Carnet d’entraînement : Travailler dur avant Marseille
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Mercredi 6 avril 2016 : Ulrich Ramé avait annoncé la couleur dès son intronisation : l’équipe allait se réfugier dans le travail. La séance variée et intense du matin a eu le mérite d’apporter du volume de jeu aux footballeurs présents sur la pelouse.
Clément Chantôme regarde sa montre et termine un footing hors du terrain d’entraînement. Il est l’un de ses seuls éléments de l’effectif à ne pas toucher le ballon ce mercredi 6 avril au matin. Sur le terrain, l’effectif est garni. L’infirmerie se vide. Grégory Sertic et Nicolas Pallois, deux des blessés marquants de la saison, participent, en compagnie de Mathieu Debuchy, à la séance collective. Chasubles sur les épaules, les trois joueurs, font presque office de nouveaux. David Sambissa et Jules Koundé, jeunes joueurs des équipes réserves, sont aussi de la partie. L’entraînement collectif débute par un travail de passes en triangle suivi d’une remise rasante plus longue pour un coéquipier. « Allez, tac, tac. Allez Malcom. Ça ça m’intéresse. Voilà, le jeu à trois, parfait. On multiplie les appuis ». Pierre Espanol, fidèle à son habitude, rameute, tandis qu’Ulrich Ramé, bras croisés, observe ses joueurs s’affairer. « Allez il reste une minute, on ne perd plus le ballon » demande Espanol. Le ton de la séance est donné. Sans perdre de temps, les joueurs rejoignent ensuite une autre partie du terrain pour une opposition. Le thème est la conservation du ballon. Trois équipes s’affrontent dans cet exercice. Tous les joueurs sont sur le pont, à l’exception de Robin Maulun et Clément Chantôme en travail avec le kiné. Le ballon vit rapidement, les joueurs bougent, les blocs se déplacent. « Ecartez » hurle Lamine Sané à ses coéquipiers. Tout le monde donne de la voix, et particulièrement Jaroslav Plasil lorsque son équipe ne participe pas au jeu directement et officie comme équipe joker pour des remises aux alentours du terrain. Sur un duel, Nicolas Pallois engage tout son corps, en restant debout, face à André Poko, et récupère le ballon. « Bien joué Nicolas » souligne Pierre Espanol. Alors que les équipes font une pause pour s’hydrater, Ulrich Ramé prend la parole : « Les garçons, c’est difficile de récupérer le ballon, alors jouez simple ». Aucun joueur ne triche et chaque équipe se donne pleinement. « Allez, de la lucidité, ne vous laissez pas enfermer » demande un Ulrich Ramé sûr de lui, sans lever le ton.
« Valentin, je veux te voir plus haut »
Trois coups de sifflet retentissent. « Attention à vos tacles avec les deux pieds, restez debout » fait remarquer Pierre Espanol, un adjoint à l’oeil aiguisé. Après avoir pris du temps pour boire sous les recommandations du staff, les joueurs, rejoints par Chantôme effectuent un travail d’accélération le long du terrain avec Eric Bedouet. « Allez vite, recul-frein. Ce qui m’intéresse c’est que vous maîtrisiez votre arrêt sur la pointe des pieds » explique le préparateur physique des Girondins. Les joueurs enchaînent des accélérations suivies d’arrêts, de petits pas de recul, et de nouvelles accélérations en demi-tour. À chaque course, le bruit des crampons freinant dans le gazon donne l’impression d’un troupeau arrivant à vive allure, avec une sensation réelle de puissance. Cet intermède physique se termine par des petits appuis entre des plots placés au sol avec contournements arrières suivis de nouvelles accélérations. Les joueurs se divisent ensuite en deux groupes. Une opposition supervisée par Ulrich Ramé permet aux joueurs de travailler la circulation du ballon et de balayer le terrain, tandis qu’un atelier de frappes au but est mené par Pierre Espanol et Mathieu Chalmé. Vada en position reculée est repris par Ramé dès le départ : « Valentin, je ne veux pas te voir ici, je veux te voir plus haut ». Trois cages sont disposées. Deux d’un seul côté, et une en face. Deux lignes de joueurs s’opposent. Un axe central est composé de Pallois-Yambéré protégé par Arambarri tandis que le deuxième est fourni par Sané et Sertic avec Vada un cran au dessus. Mathieu Debuchy participe activement à cette opposition. Du côté de Pierre Espanol, il s’agit de faire évoluer le triangle du début d’entraînement en situation. Un premier joueur effectue une passe courte pour un appui qui remet à un partenaire. Ce dernier prend le ballon et doit filer au but en évitant le mannequin. Thomas Touré, très exigeant avec lui-même, s’invective après une frappe manquée, illustration d’un entraînement où chacun se donne à fond.
« On ne prend pas de but »
Après plusieurs séquences, une équipe vient remplacer celle sous le commandement d’Ulrich Ramé. Pablo et Guilbert sont les deux centraux de cette formation. Du côté du coach Ramé, Pablo décale parfaitement le jeune Koundé qui vient tromper Brucato d’un plat du pied serein. Au sein de l’atelier de Pierre Espanol, Crivelli trouve une lucarne sereine tandis que Jussiê pousse trop son ballon mais marque de l’extérieur du pied. « Allez, une minute, on ne prend pas de but » crie Ulrich Ramé. Les équipes changent de nouveau. Jérôme Prior donne énormément de voix. Les équipes utilisent tout le terrain, et le jeu est aéré. Le jeune Koundé est dynamique et montre de belles choses dans son couloir gauche, allant jusqu’à contrer énergiquement Mathieu Debuchy. Adam Ounas, de son côté, évite avec tonicité des tacles de Pablo et de Koundé dans la foulée, pour placer une frappe sous la barre du jeune Simon Lefèvre qui enrage. La séance semble prendre fin au coup de sifflet final d’Ulrich Ramé. « Mettez-vous avec le coach » ordonne Pierre Espanol. L’entraîneur en chef des Girondins tient un petit papier et demande à ses joueurs, tous regroupés, de mettre leur chasuble au sol. En fonction des indications de Ramé, chacun récupère un chasuble. Deux cages à espaces rapprochés ont été installées. Une petite opposition, proche des vestiaires, est prévue pour terminer.
Des contacts, de l’engagement, et une frayeur
Quelques joueurs regagnent les vestiaires et deux équipes se positionnent pour s’affronter. La troisième équipe, positionnée de chaque côté des buts, va agir comme équipe joker. « C’est libre à l’intérieur, mais les joueurs en appuis offensifs c’est en une touche » explique Ramé pour faire comprendre le rôle de l’équipe joker. Les oppositions sont très vite enlevées. Plasil marque d’un plat du pied serein. Jérôme Prior effectue une sortie impressionnante dans les pieds de Thomas Touré, et vient de suite taper la main de son coéquipier et adversaire occasionnel. Deux actions plus tard, Frédéric Guilbert prend un coup de la part d’André Poko et reste au sol. Le jeu se poursuit un moment, avant que Jaroslav Plasil n’essaye de le relever. Le jeune défenseur bordelais s’agace et refuse la main tendue de son partenaire, avant de se mettre debout en râlant. Dans la foulée, Guilbert participe à un superbe mouvement, trouvant Crivelli en joker. La passe en retrait de l’attaquant bordelais est parfaite pour Debuchy qui marque d’un poteau rentrant. Le schéma se reproduit pour l’équipe adverse, mais avec Diego Rolan à la baguette pour une belle frappe sous la barre de Bernardoni. Alors que la séance s’apprête à s’achever, Jaroslav Plasil s’écroule suite à un mouvement anodin. Le silence tranche avec les paroles présentes depuis le début de la séance. Tout le groupe se concentre autour du joueur tchèque. Lamine Sané, inquiet, se précipite vers le vestiaire en criant : « Doc… Oh doc, vite, c’est Jaro ». Le médecin du club sort du vestiaire pour venir au chevet de Plasil. On parle du genou de l’international girondin. On entend une mouche voler. Mais l’ex-monégasque est solide et finit par se relever, sous les applaudissements de ses coéquipiers, visiblement soulagés. Tout le monde termine la séance par un footing, y compris Jaroslav Plasil qui confie à Yambéré avoir senti une décharge. Plus de peur que de mal. Un signe que le temps maussade, pourtant encore menaçant ce mercredi matin au Haillan, s’éloigne des Girondins ? Réponse dimanche à Marseille.
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan