Carnet d’entraînement : Rigueur et intensité

04/10 - 17:12 | Il y a 8 ans
Carnet d’entraînement : Rigueur et intensité

© Iconsport

Mercredi 4 octobre 2017 - Sous un doux soleil et dans le calme du Haillan, les Girondins ont pratiqué une séance d’entraînement active avec peu de temps morts. Au programme : de la précision et du jeu rythmé dans des espaces réduits.

Le Haillan est paisible. Sous un soleil doux, quatre spectateurs sont présents à 10 heures - heure de départ de l’entraînement annoncée sur le site officiel - et attendent l’arrivée des joueurs. Sur le terrain, un dispositif presque impressionnant. Des rangées de mannequins sur chaque côté du terrain avec quelques piquets, côté vestiaires. Sur l’autre moitié de terrain, une vingtaine de ballons à la lisière du périmètre de jeu, et quatre mini-cages alignées avec des plots leur faisant face, trente mètres plus loin, pour délimiter la surface de jeu. Une silhouette se distingue dans la salle de musculation, mais les joueurs se font désirer. « Quand est-ce qu’ils arrivent » demande impatiemment une petite fille à sa maman. Il est 10h16 et toujours pas l’ombre d’un joueur. Lorsque les joueurs sont en retard, les raisons peuvent être variées allant d’une séance vidéo qui s’est allongée jusqu’à un briefing un peu plus dense qu’à l’accoutumée. Trois jours après l’humiliation parisienne, ces explications prennent leur sens. 10h20 : Eric Blahic, l’entraîneur adjoint bordelais, est le premier professionnel à sortir. Pendant de longues minutes, le bras droit de Jocelyn Gourvennec arpente le terrain seul, replace des piquets, s’arrête devant les mannequins, observe le terrain, fait les cent pas. Le technicien bordelais semble songeur. Dix minutes plus tard c’est le coach des gardiens, Franck Chaumin, qui rejoint Eric Blahic. Les deux hommes conversent près des vestiaires. Toujours sans les joueurs. 10h40 : Jocelyn Gourvennec fait son apparition sur le terrain et rejoint ses collègues. Les joueurs ne tardent pas à suivre leur entraîneur, au compte-gouttes et dans un calme olympien. Chacun est avisé de son rôle pendant l’entraînement et ramasse une chasuble violette ou blanche. Les gardiens, eux, ont le droit aux chasubles jaunes. Le groupe se masse ensuite autour des coachs.

Jocelyn Gourvennec fait partir ses joueurs pour un tour de terrain après un conciliabule rapide. Habituellement pratiqué dans un joyeux brouhaha, le micro-footing matinal dégage une atmosphère très studieuse. Après ce bref galop de départ, deux groupes se forment incorporant chacun deux gardiens. Un premier groupe est supervisé par Eric Blahic, celui à l’opposé, près de l’espace réservé aux médias, est géré par Kévin Plantet. Jocelyn Gourvennec, près du groupe Blahic, se positionne en retrait, silencieux. Les deux exercices sont les mêmes. Tout au long du circuit, chaque joueur est positionné légèrement derrière un mannequin et doit attaquer le ballon dès réception avant de passer à son partenaire pour faire avancer le jeu. L’atelier se fait de manière verticale avant de revenir vers le point de départ. Un premier joueur prend appui sur une petite planche, trouve un partenaire dans sa diagonale. Ce dernier trouve un partenaire intercalé au milieu qui passe le ballon à un joueur un peu plus haut. Ce dernier joue un une-deux avec l’avant-dernier joueur du circuit qui lance le dernier élément entre deux piquets d’une passe en profondeur. Après avoir donné le ballon pour que le jeu redémarre, le dernier joueur finit par quelques enjambées de piquets sans ballon. Après chaque passe, le joueur change de place sur l’échiquier. Tout se joue en une touche de balle, sauf pour le deuxième joueur trouvé qui effectue un contrôle orienté avant de jouer. Eric Blahic délivre ses dernières informations avant de lancer le jeu : « Intérieur du pied obligatoire. On joue toujours dans le dos des mannequins. Ça va nous servir dans le jeu tout à l’heure. »

Les premiers mouvements ne satisfont pas Eric Blahic qui précise en criant : « Faut pas être arrêté quand vous avez le ballon. » L’entraîneur adjoint des Girondins donne le ton de la séance en se montrant plus directif qu’à son habitude et en enchaînant les remarques : « Les gars trop de rebonds, pas de ballons claqués », « Non Max, devant lui le ballon, à l’endroit où il va, pas à l’endroit où il est. » Les abords du terrain d’entraînement, extrêmement clairsemés, se remplissent d’un contingent d’une équipe venue d’un pays d’Asie. Très intéressés par la séance, les membres de cette équipe prennent des photos et vidéos avec leurs téléphones portables, et se passionnent pour tous les détails autour de l’entraînement. Sur le terrain, au fur et à mesure que le jeu prend vie, deux ballons par atelier arrivent à transiter. Jocelyn Gourvennec, mains dans le dos, est toujours silencieux, l’air fermé. « Tu mets une passe dans le dos, Jaro est obligé de ralentir » peste Eric Blahic après l’un de ses joueurs qui ne s’est pas appliqué sur la passe en profondeur pour Plasil. Un coup de sifflet retentit. Les joueurs ont le temps d’aller boire et changent ensuite de côté. Des jeunes de l’équipe de National 3 ont été conviés. On retrouve notamment parmi eux les défenseurs Biatoumoussouka et Carrique, le milieu Yassine Benrahou ou encore l’attaquant Malhory Noc. Olivier Verdon, Jules Koundé et Zaydou Youssouf sont les autres jeunes présents mais habitués aux séances quotidiennes avec l’équipe première.

« Dans la course » insiste inlassablement Eric Blahic, demandant à ses joueurs de l’application sur ce point pour permettre au jeu de ne pas être gâché sur la fin. « Tu es en retard, tu pars quand le ballon est en route, ça ne m’intéresse pas » se désespère Eric Blahic en s’adressant à l’un de ses joueurs. Sur le terrain des jeunes, dans le dos des spectateurs, un tracteur servant à tondre la pelouse couvre les voix des entraîneurs faisant un bruit sourd. Rapidement, un agent de sécurité accourt pour interrompre le jardinier qui avait mal choisi son moment pour rafraîchir la taille de la pelouse des juvéniles. La voix d’Eric Blahic redevient audible : « Plus vite les passes sur les une-deux. Vite, vite, vite. » Souvent pointilleux et dynamique, l’entraîneur adjoint des Girondins est plus incisif que jamais. Un nouveau coup de sifflet se fait entendre. Eric Blahic, toujours aux commandes : « Récupérez les mannequins, enlevez les piquets, allez boire et allez de l’autre côte. » Les joueurs ne traînent pas et rejoignent rapidement leurs entraîneurs près des quatre petites cages, tels des élèves très sages. Après un briefing rapide, tout le monde se met en place. Les blancs de Toulalan font face aux cages, tandis que les violets de Malcom sont en position de défense. Le jeu doit se faire en deux touches de balle. Les blancs doivent marquer, et les violets défendre et conserver le ballon. Les quatre cages positionnées sur la largeur obligent à faire voyager le ballon pour marquer, et à défendre attentivement y compris sur les côtés. Le jeu se fait sur un espace d’une trentaine de mètres. Au niveau des plots qui délimitent le terrain, Benoît Costil et Over Mandanda servent de points d’appuis opposés pour l’équipe qui défend et peut allonger en cas de difficulté. Derrière les cages, Jérôme Prior et Gaëtan Poussin jouent comme remiseurs pour l’équipe blanche mais ont une double casquette puisqu’ils informent aussi les défenseurs devant eux des dangers provoqués par l’équipe qui attaque.

Le jeu débute et la densité de joueurs obligé à travailler court dans les petits espaces. « Les blancs vous êtes trop loin » enrage Eric Blahic. Chez les violets, Contento, Verdon, Poundjé et Koundé défendent. Devant eux Plasil, Youssouf et Vada gèrent le milieu, alors que Noc, Mendy et Malcom sont en positions offensives. En face, Toulalan et Pellenard encadrent les novices avec Otavio et Pereira et De Préville et Cafu pour marquer. Les buts sont rares mais le jeu est dynamique. Les jeunes pressent, taclent. Cafu tente un dribble qui sort et s’invective. « Trouvez le dos des violets, si on ne peut pas jouer on déplace » demande Eric Blahic qui s’agace après Valentin Vada concernant la surface de pied qu’il utilise : « Pas de semelle Valé. »  Le jeune Carrique marque dans la cage la plus proche du public juste avant le coup de sifflet de Jocelyn Gourvennec. Les joueurs changent de côté et de rôle. Sur la première action des violets, Malcom, visage fermé, marque d’une frappe sèche. Eric Blahic met volontairement Théo Pellenard sous pression avec un ballon en jeu près des cages à défendre. Après s’être libéré du pressing, le défenseur girondin allonge pour Prior qui a changé de côté. Eric Blahic n’est pas satisfait et demande de rendre le ballons aux violets, estimant que les blancs étaient en place et que le jeu long ne s’imposait pas. Valentin Vada marque et Malcom l’imite sur l’action suivante. Le milieu offensif argentin fait remarquer à Eric Blahic que son coéquipier a marqué avec la semelle. L’entraîneur adjoint des Girondins valide le but et fait comprendre à son joueur que pour marquer n’importe quelle surface est bonne à prendre, contrairement aux phases de jeu. Les violets sont plus à l’aise dans le jeu offensif même si Vada enroule et manque l’une des cages du milieu, au grand regret de Malcom qui était positionné à sa droite et pouvait marquer sur la cage excentrée.

Le terrain est balayé sur la largeur et Koundé marque côté gauche. Le jeu est parfois accroché à l’image de ce ballon en l’air disputé entre les violets Malcom et Vada et Cafu représentant les blancs. Les violets marquent encore. « Six » déclare Malcom en confirmant avec ses doigts en direction d’Eric Blahic. « Valé » crie Mendy qui récupère le ballon et file seul face à une mini-cage centrale. La frappe de l’attaquant bordelais passe à côté accompagnée d’un « oh » collectif de surprise. L’ancien buteur guingampais se tient la tête entre les mains. Malcom manque lui aussi le but d’une petite demi-volée et répète le geste de son coéquipier en se prenant lui aussi la tête. Chez les blancs, le jeune Messie Biatoumoussouka, qui évolue à côté de Toulalan, n’est pas intimidé et dirige beaucoup ses partenaires. La séance s’étire, et Vada marque, scellant l’entraînement en déclenchant les trois coups de sifflets de fermeture du match. « Les buts pour les blancs » informe Jocelyn Gourvennec. Comme à l’accoutumée avec le staff girondin, les perdants de la séance se chargent de ramener le matériel. « Malcom, viens avec moi. » Eric Blahic demande l’assistance de son joueur pour faire l’interprète et délivrer quelques conseils à Otavio tout en marchant vers les vestiaires. Après quelques instants, les joueurs terminent la séance dans le plus grand des calmes, en s’étirant contre le grillage et la bâche bleue marine qui recouvre l’espace à l’opposé des spectateurs. Jocelyn Gourvennec, mains dans le dos encore, observe, lointain, et voit son staff le rejoindre. Après la sortie de route à Paris, les joueurs girondins ont deux semaines devant eux pour préparer la réception de Nantes, et assimiler le message des entraîneurs qui semble avoir été clairement communiqué. 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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