Exclu - Élie Baup : "J'ai vécu les meilleurs moments de ma carrière à Bordeaux"
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Entraîneur des Girondins de Bordaux pendant six années années (entre 1997 et 2003), Élie Baup a certainement connu l'apogée de sa carrière en 1999, avec un titre de champion de France. Aujourd'hui, le natif de Saint-Gaudens éprouve une certaine nostalgie en évoquant ses années bordelaises. Entretien.
Quels sont les principaux souvenirs que vous gardez de vos années bordelaises ?
A Bordeaux, j'ai vécu les meilleurs moments de ma carrière. D'une part, parce que j'ai remporté le titre de champion de France en 1999 et la Coupe de la Ligue en 2002. D'autre part, parce que le fonctionnement relationnel avec les joueurs était idéal. C'était une génération bénie, pour laquelle la notion d'identification au club avait une vraie importance. Des mecs comme Laslandes, Micoud, Ramé ou Pavon considéraient Bordeaux comme leur club, ils n'avaient pas de plan de carrière. Depuis, les mentalités ont bien changé...
Vous éprouvez certains regrets...
Oui, quelques-uns, notamment sur la fin de mon aventure bordelaise. J'ai été licencié en cours de saison (2003-2004, Ndlr), mais j'avais ma part de responsabilité. A l'intersaison, j'avais été sollicité par l'Athletic Bilbao. Les négociations avec le club espagnol avaient bien avancé, jusqu'à ce que son président ne décède. A l'époque, je n'avais pas de conseiller, j'avais traité avec lui directement et c'était un projet qui me tentait. Auparavant, l'OM et Monaco m'avaient sollicité, mais j'avais préféré rester à Bordeaux. Finalement, Bilbao ne m'a pas recruté et j'ai annoncé à Jean-Louis Triaud que je comptais rester. Il a refusé. Sincèrement, je regrette que ça se soit terminé comme ça...
Comment jugez-vous la première année de Sagnol aux commandes des Girondins ?
Déjà, je dois dire que ça m'a fait plaisir de voir un jeune coach débarquer à Bordeaux. Willy, je l'ai vu débuter à l'ASSE. En Gironde, il amène vraiment quelque chose grâce à son vécu d'ancien joueur du Bayern Munich. Sa première année s'est plutôt bien passée, avec une qualification européenne à la clé. Maintenant, il faut confirmer.
Que pensez-vous de la politique sportive des Girondins de Bordeaux ? N'est-elle pas trop frileuse ?
Le club s'appuie essentiellement sur des joueurs issus de son centre de formation. Mais des jeunes à Bordeaux, il y en a toujours eu. Clément Chantôme est arrivé au mois de janvier dernier. Il existe une réelle ossature dans cette équipe, même si on peut se poser certaines questions au sujet de la défense centrale.
Comment avez-vous trouvé le mercato estival bordelais ?
A l'image du mercato français. Les meilleurs talents partent, notamment en Angleterre. Les charges sociales qui pèsent sur les club français sont incroyables, comme les impôts que doivent payer les joueurs évoluant en Ligue 1...
« J'aimerais bien relever un dernier challenge en France »
Quels sont les joueurs de l'effectif girondin capables de porter le club vers le haut et d'encadrer les plus jeunes ?
Carrasso pour commencer, qui évolue à Bordeaux depuis 2009. Clément Chantôme également. Sinon j'aime bien Wahbi Khazri, un joueur en devenir, et Cheick Diabaté, que je trouve costaud.
Quel manager êtes-vous ? Plutôt dans le dialogue et le compromis ou cherchez-vous à imposer certains choix ?
J'ai dérangé pendant longtemps parce que j'avais une équipe-type et que je ne l'a modifiée guère. J'ai souvent fait 50 matches dans la saison avec seulement 14 joueurs. J'ai toujours bien aimé que mon effectif ne soit pas trop élargi. A l'époque où j'étais à Bordeaux, je faisais souvent appel à des jeunes pour le compléter, comme Bruno Da Rocha, Marouane Chamakh ou Marc Planus.
Etes-vous toujours un adepte d'un schéma tactique en 4-4-2 avec deux milieux offensifs excentrés, comme à l'époque du titre de 1999 ?
C'est un dispositif offensif que j'aimais bien. Avec Charles Camporro (ancien directeur sportif des Girondins, Ndlr), quand il manquait un joueur à un poste-clé, on cherchait à le remplacer par un profil similaire afin de pouvoir conserver ce schéma. Il fallait trouver la solution qui convenait le mieux au groupe. Par exemple, quand Ali Benarbia est parti au PSG en 1999, on a recruté Corentin Martins. On choisissait des joueurs pour répondre à une idée de jeu précise. Aujourd'hui, ce n'est plus possible de faire ça, le business de circulation des joueurs ne le permet plus. Avant, dans un club comme Bordeaux, le projet sportif pouvait retenir un joueur. C'est d'ailleurs en partie grâce à ça que Ramé, Micoud ou encore Wiltord sont devenus internationaux alors qu'ils évoluaient chez les Marine et Blanc.
Pouvons-nous espérer vous voir sur un banc de touche dans les prochaines semaines ?
Oui, c'est possible. J'ai une expérience, notamment dans le foot français, qui pourrait rendre service à certains clubs. J'ai récemment eu des propositions venant du Maghreb, des pays du Golfe, de Suisse... Mais j'aimerais bien relever un dernier challenge dans le championnat de France.