Lyon marche sur un fil
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Habitué à jouer les places qualificatives pour la Ligue des Champions, l’OL n’a plus le droit à l’erreur pour espérer un hypothétique retour sur Nice (3eme avec 13 points d’avance) après plusieurs mois d’irrégularité.
La forme lyonnaise depuis le match aller
Le 10 septembre, pour le compte de la 4eme journée, Bordeaux venait cueillir Lyon dans son Parc OL (1-3) pour la première douche froide de la saison dans un mois de septembre qui allait dessiner la suite de la saison lyonnaise. Capables d’étriller Montpellier (5-1) et de chuter dans la foulée à Lorient (1-0), les Lyonnais ont poursuivi leur étrange parcours en octobre par une victoire dans le derby (2-0) suivie de deux désillusions à Nice (2-0) puis à domicile face à Guingamp (1-3) avant de l’emporter 2-1 sur la pelouse d’une équipe de Toulouse qui était à ce moment de la saison dans une belle forme. Le mois de novembre semblait bien parti pour redonner des couleurs plus vives à l’OL avec 3 victoires et une seule défaite en L1, entremêlées de bons résultats en phases de groupes de la Ligue des Champions (1-1 sur le terrain de la Juventus et victoire 1-0 au Dynamo Zagreb). Seul le PSG et sa victoire 2-1 à Lyon était venu freiner une dynamique repartie de plus belle le weekend suivant avec une victoire fleuve sur le terrain de Nantes (0-6). Avec un mois de décembre à 6 points sur 6 avec en point d’orgue une victoire solide sur le terrain de l’épouvantail monégasque (1-3), Lyon avec sa force de frappe était parti pour revenir durablement sur le podium de L1. Mais en janvier, le collectif lyonnais est retombé dans ses travers et Caen et Lille à Michel d’Ornano puis au Parc OL ont infligé deux défaites au club de Jean-Michel Aulas, seulement rassuré par un succès sur Marseille (3-1), avant d’être éliminé par l’OM en Coupe de France (16eme, 2-1 a.p). Deux défaites au début du mois de février, un revers dans le match retour du derby face à Saint-Etienne, dans une partie dominée de la tête et des épaules par les verts (2-0) et une déroute à Guingamp (2-1), ont eu le mérite de réveiller l’équipe de Bruno Génésio. Depuis le déplacement au Roudourou, Lyon a inscrit 20 buts en 4 matchs, Europa League comprise (match aller-retour face à Alkmaar). Après avoir mis de l’ordre face à Dijon (4-2) et Metz (4-0), c’est une équipe lyonnaise repartie sur un rythme élevé qui se déplacera vendredi soir à Bordeaux… Avec toujours une perspective de pouvoir retomber dans la difficulté à n’importe quel moment.
L’effectif lyonnais
Le groupe professionnel lyonnais est un mélange entre jeunes, joueurs d’expérience et joueurs en pleine force de l’âge. Dans les cages, Anthony Lopes reste le titulaire indiscutable derrière une défense centrale qui repose actuellement sur les jeunes Mouctar Diakhaby (20 ans) et Emmanuel Mammana (21 ans). Mapou Yanga-Mbiwa et ses 20 matchs cette saison, et Nicolas Nkoulou, seulement utilisé 7 fois en L1, jouent les remplaçants de luxe derrière les deux novices rhodaniens. Sur les ailes, l’ancien Mancunien Rafael (19 matchs), Jérémy Morel (21 matchs) et le Polonais Maciej Rybus (16 matchs) sont les joueurs les plus utilisés par Bruno Génésio. Dans l’axe de récupération, Corentin Tolisso (23 matchs, 6 buts, 2 passes décisives) et Maxime Gonalons (20 matchs) sont les favoris de l’entraîneur lyonnais même si Sergi Darder et Jordan Ferri participent aussi à la rotation avec 18 rencontres chacun dans les jambes. Dans un rayon plus offensif, Mathieu Valbuena continue de compter avec 17 matchs, 7 buts et 3 passes décisives, mais doit faire face à une rude concurrence pour garder sa place dans le secteur de l’attaque avec Nabil Fekir (22 matchs, 6 buts, 2 passes), Rachid Ghezzal (19 matchs, 2 buts, 2 passes) et le nouvel arrivant Memphis Depay déjà auteur de 3 buts et 2 passes décisives en seulement 7 rencontres disputées sous le maillot de l’OL. Un compartiment offensif impressionnant complété par un Alexandre Lacazette avec un ratio qui affole les statistiques. Avec 22 buts en 22 matchs, l’attaquant de l’OL qui a pourtant connu des pépins physiques en début de saison, suit presque le rythmé effréné du Parisien Cavani avec 26 buts en 25 matchs. Armés à presque tous les niveaux, les Lyonnais présentent un effectif capable de décrocher une nouvelle place qualificative en Ligue des Champions, mais l’avance prise par l’OGC Nice obligera les joueurs de Jean-Michel Aulas a hausser le rythme et le niveau jusqu’à la fin de saison.
L’Équipe possible face à Bordeaux : Lopes - Jallet - Mammana - Diakhaby - Rafael - Gonalons (cap) - Tolisso - Depay - Ghezzal - Fekir - Lacazette
Trois questions à... Nicolas Puydebois (gardien de l’Olympique Lyonnais entre 2002 et 2005 et consultant pour le site olympique-et-lyonnais.com).
WebGirondins : Lyon possède un goal-average de +23. Le même que Nice, 3eme, qui a 13 points d’avance. Comment expliquer cet écart entre les deux équipes alors que Lyon semble capable de disposer d’une frappe offensive d’envergure ?
Nicolas Puydebois : Je l’explique par l’irrégularité lyonnaise. L’OL est capable du meilleur comme du pire. Le pire face aux équipes réputées plus faibles, avec par exemple une défaite à Lorient, deux revers face à Guingamp ou une défaite à Dijon. Ces matchs ont coûté des points et c’est ça qui fait cette grande différence. C’est la différence entre les équipes du podium et les autres. Il faut savoir prendre les points dans les matchs qui sont abordables. Lyon est capable d’aller gagner à Monaco en faisant un beau match et de perdre des points en étant en dessous de tout à Lorient. En ce moment, l’armada lyonnaise s’est remise en route, surtout depuis le derby perdu à Saint-Etienne. Après ce match, les joueurs sont tombés de leur piédestal et on subi des critiques de la presse et des supporters qui ont touché leur amour propre. Ils ont compris qu’il y avait des ingrédients à mettre pour pouvoir s’imposer. Quand la machine se met en route il y a de très bons joueurs pour la faire tourner et ça peut faire très mal, ce qui explique les derniers bons résultats. Le mois de mars sera le révélateur du moment, mais aussi des possibilités sur la fin de saison. Avec une rencontre face à Bordeaux, deux confrontations en Europa League face à la Roma, et un match face au PSG ensuite, on en saura plus sur les capacités de cette équipe. Face à des formations de calibre plus importants, nous pourrons voir si l’équipe est plus mature ou s’il lui reste du chemin à parcourir.
WebGirondins : Lyon est distancé par Nice (13 points de retard), mais est-ce que le club croit encore à une possibilité de revenir sur la 3eme place ?
Nicolas Puydebois : Comme le club le communique régulièrement, il y a une volonté d’aller chercher la qualification en Ligue des Champions. Tant que ce n’est pas plié mathématiquement, ce sera l’objectif prioritaire. En faisant tout pour revenir sur la 3eme place, c’est aussi un moyen de marquer beaucoup de points pour conforter la 4eme place. Je pense que c’est une stratégie plutôt bonne. L’Europa League a aussi été érigée en objectif. Je pense que la 4eme place est envisageable, avec notamment l’écart creusé avec Saint-Etienne, mais pour la 3eme place, si Nice ne s’écroule pas, elle sera difficile à atteindre. Concernant l’Europa League, on peut toujours espérer un coup d’éclat, mais ces deux ambitions cumulées me paraissent délicates à rendre réelles. La Roma est un gros morceau européen, et en championnat, 13 points de retard sur Nice, cela me paraît assez large. Les objectifs sont importants, mais le mois de mars sera charnière. Soit l’OL reste dans les clous, soit l’équipe risque de vivoter. Quelque soit le résultat, le potentiel est bien présent dans cette équipe pour atteindre au moins une 3eme place.
WebGirondins : Comment voyez-vous ce prochain Bordeaux-Lyon ?
Nicolas Puydebois : Je pense que ce sera un match compliqué avec une équipe de Bordeaux qui revient en forme. Il ne faut pas s’attendre à marquer trois ou quatre buts comme lors des derniers matchs. Ce sera serré. C’est aussi une bonne rencontre pour préparer le match face à Rome en Europa League. Je pense que ces matchs à Bordeaux sont souvent aléatoires, avec un carton sur la pelouse bordelaise il n’y a pas si longtemps même si ce n’était pas la même équipe. Depuis le derby, Lyon est dans une bonne dynamique avec une bonne dose de confiance et ça fait la différence sur les matchs à-priori à la portée de l’équipe où des plumes étaient laissées auparavant. Avant ce match à Bordeaux, il y a plus de certitudes qu’il y a un mois de cela. Il faudra voir si la charnière centrale, qui est jeune et parfois un peu fébrile peut tenir face à Bordeaux. C’est un compartiment de l’équipe où ça peut être tout bon ou tout mauvais. J’espère que ce sera plutôt bon pour Lyon vendredi.
Par Florian RODRIGUEZ