Un Paris gagnant

10/05 - 07:00 | Par la rédaction | Il y a 10 ans

© Iconsport

Intouchable en L1, Paris a concassé le moindre embryon de concurrence. Avec seulement deux défaites au compteur, l’ogre parisien se présentera à Bordeaux pour engloutir le début des 6 derniers points à récolter jusqu’à la fin du championnat.

La forme de Paris depuis le match aller

Si l’élimination parisienne en quart de finale de Ligue des Champions a été vécue comme un échec de taille, le parcours parisien en championnat a été magistral. Alors que Bordeaux avait été la première équipe du championnat à prendre un point au PSG le 11 septembre (2-2) et que Reims avait réédité l’exploit sur sa pelouse une semaine plus tard (1-1) après un match de Ligue des Champions face à Malmö, les observateurs pouvaient penser que la Ligue des Champions ferait perdre quelques points aux hommes de Laurent Blanc. Il n’en n’a rien été. Régulier dans sa façon de martyriser ses adversaires, Paris a commencé son processus de démolition après ces deux nuls consécutifs en alternant victoires légères et corrections pour asseoir confortablement sa domination à la trêve. Si Marseille a posé de gros problèmes aux Parisiens (2-1 début octobre), l’efficacité de cette machine infernale a fait le reste. Même lorsque Rennes a décidé de tenter de boucher les moindres espaces lors du match du 30 octobre (0-1), le PSG a trouvé la faille. Lyon futur dauphin des Franciliens en a lui aussi pris pour son grade dans la capitale avec une lourde correction au match aller (5-1), et les rebelles niçois et caennais ont été renvoyés à leurs études sur leur pelouse et sur le même score (0-3) lors d’un mois de décembre infernal. Avec sept victoires consécutives entre janvier et février avant de laisser un point au Parc face au LOSC, Paris s’était presque déjà offert le titre. Malgré une défaite en mars sur le terrain de Lyon (2-1), le PSG n’avait plus qu’à finir le travail mathématiquement, ce qui fut le cas à Troyes pour une victoire aux allures de score de 32eme de finale de Coupe de France (0-9). Malgré le titre en poche, Paris a continué de dérouler en étrillant Caen 6-0 en avril, et reste sur deux victoires consécutives, face à Rennes et au Gazélec sur le même score (4-0). Ce PSG là s’est avéré être surdimensionné pour la L1 cette saison.

Le point sur l’effectif

Avec un goal-average qui dépasse le +79 et 92 points au compteur, Paris n’a pu compter que sur des joueurs au top de leur forme cette saison. Très peu sollicité, Kévin Trapp est peut-être l’exception de l’effectif avec quelques bévues qui ont interpelé. Mais les petits problèmes du gardien allemand ne l’ont pas empêché d’être à la tête de la meilleure défense du championnat. Une défense où Maxwell, Thiago Silva, David Luiz et Serge Aurier ont tous les quatre été distingués dans l’équipe type de L1 à l’occasion des Trophées UNFP du football dimanche. Accompagnés de Marquinhos, ces quatre éléments ont été les garants de la solidité de l’édifice parisien. Au milieu de terrain, Paris a réalisé l’exploit de se passer de Marco Verratti une bonne demi-saison, l’international italien n’ayant participé qu’à 18 rencontres, ce qui n’a pas posé de souci au niveau national. Blaise Matuidi et Thiago Motta ont tenu la maison avec chacun 30 matchs dans les jambes, suivis de près par Benjamin Stambouli avec 26 rencontre, mais aucune statistique décisive. Adrien Rabiot, surtout en Ligue des Champions, a été l’élément du milieu qui a remplacé Verratti mais n’a donné qu’un seul ballon de but, un faible total dans une équipe de ce niveau. Heureusement pour le PSG, Angel Di Maria et ses 15 passes décisives a été le pourvoyeur officiel de ballons pour les attaquants devant l’inévitable Ibrahimovic et ses 13 passes. Au rayon offensif, Lucas a également réalisé une saison complète en participant à 34 matchs, le plus gros total de l’effectif avec Kévin Trapp, inscrivant 8 buts et délivrant 5 passes décisives. Si Edinson Cavani et ses 19 buts réalise une saison de haute volée dans une position excentrée peu évidente pour un attaquant de pointe, c’est bel et bien Zlatan Ibrahimovic, élu meilleur joueur du championnat, qui reste l’élément indispensable du PSG. Buteur hors normes, passeur régulier, le Suédois a tout fait. À 34 ans, l’ancien joueur du Milan AC et ses 35 buts en L1 a réalisé une saison plus que parfaite. Et ce n’est pas fini pour les Parisiens qui pourront encore améliorer leurs statistiques sur les deux prochains matchs. Aux Girondins de réaliser l’exploit d’empêcher les stats de gonfler, voire de les atténuer.

3 questions à... Laurent Robert (milieu offensif du PSG entre 1999 et 2001 - International français avec 9 sélections - Actuel entraîneur des attaquants des équipes réserves de Montpellier et de son équipe féminine)

WebGirondins : Paris a écrasé le championnat. Finalement, est-ce que ce PSG était une équipe sans faille ou est-ce que les adversaires ont été trop timides et on manqué d’ambition ?

Laurent Robert : En championnat, Paris était tout simplement intouchable. Après, les quelques équipes comme Monaco ou Lyon ont été capables de tirer leur épingle du jeu. Contre une équipe comme le PSG, tous les coachs le savent, il faut jouer son propre football, et presser haut. Il ne faut pas laisser le temps aux joueurs de se retourner, sinon les contres vont très vite. Les performances du PSG, c’est un peu du jamais vu, mais c’est tout à fait normal et mérité parce que même les remplaçant ont un niveau international. Ceux qui rentrent dans cette équipe montrent qu’ils veulent gagner leur place et cela met une petite pression sur ceux qui sont blessés ou au repos. Ces joueurs remplaçants, le peu de minutes que les coachs ont pu leur accorder, ils les ont prises très au sérieux et c’est ce qu’il faudrait voir dans n’importe quelle équipe française. Les joueurs ont tendance à être déçus de leur situation, et il faudrait prendre exemple sur le PSG qui a des joueurs concernés à tous les étages. Mon expérience, avec le recul, m’a montré que j’avais quelques fois une forte tête, que je ne comprenais pas les choix du coach, et que ce n’était pas la bonne solution. Ce qu’il faut faire, et c’est ce que je dis à mes joueurs à Montpellier, c’est prendre du plaisir à chaque minute passée sur le terrain.

WebGirondins : À votre avis, à quoi serviront les deux derniers matchs de championnat pour le PSG ?

Laurent Robert : Le PSG a quelques absents. Comme je le disais plus tôt, cela va libérer un peu certaines tensions. On en parle pas beaucoup, mais il y a des tensions entre les joueurs dans le vestiaire. Ceux qui ont joué face au Gazélec et qui ne sont pas forcément titulaires ont démontré qu’ils étaient encore présents. Je pense que le PSG va terminer sa saison en boulet de canon, comme il l’a commencée. Il y a des joueurs qui veulent encore se montrer. Certains joueurs comme Cavani voudront certainement améliorer leurs statistiques, montrer de bonnes choses pour pouvoir quitter le club. Ce sont des joueurs qui gardent l’esprit de gagner et qui vont continuer collectivement et individuellement sur ce rythme jusqu’à la fin.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce prochain Bordeaux-PSG ?

Laurent Robert : Paris est évidemment sur une bonne lancée, en face Bordeaux revient bien. Je connais très bien Ulrich Ramé pour avoir évolué avec lui en Équipe de France. Depuis qu’il a repris les Girondins, la dynamique est bonne et il a de très bons résultats. Bordeaux joue chez lui, c’est à lui d’être à 200%. Quand tu joues contre une équipe comme Paris, tu dois être à fond, ne rien lâcher. Le combat va se gagner au milieu de terrain. Si les milieux pressent haut et coupent les espaces tout en étouffant le PSG, Bordeaux peut faire quelque chose. Les Girondins ont les qualités offensives pour aller très vite. Le danger c’est de laisser la possession aux Parisiens et de laisser les joueurs faire ce qu’ils veulent. Si ce schéma prend le dessus, ce sera dur pour Bordeaux à n’importe quel moment. Sur un match comme celui-ci, c’est tout une équipe qui doit gagner : 11 titulaires et 5 remplaçants.

Par Florian RODRIGUEZ

#Ligue1