Comment calculer la valeur marchande d’un joueur ?

14/07 - 07:36 | Il y a 11 mois
Le mercato a débuté le samedi 10 juin en France. Plusieurs joueurs des Girondins sont sur le départ, mais combien valent-ils ? Essayons de comprendre comment se détermine la valeur marchande ou l'indemnité de transfert d’un joueur.
Comment calculer la valeur marchande d’un joueur ?

© Iconsport

Nous prenons l’exemple de Dilane Bakwa et/ou de Junior Mwanga pour évaluer leur valeur marchande dans cet article.

Nous le savons, c’est annoncé, plusieurs joueurs de la formation des Girondins devraient quitter le club cet été : Mwanga, Bokele et Bakwa.

Avec Jules Koundé, Aurélien Tchouameni, et Sekou Mara, la formation bordelaise a déjà rapporté beaucoup d'argent aux propriétaires des Girondins (25 M€, 18 M€ et 11 M€) sans parler des pourcentages à la revente.

Aujourd'hui, la donne est un peu différente. On vous explique pourquoi.

Outils d'évaluations et critères


Deux sites internet de référence évaluent la valeur de transfert des joueurs : transfertmarkt et le CIES. Les données sont pourtant différentes d’un outil à l’autre. Toutefois, ils donnent une indication assez précise de la valeur de transfert d’un joueur.

Prenons l’exemple de Dilane Bakwa (fin de contrat 2027) : son indemnité de transfert est estimée à 4M€ par transfertmarkt, quand le CIES la positionne à 5M€. C'est la même chose pour Junior Mwanga dont le contrat est similaire. Vous remarquez que nous sommes bien loin des valeurs de Tchouameni et Koundé. Cela s’explique assez facilement. Nous l’expliquons plus bas sur cette page.

Quels sont les critères à utiliser pour évaluer une indemnité de transfert ?

Nous avons interrogé un agent de joueur expérimenté qui nous confie comment évaluer sur le marché la valeur de transfert d’un joueur : “Tout d’abord, la situation contractuelle du joueur est un élément intéressant. Ce n’est pas la même chose pour un club de se positionner sur un joueur à qui il ne reste qu'un an de contrat et de se positionner sur un joueur à qui il reste 3 ans ou plus d’années de contrat. En outre, les conditions salariales d’un joueur entrent aussi en compte. Plus un joueur touche un gros salaire, plus le transfert va être élevé, et plus il sera difficile pour certains clubs de se positionner. Cela dépend aussi de l’âge du joueur. Un joueur entre 20 et 23 ans est plus à la mode qu’un joueur de 28 ans.“

On s’arrête là pour le moment : année de contrat restant, âge, et salaire. Nous pouvons ajouter le poste occupé. Aujourd’hui, il y a beaucoup d'ailiers et de joueurs de côté sur le marché, la concurrence est rude (NDLR on pense à Bakwa) et la valeur des joueurs monte moins qu’à d’autres postes.

De plus, Bakwa et Mwanga bénéficient de salaire médian aux alentours des 200 à 400 k€ annuels, ce n’est pas ça qui fera décoller l’indemnité de transfert.

Enfin, les performances sportives du joueur, le championnat dans lequel il évolue (Big Five ou deuxième division) sont aussi des critères qui font monter l’indemnité. C'est plus facile de valoriser un joueur sur le marché des transferts quand ton club joue en Ligue 1 et la Coupe d’Europe que lorsqu'il joue en Ligue 2. C’est logique, mais c’est bon de le rappeler.

L’agent poursuit : “Concernant Dilane Bakwa, on est sur un joueur qui n’est pas encore complet. Il va amener de la percussion, de la vitesse, mais il n’est pas capable de faire le jeu autour de lui en décrochant. Cela ne va pas correspondre à tous les clubs en Allemagne ou ailleurs. Certains clubs allemands le suivent, mais il n'est pas en haut des listes.”

Il poursuit en citant l’exemple d’un joueur de Toulouse : "Amine Adli a été transféré de Toulouse vers Leverkusen en 2021 pour 7,5M€. C’est difficile de réaliser de gros transferts avec l’Allemagne. L'Angleterre est capable de surpayer des joueurs, ce qui n’est pas le cas en Bundesliga”.

L'Angleterre, marché fermé pour les Bordelais ?

 

C’est un critère essentiel pour valoriser un joueur : avoir accès ou non à la Premier League ou la Championship et la puissance financière de ces championnats.

Nous avons tous en tête le transfert de Sékou Mara l'été dernier à Southampton pour une somme à deux chiffres. Cet été, Bordeaux aura du mal à renouveler cette opération financière juteuse avec un club de Premier League, car les critères ne sont pas remplis.

En effet, le Brexit a eu des conséquences sur le marché des transferts. Un système à point a été mis en place pour évaluer les joueurs qui entrent dans le championnat anglais. Celui-ci dépend essentiellement du nombre de sélections en équipe nationale A, du classement FIFA de son pays, du club dont il est issu et de la division dans laquelle il évolue. D’autre part, un système de quota a été mis en place pour les joueurs de moins de 21 ans. Ce n’est pas à l’avantage des bordelais qui ne devraient pas atteindre les 15 points nécessaires pour obtenir le permis de travail. À voir si un passage en commission d'évaluation est possible.

Le contexte du club : pas folichon aux Girondins

 

C’est là où le contexte du club entre en compte. Tout le monde connaît la situation économique des Girondins de Bordeaux. Elle fait régulièrement les gros titres. Et ce n’est pas pour favoriser la valorisation à la hausse des joueurs des Girondins.

L'agent de joueur nous le confirme : “La situation de Bordeaux fait que les clubs sont dans une position d’attente en ce moment pour voir ce qu’il va se passer devant la DNCG.” Il poursuit, “Plus un club est stable financièrement et n’a pas besoin de vendre plus il va valoriser ses actifs. La situation de Bordeaux n’est pas favorable sur ce point”.

De plus, Bordeaux évolue en Ligue 2, un championnat de deuxième division qui ne permet pas de valoriser fortement les joueurs. Tchouameni et Koundé avaient joué la Coupe d’Europe avec Bordeaux et jouaient en Ligue 1 lorsqu’ils ont été transférés. Sékou Mara avait quelques matchs de Ligue 1 et des sélections avec l'Équipe de France quand il est parti.

La popularité sur les réseaux sociaux peut aussi entrer en compte dans la valeur marchande la valeur économique d’un joueur. Bordeaux n'est pas concerné sur ce point.

Potentiel et concurrence

 

Ensuite, le prix du marché fait évoluer la valeur économique du joueur. Le potentiel du joueur et sa performance sur la saison passée entrent en jeu. Mwanga et Bakwa ont démontré cette saison de belles qualités et Bakwa a fait des stars comme on dit : 35 matchs, 5 buts et 8 passes décisives. C’est positif et ça compense le contexte du club, car les clubs aiment investir sur les jeunes joueurs.

Ensuite, si un joueur a l’intérêt de deux clubs, il est plus simple de faire monter les enchères. Est-ce le cas pour nos Bordelais aujourd’hui ?

Finalement, on s'aperçoit que la valeur de transfert d’un joueur dépend de nombreux critères : âge, contrat, salaire, performances, talent, potentiel, contexte club, accès au marché anglais. Un article de France Bleu Gironde estimait l’attente du FCGB à des indemnités de plus de 10M€ pour chacun d'eux. Ça semble être une version très optimiste au vu de ce que nous avons énoncé.

Rappelons que les joueurs sont les grands bénéficiaires de marché dérégulé des transferts dans le monde du foot. Les joueurs sont les grands gagnants de la lutte dans la répartition des richesses. 80% de ce que gagne un club part dans leurs poches, indique le spécialiste du business du football David Gluzman (NDLR Podcast le Comex). Les vainqueurs sur le plan financier ce sont eux et leur entourage.

Qu'en pensez-vous ? Dites-nous en commentaire après la lecture de cet article à combien vous évaluez les indemnités de transfert de Dilane Bakwa et Junior Mwanga.

N.P

Réédition d'une publication du 18 juin 2023

 

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