Carnet d’entraînement : Bille en tête avant Angers
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Jeudi 15 septembre 2016 : Après leur succès à Lyon, les entraîneurs girondins ont affiché leur volonté d’avancer à travers la séance du jour où le jeu de tête a pris une part importante, avant la réception d’une équipe d’Angers friande de coups de pieds arrêtés.
Exit l’arrivée des joueurs à 10h30 pour une séance prévue à 10h, comme ce fut le cas dans un passé proche. La méthode d’entraînement est carrée et dès 10h et quelques minutes, les joueurs sont déjà sur le terrain ce jeudi 15 septembre.
Tranquillement, la plupart jonglent. Le temps est presque frais au Haillan, les tee-shirts ne suffisent plus, et le retour à la normale, loin de la foule estivale, se ferait presque ressentir si un bon contingent de supporters n’était pas sur place pour assister à la séance du jour. Sur le terrain, tout est prêt depuis longtemps. Dessiné comme souvent avant l’arrivée des joueurs, le rectangle vert est orné d’objets qui laissent deviner deux ateliers différents. L’un, à droite en regardant la pelouse côté château, laisse penser qu’une séance devant le but, avec évitement de gros mannequins gonflables, sera de mise. L’autre, avec deux buts sur terrain réduit, et plusieurs ballons sagement placés dans les cages, promet une opposition. Pendant qu’Eric Blahic, dans le rôle solitaire de l’adjoint, place quelques chasubles dans les cages, les gardiens débutent leur échauffement côté vestiaires. Les joueurs de champ leur emboîtent rapidement le pas avec un tour de terrain sous les rires et les airs de chansons brésiliennes.
Eric Bedouet, qui veille au grain, demande, vers la fin du deuxième tour, de débuter des ouvertures et fermetures de jambes avant de terminer sur une accélération. Déjà équipés de leurs chasubles de couleurs différentes, les joueurs poursuivent la séance préliminaire en se disposant par groupes de trois pour échanger des ballons. « Déplacez le triangle, faites des petites passes courtes, rapides » demande Eric Blahic. Dynamique, puncheur, le bras droit de Jocelyn Gourvennec ne loupe pas une miette : « Personne ne s’arrête, on se déplace ». Le deuxième Eric, Bedouet, demande aux joueurs de changer de pied pour la passe : « Des fois le ballon il tombe sur le pied gauche, eh bien il faut jouer pied gauche ». L’exercice évolue avec une nouvelle consigne : jouer un une-deux avec un partenaire avant de rejouer en une touche avec le troisième. Pendant que Toulalan et Sertic, toujours protégé au niveau du genou, passent en trottinant avec Kévin Plantet, Eric Blahic demande à ses joueurs d’augmenter le rythme, avec une pointe d’agacement : « accélérez sur la prise de balle, vous attendez le ballon, c’est pas possible ». L’échauffement se termine sur le même modèle avec des passes de la tête.
Pendant que Jocelyn Gourvennec et les gardiens se dirigent vers le mini-terrain pour l’opposition, les joueurs se placent sur l’aire de jeu. Le coach breton distille ses consignes de manière consciencieuse. « Les joueurs de côté, si vous êtes touchés, c’est centre obligatoire » informe l’entraîneur bordelais. Les joueurs présents au centre du terrain ont l’obligation de jouer tous les ballons de la tête. Gajic et Plasil, excentrés sont les premiers à centrer. Malcom et Rolan, sur le centre du Tchèque jouent un une-deux de la tête qui ne trouve pas le cadre. Younes Kaabouni met le premier but de son équipe. Le ballon tombe parfois au sol et devient impraticable. Dans ce cas de figure, le joueur concerné remet le ballon en l’air avec les mains avec l’objectif que le jeu ne s’arrête pas. « Milan, Milan, leve les ballons, c’est injouable » demande Eric Blahic à Gajic. Diego Rolan claque une belle tête qui donne deux buts aux chasubles jaunes. Les joueurs tournent et l’équipe de Rolan prend la place des chasubles Blancs de Guilbert, Ménez ou Plasil sur les ailes.
Frédéric Guilbert est le seul joueur à rester en position de centreur à cause de son nez fracturé. Igor Lewczuk place un gros coup de tête qui passe au dessus de la barre transversale. « attentifs, attentifs » crie Cédric Carrasso. Youssouf Sabaly tape lui aussi un grand coup de casque, mais en position défensive cette fois. La séance alterne entre mouvements de tête défensifs puis offensifs comme dans une opposition classique. Igor Lewczuk est à l’aise dans le domaine et dégage, solide, un centre de Malcom. Les bruits du cuir des ballons contre les crânes se multiplient. Tandis que Grégory Sertic saute des petites haies avant de travailler les remises de balle avec Kévin Plantet, Jérémy Toulalan travaille sur des haies plus hautes avec le kiné David Das Neves.
Jérémy Ménez qui ne touche pas de ballons de la tête, éclate de rire sur une action. Entre travail et décontraction. Sur la dernière action, Pablo réalise une tête avec rebond que Laborde reprend en plongeant. Paul Bernardoni la touche mais la balle termine sa course dans les filets. Trois coups de sifflets retentissent.
« Adam, va boire un coup, enlève-moi les chasubles et ramène-moi les ballons » ordonne Eric Blahic à Adam Ounas juste après les coups de sifflets. Quelques défenseurs regagnent les vestiaires. Igor Lewczuk et Milan Gajic restent pour se faire quelques passes. Le reste du groupe composé des joueurs offensifs se dirige vers l’atelier de frappe au but. À gauche et à droite, face aux vestiaires, le principe est identique : un muret, des mannequins et une adaptation face aux circonstances. Les joueurs doivent prendre appui sur le muret et éviter les mannequins gonflables. D’autres mannequins, plus traditionnels sont là pour recréer une ambiance d’opposition. « Cadrez, cadrez » demande Gourvennec à ses joueurs.
Adam Ounas, à droite, est le premier à trouver une lucarne sur une frappe enroulée. Diego Rolan, à gauche, trompe Prior d’un plat du pied. Du côté des blessés légers, Grégory Sertic échange de longs ballons avec Kévin Plantet pendant que Toulalan, après avoir réalisé un exercice de passes simples, effectue des passes aériennes par dessus les mannequins, toujours en compagnie de David Das Neves. Franck Mantaux, juché sur le toit des vestiaires, occupé à récupérer des ballons perdus, peut admirer en hauteur le joli ballon piqué de Kaabouni. « Bien joué » se réjouit Eric Blahic qui demande de la variété aux joueurs. Jérémy Ménez marque d’une frappe à ras de terre au premier poteau. « Voilà ! Elle est cachée » commente avec satisfaction l’entraîneur adjoint des Girondins. Les gestes s’enchaînent et Gourvennec commente l’atelier, sans agacement mais avec détermination : « Il faut être réguliers ». « Cachez ce que vous allez faire. Partez à l’intérieur, et repartez vers l’extérieur » explique Eric Blahic aux joueurs.
Bernardoni qui se couche bien sur une frappe de Laborde est encouragé par l’entraîneur adjoint. Jérémy Ménez réédite la frappe à ras de terre premier poteau et trompe Bernardoni. François Kamano, très discret sur l’exercice des têtes, se rattrape via un enchaînement semelle puis intérieur-extérieur pour s’amener le ballon devant le but. « Vas-y, vas-y » crie Eric Blahic, mais la frappe à ras de terre de l’ancien bastiais est sortie par Paul Bernardoni. Après une courte pause, la séance évolue. Un joueur est chargé de jouer contre le muret et de lancer son partenaire vers l’extérieur avec l’ambition d’enrouler les ballons sur les frappes. Adam Ounas place un tir somptueux enroulé du pied gauche qui trouve la lucarne. « C’est ça que je veux voir » tonne Blahic. Younes Kaabouni effectue le même type de geste et fait mouche, tandis que Malcom touche la barre. Isaac Kiese-Thelin marque d’une frappe moins enveloppée, plus sèche et plus basse que celle d’Adam Ounas, mais la vitesse du ballon se fait ressentir à entendre les filets claquer. Trois coups de sifflets retentissent et viennent mettre fin à la séance. « Récupérez les ballons, les chasubles et les mannequins les garçons ». Jocelyn Gourvennec ne lâche pas cet aspect obscure de l’entraînement, mais important dans sa méthode de travail avec ses hommes.
Quelques joueurs dont Touré, Kaabouni, Rolan, Laborde ou Malcom prennent l’initiative de replacer quelques mannequins devant Bernardoni pour s’entraîner une dernière fois, mais à frapper des coups-francs cette fois-ci. Pendant que Jérémy Toulalan slalome entre les plots et frappe sans gêne apparente à plusieurs reprises dans un but miniature, Jocelyn Gourvennec observe de près la séance. Habile dans cet exercice lorsqu’il était joueur, le technicien breton voit la séance s’étirer jusqu’à un but de Laborde. Peut-être un présage pour samedi où coups-francs et jeux de fortes têtes pourraient être des clefs pour décanter le match face à Angers.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan