Carnet d’entraînement : Bille en tête

© Iconsport
Jeudi 19 octobre 2017 - Le Haillan : Sous un temps enfin automnal, les Girondins ont principalement travaillé le jeu de tête à deux jours d’un déplacement au Havre face au promu amiénois. À l’instar des entraînements réalisés avant Angers ou Toulouse cette saison.
Un ciel gris, une pelouse blanche de rosée, et une première fraîcheur d’octobre accompagnent les joueurs des Girondins qui s’échauffent de manière dynamique devant leurs vestiaires. Dans le sens de la longueur du terrain, déjà équipés de chasubles blanches, jaunes, roses et bleues, les hommes de Jocelyn Gourvennec multiplient les aller et retour sous la houlette du jeune préparateur physique Kévin Plantet. Contrairement aux dernières semaines où les attaquants étaient à l’honneur sur les dernières séances ouvertes au public, le terrain est bien garni et le groupe est au complet. Pendant que les joueurs en chasubles terminent leur échauffement, les gardiens de but se préparent à l’aide d’un gros mannequin gonflable qu’ils percutent en l’air et sans ballon avant de se coucher sur une frappe au sol de l’un de leurs coéquipiers. Les joueurs de champ, par équipes, prennent de l’espace et se rapprochent du grillage et des quelques spectateurs présents. Les groupes se font des passes à une touche de balle. « Rapprochez-vous par équipes » demande Kévin Plantet. « Bougez ensemble » précise Eric Blahic. Les joueurs font des toros assez dynamiques alternant entre phases classiques et fixes, et phases en déplacement pour occuper une autre partie de terrain tout en continuant l’exercice. Zeydou Youssouf et Gaëtan Poussin qui ont joué dans la semaine en Youth League contre Salzbourg enchaînent les tours de terrain. Les joueurs dans les groupes de chasubles se sont encore rapprochés et se font des passes de la tête. « Sur place pour l’instant, pas de consigne » explique Kévin Plantet. Le préparateur physique fait rapidement évoluer la séquence : « Interdiction de remettre au passeur, on se déplace à chaque fois. » Le thème de l’entraînement prend forme avec des joueurs tapotant les ballons de la tête tout en changeant régulièrement de place. Le long du grillage, David Das Neves, le kinésithérapeute du club, prend en charge Youssouf et Poussin sur quelques exercices avec plots.
Un coup de sifflet retentit. « Allez on y va » décrète Jocelyn Gourvennec. Le groupe se dirige à l’opposé, sur un terrain réduit délimité par deux cages. L’entraîneur des Girondins, dos à la bâche bleue marine qui orne tout un côté du terrain d’entraînement, et à la lisière du terrain de jeu, donne ses consignes. Le technicien bordelais est bref. Les joueurs connaissent bien l’exercice depuis un an et demi. Deux équipes s’affrontent en jeu de têtes, et les seules actions autorisées au pied pour les joueurs disputant le match sont les reprises de volée pour marquer. Au niveau des ailes, presque au niveau des cages, les joueurs qui ne font pas partie du match sont des jokers. Un par côté. Derrière la ligne de sortie de but fictive se trouvent également des joueurs jokers. Chacun peut remettre au pied soit pour centrer dans le cas des joueurs sur les ailes, soit pour mettre le ballon dans la surface pour les jokers derrière les buts. Dès qu’un ballon tombe au sol, le joueur le plus proche doit le relever à la main pour repartir de la tête. Le jeu débute et Toulalan marque d’une reprise de volée soudaine. « Bien Jérôme, bien parlé » se réjouit Franck Chaumin l’entraîneur des gardiens sur l’action suivante devant une intervention solide de Prior. « Allez gardez le rythme » demande Jocelyn Gourvennec. Les blancs dirigés par Costil sont composés de Toulalan, Lewczuk, Otavio, Kamano et Cafu. Face à eux, on retrouve les jaunes de Sankharé, Contento, Verdon, Malcom et Carrique. Cafu marque d’une deuxième volée et donne un 2-0 aux blancs juste avant le coup de sifflet de Gourvennec. On change, et ce sont les bleus qui affrontent les roses. L’ambiance est calme chez les joueurs, proche d’une certaine torpeur. Jocelyn Gourvennec le remarque et hausse légèrement le ton : « Du rythme ! C’est lent. » Le coach girondin insiste : « C’est dans l’à-peu-près ça. »
Over Mandanda crie et s’empare d’un ballon mais relance trop vers le sol. Jocelyn Gourvennec le reprend : « Non Over, ballon en l’air. » L’entraîneur bordelais, peu satisfait, continue d’adresser quelques remarques : « Vous n’êtes pas prêts autour, vous recevez arrêtés. » Les bleus de Poundjé, Plasil, Jovanovic, Pereira et Mendy ont des difficultés et ne marquent pas. En face, les roses de Vada, Gajic, Pellanard et De Préville ouvrent le score d’une tête piquée de Lerager qui soulève l’enthousiasme. Jocelyn Gourvennec siffle. « Blancs, bleus » désigne l’entraîneur bordelais qui reprend Jovanovic dès le départ : « On joue en une touche Jova. » Pereira effectue une remise de la tête un peu hasardeuse mais Plasil s’arrache pour reprendre de volée en taclant et sa frappe frôle la barre. Les joueurs de côté peuvent centrer en demi-volée, le but étant que le ballon vive en l’air dans le coeur du jeu. Les blancs ouvrent le score par Kamano à la volée et Cafu manque de peu le deuxième but de la tête, en déviant seulement le ballon. « Cafu, ça c’est les cheveux » taquine Jocelyn Gourvennec. Pereira égalise d’une volée en cloche en position axiale. Un « bien joué Maté » retentit. Jovanovic est proche de donner la victoire à son équipe d’une tête qui trouve le sommet de la barre de Costil. « Bien joué Jova » encourage Jocelyn Gourvennec avant de siffler. Les matchs s’enchaînent sans temps d’arrêt. Mandanda sort de façon physique et bouscule Contento dans le dos. Prior se fait entendre. Les gardiens imposent le rythme. Over Mandanda semble lobé par une tête mais se détend pour sortir le ballon. Jérôme Prior rend la pareille à son collègue en boxant un ballon en se couchant sur une volée tendue et lointaine de Lerager. Jocelyn Gourvennec siffle de nouveau et fait le point sur les scores des différentes équipes en consultant son carnet. « Tout le monde peut encore gagner » informe le coach marine et blanc.
Sans cesse, les joueurs alternent en un éclair entre phases d’attaque et de défense et doivent continuellement se retourner et s’informer. Mendy, légèrement côté gauche, dos au centre d’entraînement, place une tête qui passe au dessus. « Alex » s’exclame Jovanovic qui était seul au centre, légèrement dépité. Les jaunes et les bleus qui s’affrontent sont à 1-1. « Il faut aller chercher la gagne » motive Jocelyn Gourvennec. Contento marque de la tête pour les jaunes. Le dernier match se profile. « Allez, c’est la gagne là. » Jocelyn Gourvennec harangue ses joueurs une nouvelle fois et insiste : « Les vainqueurs ce sont les champions. » Les roses et les blancs s’affrontent. Vada et Otavio se mettent quelques coups d’épaules avant de commencer, avec le sourire. Lewczuk et De Préville s’accrochent aussi, les sourires en moins même si l’on devine un trait d’humour derrière ces gestes. Les deux joueurs continuent dans un contact sans ballon un peu plus viril dès le début du match. Le jeu est plus intense. Vada frappe, Costil se couche, mais le tir du milieu bordelais n’est pas réglementaire. « Deux minutes, on est à la moitié » indique Gourvennec pour presser ses joueurs qui sont toujours à 0-0. Mendy trouvé en position de joker par Mandanda centre en première intention. Otavio sur la défensive sort le ballon de la tête. Les roses ouvrent le score de volée par De Préville. Gourvennec challenge les blancs : « Allez il reste du temps. » Malgré quelques actions, le score ne bouge plus. Jocelyn Gourvennec fait les calculs. Les jaunes et les bleus terminent à égalité derrière les deux équipes finalistes. « Un but bleu et un but jaune » décrète l’entraîneur bordelais. Les joueurs s’exécutent et placent les buts dos au centre d’entraînement, parallèles. Sur l’un d’eux, des mannequins sont placés à droite et à gauche pour une séance de coups francs.
Pendant que certains joueurs effectuent quelques passes longues à divers endroits du terrain comme Lewczuk et Plasil, Verdon et Sankharé ou Carrique et Youssouf, que d’autres se préparent aux coups-francs comme Vada, Cafu, Malcom et De Préville, Mendy, Kamano, Gajic et Contento partent à l’opposé pour travailler avec Eric Bedouet. Stéphane Martin en costume-cravate a rejoint Jocelyn Gourvennec derrière les buts et entame une longue conversation avec son entraîneur. Avec Eric Bedouet, Mendy et Kamano travaillent face au but. Les deux joueurs, à tour de rôle, font mine de se défaire du marquage de deux mannequins, tapent une planche grillagée avant d’orienter sur Gajic à droite ou Contento à gauche et de se projeter dans la surface pour récupérer un centre. Jérôme Prior leur fait face dans les cages. Sur l’atelier des coups-francs, la réussite n’est pas au rendez-vous. Plasil et De Préville frappent à côté. Pereira au dessus. Même Malcom place quelques frappes anonymes facilement captées par Mandanda. De Préville touche ensuite le poteau, et Malcom la barre transversale, imité par Cafu. Eric Blahic qui a l’oeil partout observe les coups-francs mais aussi les échanges de longs ballons entre Youssouf et Carrique et reprend le premier nommé : « Zey, ton ballon ne doit pas tourner. » Tout en regardant les frappes arrêtées, Eric Blahic revient sur Youssouf : « C’est mieux là. » De l’autre côté du terrain, Mendy marque de volée, avec une belle facilité. Vada marque le premier coup-franc de façon enroulée. « Arrête-toi là-dessus » préconise Eric Blahic tout en insistant : « Tu ne vas pas en marquer d’autres. » Valentin Vada semble désabusé et s’adresse à son entraîneur adjoint : « Eric, tu n’as pas confiance en moi ? » L’adjoint de Jocelyn Gourvennec, ramasse quelques ballons et précise sa pensée : « Si, mais tu vas te déconcentrer. » Alors que De Préville marque en lucarne, la prévision d’Eric Blahic s’avère juste. Vada frappe sur le mannequin puis au dessus.
Eric Blahic incite ses joueurs à rentrer aux vestiaires et à ranger les mannequins. Le bras droit de Jocelyn Gourvennec appelle Eric Bedouet et fait signe d’arrêter le travail avec deux signes de bras en guise de fermeture. Eric Blahic se rapproche de Vada qui ramène les mannequins seul et discute avec lui à propos de sa gestion des coups-francs. Sur l’atelier de frappe aux buts, Eric Bedouet continue de faire travailler les joueurs. Eric Blahic le remarque et place un coup de sifflet énergique tout en jetant un oeil un peu noir à l’opposé du terrain. « C’est la dernière » s’empresse d’informer Eric Bedouet. Même si le préparateur physique enlève le matériel en compagnie des joueurs, Alexandre Mendy reste sur le terrain avec Jérôme Prior et s’acharne à placer des frappes au but. Plus loin, presque anonymement, Jérémy Toulalan termine par un footing en compagnie de Kévin Plantet, faisant le tour des terrains annexes. Après deux derniers matchs décevants, le staff et les joueurs girondins se sont réfugiés dans un travail rigoureux, qui pourrait porter ses fruits dans une saison automnale qui avait fait mal aux Girondins la saison dernière.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan