Carnet d’entraînement : Fuser face aux buts

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Jeudi 15 mars 2018 - Le Haillan : Sous un temps ensoleillé parfait pour pratiquer le football, les Girondins ont travaillé en deux groupes après de longues séances de toros. Opposition simple sur terrain réduit pour les uns, et centres suivis de frappes pour les autres.
Sur le terrain du jeudi, utilisé anciennement par l’équipe de CFA de l’époque, les aller et retour s’enchaînent à base d’exercices d’échauffement classiques. Très ponctuels, les joueurs multiplient les petits pas, les montées de genoux, les mouvements du haut et du bas du corps. Dans la surface de réparation, près de l’entrée du terrain, les gardiens rentrent eux aussi dans leur séance. Deux mannequins bleus sont placés à l’entrée de la surface de réparation, près de la limite de ladite surface et quatre autres mannequins sont alignés, côté droit en regardant les buts, et laissent imaginer une séance de frappes à venir. Franck Chaumin, l’entraîneur des gardiens, est à la baguette et distribue les frappes simples, de face, en piochant au fur et à mesure dans un vivier de ballons jaunes fluos. Après de petits pas devant le but, les gardiens captent les tirs, le plus souvent au sol. Benoît Costil, Gaëtan Poussin et le jeune gardien belge de 17 ans, Corentin Michel, sont présents, rejoints quelques minutes plus tard par Over Mandanda. Les petits pas de profil avant de se présenter face à Franck Chaumin succèdent aux petits pas de face. Les ballons claquent contre les poitrines des joueurs qui captent à deux mains et contrôlent. Les « ouais », rires et protestations joyeuses se multiplient à plusieurs mètres de là, près de la main-courante. Répartis en deux grands groupes, les joueurs de champ, chasubles jaunes à la main, enchaînent les tours de toro.
Les gardiens, continuent leur échauffement avec beaucoup de sobriété, concentrés sur leurs tâches. Leur exercice évolue : trois sauts, jambes tendues vers l’avant et fermées, sont demandés avant de se remettre sur les appuis et de capter le ballon donné par Franck Chaumin. Le toro continue à l’opposé, les joueurs changent de positions et presque tout le monde passe au centre du jeu au fur et à mesure. Près du groupe, à quelques mètres, Gustavo Poyet, Pierre Espanol et Eric Bedouet échangent, très concentrés sur leur discussion. Mauricio Taricco, le premier adjoint de Gustavo Poyet, est lui au plus près du groupe de joueurs en compagnie de Fernando. Les gardiens, eux, continuent leur travail minutieux. D’abord des petits pas en arrière, puis de côté, avant de revenir dans l’axe pour capter le ballon. Après un temps de latence éloigné des caisses, près de la surface, fait de passes au pied de Michel pour chauffer les gants de Mandanda et d’étirements pour Costil, des binômes se forment. Deux gardiens prennent chacun un côté de la cage. À tour de rôle un partenaire place une frappe simple au sol. Sur les toros, les rires et les cris continuent de plus belle. Olivier Verdon, dont le genou est entouré par un bandage blanc et épais descendant jusqu’au tibia, a fait son apparition sur le terrain. Le défenseur bordelais profite d’un temps d’arrêt des gardiens pour échanger quelques passes après contrôle avec Benoît Costil près de l’entrée du terrain.
Entraînement ce matin pour les #Girondins sous le ciel bleu du Haillan pic.twitter.com/eGkWiKiEqC
— Web Girondins (@webgirondins) 15 mars 2018
Les deux grands toros font maintenant place à quatre toros sur la largeur du terrain. Les groupes les plus proches du public, celui d’Otavio, Lewczuk, Cafu, Tchouaméni et Contento et celui de Gajic, Pellenard, Sankharé, Youssouf, et Pablo sont les plus restreints et ne laissent qu’un joueur au milieu. Plus loin, deux groupes plus conséquents avec deux joueurs en leur sein, font tourner les ballons. Gustavo Poyet se rapproche des petits groupes : « Va, vite, vite travaille » demande l’entraîneur uruguayen. Dès que Mauricio Taricco siffle, le joueur du centre change, ce qui oblige à rester et à effectuer le pressing pendant un temps imparti, même en touchant le ballon. L’entraîneur adjoint argentin est attentif, impliqué. Sa posture en témoigne : centre de gravité abaissé, buste vers l’avant, en tension physique comme s’il participait lui-même à l’exercice. Le soleil adoucit la séance des joueurs après plusieurs semaines rudes. Les rayons illuminent une pelouse qui laisse apercevoir ses défauts : légèrement jaunie et dégarnie par endroits. « Travaille, travaille, Milan, viens ! » Gustavo Poyet est toujours présent auprès du groupe restreint de Milan Gajic et pousse ses joueurs. « Bien, bien » motive Mauricio Taricco qui regarde régulièrement sa montre et informe les joueurs. Chez les gardiens, trois d’entre-eux sont positionnés tel un mur sur la ligne des six mètres. Les deux gardiens les plus excentré de ce petit mur lèvent les bras pour gêner un peu plus leur partenaire situé dans les cages. Franck Chaumin envoie un ballon par dessus à la main, le portier le capte ou le claque, et se tourne de suite vers Paulo Fernandes qui place une frappe au sol à l’opposé. « Ne mets pas ta main comme ça. » Franck Chaumin montre un angle droit avec sa main au moment où Corentin Michel passe à ses côtés après sa série dans les cages. Le même Corentin Michel claque un ballon sur une action suivante, déclenchant un « bien joué » accentué sur la fin et tonique de la part de Franck Chaumin. Non loin de là, Fernando participe au toro avec l’un des groupes de joueurs et ne ménage pas ses efforts même si la course n’est plus aussi fluide qu’aux temps resplendissants de l’ex-joueur brésilien.
Gustavo Poyet met fin à la séance, et, se dirige vers les buts, au milieu de ses joueurs. L’entraîneur s’adresse à son entraîneur des gardiens : « Ok, Franck, j’ai besoin de ballons là-bas. » Les attaquants accompagnés de Paul Baysse, Jules Koundé ou encore Souhalio Meïté et Lukas Lerager se regroupent dans l’axe et écoutent leur entraîneur : « Il faut attaquer le ballon. On n’attaque pas assez le ballon. Attaquez ! » Aussitôt ces mots prononcés, l’entraîneur bordelais file vers le côté droit où une dizaine de ballons sont regroupés. Sabaly, Vada et Kamano sont positionnés au même endroit, prêts à centrer. Le coach girondin se place en point d’appui et montre la remise qu’il va faire pour ses joueurs avant le centre. « On donne fort. Pas comme ça », l’entraîneur girondin mime un petit piquet dans la terre, avant d’enchaîner : « C’est à eux d’y arriver. Si le joueur n’y arrive pas c’est son problème. » Le jeu commence et Gustavo Poyet enchaîne les petites passes pour des centres. Dans la surface, deux attaquants fusent, chacun prenant un poteau. Meïté dévisse sa première frappe. Malcom ne trouve pas le cadre d’une frappe du coup de pied. Gustavo Poyet, sans cesse en train de tourner la tête pour voir le résultat de l’action blâme son joueur tout en continuant à distribuer : « Malcom ! Il faut y arriver. » Valentin Vada s’agace après un mauvais centre. Gustavo Poyet le rassure, au moment où le joueur passe à ses côtés pour se replacer : « Valé, c’est pas grave, no pasa nada*. » Jaroslav Plasil claque une tête plongeante puissante qui fait trembler les filets. Gaëtan Laborde place une tête qui tape l’intérieur de la barre. L’attaquant girondin exulte. Un sourire en coin, Gustavo Poyet valide : « Oui, but ouais ! »
Martin Braithwaite marque d’une frappe subtile au ras du poteau opposé. « Mettez-la d’où elle vient, c’est mieux » conseille Pierre Espanol. À l’opposé, sur un terrain réduit, deux équipes s’affrontent sur une opposition simple. Over Mandanda et Corentin Michel gardent les cages. Les deux gardiens girondins sortent quelques arrêts spectaculaires. Lewczuk, Otavio, Tchouaméni, Contento et Cafu affrontent Pablo, Gajic, Sankharé, Youssouf et Pellenard. Du côté des attaquants, les centres viennent désormais du côté gauche. Jules Koundé allonge sa jambe pour toucher le ballon du bout du pied et marquer. Meïté, Poundjé et Malcom sont chargés d’enchaîner les centres sur le côté gauche. Youssouf Sabaly est servi au deuxième poteau et place une belle volée dans la lucarne opposée. Les mannequins gênent les centreurs et Meïté n’y échappe pas en adressant un centre aléatoire, freiné par les mannequins, qui finit dans les pieds d’un Vada sur les talons. Le milieu argentin ne peut faire autrement que de frapper au dessus. Un ballon trop long file au deuxième poteau, Braithwaite le contrôle à la volée mais se retrouve excentré et donne à De Préville, qui, à un mètre des buts, préfère rendre le ballon à Costil après avoir mimé une frappe.
Les actions s’enchaînent. Gaëtan Poussin sort une tête piquée de Gaëtan Laborde et l’empêche de récupérer le ballon en dégageant le ballon du pied dans le même mouvement. Jaroslav Plasil continue le festival de têtes en marquant en lucarne tandis que Martin Braithwaite pique son ballon du front pour un contre-pied parfait. « Allez François, le premier, le premier » encourage vigoureusement Pierre Espanol. Kamano s’élève et marque de la tête au premier poteau. L’opposition du fond du terrain est terminée. Plasil qui en a fini lui aussi avec le travail face aux buts a rejoint Igor Lewczuk pour allonger quelques passes. Après avoir rangé les cages avec Michel, Tchouaméni et Mandanda, Fernando passe à proximité de Plasil, contrôle le long ballon de Lewczuk et le remet en une touche à son ancien complice du milieu de terrain. Contento a quitté le terrain, rapidement suivi par Gajic et Poundjé. Face aux buts, on joue à trois. Un premier joueur donne le ballon à Pierre Espanol qui est dos au gardien, devant la surface. Ce dernier remet en une touche à un tierce joueur qui frappe après s’être légèrement amené le ballon. Gustavo Poyet, seul dans le rond central, a pris du recul et observe, bras croisés. Gaëtan Laborde, genou compressé par un bandage bien serré, marque d’un tir croisé. Meïté ralentit sa course après un contrôle un peu long et marque sous la barre. À l’autre bout du terrain, Franck Chaumin continue inlassablement à préparer ses jeunes gardiens pour le haut niveau. L’entraîneur enchaîne les longs ballons pour Over Mandanda et Corentin Michel, qui intervertissent les rôles, se plaçant régulièrement l’un devant l’autre pour se gêner. Sur le côté du terrain, non-loin des gardiens, Baysse et Koundé allongent des ballons pour Tchouaméni et Pellenard qui doivent relancer sous la pression de Mauricio Taricco qui les empêche de jouer dans le confort. La séance s’étire, s’étire… Dans une ambiance de tranquillité. Les joueurs quittent la pelouse au compte-gouttes. Jaroslav Plasil démonte les filets de tennis-ballons qui n’ont servi à rien. « Tu as besoin d’aide Jaro ? » Théo Pellenar s’enquiert en passant à côté de son coéquipier tout en prenant la direction de la sortie. Paul Baysse qui s’achemine lui aussi vers la sortie demande à Théo Pellenard s’il souhaite aller courir un peu : « On fait le grand tour ? » Puis l’ancien défenseur niçois commence son footing mais s’arrête volontiers prendre une photo avec un supporter.
Tandis que Gustavo Poyet prend Aurélien Tchouaméni à part pour lui donner quelques conseils, Pierre Espanol demande à envoyer les ballons sur le côté droit. L’entraîneur adjoint donne la dernière consigne du jour : « Allez ludique, quelques centres. » Benoît Costil prend son entraîneur au mot et quitte les cages pour se charger des centres. Valentin Vada chambre son gardien sur le premier ballon. Benoît Costil s’applique à donner un centre tendu et réplique : « Ça c’est moyen ? Tu en verras des comme ça en match ! » Nicolas De Préville fouette le ballon d’une volée couchée mais cela passe de peu au dessus. « Ah pardon Gueguette, excuse-moi, je te la remets ? » Benoît Costil, impliqué dans son rôle de centreur, propose une deuxième part de gâteau à Gaëtan Laborde après avoir raté sa première offrande. De Préville tente de nouveau son geste acrobatique et marque au ras du poteau. « Bien joué Nico ça part vite » félicite Pierre Espanol. Gustavo Poyet, bras croisés, est au milieu des frappeurs qui attendent à tour de rôle de s’élancer dans la surface. Meïté tête basse et déçu de sa frappe passe à côté de Gustavo Poyet qui lui tape énergiquement sur le haut du bras. « Cinq minutes, allez on y va » annonce Gustavo Poyet.
Nicolas De Préville qui a décidé de multiplier les volées acrobatiques marque d’une frappe puissante sous la barre. Gaëtan Laborde manque le cadre et trouve le filet protégeant le terrain. Meïté reproche avec le sourire à Benoît Costil de lui avoir donné un mauvais ballon. Le gardien international français réplique sur le ton de la rigolade : « Tu as une prothèse de hanche, qu’est-ce que tu veux que je te dise ? » Le milieu prêté par Monaco réplique : « Arrête, je suis hyper souple de la hanche. » Le soleil rend la matinée de plus en plus agréable, et la sonnerie en musique d’un collège des alentours renforce la tranquillité de fin de séance. Sur le terrain, Meïté tente un retourné acrobatique qui lui reste dans les crampons et termine hors de la surface de réparation. Un « bien joué Sou » chambreur retentit. De Préville qui prend un malin plaisir à travailler les ciseaux frappe sous la barre mais Michel se détend et la sort. « Bien joué » crie Mandanda présent à côté de Michel, prêt à prendre la place dans les buts. Malcom frappe avec rebond, le ballon passe à côté. Sur le même type de ballon, Valentin Vada lobe Gaëtan Poussin avec beaucoup de réussite. « Allez dernier but » clame Pierre Espanol. Un message bien entendu par Gaëtan Laborde qui reprend du pied gauche à bout portant le centre de Costil et voit son ballon finir dans la lucarne qui lui fait face. Gustavo Poyet siffle.
Seuls Malcom et De Préville s’éternisent encore un peu avec la complicité des gardiens pour frapper quelques pénaltys. Après cinq minutes de réussite face aux buts, Pierre Espanol incite ses joueurs à rentrer : « Allez Nico, dernière. » L’ancien attaquant lillois frappe de toutes ses forces. Corentin Michel choisit le bon côté et repousse énergiquement le ballon qui finit sur la barre. Un « Nico, excuse-toi » sort de la bouche de l’un des joueurs restants. Avec le sourire, tout en étant en partance, De Préville appelle Corentin Michel et fait un signe de la main, conscient d’avoir peut-être trop chargé sa frappe. « Hey, les mecs, les bouteilles d’eau… On ne peut pas tout prendre nous » déplore Franck Chaumin, peu écouté par les derniers joueurs quittant la pelouse. Over Mandanda, Gaëtan Poussin et Corentin Michel regroupent les ballons dans des sacs. Agacé, Franck Chaumin échange avec l’un des hommes de la sécurité qui s’apprête à ramasser un peu de matériel resté sur la pelouse. « Laisse, laisse. C’est toujours pareil. On doit tout ranger. On n’est pas des larbins nous les gardiens » s’emporte légèrement le coach des portiers girondins. Emportés par le plaisir d’une séance face aux buts, quelques joueurs en ont oublié le labeur des gardiens qui ont servi de sparing-partners pendant toute la séance. Alors que tout les joueurs de champ son déjà dans les vestiaires, Baysse et Pellenard déboulent à coup de grandes foulées près du parking des supporters, suivis quelques temps plus tard par Plasil. Un temps additionnel nécessaire pour les joueurs les plus matures de l’effectif afin de préparer un match de coureurs face à une équipe du Stade Rennais habituée à beaucoup bouger sur le terrain.
*Ça ne fait rien, ce n’est pas grave
Par Florian RODRIGUEZ au Haillan