Interview - Frédéric Roux : “Albert Riera peut être un élément clé du renouveau des Girondins de Bordeaux”

24/06 - 13:51 | Il y a 4 mois
Frédéric Roux, ancien gardien de but des Girondins de Bordeaux et actuel entraîneur des gardiens, partage son expérience avec WebGirondins. Dans cet entretien, il évoque sa carrière dans le staff de Molenbeek, l'évolution du rôle de gardien de but, et son métier d'entraîneur. Il offre également son analyse du gardien bordelais Kalle Johansson et du travail de l'entraîneur Albert Riera. À découvrir ce dimanche.
Interview - Frédéric Roux : “Albert Riera peut être un élément clé du renouveau des Girondins de Bordeaux”

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WebGirondins : Frédéric, comment vas-tu, et que fais-tu aujourd'hui ?

Frédéric Roux : Tout va bien malgré une saison 2023-2024 éprouvante avec le RWDM Molenbeek, car on n’a pas pu éviter une relégation en seconde division, cela fait mal. Je profite de l’intersaison pour récupérer et profiter de la famille. Je cherche une nouvelle opportunité pour la saison prochaine.

Tu accumules de l’expérience à ce poste de coach des gardiens de but, quel est ton souhait pour les prochaines saisons ?

Après la relégation, on a décidé de se séparer avec Molenbeek. C'est vrai, je commence à avoir emmagasiné de l'expérience avec la sélection de Madagascar, dans un club au Maroc, et auparavant j'ai été à Djibouti dans un club professionnel. Aujourd’hui, j’ai retrouvé l’Europe. Je souhaite continuer ici, et travailler avec un staff pour apporter mon expérience. Le marché est de plus en plus fermé. Dès qu'une place se libère, de nombreux dossiers arrivent auprès des directions de clubs. Ma priorité est de rester en Europe, en France ou dans les pays limitrophes. Pour autant, je n'hésiterai pas à m’expatrier s’il le faut. Je suis diplômé, c'est un plus.

"Les gardiens de but, nous sommes une communauté"

Qu’est-ce qui te plait dans ce métier d'entraîneur de gardiens de but ?

C’est avant tout une passion. J’essaye de transmettre cette passion aux gardiens que j’ai la chance d'entraîner. Ce qui me plait c’est cette relation "entraîné-entraineur". On a une relation particulière entre gardiens de but. On se retrouve à travailler dans un cercle très fermé, ce qui permet de se découvrir profondément. On a souvent de très belles atmosphères de travail. Je prends plaisir à chaque entrainement, dès que je foule la pelouse. C’est ce que j’aime, ressentir cette adrénaline de la compétition. Le football c'est des émotions partagées entre staff, joueurs, et gardiens.

Tu as vécu une saison compliquée dans le staff Molenbeek qui était promu en Division 1 belge, et cette descente, que retiens-tu de cette expérience ?

C’est un club belge qui a été racheté il y a deux ans par le groupe Eagle de John Textor, propriétaire de l'Olympique Lyonnais. Ils ont eu la chance de monter immédiatement en première division. Je pense que cette montée est arrivée un peu trop tôt, car c’est un club qui n’est pas encore bien structuré. On a vécu un début de saison intéressant avec une 8e place, puis on a rencontré progressivement de gros pépins physiques avec la moitié des titulaires sur le flanc. On n’a jamais refait surface en seconde partie de championnat. On a joué les play-offs, mais on s’est loupé sur les 3 dernières rencontres ce qui nous a condamnés.

J’ai eu la chance d'arriver auprès de Claudio Caçapa qui, au-delà d'être un top coach, est une super personne. Il a subi de mauvais résultats et s’est fait licencié. On a ensuite travaillé avec Bruno Irles et cela s’est très mal passé, puis on a fini la saison avec un entraîneur belge Yannick Ferrera. Je retiens avant tout l’aventure humaine au-delà de l'aventure sportive dans des conditions pas évidentes. À titre personnel, j'ai retrouvé l’Europe et un club professionnel. J’espère que ça va me permettre de rebondir. Ça reste une très belle expérience, et cela m’a permis de découvrir un nouveau championnat.

"Les gardiens de but doivent s'adapter aux nouvelles conditions de jeu"

En quoi c’est différent d’être entraîneur des gardiens de but en club et entraîneur des gardiens de buts en sélection nationale?

Le fonctionnement diffère, car en club on a la chance d'être au quotidien avec les joueurs, les gardiens et le staff, alors qu’en sélection nous avons des regroupements ponctuels. Je l’ai connu avec Madagascar où je partais une 10 aines de jour chaque mois. Après, lorsque nous sommes sur le terrain avec les garçons, c’est le même travail, les mêmes exercices. Nous avons la même approche d'un match. Aujourd'hui, j’aspire plus à travailler au quotidien avec des garçons plutôt qu’en sélection. Mais si une sélection me contacte, je réfléchirai sérieusement.

Est-ce que le jeu du poste de gardien de but évolue ?

Oui au même titre que le football qui a énormément évolué ces dernières années. Il est devenu plus athlétique, avec un jeu qui va plus vite. On met tout en œuvre pour que les joueurs soient le mieux préparés possible, cela donne une intensité plus importante dans les matchs. Au niveau des gardiens de but, on a dû s'adapter à ces nouvelles conditions de jeu. On a modifié nos séances d'entraînement. Le jeu au pied est de plus en plus prédominant chez un gardien. Le gardien de but fait partie intégrante de l’aspect tactique d’une équipe. C’est le premier relanceur. Cela nous amène comme entraîneur à nous adapter. C’est hyper intéressant, il faut se remettre en question sur nos méthodes et être ouvert. Il faut se perfectionner pour trouver de nouveaux outils d'entraînement et de nouvelles méthodologies pour répondre à ces conditions de jeu.

Comment fais-tu pour te perfectionner ?

Je m’inspire de ce qui se fait au top niveau, avec de l'observation. J'utilise la vidéo et les réseaux sociaux pour me documenter, et j'amène aussi ma touche personnelle. Je varie les séances selon les besoins, envie et état de formes de mes gardiens. Je suis dans une relation de confiance avec mes gardiens, c’est une communauté. Je ressens leurs besoins et je m’adapte en relation avec le match et la compétition qui arrive.

"Quand on commence à s'installer en Ligue 2, c’est très compliqué de remonter"



Lors des premiers matchs de l'Euro 2024, est-ce qu'un gardien a attiré ton attention ?

Je ne vais pas être original, mais Mike Maignan, le gardien des Bleus confirme le niveau affiché lors des deux dernières saisons. Il a une sérénité incroyable, une efficacité à toute épreuve. Il dégage beaucoup de confiance et de calme. Il est en train d’atteindre un niveau exceptionnel. J’espère qu’il saura confirmer mes propos sur le reste de la compétition. C’est lui qui me marque le plus depuis le début de l’Euro. On a des gardiens performants dans cette compétition, hormis le gardien de but ukrainien sur le premier match, on n'a pas vu de grosses bourdes.

As-tu pu voir les prestations du gardien des Girondins Kalle Johnsson ? Que penses-tu de ses performances cette saison ?

Oui, j’ai suivi les Girondins dès que je pouvais. Kalle Johnsson a fait un bien fou à l'équipe et a apporté son expérience au-delà de ses compétences de gardien de but. Il a assuré. On a vu immédiatement le changement et son apport sans faire offense au jeune gardien qui l’a précédé. Johnsson a été serein, efficace, et a déployé une belle énergie.

"Il faut laisser du temps à Albert Riera et lui faire confiance"

Que penses-tu de la situation du club bordelais qui va évoluer une troisième année au moins en Ligue 2 ?

Après la relégation en 2022 on souhaite tous une remontée immédiate. Quand on commence à s'installer en Ligue 2, c’est très compliqué de remonter ensuite. C’est un championnat hyper difficile et exigeant, avec de nombreux clubs qui ont connu la Ligue 1. La Ligue 2 est devenue compétitive. Je suis aujourd’hui le club à distance. J’ai de moins en moins de potes au club. Je regarde les infos à travers la presse. On entend beaucoup de choses sur la situation financière du club. Ça reste mon club de cœur et je souhaite qu’il puisse faire une très belle saison 2024-2025 et qu’il remonte parmi l'élite.

Quelle serait la solution pour cela ?

Il faut créer un groupe cohérent, équilibré avec une alchimie entre de jeunes talents et des joueurs plus expérimentés. Ça passe par une bonne préparation d'avant-saison et un bon début de championnat. Albert Riera est arrivé aux commandes de ce club. Il connaît très bien les Girondins de Bordeaux et a essayé d’amener sa touche personnelle. Le connaissant un peu, je sais qu'il est très exigeant. Il faut lui laisser le temps de mettre sa méthodologie en place et lui faire confiance. Il faut qu’il continue à bosser comme il l’a fait cette saison, même s’il n’a pas eu les résultats escomptés. C’est un garçon qui peut être un élément clé du renouveau des Girondins de Bordeaux.

N.P

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