Lille, loin du trésor

18/04 - 06:30 | Il y a 10 ans

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Habitué à jouer les premiers rôles ces dernières saisons, le LOSC vit le championnat 2014-2015 à l’hombre des places européennes. Auteurs d’une pâle saison jusqu’au mois de février, les Lillois ont retrouvé quelques couleurs depuis deux mois mais sont encore loin des potentiels européens de la saison prochaine.

La forme de l’équipe

Le LOSC va un peu mieux. Longtemps classé dans la deuxième partie de tableau, le club lillois est aujourd’hui 8eme de la L1 à 2 points de Montpellier 7eme, mais à 7 points de Bordeaux 6eme. Si le mois de mars et le début du mois d’avril ont permis à l’équipe de René Girard de remonter au classement avec 12 points récoltés sur 15 possibles, le reste de la saison a été terni par des résultats moyens. Peu prolifiques en attaque, les Dogues ont été accrochés en début de championnat à domicile par des équipes supposées plus faibles. En août, c’est Metz qui venait décrocher un point dans le Nord (0-0). En octobre, Guingamp qui n’était pas encore dans la phase ascendante de sa saison, s’imposait au Stade Pierre Mauroy (1-2). Guère plus brillant à l’extérieur, Lille a lourdement chuté à Lyon (3-0), mais a également connu de nettes défaites à Reims ou à Rennes lors de la phase aller (score identique ; 2-0). L’Europa League ne fut pas plus revigorante pour le club nordiste sorti de la phase de poule après avoir subi de lourdes déconvenues (3-0 à Everton et 0-3 à domicile face à Wolfsbourg). Seulement victorieux de deux clubs de la première partie de classement lors de la phase aller, le LOSC a changé la donne en battant Montpellier, Lyon et Rennes en deuxième partie de saison. Un réveil tardif qui pourrait empêcher l’ancien champion de France de s’inviter à la table des honneurs en fin de saison.

Les joueurs, l’effectif

L’effectif lillois, à l’image de celui des Girondins de Bordeaux, ou de l’Olympique Lyonnais dans un style différent, a perdu en valeur depuis son dernier titre de champion. Une mutation rendue obligatoire par des impératifs financiers qui pèsent sur beaucoup de clubs de L1. Cela n’empêche pas les rangs lillois d’être occupés par des noms qui ont fait leurs preuves par le passé. Parfois exubérant, Vincent Enyeama continue de tenir avec brio la 4eme défense du championnat. Une défense occupée en son axe par Simon Kjaer et Marko Basa, deux éléments à-priori taillés pour l’Europe. Le milieu de terrain, de son côté, est plus disparate. Jadis le point essentiel de la réussite lilloise, l’entre-jeu prend de l’âge et harcèle moins l’adversaire que du temps où Florent Balmont et Rio Mavuba tuaient dans l’oeuf toute velléité d’attaque adverse. Ces deux derniers, âgés de 31 et 35 ans, n’ont pas encore démissionné, et restent compétitifs malgré une activité un peu moins riche (19 titularisations pour Balmont, 25 pour Mavuba). Si la défense tient toujours la route, l’attaque, elle, n’est pas au même niveau. Avec 31 buts, Lille se place en 16eme position du classement offensif. Les milieux créatifs n’influencent pas le jeu lillois, avec Marvin Martin comme meilleur symbole. Meilleur passeur du championnat 2010/2011 avec 17 passes décisives à Sochaux, le meneur de jeu, international tricolore, n’a disputé que 6 rencontres et ne présente aucune statistique offensive. Rony Lopes, présenté comme un futur grand international portugais et prêté par Manchester City, n’a guère plus de réussite avec seulement 3 buts et 2 passes décisives en 19 matchs disputés. Le LOSC compte maintenant sur Sofiane Boufal, recruté à Angers, pour porter le danger sur le but adverse. Cette cascade de déceptions se termine par une attaque où Divock Origi, futur joueur de Liverpool, a inscrit 7 buts qui paraissent très éloignés de son potentiel. Nolan Roux, ancien buteur prometteur n’a jamais franchi le cap depuis son arrivée à Lille avec 5 buts cette saison, à l’image d’un club qui peine à se refaire une place au soleil.

Les statistiques

L’analyse du jeu : l’exemple de Evian-Lille

Le jeu lillois se repose encore sur son milieu Mavuba-Gueye-Balmont. Si le pressing de ces trois joueurs est moins étouffant que par le passé, le trio reste la plaque tournante du jeu et les ballons passent automatiquement par l’un de ces trois joueurs. Face à Evian, Florent Balmont s’est souvent exilé sur le côté droit pour prêter main forte à Sébastien Corchia. Malgré un rythme linéaire et peu intense, Lille a tenté quelques accélérations, notamment sur le côté droit ou sur le côté gauche avec Sofiane Boufal à l’origine du pénalty victorieux. Doté de bons latéraux avec Corchia et Sidibé, Lille a la capacité d’élargir le jeu et de porter le danger par des centres, même si l’équipe utilise peu cette arme. Mais le manque d’intensité empêche le LOSC de pouvoir créer un jeu déstabilisant pour l’adversaire. Evian a choisi lors de la réception du club nordiste de passer épisodiquement par de longs ballons dans la courses des attaquants. Le traditionnel milieu lillois était évité, et les ballons qui ont nécessité de réaliser des sprints ont mis à mal Marko Basa qui n’a pas donné une impression d’aisance lorsqu'il s’agissait de se confronter à son attaquant direct dans un travail de course. Costauds et plutôt bons à la relance, Basa et Kjaer n’ont pas des profils de coureurs. Éviter le surnombre au milieu et tester l’axe central avec des ballons dans la course peut représenter un danger pour Lille. Jaroslav Plasil ou Clément Chantôme, à l’aise techniquement, auront peut-être l’occasion d’alerter Diego Rolan ou Wahbi Khazri dans le dos de la défense centrale pour espérer affronter Enyeama.

3 questions à… Laurent Peyrelade (Ancien joueur du LOSC entre 1997 et 2001 - Auteur de 36 buts sous le maillot lillois en championnat)

WebGirondins : Le LOSC revient-il de trop loin pour accrocher l’Europe ?

Laurent Peyrelade : Je ne sais pas s’ils reviennent de trop loin, mais il aurait fallu que Bordeaux ne gagne pas contre Marseille, cela aurait évité un match couperet pour le LOSC. Je pense que Lille va dépasser Montpellier et gratter la 7eme place, mais j’ai le sentiment que la 6eme place de Bordeaux sera trop éloignée. Même si la dynamique du club est très bonne en ce moment, il reste de gros morceaux à jouer. Je pense que l’équipe est à sa place. L’avenir, ce sera la lutte chaque saison avec des équipes comme Saint-Etienne ou Bordeaux pour les places en dessous du quatuor de tête. L’effectif n’était pas taillé pour jouer le championnat et l’Europe. On ne peut pas jouer chaque saison à l’énergie comme les Dogues l’ont fait l’an passé pour terminer à la 3eme place. Ce n’est pas possible de faire deux saisons réussies au courage. Ils sont dans les clous par rapport à l’effectif qu’ils ont.

WebGirondins : La place du LOSC, en tant que grand club français, n’est-elle pas fragile ?

Laurent Peyrelade : De façon générale, ce n’est pas un club fragile. Il y a des structures bien établies et sérieuses. Mais les quatre gros clubs de L1 sont en place, et je pense qu’à part quelques saisons où un club viendra se mêler à la fête, nous sommes partis sur une décennie avec ces clubs là : PSG, Marseille, Lyon et Monaco. Les autres sont loin derrière en termes de finances ou de formation. On peut se permettre de ne pas former de très bons jeunes si derrière on a les moyens d’acheter cher de jeunes joueurs prometteurs. Mais le LOSC comme Bordeaux ou Saint-Etienne ne peuvent pas se permettre de dépenser de l’argent comme l’a fait Monaco sur un jeune joueur inconnu comme Bernardo Silva. Le club lillois s’est appuyé sur des grandes générations issues de la formation pour grandir rapidement. Claude Puel a lancé ces jeunes avant que Rudi Garcia puisse profiter de leur potentiel. Mais ce schéma était possible avant que Paris et Monaco ne changent la donne. La finalité, à Lille comme ailleurs, c’est de former de nouveau de bonnes générations de joueurs. C’est la clef pour la suite.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce Lille-Bordeaux ?

Laurent Peyrelade : Je miserais sur une victoire lilloise, mais je ne pense pas que ce sera un très bon match. Je pense que Bordeaux a été bien payé contre Marseille. Du côté de Lille, il y a un manque de potentiel offensif pour viser plus haut Il manque aussi un Divock Origi à 15 buts au lieu de 7. L’équipe qui aura la meilleure assise technique l’emportera. Je pense que sur ce plan là les deux équipes sont très proches. Et je suis aussi persuadé que Lille comme Bordeaux peuvent mieux faire techniquement.

Par Florian Rodriguez

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