point. Les blancs de Laborde, qui ouvre le score par une percussion balle au pied, affrontent les rouges. Eric Blahic arrête rapidement le jeu et recadre : « Limitez les passes pour changer le jeu. » Une fois la séquence reprise, Valentin Vada trouve la porte à son tour sur une passe de Laborde. « Bien joué Gaëtan, bien joué Valé » crie un Jaroslav Plasil en mode capitaine. Jocelyn Gourvennec arrête le jeu et distille ses remarques : « Vous venez tous au ballon. Vous êtes tassés. Faites des courses. » L’entraîneur girondin fait bouger Jorris Romil pour démontrer au jeune bordelais l’impact de son changement de position sur le jeu. Pablo colle aux ordres de ses entraîneurs et effectue une belle transversale pour Plasil qui a pour effet d’accélérer la phase d’attaque. Les blancs continuent leur domination sur les rouges de Sertic, Lewczuk, Toulalan ou Sabaly grâce à un nouveau passage gagnant de Vada sur une passe de Ménez. Le jeune milieu de terrain Zaydou Youssouf, 17 ans et membre des U19 bordelais, participe à la séance et fait tomber Jaroslav Plasil dans un contact. Inquiet, le jeune homme s’enquiert rapidement de la santé du capitaine girondin. « C’est bon, c’est bon, c’est le jeu » rassure l’expérimenté milieu bordelais. Les blancs continuent à jouer en réussite avec un nouveau coup gagnant signé Kamano sur une nouvelle passe de Ménez.
Une pause permet aux deux équipes de changer de camps et Jocelyn Gourvennec en profite pour donner quelques consignes. Ménez passe au soutien de Laborde et Kamano et Théo Pellenard se retrouve milieu défensif derrière Plasil et Vada dans l’équipe des blancs. Hormis Diego Rolan et Thomas Touré, tous les joueurs girondins sont présents pour cette séance, y compris Cédric Carrasso qui travaille normalement avec les gardiens. Le jeu reprend mais Jocelyn Gourvennec arrête très rapidement les débats, soucieux que ses joueurs ne se projettent seulement qu’au bout de six passes. « Valé, il faut voir avant bonhomme » conseille Eric Blahic à Valentin Vada suite à une passe manquée après la sixième passe synonyme de jeu vers l’avant. Arambarri trouve une belle transversale qui plaît à l’entraîneur adjoint girondin, désireux de voir ses joueurs bouger le bloc adverse. À mesure que les projecteurs commencent à illuminer le terrain, les joueurs montent en intensité et quelques petits accrochages se dessinent. Théo Pellenard effectue une passe en profondeur qui ne donne rien, et Jocelyn Gourvennec siffle à trois reprises pour mettre un terme à ce jeu. Le défenseur bordelais, l’air dépité, est rassuré par Eric Blahic : « Ouais, c’était ça l’idée. » Pendant que les joueurs vont boire, les gardiens amènent un but amovible pour préparer une opposition à onze contre onze sur demi-terrain. Eric Blahic prend la parole : « Les gars, c’est la même chose que tout à l’heure, mais sans les portes. Pour favoriser le jeu, amenez le ballon haut sur le terrain et conservez-le. Vous êtes libres en touches de balle. »
Sur l’un des premiers ballons, Théo Pellenard manque l’interception et la passe termine en touche. Le jeune défenseur bordelais s’invective, rapidement repris par Plasil qui le rassure. Les entraîneurs insistent pour que les défenseurs avancent sur le terrain. Le message est reçu par Grégory Sertic qui tente une frappe lointaine qui ne donne rien pour les rouges. Maxime Poundjé tente un débordement sur François Kamano. Les deux joueurs bataillent rudement avec les bras et Poundjé s’impose. Ça crie, ça parle. Personne ne se cache, pas même les jeunes Koundé, Romil et Youssouf. Ce dernier reçoit une charge dans le dos de la part de Pellenard et tombe au tapis. « Zeydou, prend l’intérieur du pied droit plutôt que l’extérieur du pied gauche » conseille Eric Blahic à son jeune protégé après cette action défavorable. « Restez au contact des attaquants » crie Eric Blahic sur une phase offensive des rouges. Les joueurs changent de côté et Sabaly et Lewczuk, chasubles rouges sur le dos, discutent et règlent quelques détails. Le jeu reprend et sur une première action serrée en bord de touche, Igor Lewczuk sort de son axe pour intervenir, tout en poussant un cri rageur.
Aucun but n’est inscrit, mais les joueurs veillent à appliquer les recettes de l’entraînement du jour : changer le jeu et avancer en équipe. Jaroslav Plasil réalise une roulette tout en orientant son contrôle et transmet à Valentin Vada. Le jeune argentin reste au sol quelques instants après une charge de Lewczuk qui s’empare au passage du ballon. « Remontez les blancs. Pablo, la ligne » hurle Eric Blahic. Jérémy Ménez hérite du ballon, se retrouve face à Lewczuk, accélère et résiste à la charge physique de son adversaire pour prendre le dessus et rentrer dans la surface. L’ancien milanais arrête sa course pour prendre à défaut Lewczuk qui était revenu et voit Kamano seul dans la surface. La passe est parfaite et Kamano trompe Bernardoni d’un tir précis au ras du poteau. « Bien joué, magnifique Jérém » s’enthousiasme Plasil. « Bien joué Jérem » surenchérit Gourvennec. Nicolas Maurice-Belay passe à proximité du jeu, matériel de travail dans les mains, et regarde ses coéquipiers avec envie, tout en se dirigeant vers la camionnette prête à ramener les outils. Trois coups de sifflets retentissent. « On reste là-dessus » décrète Jocelyn Gourvennec qui enchaîne : « Les garçons, on fera la récupération à l’intérieur. Merci pour votre investissement. »
Sagement, chaque joueur contribue à nettoyer le terrain de ses objets. Les lumières s’éteignent, et malgré le froid qui commence à saisir les mains, Jocelyn Gourvennec reste encore un peu sur la pelouse, à discuter avec Franck Mantaux. Peut-être évoquent-ils le retour charnière à Guingamp pour un Jocelyn Gourvennec conscient que ses Girondins doivent désormais accumuler les points pour ne pas être lâchés par les équipes de tête à noël.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan