Exclu - Gaëtan Huard « Les Girondins seront bientôt en mesure de jouer régulièrement la C1 »

01/10 - 19:23 | Il y a 10 ans

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Après 8 journées, Bordeaux figure à la 2ème place de la Ligue 1. Quelle suite de saison envisagez-vous pour les Girondins ?

Le groupe a été un peu bouleversé lors du mercato estival. Par rapport à la saison passée, les Girondins n’ont pas de compétition européenne à disputer. La Coupe d’Europe pompe énormément d’énergie. Pas seulement en raison des matches supplémentaires à disputer, mais également à cause des voyages. Le groupe bordelais n’est pas encore très étoffé, plusieurs joueurs blessés manquent encore à l’appel. Mais l’équipe compte déjà 17 points : ce qui est pris n’est plus à prendre. Après, il ne faut surtout pas s’enflammer. Le PSG demeure le grand favori pour le titre, même si l’OM ne se trouve pas en tête du championnat par hasard. Derrière ces deux clubs, je pense que Saint-Étienne, Lille et Bordeaux peuvent prétendre à la troisième place. 

Ressentez-vous « la patte » Willy Sagnol ?

Un nouveau coach amène toujours une nouvelle dynamique : tout le groupe se sent concerné. Je souhaite à Willy Sagnol de faire aussi bien que Francis Gillot, lequel a permis à Bordeaux de disputer la Coupe d’Europe grâce à une victoire en Coupe de France. Néanmoins, le jour où ça ne va pas aller, les médias risquent de lui tomber dessus. Willy Sagnol possède un atout considérable : il s’est occupé des Espoirs. Il n’est donc pas décalé au niveau générationnel : les joueurs le connaissent. Pour l’instant, tout va bien pour lui. Maintenant, il va falloir confirmer. Quoi qu’il en soit, c’est une saison qui sent bon ! 

Vous comptez une sélection en équipe de France A'. Regrettez-vous de ne pas avoir eu votre chance avec les A lorsque vous étiez au sommet de votre carrière ? 

Je dirais plutôt que j’ai eu de la malchance. Je me suis cassé la jambe lors d’un quart de finale retour de C1 avec l'OM, face au CSKA Sofia, au mois de mars 1990. Avant cette rencontre, j’avais été convoqué pour jouer face à l’Angleterre avec les Bleus. Je savais que j’étais convoqué. Ça m’aurait permis d’intégrer l’équipe de France A... Je dois admettre que c’est un regret, même si ma blessure m’a permis de mûrir et grandir. Après ma fracture ouverte, je me suis battu pour revenir au plus haut niveau. 

Avant de porter les couleurs bordelaises, vous avez arboré celles de l'OM, entre 1988 et 1991 ? Quel est votre club de cœur ? 

J’ai trois clubs de cœur. Le premier, c’est le RC Lens, qui m’a mis le pied à l’étrier. J’ai appris le football dans cette région. Et ça, c’est inoubliable ! En 1988, je suis arrivé à l’OM. Un an passé à Marseille, c’est l’équivalent de trois saisons dans un autre club : tu es sur le grill en permanence. Bordeaux, c’est le club du retour, celui qui m’a fait confiance malgré ma blessure. Aujourd’hui, j’habite la région bordelaise, comme Christophe Dugarry ou Jean-Pierre Papin. Bordeaux est une ville magnifique, j’y ai beaucoup d’attaches. C’est un club feutré, qui ne fait pas de bruit. C’est à la fois son défaut et sa qualité… Mon fils, qui a six ans, est à l’école des Girondins. Pour l’instant, il s’amuse. Il joue avec les fils de Nicolas Maurice-Belay et de Cheick Diabaté. 

A Bordeaux, vous avez évolué plusieurs saisons sous les ordres de Gernot Rohr. Etiez-vous proche de lui ?

Quand j’avais des choses à dire à mes entraîneurs, je leur disais. Que ce soit Rohr ou Courbis. 80% des entraineurs français qui exercent aujourd’hui sont des gens avec qui ou contre qui j’ai joué. Je m’entends bien avec chacun d’entre-deux. Par exemple, j’ai de très bons rapports avec Deschamps et Gillot. C’est un milieu dans lequel tu dures si tu respectes les autres. Quand j’interroge les coachs pendant ou après les matches, je ne cherche pas à les titiller. Je ne vais pas poser une question comme : « Vous vous sentez menacé ? ». Je sais très bien ce qu’ils peuvent ressentir. Je suis obligé d’avoir beaucoup plus de retenues que les consultants qui sont en plateau. Moi, j’ouvre la porte du vestiaire, je ne peux donc pas « allumer ». J’ai un certain devoir de réserve à avoir. Si tu tailles en bord de terrain, tu ne peux pas durer. 

« Lors d’un match de Coupe Intertoto, j’ai mis mon doigt là où je pense à l’avant-centre adverse »

Vous êtes actuellement consultant chez beIN Sports. Comment avez-vous été sollicité par le réseau international qatarien ?

Après ma carrière de joueur, j’ai travaillé pendant 16 ans comme consultant chez Canal+. J’étais entré sur la chaîne cryptée grâce à Charles Biétry. Ce dernier connaissait mes compétences. Il a donc décidé de me récupérer chez beIN Sports après en être devenu le directeur délégué. 

Avez-vous des souvenirs des matches bien lointains que Bordeaux a joués lors de l'épopée européenne de 1995-1996

En Coupe Intertoto, j’ai le souvenir d’un match où l’avant-centre adverse mesurait deux mètres. Sur tous les corners, il me serrait pour ne pas que je sorte. Je le repoussais à chaque fois. A un moment, j’étais tellement énervé que je lui ai mis un doigt là où je pense (rires). Il n’est plus jamais revenu après. C’est mon père m’avait conseillé de faire ça dans une telle situation. Je précise tout de même que je l’ai fait à travers son short. 

De quels joueurs étiez-vous le plus proche dans le groupe à l'époque ?

Nous étions une véritable bande de copains. Avec Bixente Lizarazu et Jean-Luc Dogon, nous partagions une passion en commun : le jet ski. Souvent, nous allions en faire tous les trois. 

Quel est le meilleur souvenir que vous conservez de votre passage chez les Girondins ? 

La saison 1991-1992, en Division 2. Lorsque les dirigeants m’ont fait signer à l’époque, ils ne m’ont pas garanti que le club évoluerait parmi l’élite, alors que j’avais d’autres propositions. Et effectivement, il a été ensuite rétrogradé. Cette saison m’a énormément marqué car nous avions tous un objectif commun, à savoir que le club remonte le plus vite possible. 

Pourriez-vous à nouveau travailler pour les Girondins de Bordeaux ?

Ça ne me déplairait pas. Mes racines sont ici, j’ai beaucoup de relations et de connaissances dans la région. Je pense que les Girondins sont en mesure de disputer la Ligue des champions régulièrement à l’avenir. Avec la livraison du nouveau Stade, des investisseurs arriveront probablement, on parle d’ailleurs souvent de repreneurs chinois. 

Parmi les jeunes gardiens du club, lequel pourrait prendre la suite de Cédric Carrasso ?

Pour un club confirmé, il faut un gardien confirmé. Bordeaux ne prendra pas le risque de faire une transition avec un portier sans expérience. Autrement dit, le successeur de Carrasso ne sera probablement pas issu du centre de formation. Personnellement, j’estime que le deuxième gardien d’un tel club doit également être expérimenté. Le mental est tellement  déterminant à ce poste. 

Cédric Carrasso a été écarté des Bleus par Didier Deschamps au profit de Mickaël Landreau  puis Stéphane Ruffier. Trouvez-vous cela injuste ?

Deschamps a fait un choix : il a opté pour la sécurité avec Landreau. Quant à Ruffier, il est aujourd’hui tout à fait logique qu’il figure dans les trois premiers de la hiérarchie du sélectionneur national. 

Lorsqu'on est gardien de but, comment se remet-on d'une grossière erreur de main ?

J’ai souvent eu la chance de faire partie d’équipes qui n’encaissaient que très peu de buts. Quand je faisais une bourde, car j’en ai fait plusieurs, il ne fallait surtout pas la ressasser sans arrêt. C’est l’une des grandes « délicatesses » de ce poste. 

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