Interview - Patrice Ferri : “Les Girondins ne peuvent plus faire d’erreur”

17/02 - 18:38 | Il y a 3 mois
Commentateur et consultant de la Ligue 2 sur beIN Sports, Patrice Ferri livre son sentiment sur les Girondins de Bordeaux en revenant sur les cas d’Albert Riera, de Zan Vipotnik ou encore du gardien de but.
Interview - Patrice Ferri : “Les Girondins ne peuvent plus faire d’erreur”

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WebGirondins : Quel est votre regard global sur la saison bordelaise ? On sent qu’elle n’a pas encore décollé...

Patrice Ferri : On peut considérer qu’il y a eu une perte de temps, c’est une équipe qui peut aller chercher quelque chose à la fin, mais ils ne sont pas les seuls, on a vu plusieurs sorties de route à des moments clés. C’est un peu le même cas de Saint-Étienne, capable de perdre à Dunkerque et la semaine d’après d’en mettre cinq à Troyes. Il y a un vrai problème de constance et de continuité dans les performances. Mais c’est un souci général dans ce championnat, à part Auxerre et Angers.

Bordeaux reste sur trois victoires sur les quatre derniers matchs, cette série peut-elle enfin représenter la remontée attendue pour les Girondins ?

C’est un petit peu dangereux d’avoir cette mentalité-là, car c’est l’arbre qui cache la forêt : on ne voit pas les problèmes de fond. Évidemment, une remontada n’est pas à exclure avec le grand nombre de matchs qui reste. Les Girondins ont leur mot à dire, mais il ne faut plus faire d’erreur.

Quel regard portez-vous sur Albert Riera qui a remplacé David Guion en octobre dernier ?

On sent une grande envie chez lui de faire évoluer son équipe. Maintenant, cette volonté est-elle en adéquation avec l’effectif dont il dispose ? Il est exigeant par sa nature et sa vision du football à l’espagnol. Comme un Pep Guardiola ou un Luis Enrique, il a d’énormes attentes vis-à-vis de son équipe. Mais Riera a peut-être trop demandé à ses joueurs quand il est arrivé. Les Girondins n’étaient pas encore en place sur le début de saison.

"Que ça plaise ou pas aux journalistes, ce n’est pas le problème, je pense. C’est le choix de Riera de s’exprimer ainsi"

On voit aussi une communication atypique et assez offensive chez lui, appréciez-vous le “style Riera” ?

La question, c’est surtout, est-ce que ça aide et ça participe à l’amélioration de son équipe ? Qu’il soit cash ou pas, on regarde surtout les résultats. Que ça plaise ou pas aux journalistes, ce n’est pas le problème, je pense. C’est son choix de s’exprimer ainsi. Est-ce que ça permet à son équipe d’être plus détendue ? La communication avec ses joueurs est la priorité.

Pensez-vous que le scénario rocambolesque de la fin de saison dernière soit encore présent dans certaines têtes ?

Je ne pense pas que la situation d’Annecy-Rodez soit encore là, c’est derrière eux. Il y a eu beaucoup de mouvements de joueurs, je ne vois pas d’influence particulière aujourd’hui. Après bien sûr, c’était rock & roll ! On voit rarement ça quand même comme dénouement, ce n’était pas évident, mais la priorité restait le sauvetage du club sur le plan financier et administratif. C’est ça l’enjeu fondamental aux Girondins ces dernières années.

Avez-vous des déceptions individuelles à mettre en avant ? Certaines recrues n’ont pas encore répondu aux attentes ...

Si la réflexion est forcément collective, on a des joueurs en dessous de ce qu’on pouvait attendre comme Gaëtan Weissbeck et Jérémy Livolant qui n’ont pas encore tout donné depuis leur arrivée. Zuriko Davitashvili sous-performe lui aussi après sa belle première saison en France. Mais de manière générale, il n’y en a pas un qui sauve l’équipe.

"Vipotnik est totalement impliqué dans le club, mais il n’a pas toujours les bons ballons pour son style de jeu"

Et Zan Vipotnik ?

Il est généreux, on voit bien que ce jeune numéro 9 est dans l’esprit de ce qu’attend Riera. Il est totalement impliqué dans le club, mais il n’a pas toujours les bons ballons pour son style de jeu. Vipotnik est dépendant de ce qui se passe avant, si c’est mal relayé par les défenseurs et les milieux, il ne peut pas faire grand-chose. Cependant, sur sa motivation, on sent qu’il n’y a rien à redire.

Aux Girondins, on a aussi eu une incertitude au poste de gardien avant que Karl-Johan Johnsson ne s’impose. Fallait-il décider d’un numéro un dès le départ ?

Ça rajoute une forme d’instabilité, car chaque gardien commande sa défense de manière différente, il n’y a pas trop d'explications rationnelles sur cette décision. On parle tout de même d’un poste clé, comme l’attaquant axial ou le milieu défensif, ça rajoute de la complexité à une équipe qui n’en avait pas forcément besoin.

Propos recueillis par Adrien Mathieu