Girondins. Clément Michelin : "J’ai ressenti de la haine"

© Iconsport
WebGirondins : Clément, vous jouez la montée en Liga avec Santander, ça doit vous mettre du baume au cœur après deux saisons tumultueuses aux Girondins…
Clément Michelin : C’est une saison plus que réussie. On fait partie des équipes qui ont le plus figuré aux deux premières places, celles de la montée directe en première division. C’est très serré, il y a sept-huit équipes qui se tiennent, ça va être tendu jusqu’au bout. Mais c’est vrai qu’il m’a fallu un petit peu de temps pour digérer ce qui s’est passé à Bordeaux. Quand j’ai signé à Santander, c’était assez particulier parce que, depuis que je suis petit, j’adore le jeu espagnol. Je n’avais jamais eu l’opportunité de signer en Espagne, alors il y avait la joie de pouvoir vivre enfin cela, mais elle était partagée, car j’étais triste de quitter Bordeaux, des amis, un club magnifique, un coach qui nous a transmis des choses rares. Ça a été vraiment particulier.
Dans un monde idéal, vous seriez restés aux Girondins ?
Je ne voulais pas partir de Bordeaux, vraiment pas. J’étais proche de ma famille (il est toulousain d’origine), c’est un club incroyable, avec une Histoire à réécrire. J’étais trop bien à Bordeaux. Encore aujourd’hui, quand je regarde les photos avec mes coéquipiers sur mon téléphone, dans ce stade, il y a de la tristesse. On n’a pas fini notre boulot. J’aurais tellement aimé connaître une montée avec Bordeaux, ça aurait été incroyable. Mais porter ce maillot, jouer dans ce stade, rien que ça, ça a été incroyable. Cela restera une fierté dans ma carrière.
@Iconsport
Vous dites avoir mis du temps à digérer ce qui s’est passé à Bordeaux. Est-ce que ça n’a pas été aussi un soulagement de quitter un club avec autant de problèmes ?
Ça a été difficile à vivre, bien sûr. Mais je pense que tous les salariés du club ont vécu des choses encore bien différentes de ce que nous, joueurs, avons connu. Même si certains d’entre nous ont galéré pour signer dans une équipe, pour la plupart, on a trouvé des projets. On est encore à un âge qui permet de rebondir. La douleur a été différente pour les autres salariés. J’étais très proche des kinés, des intendants. J’ai senti cette douleur différente de la mienne. Moi, ça m’a fait mal, mais même si j’ai essayé, je ne pouvais pas me mettre à la place de ces gens-là. C’était horrible. J’ai réussi à digérer, car mon nouveau club m’apporte quelque chose de différent. Même si ça restera en moi, car ça a été une période douloureuse, j’arrive un peu à gommer tout ce qui s’est passé. Mais ceux qui étaient au club depuis des années et qui ont dû partir, ils n’arriveront jamais à le digérer. C’est triste et ça fait mal.
« Je n’en sais pas plus que vous sur Gérard Lopez, je n’ai toujours pas compris quel était son but »
Vous semblez touché par leur situation, presque plus que par la vôtre et celle de vos coéquipiers…
Ça m’a choqué. Limite, j’ai compris que ça allait mal au fur et à mesure que j’ai appris que les uns et les autres étaient licenciés. C’est là où j’ai pris conscience qu’ils étaient là depuis quinze, vingt ans. J’ai essayé de m’imaginer comme je réagirais à leur place. Surtout que la fin a été très cruelle pour eux. Un message, un mail. C’est horrible. J’ai essayé d’être proche d’eux comme je pouvais, de leur dire des mots qui ont pu leur faire du bien, mais au fond, ils ont été très touchés par ce qui leur arrivait. Et ce qui arrivait au club. Ce sont des gens passionnés, qui le sont toujours, avec un amour incroyable pour les Girondins. Ces personnes faisaient énormément de bien à ce club. C’est pour ça que j’ai cet espoir que Bordeaux parvienne à se reconstruire vite pour que tous ces gens puissent reprendre leur place. J’espère que les prochaines directions, le futur président s’il y en a un nouveau, penseront à faire de nouveau appel à eux si jamais le club remonte en Ligue 2 puis en Ligue 1.
Ça risque de prendre du temps…
Je suis cela de loin, mais je regarde les résultats. Je pense qu’à terme, Bordeaux peut faire comme Lens, et revenir au plus haut. J’en suis persuadé. Pour l’instant, c’est vrai, on en est loin, c’est difficile. Mais pour être franc, ça ne m’étonne pas. Ça aurait été bizarre que ça reparte d’un coup, comme ça, et que le club remonte directement. Même si c’est un niveau plus faible que ce que les Girondins ont connu, ça reste une division très compliquée, avec une seule montée, éventuellement une place de meilleur deuxième… Oui, c’est difficile. Surtout après avoir vécu une période comme ça. C’est dur de repartir de l’avant. Et puis, c’est sûr qu’on se pose encore des questions.
Lesquelles ?
La direction ? Quel est le but de continuer comme cela ? Pourquoi il n’y a pas plus de changements ? Je suis en contact indirect avec le coach, je sais que c’est une belle personne, je vois les joueurs de l’effectif, il y a quand même quelque chose de beau qui se passe avec les supporters, mais tu sens que c’est fragile. Qu’il y a encore la crainte, la peur de ce qui s’est passé. Ça reste. C’est triste, mais il va falloir du temps. Ça ne va pas se faire en deux-trois saisons malheureusement. Du temps, de la patience, et un vrai changement.
De propriétaire ?
Le truc, c’est que même en ayant été au contact de la direction pendant deux ans, je n’en sais pas plus que vous sur lui, finalement. Je ne sais pas quel était le but de tout cela, qu’est-ce qui a été fait ou pas… On a tellement été laissé à l’abandon, en mode ‘’débrouillez-vous’’, que je ne sais pas ce que ce président veut vraiment faire de ce club. Je n’arrive pas à comprendre. Beaucoup de monde se demande quel est son but et lui demande de dégager, moi, je ne sais pas, je ne me permettrai pas de dire cela. C’est très étrange ce que je ressens pour ce président. On ne le connaît pas personnellement, finalement.
On ne peut quand même pas dire qu’il a bien mené sa barque depuis son arrivée à Bordeaux. Ne serait-ce que dans sa relation avec les joueurs et les salariés du club, vous venez de le dire vous-même…
Depuis que je suis arrivé en Espagne, quand je vois la relation qu’a le président ici (à Santander) avec ses joueurs… (Il ne finit pas sa phrase.) Je n’avais jamais vu ça en France. C’est ce qui manque à Bordeaux. On n’a jamais eu ça avec Gérard Lopez, à part en toute fin de saison 2022-23, parce qu’on pouvait monter, il était un peu plus présent. Mais le reste du temps, il a manqué ce truc, cette relation humaine. C’est dommage. Ça ressemble à un gâchis. Personnellement, je m’étais projeté dans ce club. Je nous voyais faire une très belle saison avec cette équipe, ce staff. Pendant la préparation, on ne s’attendait pas à tout ça.
« On s’entraîne, et tout d’un coup, l’adjoint nous dit ‘’C’est fini !’’ C’était irréel »
Pourtant, il y avait beaucoup de rumeurs, d’infos sur la situation catastrophique du club…
Oui, un peu comme les étés précédents ! Quand j’arrive (2022), je signe le dernier jour du Mercato, à un quart d’heure de la fin. Finalement, c’était passé. Un an plus tard, il y avait toujours des rumeurs, mais le mercato s’était déroulé sans problème. Du coup, à l’été 2024, nous, on se dit que ça va passer encore une fois. On entend toujours les mêmes choses, mais, dans notre tête, on est habitués. On était rentrés dans une routine, à entendre toute la saison ‘’attention, financièrement il y a des problèmes’’… On s’est dit que ça ferait la même chose que les années précédentes. Jusqu’aux quinze derniers jours, on est restés dans cet état d’esprit, à ne pas trop s’inquiéter en se disant que ça allait aller, comme toujours. Ce n’est que les deux dernières semaines qu’on a pris vraiment conscience de la situation.
Vous avez réagi comment ?
Ça a été un choc. Pour moi, ce n’était pas réel ce qui se passait. C’est quand même rare de voir ça dans un club. Surtout un club comme Bordeaux.
‘’Ce n’était pas réel’’, c’est-à-dire ?
On a navigué à vue jusqu’au bout, jusqu’au dernier jour quand on a appris la nouvelle. Ce qu’on a vécu en stage de préparation en Espagne, c’est irréel. On s’est préparés pour une nouvelle saison avec des idées de jeu bien claires, un coach qui a fait un travail de fou et a joué le jeu jusqu’au bout, sans tricher, on était tous certains que ça allait le faire. Qu’on allait enchaîner avec cette saison et remplir les objectifs, cette fois-ci. Tout le groupe commençait à comprendre ce que le coach voulait, quelque chose était en train de se créer. On allait vers le très bon. On ne le saura jamais, mais je reste persuadé que cette saison, c’était la bonne pour remonter. Et on allait remonter prêts, pas pour redescendre aussitôt. C’était le moment, avec une belle équipe, de belles personnes. Et puis, jour après jour, on apprenait les infos à travers les journaux, les réseaux sociaux, c’était très dur à vivre. Le soir, à l’hôtel, on entendait qu’il y avait un repreneur, il y avait de l’espoir. Et le lendemain matin, cet espoir-là repartait. C’était horrible. Le pire, ce qui m’a fait le plus mal, c’est que malgré toutes ces incertitudes, j’ai passé le plus beau stage de préparation de ma carrière. C’était magique.
Pour quelles raisons ?
C’était tellement bien. La relation avec le coach, ce qui était en train de se créer… Quelque chose se passait, on avait trouvé un truc. J’ai ressenti une équipe, on était devenus une vraie famille, parce que c’est dans les moments durs qu’on se rend compte des choses. On était soudés, prêts à tout déchirer cette saison, et tout s’est arrêté d’un coup. J’ai mis… (il ne finit pas sa phrase.) Encore aujourd’hui, je me demande comment c’est possible. C’est bizarre.
Vous avez raconté au média 90football dans quelles circonstances vous avez compris que tout s’arrêtait. Vu de l’extérieur, c’est choquant. Et de l’intérieur ? Comme on le vit ?
On l’a appris avant le dernier match de préparation contre Southampton. A l’entraînement. On est en train de faire un exercice de possession, on voit le photographe qui pleure, le kiné aussi, l’adjoint qui nous dit en plein exercice ‘’C’est fini !’’ Je m’en rappellerai toute ma vie. Plein de sentiments étranges se sont passés à ce moment-là. On s’est sentis vides. On n’arrivait pas à mettre des mots sur la situation, à savoir si c’était vrai ou pas. Ça restera gravé dans ma mémoire, et dans celle de beaucoup de gens.
Pourtant, ce match face à Southampton, vous l’avez joué alors que c’était fichu, que le club arrêtait. Pourquoi ?
C’est le coach. Même après avoir appris que tout était fini, il a continué à y croire, à tout donner pour l’équipe. Il a dit : ‘’Nous, on va se battre jusqu’au bout. Ce match amical, on va le jouer, on finit ce qu’on a commencé.’’ On a joué cette rencontre malgré les risques. Pourtant, si on s’était blessé, ça aurait pu être dangereux pour la suite, pour notre avenir. Mais on y est allé. On avait l’impression que c’était la Champion’s League. Nous, le coach, on était tous dedans, jusqu’au bout du bout. Et puis tu finis ce match, tu te dis ‘’ça y est, c’était le dernier, c’est fini. On rentre, on va au club gérer l’administratif, merci, au revoir.’’ C’est aussi simple que ça. Aussi cruel que ça.
« Riera, c’est Lui Enrique. Un génie »
Albert Riera semble occuper une place particulière dans votre carrière, vous en parlez souvent, et pas que dans cette interview.
Le coach, c’est quelqu’un que j’apprécie énormément. Il a une mauvaise image à Bordeaux, mais les gens ne se sont pas rendu compte de tout ce qu’il a essayé de faire pour ce club, de son amour pour ce club. Et ça, ça m’attriste.
D’où vient cette mauvaise image d’après vous ?
Il dit ce qu’il pense et a une très grande personnalité. Il a voulu protéger l’équipe, prendre les coups pour les joueurs, pour le président, pour tout le monde. Peut-être que je dis n’importe quoi, mais moi, je le vois comme Luis Enrique à Paris. Ça n’a pas toujours été facile pour lui. Maintenant, il est vu comme un génie alors qu’au début, il était vu comme un fou. Albert Riera, c’est pareil. C’est un génie, et ça m’embête que les gens ne l’aient pas vu comme ça. Alors oui, sa com’, oui ci, oui ça, mais pour moi, c’est secondaire. Tout ce qu’il disait, tout ce qu’il essayait de mettre en place, tout était logique, basé sur le plaisir des joueurs, la performance. Franchement, je pourrai parler des heures et des heures de ce coach pour essayer de bonifier son image parce qu’à Bordeaux, ça n’a pas été ça.
Vous savez très bien d’où vient ce désamour : principalement de sa communication, de son attitude…
C’est une personne entière. Oui, il aurait pu essayer d’être plus dans le politiquement correct lors des conférences de presse, d’aller dans le sens des journalistes. Mais je vais vous dire ce que je pense : pour moi, certains journalistes aussi ont fait du mal. Ils se nourrissaient de la situation pour faire le buzz. A la fin de notre aventure à Bordeaux, heureusement que certains nous ont calmé et qu’on a réussi à garder notre sang-froid, parce qu’on avait envie, nous les joueurs, de régler nos comptes.
Avec qui ? Les journalistes ?
Des journalistes, oui. Je ne donnerai pas de nom, mais certains journalistes ont fait un mal pas possible à des joueurs, au club. Ils ne s’en rendaient sûrement pas compte, mais c’était très mauvais. Plein de joueurs au club ont eu du mal à montrer leur vrai niveau à cause de tout ce qui a été dit autour.
Par les journalistes ou par les supporters ? Les performances de l’équipe n’ont pas toujours été fameuses, c’est normal qu’il y ait eu des critiques.
Vous savez, Bordeaux, tout ce qu’il y a autour, l’environnement, les supporters, c’est puissant. Et ça fait mal, parfois.
« Le pouvoir des supporters a fait du mal »
Vous avez vous-même été une cible au Matmut. Comment avez-vous appréhendé cette hostilité ?
C’est vrai, j’ai vécu ça lors de ma première saison, et je ne suis pas le seul. C’est aussi arrivé à certains joueurs la saison passée. Ils ont ressenti la même chose, ils n’étaient plus les mêmes après. Il y a eu plein de choses nocives. Malheureusement, on n’a pas résolu ces problèmes-là. Et ça nous amené là où on est allé. C’est triste. On accuse toujours les mêmes personnes de la chute des Girondins, mais, en réalité, c’est un tout. C’est un ensemble de choses qui a éteint la flamme.
Pas tout à fait. Il suffit de voir l’engouement autour des Girondins cette saison en N2 pour constater qu’elle est encore allumée…
Il y a toujours quelque chose, et il y aura toujours quelque chose. Cette flamme, il faut qu’elle reste, car Bordeaux, c’est un club incroyable. On la sentait. Lors de ma deuxième saison, j’étais vice-capitaine, on a essayé de parler avec les supporters, parce que, justement, il y a quelque chose de fort entre le club et ses fans. Mais encore une fois, c’est mal fait, et c’est dommage.
‘’C’est mal fait’’, que voulez-vous dire ?
Par exemple, le match contre Rodez. Mis à part l’incident et cette fin triste, ce que j’ai vécu ce jour-là, c’était incroyable, dans tous les sens du terme. La préparation, l’ambiance, les quinze premières minutes où on était en feu… Mais sur le plan personnel aussi, ça a été incroyable. Pourtant, j’en ai visité des stades en France et à l’étranger ! Je n’avais jamais vu ça. Ce public, il peut être magique, il y a vraiment quelque chose avec ces supporters, mais malheureusement, il y a aussi un côté négatif avec eux. Ils étaient dans la haine, ils n’arrivaient pas à passer à autre chose.
Vous employez le mot ‘’haine’’. N’est-ce pas un peu fort ?
Je suis bien placé pour en parler. Ma première saison aux Girondins a été dure. Sincèrement, je ne méritais pas ça. Je suis quelqu’un d’entier, quelqu’un qui ne triche pas, et j’ai été ciblé comme un problème. Je ne me sentais pas aimé par les supporters. Tout ça parce que j’avais fait une erreur en match. Mais qui n’en fait pas sur un terrain ? C’est vrai, cette haine, je l’ai ressentie.
Comment on encaisse cela ? Comment on se blinde ? Est-ce que, parfois, on n’a pas envie de tout envoyer balader ?
Quand ça arrive, tu subis, tu ne peux rien y faire, mais tu essaies de t’y préparer et de le surmonter. J’ai travaillé avec des préparateurs mentaux, j’ai fait des trucs à ce niveau-là, ça m’a beaucoup aidé. Il faut mettre des choses en place parce qu’un humain, c’est fragile. Quand il ne se sent pas aimé, ce n’est pas facile de s’exprimer, de se sentir libre sur un terrain. Mais, comme vous l’avez dit, je sais que certains joueurs peuvent en arriver à se dire : ‘Je me barre, j’arrête, je ne suis pas venu pour ça !’’ Quand j’ai signé à Bordeaux, c’était pour aider le club à remonter, pas pour me la raconter. On n’était pas fiers d’être en L2, on avait l’espoir de remettre ce club à sa place. Mais quand tu te fais insulter tous les week-ends, sur les réseaux toute la semaine où on te parle mal, tu n’arrives pas toujours à passer au-dessus mentalement, ce qui est compréhensible. Certains joueurs abandonnent. Mais je n’en ai pas vu à Bordeaux. On a travaillé. Moi-même, ma deuxième saison a été complètement différente. Ça a été totalement autre chose avec les supporters.
Comme quoi tout peut s’arranger !
Oui, ce public de Bordeaux est incroyable, mais il est aussi très dur. C’est vraiment dommage qu’on n’ait pas réussi à créer quelque chose d’encore plus fort avec eux, ça nous aurait aidés à surmonter les problèmes autour. Au lieu de ça, le pouvoir des supporters a fait mal à des joueurs. Des fans, c’est là pour encourager, pas pour descendre son équipe. Ça, je ne le comprendrai jamais. Cela dit, ce genre de choses, on ne le voit pas qu’à Bordeaux. A Santander, on a été premiers toute la saison, dès qu’on a eu un ou deux résultats négatifs, j’ai entendu ce qu’on entend en France. L’humain est un peu comme ça. Il y aura toujours des jaloux, des gens qui auraient voulu être à notre place, alors ils lâchent toute leur haine. C’est à nous de l’accepter et de faire avec, de travailler pour ne pas que ça nous atteigne. Ça fait partie de notre métier, il n’y a qu’à voir l’affaire Mbappé, le traitement qu’il a subi, je n’arrive pas à comprendre. Les gens, c’est des fous !
« Certains supporters sont bêtes, il faut le dire. Ceux qui sont incroyables, ce sont ceux qui sont encore auprès du club, en N2 »
Après deux saisons singulières, des émotions fortes, mais mitigées, que retenez-vous des Girondins de Bordeaux, en définitive ?
Bordeaux est une belle ville. Il y a des valeurs, une belle Histoire. Le club aussi. Mais les temps ont changé. Les Girondins, c’est quoi normalement ? Une équipe qui fait partie des meilleures de France. La Champion’s League, les Coupes d’Europe, les trois premières places en Ligue 1. C’est ça, l’Histoire des Girondins. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, et c’est malheureux. Mais je suis persuadé qu’avec du travail, de la patience, des bonnes choses, si cette flamme reste et que les supporters continuent comme ça, les Girondins vont repartir. Mais il va falloir du temps. Énormément de temps, c’est obligatoire.
Est-ce que, justement, l’un des principaux problèmes n’est pas ce décalage entre l’Histoire du club et la réalité ? Est-ce que tout le monde a vraiment pris conscience que la situation avait changé ?
Je suis d’accord. Nous, on le ressentait. Quand je suis arrivé dans ce club, j’ai compris qu’il y avait quelque chose de fort, mais ce discours-là, je l’ai entendu dans la bouche de certains joueurs l’année dernière. Que la réalité de Bordeaux, c’était d’être en Ligue 2, qu’il fallait faire avec. Ça fait mal, mais on part de là, il faut arrêter de penser à ce que le club a fait avant. Il faut vivre le moment présent, regarder devant. Le passé, il est fini.
D’où la frustration, l’incompréhension, la rage qui a rôdé parfois autour du club et de l’équipe ?
C’est vrai que ça peut expliquer le comportement, la haine de certains supporters qui se disaient "Putain, on a joué la Ligue des champions, et maintenant on est en Ligue 2 !" Pour moi, ces gens-là, ce n’était plus des supporters. Ils ne se rendaient pas compte qu’ils faisaient mal au club, aux joueurs, au staff, à tout. Mais va leur expliquer cela ! Parce qu’il y a la passion, et puis certaines personnes sont bêtes, il faut dire les choses. Je suis désolé, mais c’est la vérité, il y en a qui ne réfléchissent pas. C’était une minorité au début, mais ça a pris de l’ampleur et ça a fini par faire beaucoup de mal. Par noircir toutes les belles choses qu’il y avait, parce qu’il y a aussi beaucoup de supporters incroyables. Ce sont ceux-là qui sont encore présents aujourd’hui auprès des Girondins en N2, qui veulent aider le club à remonter. Et je souhaite vraiment que ça arrive à cette ville, à ce club.
Arnaud Tulipier
À lire aussi >> ENTRETIEN - Nicolas Maurice-Belay : “Quand tu joues aux Girondins de Bordeaux, tu ne peux pas avoir des résultats mitigés”
Réédition article du 26 mars 2025