Aux Girondins, Albert Riera met de l'eau dans son vin

29/11 - 16:11 | Il y a 6 mois
Arrivé avec un discours ambitieux, martelant son envie de faire du jeu basé sur la possession, Albert Riera a dû revoir ses priorités pour s’adapter à son effectif et enfin obtenir de premiers résultats positifs.
Aux Girondins, Albert Riera met de l'eau dans son vin

© Iconsport

Un discours de présentation séduisant

 

Dès son intronisation au poste d’entraîneur des Girondins de Bordeaux, le technicien espagnol de 41 ans, Albert Riera a expliqué sa philosophie de jeu et ce qu’il souhaitait mettre en place aux Girondins. Il a martelé son message sur la possession lors de sa présentation dans une interview sur le site du club et ensuite devant la presse.

“Je veux une équipe qui joue bien avec le ballon. On doit aussi être costaud sans ballon. J’appelle ça une équipe 60% avec le ballon 40% sans ballon. On va essayer de faire une équipe complète. Il faut montrer que cette équipe joue bien au foot. Je peux contrôler que cette équipe aura un style et une philosophie," avait-il dit sur une vidéo du club.

Puis face à la presse lors de sa présentation il ajoute : “D’abord après avoir été une équipe à 60-40, on va être une équipe à 70-30 minimum (...) Une équipe qui a les idées claires, une équipe qui domine. Mais qui domine, et qui sait comment dominer. Ce n’est pas seulement savoir comment avoir le ballon. On doit savoir ce qu'on doit faire avec. Alors avec tous ces détails, avec la philosophie, les idées claires, pour moi, c'est le plus important.”

Puis des premiers résultats décevants

 

Ainsi, lors de ses deux premiers matchs, on observe l’équipe bordelaise et son jeu. On remarque la volonté de toujours repartir court, de derrière et de jouer en passe réduite pour trouver l’espace et le décalage. Or, l’effectif bordelais est à ce moment de la saison en déficit de confiance, techniquement c’est très médiocre dans les déplacements et les passes afin de pratiquer ce style de jeu.

À l'image du gardien de but Rafal Straczek peu à l'aise balle au pied et sur les relances qui se rate face au SCO Angers, et donne un but, l’équipe s'incline 2 à 0.

Le match suivant, il est sur le banc. Bordeaux essaye encore de repartir ses actions par le bas, en passe courte, mais n'arrive pas à le faire. Rodez sur un pressing fait trembler les filets à deux reprises. Bordeaux fait match nul sur son terrain (2-2).

Les joueurs n'arrivent pas à répondre aux demandes du coach

Bastia un tournant pour éviter le mur

 

Le déplacement suivant est à Bastia, c'est un point de bascule. La semaine précédent le match est sous tension, des échanges vifs se font entre joueurs et supporters à l'entrainement. L’équipe même si elle repart un peu moins en passe courte est en déficit de confiance, sans combativité, sans envie. Bordeaux perd 3 buts à 1.

Les joueurs n’ont pas su répondre rapidement aux demandes de jeu de Riera qui après tendu en fin de match lors de la conférence de presse. "C'est pour ça que je suis le coach et vous journaliste" dit-il à un journaliste.

L'entraîneur espagnol a peut-être compris que repartir court et avoir la possession c'est presque injouable dans ce champion, avec cet effectif, dans l'environnement actuel. Après cette rencontre, il y a eu un déclic.

Une remise en question s'opère au niveau du coach qui sent qu’il va dans le mur s’il persiste. Les joueurs aussi prennent conscience de la situation. Tous les entraînements sont à huis clos. Jusqu'à présent un entraînement était ouvert la semaine. C’est maintenant terminé.

Évolution de la possession : moins de possession, plus de résultats

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Riera s’adapte à son effectif, revoit ses exigences et gagne

 

Le match suivant contre Annecy, Bordeaux ne joue plus en relance courte et allonge plus souvent le jeu en sautant une ou deux lignes. L’animation des attaques est plus directe. La possession se réduit à 57%, et Bordeaux retrouve de l'efficacité en l’emportant 3 buts à 1.

Contre le Paris FC, c’est de nouveau un jeu plus direct en sautant des lignes. Bordeaux devient plus efficace sur le plan défensif et plus tueur devant le but. Fini, les longues phases de relance en partant du gardien de but qui mettaient en danger l’équilibre de l’équipe. Riera remporte son deuxième match de Ligue 2 sur le score de 2 buts à 1. Pour le beau jeu, il faudra attendre.

“On retrouve le niveau de certains joueurs comme Livolant qui est beaucoup plus actif. Le problème de la possession c’est que tu peux vite t'endormir avec le ballon, tu te mets vite en difficulté. Je pense que Riera remet en question pour l’instant sa philosophie et que les joueurs se sont émancipés. En retrouvant certaines bases défensives, on va pouvoir se permettre d'être plus à l'aise avec le ballon. Ensuite peut-être qu’on retrouvera la philosophie de jeu de Riera. Pour moi, le 70-30, je n’y crois absolument pas dans le Championnat de France, car dans les duels la conservation du ballon est plus complexe et cela peut user les équipes” dit Jonathan d'Agostino chroniqueur du Talk sur WebGirondins.

Au final, après un mois et demi, loin du beau jeu promis à son arrivée, Albert Riera a su réagir et revoir ses priorités pour redresser comptablement l’équipe en attendant peut-être de travailler un jeu plus construit.

C'est aussi ça le métier d'entraineur, savoir mettre en veille certaines idées de jeu pour les ressortir dans un Mementum plus favorable. N'oublions pas qu'Albert Riera est dans sa 2e saison comme coach principal. Il est donc toujours en apprentissage de son nouveau rôle.

N.P