Carnet d’entraînement : Possession sous pression

27/02 - 18:37 | Il y a 8 ans
Carnet d’entraînement : Possession sous pression

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Mardi 27 février 2018 - Le Haillan : Les Girondins ont travaillé la circulation de balle en préambule à des opposition sur des surfaces réduites. Sous un froid percutant, les titulaires du match face à Nice, eux, se sont contentés d’un toro. 

Le ciel bleu déchiré par un franc soleil pourrait augurer une matinée idéale pour jouer au football et s’entraîner sur la plaine des sports du Haillan. Le froid de plus en plus rude, à son apogée depuis mardi après une semaine de montée en puissance, est accompagné par un vent franc et lancinant. Le sol terreux et pelé qui amène vers l’ancien terrain de la CFA, très apprécié par Gustavo Poyet depuis son arrivée, est dur comme de la pierre. Sur la pelouse, un sac de ballons jaunes attend patiemment et des coupelles sont réparties sur toute la surface du terrain. Uniquement des coupelles. Les rares supporters présents trépignent d’impatience, attendant l’arrivée des joueurs pour distraire leurs esprits et oublier le froid qui tétanise. Après une bonne demi-heure d’attente, Mauricio Taricco, l’entraîneur adjoint des Girondins, pénètre sur la pelouse, seul, caché sous un bonnet et un cache-col. L’ancien défenseur de Tottenham entreprend d’enlever les coupelles. Paulo Fernandes, l’autre adjoint de Gustavo Poyet, le rejoint à petit trot et se met lui aussi au rangement des coupelles. Une séance annulée au dernier moment à cause des conditions climatiques ? Un travail exclusivement en salle ? Mauricio Taricco, accent argentin prononcé, indique que l’entraînement va se dérouler sur le terrain principal.

Le contingent de supporters qui a pris du volume se dirige vers le terrain dévolu à l’équipe professionnelle. Les gens se regroupent aux endroits où la bâche verte qui protège des regards extérieurs lors des huis-clos n’a pas été tirée. Le sac de ballon attend toujours, mais cette fois-ci sur la pelouse officielle. Mauricio Taricco sort des vestiaires, suivi par Fernando Menegazzo, Paulo Fernandes et Gustavo Poyet. L’entraîneur bordelais et son premier adjoint marchent énergiquement vers le fond du terrain, discutent en Espagnol, débattent et très vite décident de repartir vers les vestiaires. Le mouvement dans le complexe des joueurs professionnels, légèrement visible depuis l’extérieur, montre que Mauricio Taricco va de nouveau faire voyager ses ballons, mais de l’autre côté, sur la pelouse synthétique attenante. La dernière migration est la bonne pour les supporters qui peuvent observer les joueurs pénétrer tranquillement sur le terrain déjà occupé par des équipes de jeunes joueurs du club qui terminent leur séance. Eric Bedouet prend ensuite en charge l’équipe sur une distance d’une dizaine de mètres dans le sens de la longueur. Les joueurs débutent par des foulées simples en aller-retour avant de monter les genoux et de croiser leurs pas. Il s’agit maintenant de faire des pas courts et de lancer le genou en avant à gauche puis à droite puis de se placer en miroir, par deux, et d’effectuer des pas chassés en alternant de face et dos à dos. Les joueurs se mettent en route sans forcer sous ce temps cassant.  « Allez Gaëtan plus vite » demande Eric Bedouet à Gaëtan Laborde. Au milieu de ce groupe peu réchauffé, Igor Lewczuk est le seul joueur à avoir opté pour le short sans collants.

Les joueurs qui en ont terminé avec l’échauffement, sans Malcom absent de la séance du jour, rejoignent Gustavo Poyet vers le fond du terrain, dans un coin, face au château. L’entraîneur bordelais égraine les noms. Deux groupes se forment pour la réalisation de petits toros. Sur le côté droit, les titulaires du match face à Nice. De l’autre côté, les remplaçants de Nice et les joueurs qui n’ont pas participé à la rencontre comme Cafu, Lewczuk, Tchouaméni ou Youssouf. L’ambiance est détendue. Nicolas De Préville manque sa passe et en plaisante avec Maxime Poundjé au moment de prendre la chasuble et la place de son coéquipier au milieu du toro. Le rythme est tranquille, fait de passes relativement lentes et d’un pressing très peu agressif de la part des joueurs du milieu. Quelques mètres plus loin, le groupe des absents du match face à Nice est dans le même rythme, mais, contrairement au groupe des titulaires qui exulte parfois et fait preuve de bonne humeur, l’ambiance est silencieuse. Le temps n’est pas fait pour soulever l’enthousiasme et Sabaly, avec son fidèle bonnet sur la tête, reçoit un ballon dans le ventre. Réconforté par Costil qui lui adresse une tape sur l’épaule, le défenseur droit des Girondins se tient un moment la zone abdominale. Anodin dans une autre période de la saison, ce ballon rendu dur comme de la pierre par le froid, passe mal mais le défenseur bordelais finit par se remettre dans le bain. 

Gustavo Poyet siffle et met fin à l’exercice et les non-titulaires de Nice, renforcés par Souhalio Meïté qui ne jouera pas face à Monaco vendredi, se déplacent pour participer à la suite de la séance tandis que leurs coéquipiers continuent un peu leur toro. Gustavo Poyet et ses adjoints, positionnés un peu avant la ligne médiane, montrent l’exercice à venir. Des duos sont constitués et se positionnent au niveau de coupelles qui suivent un circuit autour d’un grand rectangle allant de l’intérieur du terrain, tout en logeant la ligne de touche. Le premier joueur effectue une passe à l’un de ses coéquipiers situé sur la coupelle suivante et prend sa place, et ainsi de suite. « Si c’est possible en une touche » précise Gustavo Poyet. Le jeu a le mérite d’apporter plus de dynamisme aux joueurs. L’exercice évolue rapidement vers un une deux avant de prendre la place du coéquipier. Après plusieurs temps d’échanges, Gustavo Poyet siffle et montre l’évolution finale de la séquence. « Attends, c’est important de regarder » insiste Gustavo Poyet auprès d’un groupe de joueurs. L’idée est désormais de conserver le dédoublement de passes et le changement de place, mais de constamment changer la direction du jeu et de rajouter un joueur par coupelle. Le premier joueur joue en face de lui, dédouble, et le ballon est remis à un troisième coéquipier qui joue dans la diagonale. Le circuit repart latéralement avant de se diriger de nouveau vers la diagonale. Le ballon vit, les enchaînements prennent forme sans déchet dans les passes qui se font en une touche.

La majorité du groupe qui terminait le toro s’est éclipsé sans cirer gare. Braithwaite et Lerager sont encore sur le terrain. Le milieu de terrain danois des Girondins, depuis l’entrée de la surface, tape sur la barre. Braithwaite trouve les filets sous l’arrête. Les deux joueurs se livrent à un petit jeu pour trouver la barre transversale. À quelques mètres, en dehors de la surface, Jaroslav Plasil tape quelques ballons contre le muret qui délimite le terrain et enchaîne les contrôles-passes. À l’opposé de l’international tchèque, Gustavo Poyet a délocalisé sa troupe. Après un briefing, les joueurs en chasubles jaunes affrontent leurs coéquipiers sans chasuble. Sur une moitié de terrain, dans le sens de la longueur, et sur à peine six à sept mètres sur la largeur, les deux équipes se livrent à une bataille pour la possession du ballon, allant et venant de manière verticale. Fernando, le visage couvert et à peine reconnaissable, pied sur le ballon, près du muret, observe attentivement les mouvements des joueurs. Le pressing est rendu systématique et important par l’étroitesse du terrain. Les coups de sifflets qui deviennent récurrents viennent de nouveau rythmer la séance et inviter les joueurs à revenir vers le centre du terrain. Prior, Poussin et Mandanda vont se relayer dans les cages pour repousser les assauts de leurs coéquipiers. Un premier joueur effectue une passe courte à un partenaire à ses côtés. Ce dernier trouve un coéquipier légèrement intérieur qui joue un une-deux avec le premier joueur du circuit. Ce dernier remet sur l’aile pour le partenaire du début qui cavale dans le couloir et adresse un centre à ses deux compères qui ont foncé vers la surface, chacun en direction d’un poteau. Après quelques actions, Gustavo Poyet lève légèrement la voix : « Revenez, il ne faut pas oublier de revenir. » L’entraîneur bordelais demande le fameux contre-effort à ses joueurs.

Les centres se font souvent au deuxième poteau, et sur l’un d’entre eux Contento trouve habilement Youssouf qui marque d’une frappe en lucarne face à Mandanda. Vada trouve lui aussi le chemin des filets d’une frappe à ras-de-terre. Le milieu offensif argentin bordelais est à l’origine d’une nouvelle frappe prometteuse, légèrement en hauteur, mais Mandanda, presque pris à contre pied, tombe en arrière et réussit à s’allonger légèrement pour placer sa main au dernier moment. Stéphane Martin, le président des Girondins de Bordeaux, est fidèle au poste et observe la séance depuis un bon moment, accoudé à la main-courante près des vestiaires. Les actions s’enchaînent dans un calme qui laisse de la place au vent pour s’exprimer. Cafu déborde sur le côté droit et adresse un centre un peu mou que Pellenard laisse passer pour Otavio. Le milieu de terrain brésilien place une frappe imparable du pied gauche qui trouve le petit filet intérieur. Chaque joueur passe par les phases de centres mais aussi d’attaque, à l’image de Lewczuk. Sur une tête piquée à bout portant d’Otavio, Mandanda se déploie et sort le ballon.

Dans cette séance en mouvements, les joueurs n’ont pas fini d’explorer le terrain et sont invités à installer une cage mobile face à la cage fixe se situant au fond de l’aire de jeu. Une opposition se prépare. Les joueurs en chasubles jaunes composés de Prior, Contento, Koundé, Tchouaméni, Meïté, Youssouf et Vada affrontent les joueurs aux couleurs bleues marine et blanches sans chasubles que sont Poussin et Mandanda en alternance dans les cages, Pellenard, Lewczuk, Gajic, Otavio, Cafu et Laborde. Sur l’une des premières actions, Zaydou Youssouf reçoit un coup et reste au sol. L’instant est assez bref et le jeune girondin se relève. Le pressing est toujours important du fait de l’opposition sur terrain réduit et le jeu est haché. Les joueurs portent souvent le ballon dans cette opposition libre. « Serre, serre » crie Jérôme Prior. Les gardiens se livrent à des joutes verbales de façon naturelle, à celui qui dirigera le mieux ses coéquipiers. L’activité des gardiens tranche avec la communication des joueurs de champ réduite à portion congrue. Gustavo Poyet décrète une pause et réajuste. Les joueurs écoutent sans sourciller. On change de côtés. « Ota, Ota. » Over Mandanda dirige Otavio. « Bien joué Valé. » Jérôme Prior encourage Vada. Les gardiens poursuivent sur le même rythme. Cafu, au duel avec Meïté, se prend les pieds dans le tapis et gêne son adversaire en tombant. Meïté proteste, mais le jeu continue. Otavio marque au premier poteau, sereinement, en duel face à Prior. Tchouaméni pense rendre la pareille au milieu brésilien avec une frappe à bout portant dans l’axe du but, mais Mandanda s’envole et sort le ballon d’une main très ferme. « Bien joué Over » se réjouit Franck Chaumin qui observe ses gardiens le long du terrain d’opposition. Jules Koundé se heurte fermement à Igor Lewczuk et termine au sol, levant les bras au ciel. Le jeu se poursuit.

« Faut tenter les gars, faut tenter » insiste Jérôme Prior désireux de voir son équipe revenir au score dans cette manche avant que l’entraîneur ne siffle. Gustavo Poyet casse l’espoir de son gardien de but en arrêtant l’opposition. « C’est la dernière fois. C’est la finale. Vous perdez 1-0 » explique le coach girondin aux chasubles jaunes, souhaitant leur lancer une forme de défi. Gaëtan Poussin a pris la place de Jérôme Prior. Sur un mouvement très fluide, Cafu décale Pellenard qui adresse un centre parfait pour une tête à bout portant d’Otavio. Poussin plonge et sort d’une main de fer ce ballon qui partait sous la barre. Très solide dans les duels, Lewczuk fait de nouveau parler son physique en faisant tomber Tchouaméni au corps à corps. Un « allez Aurel, allez » retentit du côté du staff qui observe l’opposition, sur un ton invitant le jeune milieu bordelais à ne pas se formaliser et à apprendre le métier. Cafu ouvre le score d’une frappe sèche. « 1-0 pour les bleus » rappelle Gustavo Poyet. Isolé au second poteau, Otavio hérite d’un bon ballon et place une frappe sortie d’une claquette par Poussin qui ne peut rien sur l’action suivante et une frappe sous la barre transversale de Gajic. « Avancez, avancez » s’époumone Over Mandanda en voyant Valentin Vada se lancer dans une série de dribbles qui accouchent sur une frappe contrée. Meïté récupère le ballon, excentré, et tente un dribble à l’arrêt face à Lewczuk. L’international polonais ne s’en laisse pas compter et jaillit au physique dans les pieds de l’ancien monégasque et part seul en contre. Son centre est interrompu par le coup de sifflet final de Gustavo Poyet qui récompense la victoire des bleus. Les joueurs, qui ont l’habitude pour certains de rester quelques instants sur le terrain après la séance pour frapper aux buts ou allonger quelques passes, ne se font pas prier et rangent très rapidement le matériel pour rentrer aux vestiaires afin de ne pas se laisser malmener par le froid glacial. Car toutes les forces vives seront nécessaires pour aller défier vendredi une équipe de Monaco en quête de points pour revenir en Ligue des Champions.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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