Alexandre Muffon : "Laurent Guyot compte se battre jusqu'au bout"

26/05 - 12:07 | Il y a 11 mois
Alexandre Muffon, journaliste et spécialiste du football savoyard, a répondu à nos questions avec le match crucial pour le FC Annecy et les Girondins de Bordeaux qui se joue ce vendredi à 20h45.
Alexandre Muffon : "Laurent Guyot compte se battre jusqu'au bout"

© Iconsport

Alexandre, est-ce que tu peux te présenter ?

Oui, alors moi je suis journaliste pigiste entre Grenoble et Annecy. Je suis le football Haut-Savoyard depuis bientôt une petite dizaine d'années. D'abord avec Évian Thonon-Gaillard, et ce parcours en Ligue 1 avec une finale de Coupe de France en 2013 (NDLR Face aux Girondins) et la descente du club. Après, je me suis intéressé à la reprise, ce qui a poussé sur les ruines de l'ETG, sur les cendres du club, avec le projet de Thonon-Évian sur les rives du Lac Léman, qui est actuellement en National 2 et qui a raté la montée en National. Et forcément le FC Annecy, qui lui a réussi une montée en Ligue 2 cette année,et qui fédère autour du Parc des Sports d'Annecy, qui était le stade de l'ETG à l'époque.

"On a tiré des leçons de la gestion de l'ETG"

 

Quel est le projet du FC Annecy ?

Le projet, il y a eu ce retour après 30 ans au niveau Ligue 2, donc il y a déjà cette fierté d'avoir ramené le football à Annecy au niveau professionnel, avec l'envie de se pérenniser. C'est vrai que quand tu regardes le bassin de vie annécien, parce qu'ils ont fusionné quand même quelques communes autour, maintenant la commune nouvelle d'Annecy, il y a quand même un bassin de vie qui est de plus en plus important, avec une pression démographique qui est de plus en plus forte. Donc en fait, je pense que tu as cette envie aussi de répondre à ça. C'est une grande ville qui peut avoir envie de rayonner au niveau football.

Ce n’est pas déconnant d'avoir un club comme Annecy en Ligue 2. Après forcément, il y a des moyens qui sont plus compliqués, c'est les moyens d'un promu, mais l'objectif c'était le maintien et d'essayer de pérenniser le club, et de faire un travail aussi de formation, de développement de la marque.

"C'est le juste équilibre à trouver entre l'identité, l'histoire du club et aussi les besoins financiers et les ambitions"

Il y a aussi beaucoup de travail qui a été réalisé sur la structuration du club, avec ses partenaires, ses entreprises locales qui sont au Board et qui entourent le président Faraglia. Donc on a tiré un peu des leçons de la gestion de l'ETG qui avait fait faillite. Il y avait eu des problèmes budgétaires, il y avait eu des problèmes de management, de crise managériale. Donc je pense que ça a servi, ce n’était pas Annecy, mais ça a serti de leçons vu que ça s'est quand même passé tout proche.

Donc on a tiré un peu les leçons de tout ça, de ce qu'il faut faire, ce qu'il ne faut pas faire. Et puis Annecy, quand le projet a été suffisamment mûr pour remonter, ils ont pu aussi tirer les leviers, récupérer d'anciens partenaires de l'ETG justement. Parce que tu as quand même un vivier économique qui est très fort en Haute-Savoie, parce que c'est un département qui est quand même très moteur et très vivant de ce côté-là. Donc d'un point de vue économique, ça peut être assez porteur. Après, ce n'est pas du jour au lendemain que tu vas multiplier ton budget par 10 et jouer une montée en Ligue 1. Mais si tu arrives déjà à structurer un projet cohérent sur le territoire, à le développer et à t'assurer déjà un avenir, ça sera déjà très bien.

J’ai lu qu'il y avait des discussions avec des investisseurs américains, est-ce que c'est toujours d'actualité ?

Je n'ai pas d'info sur ça. Je sais qu'effectivement, il y avait eu cette discussion, mais le président Sébastien Faraglia, avait été très clair à ce sujet-là. Lui, pour l'instant, il ne cherchait pas à revendre le club, et qu'il voulait conserver cette image familiale, ce club de territoire, être fidèle à cette image et aux couleurs de la Haute-Savoie. Donc c'est tout à son honneur. C'est compliqué aussi à défendre comme vision du foot quand on voit que c'est de plus en plus dérégulé et qu'il y a des projets de plus en plus fous. C'est le juste équilibre à trouver entre l'identité, l'histoire du club et aussi les besoins financiers et les ambitions.

Comment juges-tu la saison du FC Annecy ?

La saison du FC Annecy, forcément, c'est une saison de promue, encore que des fois, tu le dis, il y a toujours cet effet de promu sur une première saison dans un nouveau championnat. Tu peux aussi avoir une saison un peu euphorique où tu vas aussi aller surjouer et être un peu plus haut que ce que tu pourrais être.

Je pense typiquement à la première saison de l'ETG en Ligue 1 il y a une dizaine d'années qui finit, je crois, 9e ou dans le top 10, même devant Marseille, ce qui semblait surréaliste. Mais là, avec le FC Annecy, ça n'a pas du tout été le cas.

Très rapidement, tu te rends compte que la saison va être compliquée, mais que le cas de figure est différent. Déjà, tu es en Ligue 2 et tu n'es pas en Ligue 1. Et puis surtout, tu as un des plus petits budgets de Ligue 2 et tu ne fais pas de miracle. Il y a un vrai pari qui a été fait par le club, par la direction sportive, par la présidence de faire un mercato tourné en direction des jeunes, de jeunes avec un fort potentiel, qui viennent de National 2, de National 3. Par exemple, Samuel Ntamack, qui était en N2, qui était un buteur en N2. Du côté de la N2 également, tu as Clément Bilmaz, qui jouait également en N2. Donc, tu as eu ces joueurs, forcément, qui ne coûtaient pas très cher, mais qu'on pouvait estimer prometteurs, qu'on a fait venir au FC Annecy.

Il y a forcément un temps de rodage, pour trouver ses repères, etc. Et force est de constater que même encore aujourd'hui, alors qu'on approche des deux dernières journées de championnat, ce manque d'expérience, c'est encore criant dans certaines approches de match. Donc, c'est une équipe qui est jeune, c'est une équipe qui est inexpérimentée, mais c'était assumé. Et forcément, dans beaucoup de scénarios, tu le payes cash. Alors, il y a eu de très belles épopées. Là, celle en Coupe de France, qui s'arrête cruellement contre Toulouse, mais qui aurait pu basculer en faveur d'Annecy.

C'est un promu, et Laurent Guyot, le coach d'Annecy, ne cesse de le marteler en chaque conférence de presse. Lui s'attendait à souffrir. Et en fait, il ne faut pas s'étonner qu'Annecy souffre, parce qu'Annecy a un petit budget et a fait confiance à des jeunes. Il compte se battre jusqu'au bout.

Et comment les Hauts Savoyards abordent-ils ce match ?

Ça souffle le chaud et le froid, là, Annecy. Ils arrivent à te faire plaisir et d'un coup à te refaire un peu peur. L'écart que tu avais avec la zone rouge, qui était quasiment de 10 points, il s'est amenuisé au fil des matchs. Alors, à chaque fois, tu arrives à garder la tête hors de l'eau et là, mathématiquement, tu as encore à chaque fois ton destin entre tes mains. Mais c'est vrai que c'est compliqué parce que je trouve que sur les 4 derniers matchs, tu perds 6 points.

Et là, se présente cette dernière ligne droite avec Bordeaux qui va te pousser à un nouvel exploit, un peu comme face au Havre. Alors, on a vu qu'Annecy en était capable, mais ça te pousse à jouer comme une équipe qui a beaucoup plus d'ambition.

Autant c'est rassurant parce que les gens peuvent se dire « On l'a fait contre le Havre ».

Contre l'OM aussi

Oui, contre l'OM aussi. Autant contre l'OM, il y a eu un match intéressant, là, c'est-à-dire que contre le Havre, tu te fais peur jusqu'au bout, tu marques sur coup de pied arrêté, alors c'est mérité. Contre Bordeaux, si le scénario est le même que contre le Havre, moi, je signe tout de suite, car tu assures le maintien d'Annecy et je pense que ça n'enlèvera pas beaucoup de chance à Bordeaux de monter.

Est-ce que la rencontre se joue à guichets fermés ?

Pour l'instant, on n'est pas encore à guichet fermé. Donc, il y a encore quelques heures, 3 000 places qui ont été remises en vente dans en virage. Mais on peut espérer les 8 000 à 10 000 spectateurs sans trop de problèmes.

N.P

>> Data Girondins : Annecy dans le top 5 des récupérations hautes en Ligue 2