1995-1996 : un maillot témoin de l’une des plus belles histoires des Girondins

12/05 - 09:37 | Il y a 1 semaine
À l’aube du match anniversaire des 100 ans du Parc Lescure, stade qui a bercé les amoureux des Girondins, WebGirondins vous propose de vous remémorer les plus grands moments du club au travers des maillots légendaires qui sont restés dans la mémoire de chacun.
1995-1996 : un maillot témoin de l’une des plus belles histoires des Girondins

© Iconsport

Dans cet article, c’est le fameux maillot Asics 1995-1996 qui sera décortiqué, ainsi que la saison en coupe d’Europe associée à ce dernier. Laurent Brun, journaliste et historien des Girondins, ponctue notre production d'anecdotes et de témoignages.

Arborant les mêmes tuniques que la saison précédente, les Bordelais après une saison compliquée en championnat se retrouvent seulement en coupe Intertoto. Peu se doutaient alors en juillet du parcours et de l’engouement qui allait découler de cette épopée européenne . Une saison historique qui fera rentrer dans la légende les joueurs et ces maillots devenus des reliques.

Un maillot qui dénote dans l'histoire du club

 

Les mythiques Marine et Blanc ne jouent plus avec leurs couleurs traditionnelles depuis 1992. Après des maillots de l'équipementier Unisport, c’est la marque japonaise Asics qui devient partenaire des Girondins à partir de saison 1994-1995. Dans la continuité de ces prédécesseurs, les couleurs marines et blanches ne font pas leurs retours sur les maillots.

Pour le maillot domicile et extérieur de la saison mythique des Girondins 1995-1996, ils sont exactement identiques à ceux de l’année précédente à un détail près. La disparition du sponsor Panzani, remplacé par “Alain Afflelou”, pas anodin, car l’homme d'affaires est président du club à cette période. En termes de design pur, le maillot domicile est composé d’une couleur bordeaux ainsi que des fines bandes verticales bleu foncé. Quelque chose interpelle en voyant ces maillots, en effet le mythique scapulaire n’est pas présent sur les deux maillots de la saison. Un élément pourtant indissociable du club et qui permet de reconnaître son maillot d’entre tous.

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@iconsport 14 mai 1996 - finale Bordeaux/Bayern Munich, Parc Lescure

Il était plutôt inhabituel pour les supporters de voir notre équipe, jouer sans scapulaire et sans nos mythiques couleurs. Malgré cela, ce qui nous importait le plus était que les joueurs fassent honneur au club en portant notre maillot. “ confie Laurent Brun, historien des Girondins et journaliste.

Aujourd’hui, ces maillots sont devenus extrêmement recherchés par les collectionneurs, il est difficile de les trouver en dessous de la somme de 200 euros chez les sites référents. Des véritables pièces de collection !

Plongeons-nous maintenant dans l’épopée européenne qui fera éclater aux yeux de l’Europe entière les futurs cadres de l’équipe de France la plus glorieuse de l'histoire.

Une coupe d’Europe aux goûts de matchs amicaux



Aux premières lueurs de la saison 1995-1996, le club bordelais n’est pas qualifié en coupe d’Europe, car il a seulement terminé 7e du dernier Championnat de France. Seulement, pour la première fois de son histoire, la Coupe Intertoto est organisée par l’UEFA, ce qui permet au club du scapulaire de jouer une coupe d’Europe est d’avoir l’espoir de se qualifier en coupe UEFA .

Mais cette compétition n’est pas vue comme une vraie compétition européenne par les joueurs, notamment de Laurent Croci “ces matchs avaient remplacé les matchs amicaux” (source L'épopée des Girondins de Bordeaux en Coupe UEFA 1995/96).

Les amoureux du club avaient aussi le même ressenti lors du début du mois de juillet 1995, synonyme des premiers matchs de la compétition. Seulement 2000 supporters sont présents à Lescure pour voir l'équipe emmenée par Bixente Lizarazu alors capitaine, s’imposer 6 à 2 contre les Suédois de l’IFK Norrköping.

“Le stade était quasiment vide, il n’y avait pas du tout de ferveur à ce moment-là” se rappelle Laurent Brun

Un espoir de Coupe UEFA

La phase de poule se déroule sans accroc pour les hommes de Slavoljub Muslin, avant d’affronter par la suite le club de l’Eintract Francfort en huitième de finale et les Hollandais du SC Heerenveen en quart de finale. Battu respectivement par les Bordelais, trois et deux à zéro. Les hommes aux scapulaires sont alors à une double confrontation d'être reversé en coupe UEFA. Un obstacle se dresse alors devant eux, les Allemands de Karlsruher SC. Une confrontation avec un goût de revanche puisque cette même équipe les avait éliminées en huitième de coupe UEFA en 1994, dans un match plus que rugueux. Néanmoins, dans ce nouvel affrontement, les partenaires de Zidane et de Daniel Dutuel, acteur majeur du parcours européen du club, vont réussir à s’imposer 4-2 au cumul des scores des deux rencontres.


Le début de la grande compétition



C’est enfin fait, les joueurs du président Alain Afflelou sont qualifiés en coupe UEFA aux termes d’un fastidieux parcours en coupe Intertoto. “La cour des grands” du continent attend désormais nos héros. Après un 32e de finale plus qu’abordable en la présence du club de Vardar Skopje, et un 16e de finale contre le club russe de Rotor Volgograd. Cette fois-ci, c'est un club reconnu de tous et toutes qui se dresse devant eux, le Real Bétis.

Pour la première fois de la compétition, le club au scapulaire n’est plus le favori de sa confrontation. Il est obligé de créer un exploit pour se dépêtrer du club Andalous. “J'espérais de tout cœur ne pas tomber contre l'équipe sévillane, elle cartonnait à ce moment-là , pour la première fois on n’était pas favoris. Mais l'appétit vient en mangeant donc on avait de l’espoir.” témoigne Laurent Brun.

Ce duel entre deux visions du football voit le club français s’imposer à domicile deux buts à zéro grâce à des buts de Daniel Dutuel et Laurent Croci, une prestation solide dans l’optique du match retour à Benito-Villamarín.

Un but de légende

Dans une arène réputée pour son ambiance comme l’une des plus chaudes d'Espagne, Zinedine Zidane vient alors marquer dès les premières minutes de la rencontre sans doute l’un des plus beaux buts de l’histoire des Girondins. Un lob de 30 mètres qui laissa le gardien Andalous Pedro totalement impuissant face au génie français.



La bonne entame ne sera que de courte durée pour les Français, puisque les Sévillans inscrivent deux buts avant la pause. Le suspense de ce match est alors complètement relancé, une multitude de vagues vertes et blanches se dirigent vers le but de Huard tout le long de cette seconde période. Mais les Girondins tiennent leurs qualifications au bout des 90 minutes.

Un géant d’Europe

 

L'équipe la plus redoutée du continent se dresse devant eux, Le Milan AC avec une multitude de stars Baggio, Weah, Desailly, Maldini pour ne citer qu’eux. La marche paraît trop haute pour les hommes maintenant dirigés par Gernot Rohr. Le match aller se déroule dans l’antre mythique du football San Siro, la sanction est nette et sans bavure, 2-0 pour les Milanais. Poussant le club français à un immense exploit pour se qualifier. Malgré la défaite au match aller, l’engouement et l’espoir n’ont pas faibli. Ils sont nombreux parmi les amoureux du club à faire la queue très tôt le matin pour obtenir le précieux sésame pour assister au match. Le 19 mars 1996 est le grand jour, les travées de Lescure sont pleines trois heures avant le coup d’envoi dans une ambiance incommensurable.

Dès l’échauffement, les joueurs de Fabio Capello semblent non chalands et presque trop confiants, “Ils sont venus en touristes, ils se sont à peine échauffés,” se rappelle Laurent Brun.

La 14e minute de la rencontre avec ce but de Didier Tholot est le moment qui fait basculer le rêve en réalité. Plus qu’un seul but à remonter pour amener les Italiens en prolongation. Mais les girondins en ont décider autrement en 6 minutes et un doublé de Dugarry, le score est complètement renversé. 3-2 c’est le score aux cumulés des deux matchs et qui n’évoluera pas, car la cage de Gaëtan Huard restera inviolée.

La fête fut magnifique pour l’un des plus grands exploits du football français, “Ce soir-là on savait qu’on écrivait l’histoire, les joueurs, mais aussi le public. On avait l'impression que les joueurs étaient des membres de notre famille”, se remémore Laurent Brun.

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@iconsport Christophe Dugarry face au Bayern Munich 1996

Le Kaiser dompte la jeunesse bordelaise


Dans une double confrontation en demi-finale contre les joueurs du Slavia Prague, les bordelais ne tremblent pas et l’emportent à deux reprises sans encaisser le moindre but (2-0). Avec une saison en championnat très compliquée, en disputant le maintien jusqu’au bout, les Girondins arrivent devant les Allemands du Bayern Munich épuisés. Un autre paramètre est aussi à prendre en compte, le parcours en coupe attire les grands clubs européens qui souhaitent enrôler les meilleurs joueurs de l’équipe.

Sans Dugarry et Zidane à l’Olympiastadion de Munich lors du match aller de cette finale, les espoirs sont minces. En effet, puisque Helmer ouvre la marque avant que Scholl double la mise à la 60e minute. Franz Beckenbauer, assis sur le banc munichois, laisse les bordelais sans solution pour ce premier match.

Le retour malheureusement sera du même acabit, les Allemands sont décidément trop forts pour les Français, ils l’emporteront en inscrivant trois buts. Le capitaine Bixente Lizarazu sort sur blessure à la 30e minute de jeu, le genou en sang. La seule éclaircie de la finale pour le peuple girondin sera le but du Dutuel. 28 ans après, il reste encore le dernier buteur pour un club français en finale de coupe d’Europe ! Le public de Lescure caractérisé par sa classe applaudit bien évidemment leurs héros malgré la défaite, mais aussi les joueurs du grand Bayern.

Une année magique en Europe qui fera oublier aux passionnés du club les difficultés en championnat. Au-delà de l’exploit sportif, c’est la ferveur et le nombre d’enfants devenus supporters du mythique club grâce à ce parcours qui est à retenir à jamais.

L.P