Toulalan, un homme toujours en course

16/06 - 13:18 | Il y a 10 ans

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Annoncé avec insistance du côté de Bordeaux, Jérémy Toulalan est un joueur stable qui a mené une carrière régulière au haut niveau depuis ses débuts nantais en 2001. Encore frais dans les jambes et dans la tête, le Monégasque serait un élément de choix pour stabiliser l’édifice bordelais. Portrait de l’enfant de Nantes.

Jérémy Toulalan a commencé à côtoyer le groupe professionnel nantais à 17 ans. Quand bien des jeunes lancés très tôt dans le grand bain du monde pro ont du mal à réaliser une carrière linéaire, Toulalan a réussi ce pari. Olivier Quint, coéquipier nantais entre 2001 et 2005 se souvient : « Il sortait du centre de formation quand je l’ai connu et il commençait à émerger, à s’entraîner avec les professionnels. Il a été lancé dans le grand bain au Bayern Munich en Ligue des Champions, et il a fait sa place tranquillement ».

Tranquillement, sans pression, répétant inlassablement les efforts, à l’instar de ses monstrueuses saisons lyonnaises, Jérémy Toulalan s’est construit dès le départ sur ces bases là. « Il était très discret et très respectueux des anciens poursuit Olivier Quint. Il a fait sa place discrètement sans se prendre pour un autre. Je pense que c’est ça qui a fait sa belle carrière. Il a un caractère bien trempé quand même, c’est pour ça qu’il s’est imposé partout où il est passé ». Au niveau du jeu, l’ancien lyonnais a souvent démontré une capacité assez impressionnante à répéter les efforts au cours d’un match. À tel point que Didier Deschamps a cherché en vain à le faire revenir en Équipe de France après avoir repris la sélection en main. Olivier Quint poursuit : « Il est arrivé dans le groupe nantais avec un abattage incroyable et beaucoup de coffre. Il avait du déchet dans les transmissions, et il a beaucoup travaillé et progressé pour s’améliorer tout en gardant son abattage, couper les trajectoires, récupérer les ballons… ». 

La force de Jérémy Toulalan, c’est de s’être donné le temps de progresser tout au long de sa carrière, de s’améliorer techniquement, pour arriver à bientôt 33 ans à avoir encore du jus pour poursuivre sa carrière. Jean Petit, illustre entraîneur adjoint de Monaco qui a travaillé avec Wenger, Tigana ou encore Deschamps, a été l’assistant de Claudio Ranieri lors de la première saison de Toulalan à Monaco (2013-2014) et a son idée sur la raison de la longévité du joueur : « C’est un professionnel qui a une vie familiale réglée, qui a une diététique au top ». Olivier Quint abonde dans ce sens : « Entre nous, quand on se voyait entre amis, il me disait qu’il voulait arrêter tôt, moi je lui ai toujours dit qu’il pouvait jouer longtemps. Même s’il ne s’économise pas, c’est quelqu’un qui peut durer encore. Il a bien géré sa carrière, mentalement et physiquement il est loin d’être cramé. Il peut franchement faire 2-3 ans encore ». Fiable, sérieux, bon gestionnaire et expérimenté, Toulalan ressemble à Jocelyn Gourvennec et par ricochet aux relais appréciés par l’ancien coach guingampais qui s’appuyait sur un joueur comme Mathis à Guingamp dans un rôle similaire. Jean Petit se souvient de la relation du joueur avec son coach à Monaco : « Quand Ranieri avait besoin de lui demander quelque chose, il le faisait naturellement. Jérémy est un passionné de football, il se renseigne facilement auprès du coach, ce ne sont pas des discussions imposées avec lui. C’est un garçon intelligent qui adhère à tout ». 

Dans un effectif girondin qui a parfois souffert la saison passée de problèmes de maturité et de comportement, l’image de Toulalan pourrait apporter un certain poids. Avec notamment deux titres de Champion de France, une Coupe de France, 36 sélections en Équipe de France, et une seule saison à moins de 20 matchs depuis ses débuts (19 matchs avec Malaga en 2012-2013), Jérémy Toulalan a de quoi marquer ses futurs coéquipiers inexpérimentés. « Automatiquement, les jeunes regardent de près un joueur comme lui. C’est quelqu’un d’ouvert donc ça fonctionne facilement avec eux » confirme Jean Petit. « Pour encadrer les jeunes il sera bien. S’il signe à Bordeaux c’est qu’il a envie de ça. Jocelyn Gourvennec lui fera comprendre qu’il aura un rôle important à ce niveau. Ce sera un bon ancien, quelqu’un de très bon conseil » abonde Olivier Quint. Avec des atouts d’expérience, de jeu et une relative fraîcheur, Bordeaux pourrait bien tenir son numéro 6 : « C’est un joueur qui met toute sa volonté pour son club reconnaît Jean Petit. Il replace, il fait jouer. Il a un poste où les actions débutent par lui. À un moment donné quand il est en forme, l’équipe est en forme. Ce n’est pas un aboyeur, mais quelqu’un qui montre plus qu’il ne parle. Il a beaucoup de respect de la part du public et des joueurs grâce à ça ». L’ancien entraîneur monégasque finit l’entretien à propos de celui avec qui un réel respect mutuel existe par deux phrases simples mais parlantes : « Bordeaux, ce serait un bon challenge pour lui. C’est un joueur qui va lutter pour le club qui le prend ». L’idéal pour un club comme Bordeaux qui doit retrouver tout l’allant qui le caractérisait…

Par Florian RODRIGUEZ

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