Carnet d’entraînement : Trouver le cadre

08/03 - 17:37 | Il y a 8 ans
Carnet d’entraînement : Trouver le cadre

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Jeudi 8 mars 2018 - Le Haillan : Accompagnés par un soleil généreux, les Girondins se sont divisés lors de la dernière séance de la semaine ouverte au public : D’un côté quelques défenseurs et les milieux ont attaqué en passant par les ailes, et de l’autre, les attaquants ont testé les gardiens en frappant au but pendant une heure.

Même si le soleil illumine la plaine des sports du Haillan, le vent frais rappelle à Martin Braithwaite, bras croisés au milieu de ses partenaires et visiblement peu réchauffé, que l’hiver n’est pas terminé. Installés sur l’ancien terrain de l’équipe réserve, qui obtient régulièrement les faveurs de Gustavo Poyet, les joueurs patientent en attendant l’appel d’Eric Bedouet. Des rires fusent du groupe accompagnés de « alors Bedouet » chambreurs. Le préparateur physique girondin après avoir fini d’installer le matériel siffle et convie ses joueurs à se rapprocher du centre du terrain et à occuper tout l’espace. Les joueurs, deux par deux, dans le sens de la longueur, commencent par se faire quelques passes en une touche de balle. Rapidement la consigne évolue. Les joueurs doivent contrôler intérieur du pied, se dégager d’un petit extérieur et rendre le ballon de l’intérieur. Younousse Sankharé arrive en courant et rejoint le groupe avec quelques minutes de retard. Les enchaînements se poursuivent et le contrôle doit désormais se faire de l’extérieur, mimant un départ avant de rabattre le ballon avec l’intérieur du pied et de passer avec l’autre pied. À quelques mètres, Gustavo Poyet et Fernando discutent. Quelques mots en Espagnol jaillissent de la conversation. « Lâche pas, lâche pas. » La voix de Matthieu Chalmé, hargneuse, se fait entendre car l’entraînement de l’équipe réserve se déroule en amont, sur un terrain parallèle. Sur le terrain, Valentin Vada et Martin Braithwaite qui travaillent ensemble sont les plus proches de la main-courante. Les joueurs échangent des ballons de la tête. « Allez on recule » demande Eric Bedouet. « Appuyez un peu plus vos passes, tapez de temps en temps avec le coup de pied » insiste le préparateur physique bordelais. 

Du côté des gardiens, situés sur une cage devant un espace dénué d’herbe, labouré par les crampons, on travaille les petits appuis à gauche et à droite avant de se projeter au sol pour capter un petit ballon. Mandanda et Prior travaillent sur le côté droit de la cage tandis que Costil et Poussin s’affairent à l’opposé. Les joueurs de champ ont varié leur exercice. L’un des deux joueurs doit courir en direction de son partenaire qui lui donne le ballon, effectuer un contrôle orienté et repartir en sens inverse en sprintant. « C’est juste pour accélérer un peu » explique Eric Bedouet à Martin Braithwaite. « Protégez votre ballon » demande Eric Bedouet. Un coup de sifflet et les joueurs se regroupent à grande vitesse au centre du terrain, en position de toro. Chasuble rouge vif à la main, Mauricio Taricco fait partie des trois joueurs au centre du jeu. Lorsque le vent se calme, l’atmosphère redevient très tranquille autour du terrain d’entraînement, et le soleil réchauffe. Le jeu débute et Fernando Menegazzo, mains dans les poches de sa parka, compte le nombre de touches de balle. « On joue à l’intérieur du cercle hein » taquine l’ancien milieu défensif du club. Le ballon tourne bien, les joueurs utilisent même les semelles pour gérer le vitesse du ballon sur des passes à très courte distance. Tandis que Gustavo Poyet et Pierre Espanol discutent tout en faisant des gestes, les joueurs protestent sur le toro. Mauricio Taricco, léger sourire aux lèvres, se dirige vers Vada et lui transmet une chasuble. Le ballon est reparti et s’élève. Nicolas De Préville effectue une passe puissante de la tête pour Meïté qui remet, toujours de la tête pour Otavio qui imite ses coéquipiers mais sans puissance. Le ballon décide de repartir au sol. Mauricio Taricco, très affûté, réalise un pressing incessant sur les porteurs de ballon naviguant à droite et à gauche.

Les gardiens, très sérieux et calmes, continuent de s’échauffer. Franck Chaumin et Paulo Fernandes, chacun chargés de deux gardiens et légèrement excentrés, donnent un premier ballon en l’air, avec ou sans rebond, que le portier doit saisir des deux mains. « Ouais » crie Jérôme Prior qui doit s’exprimer sur cette phase à l’instar de ses partenaires. Sur l’action suivante, les gardiens bordelais ont pour mission de se coucher sur une frappe axiale de leur binôme d’entraînement. Dans leur bulle et pas perturbés par les arrêts réguliers du toro et le discussions qui s’en suivent, les gardiens poursuivent par des une-deux avec Franck Chaumin puis une frappe lointaine pour leur partenaire qui garde les cages. Sur l’une des premières frappes, Gaëtan Poussin marque au ras du premier poteau, d’un tir que n’aurait pas renié Valentin Vada. Les abords du terrain d’entraînement se sont considérablement garnis depuis les premières foulées où les spectateurs se comptaient sur les doigts de la main. Au milieu du toro, Lewczuk touche le ballon du sommet du crâne. Sur l’action suivante, Malcom tacle pour sortir du centre du jeu à son tour. Le toro touche à sa fin et, dans une mécanique bien huilée, tout le monde se regroupe autour de Mauricio Taricco qui annonce les groupes. À l’opposé des spectateurs, Paul Baysse et Théo Pellenard vont effectuer un match de tennis-ballon face à Maxime Poundjé et Diego Contento. De l’autre côté, Sankharé et Tchouaméni affrontent Plasil et Otavio. À quelques mètres de là, face à une cage située de l’autre côté du terrain et à trois mannequins, Koundé et Lewczuk, à tour de rôle, font office de premier lanceur et doivent trouver Sabaly ou Gajic sur l’aile droite. En alternant, Cafu, Youssouf, Kamano et Meïté ont pour objectif de se projeter dans la surface pour tenter de marquer un but à Jérôme Prior. Mauricio Taricco, au niveau de Koundé et Lewczuk prend son temps et donne de nombreux conseils à ses défenseurs centraux. Sur la cage proche de l’entrée du terrain, Costil, Mandanda et Poussin commencent à faire opposition aux attaquants parmi lesquels Vada s’est intégré durablement depuis l’arrivée de Gustavo Poyet. L’entraîneur des Girondins partage son temps entre les différents pôles d’activité et reste rarement longtemps au même endroit.

Sur le tennis-ballon, les joueurs retiennent leurs gestes et on entend les crampons raser le sol. Un bruit métallique et de filet qui tremble retentit. De Préville vient de marquer d’une frappe lointaine. Légèrement décalés à gauche, les attaquants jouent en une-deux avec un partenaire dos au but et frappent au niveau de l’arc de cercle. Malcom trouve les filets de protection du terrain et grimace légèrement, déçu de sa frappe. Valentin Vada marque dans le petit filet d’une frappe sèche, puis trouve les gants de Costil d’un tir assez mou sur son deuxième passage. Du côté des milieux de terrain et des défenseurs, le rythme est très lent. Les arrêts se succèdent. Et après plusieurs temps de jeu hachés, les groupes changent. Les joueurs de tennis-ballon viennent sur la phase de jeu et Baysse et Pellenard sont désormais chargés de jouer sur la gauche avec Poundjé et Contento. Sur l’une des premières actions, Sankharé marque en lucarne du pied gauche après avoir été servi au deuxième poteau. Les attaquants qui se sont décalés sur le droite continuent leur jeu en une-deux. Fernando Menegazzo monte légèrement le curseur de l’exigence : « Allez les garçons, c’est une situation de match car on n’a pas beaucoup de temps pour jouer. » Martin Braithwaite s’amène le ballon et envoie un boulet de canon sous la barre que Mandanda sort en se détendant. Vada adresse une frappe légèrement croisée, au niveau des pieds de Costil. Ce dernier pratique l’effacement - une technique de gardiens de but pour se déséquilibrer - et bloque le ballon au sol. Valentin Vada saute sur place et se tape de rage dans la main. « Bien joué Ben » se satisfait Franck Chaumin, observateur depuis le côté du jeu.

Au niveau des milieux de terrain, le jeu est moins prolifique notamment face aux buts, même si Otavio marque en deux temps face à Jérôme Prior. Les attaquants marquent une pause et s’étirent avec Eric Bedouet. L’ambiance est relaxée et Martin Braithwaite affiche un sourire serein au sein de la petite confrérie des attaquants. Benoît Costil, survêtement blanc noirci par la terre, les rejoint quelques instants. Les attaquants se sont décalés un peu plus sur la droite et on reculé au niveau du jeu de tennis-ballon. Fernando se rapproche et prend la parole : « Les garçons, il faut de la justesse technique. Pour que ça fonctionne c’est important. » Les joueurs, tour à tour, doivent effectuer une longue transversale pour un partenaire qui attend au niveau du mannequin opposé, à l’entrée de la surface. Nicolas De Préville lance le jeu et adresse une passe au cordeau à Malcom qui se présente dans la surface après son contrôle et enroule dans la lucarne opposée du pied droit. À quelques mètres du frappeur, les défenseurs sont regroupés, très proche de Gustavo Poyet. Paul Baysse, ballon dans les mains et mains dans le dos, écoute patiemment son entraîneur. Gaëtan Laborde enroule un ballon de façon peu académique mais lobe Poussin et marque. Gustavo Poyet observe et recadre quelques mouvements de ses attaquants. Pendant que les défenseurs centraux travaillent les transversales au fond du terrain, Maxime Poundjé et Diego Contento quittent le terrain d’entraînement.

La partie de tennis-ballon entre Cafu et Youssouf et Kamano et Meïté est arbitrée par Younousse Sankharé qui prend son rôle à coeur. Sourire aux lèvres, l’ancien parisien estime que Kamano a touché le filet et met ainsi fin au match, s’acheminant lui aussi tranquillement vers la sortie. Les quatre protagonistes du tennis-ballon rejoignent le groupe des attaquants. Les transversales viennent maintenant de la gauche pour des attaques à droite. Braithwaite trouve Laborde dans les pieds mais la frappe de l’attaquant bordelais est repoussée au sol par Costil. « Bon ballon ça, c’est un ballon de match » se réjouit Fernando au sujet de la passe de Braithwaite. Pierre Espanol insiste et demande d’orienter les contrôles vers le but. Deux mannequins décalés sur la droite représentent les défenseurs adverses et les joueurs piétinent pour ne pas se mettre hors-jeu au moment du départ du ballon. Suite à un contrôle un peu long, Gaëtan Laborde se retrouve en pleine surface de réparation et allume une frappe sèche que Poussin prend dans le ventre. Le jeune gardien girondin se tord de douleur au sol pendant une bonne minute avant se relever péniblement et de céder sa place à Costil. Derrière les buts, le gardien bordelais continue de se toucher le vendre en grimaçant. Sur chaque phase de jeu, Pierre Espanol, dos au but, donne le ballon de la transversale aux joueurs. Après un contrôle un peu long, Cafu marque tout de même d’un tir croisé en finesse et Malcom trouve les filets d’un lob. « Allez on s’étire un peu les garçons » demande Fernando. Au fond du terrain, Baysse et Pellenard frappent dans le but vide après des passes de Mauricio Taricco placé face à eux, positionné dans un couloir.

« Allez les gars agressifs dans la surface » exige Fernando. Deux attaquants sont face au but. L’un d’eux décale à droite pour Cafu et Kamano qui combinent pour un centre. Les deux attaquants fusent dans la surface et se retrouvent au milieu de deux mannequins pour reprendre le centre adressé par le joueur de couloir. Côté gauche, Malcom et Youssouf se chargent des centres, mais les positions sont tournantes. « Cafu, si vous voulez venir près de la ligne, vous pouvez, c’est à eux de s’adapter » explique Pierre Espanol au joueur brésilien. Braithwaite marque d’un tir du coup de pied. « Regarde, timing » constate Gustavo Poyet qui observe en retrait. Les buts s’enchaînent. Braithwaite marque de nouveau, entre les jambes de Poussin. Vada marque de près et exulte, bombant le torse. Nicolas De Préville, excentré et éloigné, met une volée du pied droit très sèche qui trouve la lucarne opposée. Meïté marque d’une tête plongeante. Ça enchaîne. Malcom qui est passé dans l’axe frappe largement au dessus et le ballon passe par dessus les filets de protection. Le jeune brésilien s’en veut. Cafu fuse et marque du plat du pied au premier poteau. Dans le même style, De Préville, plus axial, place une lourde frappe en extension sous la barre. Deux temps de jeu plus tard, l’ancien lillois récidive et marque depuis le côté gauche d’un ciseau horizontal qui trouve la lucarne et époustoufle quelques spectateurs. Malcom se refait et marque d’une frappe flottante sous la barre avant de signer une nouvelle frappe giflée qui vient prendre le petit filet opposé.

« Allez, tendu Malcom ». Pierre Espanol attend une première passe de qualité. Le ballon fuse pour Tchouaméni à droite. Le centre est tendu, Malcom se jette mais le ballon est repoussé par Mandanda qui ne peut que s’incliner en deux temps. « Mettez des bons ballons, plus tendus que ça » insiste Pierre Espanol. L’entraîneur adjoint des Girondins de Bordeaux analyse rapidement les défauts techniques des joueurs et corrige sur l’instant. L’air de rien, le terrain a presque retrouvé son apparence d’origine. Les joueurs ont pour la plupart quitté la pelouse amenant le matériel sous le bras. Seuls les offensifs restent. Deux ballons restent à jouer pour un but. Un centre est donné et tous les monde fonce vers le but et plus seulement deux joueurs. Telle une nuée d’abeilles, six joueurs se retrouvent à virevolter dans la surface pour récupérer un centre venu de la gauche et espérer faire mouche. Le ballon termine dans les pieds de Kamano qui trouve le poteau de Mandanda avant de frapper au dessus sur sa deuxième tentative. On remet ça, et le centre vient cette fois-ci de la droite, de la part de Tchouaméni. Malcom reprend le ballon au milieu d’une forêt de jambes et marque d’un tir croisé qui ne laisse aucune chance à Mandanda. Tout le monde exulte. 

Mais la matinée n’est pas terminée et les joueurs offensifs, fidèles à leurs habitudes, restent pour frapper des coup-francs lointains. Jules Koundé, seul défenseur à être resté, tente sa chance mais son ballon s’écrase dans les mannequins, sous le rire goguenard de quelques coéquipiers. Nicolas De Préville trouve la lucarne au premier poteau. Benoît Costil tente aussi sa chance mais sa grosse frappe passe au dessus. Martin Braithwaite marque d’une frappe enroulée proche du sol. Malcom, presque au niveau du milieu de terrain, à l’opposé de ses partenaires, trépigne. Tel un enfant sage qui attend la permission, le milieu offensif répète : « Je peux frapper ? » Le milieu brésilien finit par obtenir l’accord de ses partenaires, pousse son ballon et adresse une frappe lourde détournée des deux poings par Poussin. Nicolas De Préville trouve la lucarne premier poteau d’une frappe encore plus intense. Martin Braithwaite suit le chemin tracé par son coéquipier en marquant d’un tir enroulé et puissant. « Allez une frappe chacun les garçons » tranche Fernando. De Préville qui s’est reculé marque d’une frappe vicieuse qui passe sous le bras de Poussin. « Gaëtan t’as pris un trois sur trois » taquine Youssouf avec un grand sourire. « Ça fait une heure que je saute partout, toi t’as fait deux tennis-ballon » lui répond le gardien, visage fermé. « C’est ton métier mon grand » poursuit Zaydou Youssouf toujours d’un air cabochard et amical. « Nico, allez stop, arrête, ça va pas durer deux heures. » Eric Bedouet qui regroupe les derniers ballons commence à s’impatienter. Malgré l’injonction, De Préville tente une dernière frappe gagnante. Pendant que les gardiens assistés de Fernando et Koundé rangent la dernière cage, Olivier Verdon, sur un terrain annexe poursuit son travail de retour en forme avec David Das Neves, le kiné du club. Avec l’espoir de bientôt retrouver un groupe qui devra se montrer aussi heureux de jouer et efficace que lors de la séance du jour samedi face à Angers.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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