Exclu - Julien Faubert : "Ce qui manque aux Girondins c’est la Ligue des Champions"

02/11 - 07:00 | Il y a 7 ans
Exclu - Julien Faubert : "Ce qui manque aux Girondins c’est la Ligue des Champions"

© Iconsport

Nous vous proposons des nouvelles de Julien Faubert (34 ans), joueur des Girondins de Bordeaux (2004/07 et 2013/15), aujourd’hui au FC Turku en Finlande. Passé par West Ham et le Real Madrid, Julien Faubert nous livre son présent et son avenir, sans oublier de revenir sur son passage à Bordeaux et sa vision du club. Voici l’entretien ci-dessous.

Peux tu nous donner de tes nouvelles Julien que deviens tu ?

Je joue en Finlande dans le club du FC Turku, C’est compliqué cette saison, parce qu’on a eu un changement d’entraîneur en milieu de saison, et après la mayonnaise n’a pas pris.  Mon rôle a été d’encadrer les jeunes et de faire le relai entre le vestiaire et le coach. Les gens sont respectueux et à l’écoute donc c’est assez facile. C’est mon tempérament d’être leader ou meneur sur le terrain. J’ai évolué au poste de milieu que ce soit devant la défense, ou dans un milieu à trois ou à deux. J’ai joué aussi sur le côté, et même en numéro 10, derrière l’attaquant de pointe. C’était cool.

Je suis surpris par le rythme de jeu, on sent que tu es dans ton élément dans ce milieu de terrain, avais tu déjà joué au milieu de terrain auparavant ?

A Kilmarnock, j’ai joué tous les matchs en numéro 6. C’était la première fois que j’avais enchaîné les matchs à ce poste en Ecosse. Je m’étais éclaté. Après en arrivant en Finlande, le coach me voulait à ce poste et j’ai dit oui direct. Je m’éclate vraiment, ça me plaît énormément, car je participe au jeu et aux taches défensives. Il faut être bien physiquement, et je n’ai aucun souci physique. Je travaille beaucoup et je n’ai aucun problème à ce niveau. Je suis abonné à la gym, je prends soin de mon corps. Les jours de repos je vais en salle et je m’entretiens, je fais attention à mon corps, même dans l’alimentation. De base, je suis un défenseur central, à Cannes il avait alors décidé de me mettre sur le côté à cause de ma vitesse. Mais déjà, j’avais faire la transition au milieu du terrain, cela a été une révélation en écosse.

"Je veux entrainer après ma carrière"

Est-ce que tu te bonifies avec l’âge comme le bon vin ?

C’est une bonne vision, j’ai eu de très bonnes années étant jeune. Par contre, d’un point de vue humain et appréciation du football, je suis dans le meilleur âge. J’ai une vision différente du football. C’est pour ça que je veux entraîner après ma carrière. On se bonifie avec l'âge. J’apprécie tout, les entraînements, le jeu, j’ai plus de recul et de vision des choses. 

Que souhaites tu faire aujourd'hui, jouer ou entraîner ?

Avec Turku on a décidé d’en rester là, car je n’accroche pas avec le nouvel entraîneur et sa vision de voir le football. Le premier entraîneur m’avait fait venir, l’adjoint a repris avec une mentalité différente, c’est compliqué. On a donc décidé de ne pas continuer. Je n’ai pas décidé d’arrêter ma carrière tout de suite. J’ai deux, trois ans devant moi encore. Mais en parallèle, je vais passer mes diplômes d’entraîneur c’est une certitude, car c’est quelque chose que je veux faire. Ca m’intéresse, car j’ai envie de rester dans le football en appliquant ma vision et ma philosophie. J’ai envie de la mettre en place car ça me plait énormément. Je ferais de toute façon mes classes avec les jeunes joueurs pour apprendre le métier.

"Il manque quelqu’un qui a de la bouteille pour être le leader dans cette équipe"

 

Tu t’épanouies dans le jeu, Un joueur de caractère comme toi ça manque en Gironde, un retour à Bordeaux ça pourrait le faire ?

Cela aurait été le Bordeaux que j’ai connu, j’aurai dit oui sans aucun souci. Maintenant, vu la philosophie du club ... Je les suis énormément. Je pense que la philosophie a changé. Je pense que je suis trop vieux pour leur façon de voir les choses. Il sont basés sur des joueurs étrangers. Il manque quelque chose à Bordeaux. Même si j’adore Malcom.  Il manque quelqu’un qui a de la bouteille pour être le leader dans cette équipe. Pour moi Bordeaux c’est un des 4 plus gros clubs de France. Si ils m’appellent je dis oui, mais je pense que ce n’est pas dans la vision du club de le faire. Si je dois revenir en France, ce sera Bordeaux, c’est tout.

Sur tes jours de repos tu fais ce qu’on appelle du travail invisible, tu es plus professionnel que certains jeunes, c'est étonnant ?

Nan, pas du tout, lorsque tu es plus jeune tu peux faire autrement. Lors de mes "days off", j’ai essayé de ne rien faire, mais ça ne se passait pas bien. Je suis alors allé en salle de gym, faire de la musculation, des étirements et j’ai senti que mon corps répondait favorablement. Chacun a sa propre manière de fonctionner. J’ai appris ça au Real. Par exemple, Raul n’avait jamais de "days off", il s’entraînait tout le temps. Ca me correspond bien, car j’ai eu zéro blessure cette saison. ça marche pour moi.

Le fiston est footballeur à Barcelone, il en est où le petit ?

Ca va. Il a 11 ans, il s'entraîne déjà avec la catégorie au dessus. Le principal est qu’il s’épanouisse, qu’il se fasse plaisir. Il aime la façon de jouer. Je suis surpris de ce qu’il peut faire avec le ballon. C’est un plaisir, tant qu’il s’éclate c’est le principal. Il est épanoui dans ce qu'il fait. Si il dit stoppe ce n’est pas un problème. Le deuxième suit la même direction, tant mieux pour eux. Il ont la chance d’avoir un papa qui connait très bien le milieu et qui pourra les aiguiller d’une bonne manière.

 

 "A l’époque de Ricardo on avait peur d’aller nulle part"

 

Bordeaux affronte Rennes sur un match à l’extérieur, et ça devient couperet pour Gourvennec. As du une anecdote sur les Rennes - Bordeaux ?

Ca a toujours été des matchs spéciaux face à Rennes, car j’ai côtoyé beaucoup de rennais en Equipe de France Espoir (Bourillon, Jacques Fati ).  Ca s’est toujours bien passé pour moi, même si c’est compliqué d’y jouer. C’est un public qui peut facilement tourner le dos à son équipe. A l’époque on avait une base défensive très solide, c’était notre force. A l’époque de Ricardo on avait peur d’aller nulle part. J’ai un souci avec le Bordeaux d’aujourd’hui, c’est le manque de consistance. Ils peuvent faire des matchs extraordinaire comme celui à Lyon, ou des matchs très compliqués. J’aime beaucoup la façon de voir le foot de Gourvennec, mais est-ce qu’il a eu les cartes pour monter son équipe ? Comment s’est passé le recrutement ? Il manque vraiment deux ou trois leaders dans cette équipe. Pour hausser la voix quand ça va pas… c’est compliqué, il n’y a personne.

 

"Avec Ricardo, c’était une histoire père fils"

 

Est ce que tu es étonné de ne pas voir plus d’entraîneur français à l’étranger ?

Non, pas du tout. Malgré la bonne formation des entraîneurs et joueurs en France, partir à l’étranger ce n’est pas facile. Peu manient la langue de Shakespeare. J’ai rencontré beaucoup d’entraîneurs qui parlent anglais, et ça leur facilite la vie. On manque de très grands entraineurs avec un grand palmarès. On a cette lacune là. La génération France 98, très peu son entraineurs, bien sur il y a Deschamps, Zidane et Blanc. Ca ne m’étonne pas, parce que les entraîneurs français ne sont pas très prisés. Je ne sais pas pourquoi. On a pourtant cette vision du football qui pourrait apporter à certains pays. En France parfois, c'est vrai qu'on joue petit bras. J’aime bien Dupraz parce qu’il prend des risques s'il le faut, et il dit les choses quand s’est nécessaire. En France, on préfère venir dans un match qu’on va jouer pour ne pas perdre, plutôt que pour le gagner. On préfère garder son poste, plutôt qu’aller chercher les choses, et on a du mal a se mouiller parfois en France.

Est-ce que tu as un entraîneur avec qui tu aimerais travailler ?

J’aimerai bien bosser avec Ricardo, c’était une histoire père fils. Cela aurait été un plaisir de travailler avec lui et de lui montrer qu’il m’a fait évoluer en tant qu’homme, car j’ai beaucoup appris sur ses ordres. Un autre entraîneur, ce serait Rodgers, l’entraineur du Celtic, ancien coach de Liverpool. J’adore ce mec. C’est ma façon de voir les choses, je valide complètement. La plus-part des entraîneurs qui font ce métier aiment vraiment le football. C’est une masse de travail énorme. Je me rends compte en étudiant ce métier que c’est un travail énorme. La force des coachs c’est de sortir le meilleur des joueurs. J’ai connu des joueurs sous les ordres de Mourinho, ils m’ont dit qu’il est extraordinaire, il donne une confiance énorme à ses joueurs.

As tu des contacts avec des anciens joueurs bordelais ?

J’ai des contacts avec Carrasso et Sertic. Sertic a senti que quelque chose se passait dans le club et a voulu partir. Le choix de Marseille le regarde. Il a donné énormément d’années à Bordeaux, c’est sa vie, son choix personnel. Il s’est toujours battu pour le club, il adorait Bordeaux et sa reste mon ami. Beaucoup de joueurs ont fait des navettes de club à club. Ca ne reste que du football à la fin, il ne faut pas l’oublier.

Un petit mots aux lecteurs de WebGirondins et supporters bordelais ?

J’ai couru, je me suis entrainé mais la chance qui m’a été donné par Bordeaux, personne ne peut l’enlever. Je venais de National. Le club m’a fait grandir, m’a appris ce métier, et m’a donné ma chance. Les gens peuvent critiquer Bordeaux dans les médias, mais ça reste une référence. Partout ou j’ai été, Bordeaux a été une référence. A West Ham des joueurs m’ont dit qu’ils aimeraient jouer à Bordeaux. Tout le monde connait Bordeaux à l’étranger. Le club a pris de l’envergure avec le nouveau stade et au niveau marketing. Je pense que ce qui manque aux Girondins c’est la Ligue des Champions. Dans un stade comme on a maintenant. Ca coule de source. Il manque ça. Maintenant, est-ce que ça passera par un nouvel investisseur, avec de nouveaux joueurs je ne sais pas. Bordeaux mérite de jouer le haut de tableau, Bordeaux peut être en compétition avec Marseille et Lyon sans aucun problème. Je suis et je suivrai Bordeaux quoi qu’il arrive, je reste et je serai toujours bordelais. Je souhaite qu’on puisse accrocher une place européenne pour nous et tous les supporters des Girondins. On en a bien besoin.

Entretien réalisé par J-A Chazeau

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