Carnet d’entraînement : Attaquer et défendre sous pression

06/09 - 15:44 | Il y a 9 ans
Carnet d’entraînement : Attaquer et défendre sous pression

© Iconsport

Mercredi 6 septembre 2017 - Le Haillan : à deux jours du déplacement à Lille qui va lancer un mois de septembre corsé, les Girondins ont travaillé par groupes séparés sous un temps idéal pour s’entraîner au football. Les joueurs défensifs se sont concentrés sur le pressing et les sorties de ballons, et les éléments offensifs ont insisté sur la percussion. 

C’est la rentrée, et cela se ressent sur le centre d’entraînement du Haillan. Le soleil a laissé place à un ciel gris, la chaleur s’est évanouie et à été remplacée par un climat plus frais mais parfait pour pratiquer le football, et le contingent de spectateurs s’est réduit à la quarantaine d’observateurs habituels. L’odeur de terre fraîchement travaillée saute au nez. Et pour cause : les jardiniers s’affairent, râteaux à la main, au centre de la pelouse. Jérémy Toulalan est le premier joueur à sortir des vestiaires, rapidement suivi par le reste du groupe. Eric Bedouet qui accompagnait son capitaine, installe quelques plots le long du grillage où le public s’est massé. Sa présence invite l’un des jardiniers à monter sur sa machine à tondre pour la débarrasser du terrain, suivi par ses acolytes qui chouchoutaient le gazon. Les joueurs jonglent paisiblement devant leur antre à mesure qu’une petite pluie fine qui ne durera pas commence à tomber. Trois coups de sifflet retentissent.

Le groupe rejoint calmement Eric Bedouet près du grillage, côté château. L’ambiance est studieuse. « Allez c’est parti avec le haut du corps » explique le préparateur physique girondin. Deux par deux, les joueurs font des aller-retour sur quelques mètres. Ouvertures de bras en moulinets, bras en l’air puis vers le bas. Se succèdent ensuite montées de genoux, simulations de passements de jambes et pas chassés latéraux. Maxime Poundjé passe seul, flirtant avec le grillage pour ne pas gêner ses coéquipiers. Sourire aux lèvres, Jaroslav Plasil fait mine de l’accompagner dans son footing. Au centre du terrain, Eric Blahic place des chasubles au sol et supervise les détails de deux ateliers qui s’apprêtent à recevoir les joueurs. À gauche, côté terrain des équipes de jeunes, des plots et une cage mobile face au périmètre de jeu. À droite, vers le centre professionnel, des mannequins face aux buts, des planches et d’autres mannequins sur les ailes. 

« Les jambes ça va par rapport à hier ? » Eric Bedouet se renseigne auprès de ses hommes. Les joueurs développent la mise en route en pratiquant des ouvertures de jambes en marche arrière. Certains soufflent, preuve que cet exercice préalable n’est pas une sinécure. Jérémy Toulalan qui discute avec Pellenard se plaint d’un petit étirement bénin au niveau des fessiers, mais le capitaine girondin s’échauffe normalement et blague avec son jeune coéquipier sur le tour suivant. Malcom et Cafù échangent en Brésilien. On passe à un passage fait de talons-fesses en reculant suivi d’une rotation et d’une brève accélération. Une odeur de baume du tigre, pommade chauffante utilisée par les sportifs avant l’effort, flotte dans l’air. Les joueurs s’emparent des ballons et se placent par groupes de trois. Les échanges sont dynamiques et les arrêts proscrits. « Vite, il faut que le ballon voyage, qu’il tourne, pan, pan, pan » incite Eric Bedouet. Les ballons claquent comme du pop-corn. Les triangles qui étaient assez élargis se raccourcissent et les passes partent plus vite. « Malcom, bouge » demande Eric Bedouet au milieu offensif brésilien. « Pensez que vous avez toujours un mec dans le dos les attaquants, donc faites une feinte quand vous recevez le ballon, il faut toujours tromper l’adversaire » préconise le préparateur physique des Girondins qui demande à Malcom de faire la traduction à ses coéquipiers brésiliens. 

Le travail s’accentue avec des accélérations sur la prise de balle. Les joueurs qui réceptionnent la balle doivent attaquer sur la prise et rapidement redonner. S’en suit un travail de jonglage au pied en une touche puis de la tête avec beaucoup de vitesse demandée. Jocelyn Gourvennec attend patiemment au milieu du terrain et tue le temps en jonglant, facile, par de petites touches en marchant. La phase de travail préliminaire des joueurs se termine par des petites passes courtes suivies de permutations et par un allongement des passes. « Accélérez sur votre prise de balle, tout le temps, même quand le ballon est difficile » insiste Eric Bedouet. Dans les buts, près du vestiaire, Benoît Costil chauffe ses gants avec Jérôme Prior et Over Mandanda. Les joueurs sont invités à rejoindre les ateliers. À gauche, Eric Blahic prend en charge les joueurs défensifs, et à droite Jocelyn Gourvennec se charge des éléments offensifs. Sur l’atelier des défensifs, deux équipes se font face avec Benoît Costil en dernier rempart de l’équipe chargée de défendre. L’équipe qui attaque à pour but de ressortir le ballon face au bloc adverse et d’avancer. Le ballon est donné à Olivier Verdon qui sert de point d’appui, et la défense composée de Jovanovic, Toulalan, Sabaly et Pellenard avec Otàvio devant elle, doit travailler face au bloc avant de trouver l’un des latéraux lancé. En face, les adversaires, qui sont un de moins, doivent gérer l’avancée grâce à un pressing d’un joueur décroché, en l’occurence Plasil. Le jeu débute et le travail en petit périmètre complexifie la donne. Benoît Costil qui est très loin de son équipe, se pose la question de son positionnement. Eric Blahic lui indique qu’il peut s’avancer. Une pression constante est exigée pour obliger la défense titulaire à trouver des solutions pour progresser. Otàvio passe chez les bleus et rend la tâche plus difficile en accompagnant Plasil dans la récupération du ballon.  

De l’autre côté, Jocelyn Gourvennec s’active. Les joueurs fonctionnent en binôme : deux joueurs au centre, deux sur les ailes. De jeunes joueurs de la réserve ont prêté main forte pour alimenter en centres. Dans l’axe du terrain, un joueur dos au but joue en une-deux avec son partenaire placé face au jeu et se retrouve servi entre les mannequins pour se présenter face à Prior ou Mandanda. Dans la foulée, les deux attaquants se positionnent chacun à un poteau pour recevoir un centre issu de dédoublements sur les ailes. Le premier joueur d’aile prend appui sur une planche, avance et un jeu à deux se fait avant le centre pour les attaquants en position. Alexandre Mendy touche le poteau. De Préville sert Malcom d’un ballon dosé. Le joueur brésilien enroule près du poteau et fait mouche. « Ouais Cafù, bien joué » se satisfait Jocelyn Gourvennec devant l’appel de son milieu offensif, mais le ballon de Mendy est freiné par un mannequin. « On la refait, elle doit passer celle-là Alex » corrige l’entraîneur bordelais. Malcom trouve De Préville qui contourne les mannequins de façon fluide et enroule premier poteau, près du sol, de façon précise et sèche, ce qui ne laisse aucune chance à Prior. L’ancien lillois, déjà très complice techniquement avec Malcom effectue une passe léchée qui permet au Brésilien d’enrouler en lucarne. Lors de la deuxième séquence, après la première frappe au but, les attaquants font mine de décrocher avant de revenir fuser chacun à un poteau. Valentin Vada qui fait partie du groupe des offensifs marque d’une tête, d’où le ballon provient. Le jeune argentin glisse au sol pour célébrer son but, ce qui tranche avec le climat très sérieux de la séance.  

« Pas trop tôt, soyez patients sur les centres » demande Jocelyn Gourvennec. Alors que De Préville lancé en profondeur trouve un double poteau, Malcom marque de la tête sur le centre suivant. Mendy assez efficace depuis le début de la séance trompe Prior d’une frappe croisée nette et bien placée. « Super Alex » se réjouit Jocelyn Gourvennec positionné en retrait, face au jeu. Les attaques s’enchaînent sans temps mort. Eric Blahic, fidèle à ses habitudes, ne lâche rien de son côté. Les titulaires de la défense sont passés en position défensive pure avec Otàvio et Plasil dans leurs rangs face à l’équipe de Contento, Lewczuk, Koundé ou encore du jeune Thomas Carrique venu en renfort pour cette séance. « Vous êtes un de plus pour sortir le ballon, n’ayez pas peur de jouer sous pression » insiste Eric Blahic auprès de ses joueurs menés par Toulalan. Alors qu’un temps de latence est décrété sur les deux ateliers, les joueurs replacent les mannequins chez Jocelyn Gourvennec afin de les aligner. Pendant que les éléments défensifs recommencent par des centres et des frappes face à Costil, les joueurs d’attaque reprennent leur activité. Le jeu varie : au lieu de se trouver en profondeur, le joueur offensif face au jeu doit prendre la profondeur sur un côté afin de servir son coéquipier sur la même ligne. Les joueurs de couloir, eux, récupèrent maintenant un ballon venu du centre du terrain avant de combiner sur l’aile. Le jeu est densifié et plus dynamique. 

« Alex, là tu fais juste ce que le coach t’a demandé, mets de la vérité, sors du marquage » demande Jocelyn Gourvennec à Mendy qui manque de punch sur l’une de ses remises sur Cafù. L’attitude du joueur dos au mannequin est importante pour simuler une sortie de l’emprise de l’adversaire. Mendy place une lourde frappe rectiligne en lucarne, comme pour relever sa baisse de régime précédente. Chez les défensifs, Plasil et Lewczuk font relâche et s’échangent de longs ballons. Eric Blahic, derrière les buts prend la parole : « On finit sur le troisième but les garçons. Ce sera bon pour ce matin. » Otàvio s’emmêle les pinceaux et rate sa frappe. Toulalan tente une volée du gauche qui fuit largement le cadre. Jovanovic est plus efficace en faisant mouche et en trouvant le dessous de la barre de Costil. Jocelyn Gourvennec, lui, continue d’insister auprès de ses joueurs et notamment Cafù et Mendy : « Choisissez de partir à droite ou à gauche, là c’est trop axial. Alex, donne-toi de l’espace, c’est mieux pour la passe de ton coéquipier. » Pendant que Costil et Eric Blahic tirent la cage amovible signant la fin de leur séance, Koundé et Carrique ramassent les coupelles, comme dans le bon vieux temps où les jeunes joueurs se chargeaient de tout ranger, de nettoyer les crampons et d’effectuer les corvées pour apprendre le métier. Franck Chaumin, l’entraîneur des gardiens, rejoint Costil au milieu de terrain, échange brièvement avec son poulain avant que ce dernier ne parte en trottinant vers les vestiaires, s’arrêtant seulement quelques instants pour observer la fin de la séance offensive.  

« Gardez de la qualité pour finir » encourage un Jocelyn Gourvennec très présent dans le verbe. Laborde trouve Vada sur la même ligne. Le jeune argentin enroule du droit côté gauche, le ballon semble partir inexorablement en lucarne, mais Prior se détend et sort le ballon du bout des doigts. Cafù marque deux fois, sur la passe de Mendy et sur le centre, au pied du poteau droit de Mandanda. « Si au départ il n’y a pas de premier but, on ne fait pas le centre » décrète Jocelyn Gourvennec qui tire le niveau d’exigence jusqu’au bout. Mendy ponctue sa séance par une frappe croisée qui fait trembler les filets. Et double la mise sur le centre. Un but refusé par Jocelyn Gourvennec qui s’exclame : « Non, je ne compte pas ce but, c’est un centre de merde (sic) ». Le coach girondin pas véhément ni humiliant dans le ton est dans le registre de la minutie après avoir expliqué ce qu’il reprochait à son jeune centreur sur la qualité technique. Les dernières actions se font avec un retour avec les passes en profondeur. Malcom et De Préville continuent sur leur lancée. Le premier nommé marque à ras-de-terre, faisant feu de tout bois en position de frappe. De Préville, lui, trouve deux fois les filets de manière chirurgicale, petit côté gauche de Mandanda sur la passe, et côté opposé sur le centre. 

Jocelyn Gourvennec siffle la fin des hostilités. Les jeunes joueurs enlèvent quelques mannequins. Tandis que l’entraîneur girondin, mains dans le dos, discute avec Eric Blahic, les joueurs restent pour frapper quelques coups-francs excentrés. Pendant que Franck Chaumin et Prior échangent de longues passes, Over Mandanda joue le dernier rempart. La séance s’étire. Si Vada n’a pas beaucoup de succès dans ces coups-francs excentrés à gauche et assez éloignés, Malcom enroule du gauche et trouve la lucarne droite en frappant côté droit. À l’opposé, De Préville, comme pour suivre son binôme du jour, place une belle frappe dans la même lucarne. Alors que Vada termine par quelques pénaltys, Koundé et Malcom se livrent à un petit jeu de tête sur une large planche grillagée légèrement inclinée devant les vestiaires. Malgré un travail sérieux et assez intense, certains joueurs ne sont pas pressés de partir. Un signe encourageant pour les entraîneurs à deux joueurs d’un match à Lille où les Girondins devront travailler pour lancer de manière idéale un mois de septembre délicat à trois déplacements. 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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